De Delphes à Athènes, les Archéomigrateurs

Ca y est, on entre en Grèce antique ! Vieilles pierres et lieux mythiques, nous voici.
Eh bien c’est différent de l’image qu’on en avait, datant en grande partie de notre scolarité (époque assez antique aussi). Car entre les images dans les livres et la réalité, il y a un monde.

Découvrir ces sites où Grecs et Romains ont bâti des monuments impressionnants, sculpté avec tant de talent, mis en place toute une organisation politique et sociale, développé des infrastructures novatrices, tout cela ne peut laisser indifférent. C’est émouvant et impressionnant, ces lieux sont emprunts d’une grandeur qui a défié les siècles et même les millénaires. Bref, vous l’avez compris, on est conquis.

Mais pourquoi ont-ils été percher leurs monuments en de tels endroits ? Arriver à Delphes, par exemple, nécessite de parcourir une route bien pentue qui nous fera lever de bonne heure pour ne pas grimper sous un soleil trop chaud. En fait, bonne surprise, la montée se fait bien, les pourcentages n’excèdent pas 5% grâce aux lacets, la circulation est très faible, ça va.

Parcours sinueux
Parcours sinueux, au loin ville d’Itea et sa vallée d’oliviers

Toute la plaine, de la mer au pied de la montagne, est couverte d’oliviers.

Arrivés en haut, il y a plusieurs campings, c’est celui nommé Apollon qui aura notre préférence (certains comprendront pourquoi). Bonne pioche : il est agréable, notre emplacement est ombragé par des vignes dont le raisin est à point, des tables et bancs nous permettent de ne pas cuisiner ni manger par terre, et la piscine est bienvenue.  Il y a très peu de monde (comme partout d’ailleurs, la saison des vacances est terminée ici), mais on ne peut pas dire qu’il n’y a pas un chat, vu qu’il y en  plusieurs, on les nourrit, ils sont contents.

Le premier soir, nous allons faire une petite reconnaissance à Delphes, c’est à seulement deux kilomètres du camping. La ville n’est pas bien grande et on en comprend vite l’organisation : une rue commerçante en sens unique, une autre rue parallèle pour le retour des véhicules, et c’est à peu près tout. Evidemment, plein d’hôtels et de restaurants, plus les boutiques de souvenirs, le tout aux noms des dieux et déesses de l’époque : Apollon et Athéna sont mis à toutes les sauces. Le restau dans lequel nous entrons s’avère décevant, ce n’est pas dans ce genre d’endroit qu’on se régale.
Le site archéologique est à l’écart de la ville, nous le découvrirons le lendemain. Et là, c’est la découverte, la révélation si on peut dire. Bien sûr, il ne subsiste que des ruines de cet immense ensemble, mais on n’a pas de peine à imaginer à quel point ce devait être superbe. Déjà, l’emplacement est grandiose, au creux d’une montagne, surplombant une profonde vallée ; cela n’a pas dû simplifier la tâche des bâtisseurs, qui ont dû aplanir le terrain avant d’y ériger leurs constructions, notamment le stade qui surplombe l’ensemble. Les bâtiments étaient nombreux et tous plus magnifiques les uns que les autres, dédiés aux diverses divinités et offerts par les cités-états grecques.

La visite du musée est fort intéressante aussi, et pas seulement parce qu’il est climatisé. Certaines statues et pièces architecturales sont remarquablement conservées, là encore on mesure la différence entre « voir en photos » et « voir pour de vrai ».

Mais il ne faudrait pas croire qu’il n’y a que de vieilles pierres, il peut aussi y avoir des apparitions pleines de vie :

Ca c’est le clin d’oeil pour l’achat d’une robe (pour sortir en ville autrement qu’en tenue de cycliste), rassurez vous elle prend très, très peu de place dans la sacoche « garde robe » !

On va profiter d’être en camping et c’est en piétons que nous allons prendre un bus pour aller visiter la petite ville d’Amfissa (c’est aussi parce qu’elle est dans la plaine, et qu’on a pas envie de descendre puis remonter toutça), connue pour ses peintres, musées et église byzantine du 11ème avec des mosaïques de la même époque. Ville très calme avec des ruelles ombragées et placettes accueillantes. Au retour on passe par Itéa où nous avions campé et on fait connaissance avec une contrôleuse par commode du tout. D’abord à la montée, certains passagers d’Itéa veulent nous faire changer de place, on refuse, on a nos billets et en plus les sièges ne sont pas numérotés. En fait il y a eu trop de billets vendus, on comprend que la contrôleuse soit de mauvais poil, les passagers restés debout ne sont pas contents, on les comprend parce que ça monte avec des virages en lacets, il faut s’accrocher pour ne pas se retrouver sur les genoux des voisins. Mme la contrôleuse pointe ses billets, compte et recompte et finalement « aboie » après on ne sait qui à l’autre bout de son téléphone portable qui a vendu une dizaine de places sans siège….

Nous quittons Apollon camping le lendemain matin sous un ciel orageux très noir et très menaçant ;  nous n’aurons que le temps d’arriver dans le centre ville de Delphes, juste le temps de se mettre à l’abri avant que des trombes d’eau s’abattent sur la ville, il fait pratiquement noir. Ouf on l’a échappé belle encore une fois.

Nous sommes dans un café où les voyageurs en car viennent acheter  leurs tickets de transport (on se marre en repensant à Dame contrôle d’hier).

En attendant que la pluie fasse le ménage des rues, nous on fait connaissance avec deux hommes d’origine Belge, père et fils qui viennent de faire le mont Parnasse qu’ils n’avaient pas encore à leur tableau de marche. Le plus âgé à vécu à Rennes, rue St Georges où vit encore son ex épouse, il réside maintenant en Grèce, le plus jeune  est à Bruxelles et est venu retrouver son père pour les vacances. Ces deux là nous donnent envie d’aller crapahuter sur les flancs de la montagne, faut les entendre nous décrire les paysages qui s’offrent aux randonneurs qui ont le courage de monter, et les sentiers millénaires qui restent inchangés et sont confortables sous la semelle du randonneur. Mais bon, on ne peut pas tout faire, alors on va dire bonjour au temple d’Athéna avant de partir, ça tombe bien il est sur notre route.P1040349

Une petite montée de 300 mètres vers la ville de Arachova réputée pour son fromage AOC le Formaela, doux fromage de chèvre et brebis paissant en liberté. Ici c’est la station avant Parnasse qui accueille les skieurs pendant l’hiver, elle a des allures de village savoyard par certains côté avec ses maisons trapues en pierres et en bois. Mais nous avons la surprise de la voir envahie par les chinois, ils sont arrivés par cars et nous « sautent » dessus, voulant nous photographier, monter sur les vélos, sans même nous demander notre avis. On se pliera volontiers à la séance photo souvenir avec ceux qui nous le demandent, les autres on les envoie balader, non mais des fois, c’est pas des manières quoi !!! Mince ça sera comment quand on sera chez eux ?

Nous avons remarqué que les guides conseillent de se rendre au monastère de Ousios Luka, bien qu’il nous faille faire un diverticule, on ne va pas le regretter. On traverse Distomo et Stiri où on fait quelques courses pour le bivouac du soir et arrivons presque à l’heure de la fermeture du monastère. Il est situé dans un cul de sac à flanc de vallée entre deux montagnes et dans un cadre enchanteur, ça valait vraiment le coup de venir jusqu’ici. Voué à St Luc, ce monastère byzantin est classé sur la liste de l’Unesco.

Nous demandons au type qui tient la boutique de souvenirs si nous pouvons camper là pour être à la première heure demain à l’ouverture. Pas de problème, il nous propose de nous installer sur le parking…. heu…. ça ne va pas faire…. la tente n’est pas auto portante…. les sardines  ne vont pas s’enfoncer ….

Nous partons chacun de notre côté en exploration d’un terrain plat, c’est pas gagné, le site est entouré de champs pentus et on n’a pas franchement envie de retourner au village précédent vu les côtes que l’on vient de se faire !
Finalement c’est celui trouvé par Irène qui est retenu, elle nous a déniché un coin en bordure de chemin avec vue sur la montagne en face et surtout sur la vallée de vignes et d’oliviers, 360° de panorama à vous couper le souffle. Plus tard dans la soirée la lune nous gratifie d’une lumière mordorée qui embellit, si c’est encore possible, ce paysage de rêve. On comprend finalement le choix des bâtisseurs pour cet endroit sublime.

On n'est pas gênés par les voisins, et la vue est imprenable
On n’est pas gênés par les voisins, et la vue est imprenable

Nous croyons être seuls, mais c’est sans compter sur un pope qui quitte le monastère au volant de sa voiture, il s’enquiert de notre bien être, en autre et si nous avons de quoi nous nourrir, il nous rassure sur le fait que notre campement ne lui pose pas de problème. Un peu plus tard alors qu’on s’apprête à faire notre toilette on voir surgir deux yeux brillants, gloups un gros chien noir…. Lili au secours …..!!! Mais non il est gentil, c’est un beau pitbull sans muselière… son maître est là.

Nous allons faire connaissance d’Adonis, le garde nocturne du monastère, nous voilà rassurés. Il reste un moment avec nous, ce n’est pas tous les jours que des campeurs s’installent ici. C’est quelqu’un qui est très sensible à la nature, nous nous émerveillons ensemble de la voute céleste et du paysage environnant, il nous explique la vie quotidienne dans ces villages de montagne, nous situe ça et là les lumières des églises et par quel chemin s’y rendre…. Il est triste ce soir, son père de 70 ans est décédé brutalement hier et a été enterré ce matin. Il est déjà au travail et vit au village de Stiri que nous avons traversé. Nous évoquons nos familles respectives, nos vies si différentes, notre voyage. Il nous quitte avec une chaleureuse poignée de main, encore une tranche de vie partagée, courte certes, mais tellement émouvante.

Le monastère est en effet superbe, on n’en aura visité qu’un en Grèce mais pas le moindre. Nous sommes parmi les premiers visiteurs (évidemment, en ayant dormi sur place…). Parmi les mosaïques remarquables, on repère Sainte Irène aux cotés de Sainte Catherine (la frangine) et Sainte Barbe (plus dur à porter, comme prénom).

Outre son architecture remarquable, le monastère est un lieu particulier par l’atmosphère de paix qui y règne, on se sent bien là, on y passerait bien plusieurs jours. Avant de partir, le pope nous écrit quelques lignes par lesquelles il nous souhaite un bon voyage.

Du grec dans notre livre d'or
Du grec dans notre livre d’or

En redescendant au village précédent, car le monastère est dans un cul de sac, nous nous arrêtons pour déjeuner au restaurant O’Poïos que nous avions repéré la veille car le patron nous avait hélé. Et là, nous entendons des clients parler français, ce sont ceux dont le propriétaire du camping d’Itéa nous avait parlés, qui viennent depuis quarante ans ! Un autre couple de français arrive, avant on n’en voyait pas, maintenant il n’y a plus que ça.

Pour rejoindre Athènes, nous espérons prendre un peu le train car on sait que l’arrivée en vélo dans cette ville est difficile et dangereuse. Encore faut-il rejoindre la gare de Livadia, qui est située dans un coin complètement paumé, à 7 km de la ville, merci le GPS car sans lui on chercherait encore.

Le long de la route, on stoppe devant un monument impressionnant à Karakolithos, on se doute bien qu’il a du se passer quelque chose ici, ce monument a été érigé à la gloire de soldats sans doute, beaucoup de noms y sont inscrits sur la pierre, plus de 200, bizarre, mais notre grec étant ce qu’il est on n’en saura pas plus pour l’instant. Nous ne sommes pas très loin de Distomo.

La prochaine connexion internet nous apprendra que la petite ville de Distomo a en effet été victime des nazis, un peu comme à Oradour sur Glane le 10 juin 1944, un massacre incompréhensible.

Tout un poème, cette gare de Livadia pourtant située sur une ligne principale : 4 trains par jour, à part le guichet bien ringard tout est à l’abandon, les horloges sont en panne, il n’y a même plus de caténaires. L’employé est bien en peine de nous dire si on pourra prendre le train avec nos vélos, nous n’aurons la réponse qu’au bout d’une heure et demi d’attente., 5 minutes en fait avant le départ. Quant aux toilettes, il faut aller dans les broussailles qui envahissent tout, car il n’y a plus d’eau dans les WC.

Pour monter tout notre bazar dans le train c’est un peu folklo, mais ça finit par se faire et c’est ainsi qu’on arrive en gare d’Athènes sans encombre. Nos sacoches ont été entassées dans un compartiment où un jeune homme est assis, seul, reste un siège de libre pour Irène qui va faire connaissance plus avant de ce jeune pakistanais sans papier âgé de 22 ans.

Il est arrivé il y a 5 ans, il en avait donc 17, ses parents ont du payer 6000€ pour le faire passer en Europe croyant sans aucun doute, et comme beaucoup, qu’ici c’est l’Eldorado. Il n’a pas le droit de travailler puisqu’il n’a pas de papiers officiels. Il attend donc, logeant chez des amis qui sont à peine mieux lotis que lui puisqu’ils n’ont eux mêmes que des petits boulots. Il arrive de temps à autres à avoir des nouvelles de ses parents mais nous dit-il, ensuite il est très troublé, il a le mal du pays, sa famille lui manque. C’est une famille pauvre qui ne peut plus rien faire pour lui, au contraire ils attendent que ce soit lui qui améliore leur quotidien. Il ne paie pas le train, le contrôleur le connait, et n’utilise guère les autres transports en commun, ne pouvant acheter les tickets. Quel avenir pour lui dans ce pays en crise depuis trois ans, et même dans cette Europe qui s’enlise ?

Arrivés à destination, c’est bien parce qu’on traverse les voies pour changer de quai, pas besoin de passer par les escaliers (ce n’est pas si simple en France). Il ne reste plus que sept kilomètres à faire en ville pour rejoindre le studio que nous prête Isabelle, là encore le GPS est précieux car ici tout se ressemble : les quartiers sont composés de blocs, toutes rues à angles droits, il n’est pas évident de se repérer, surtout de nuit.

Ce soir nous faisons donc connaissance d’Isabelle, grâce à la Fameuhly qui est passée à Athènes lors de son périple. Une fois les vélos montés au 4° étage par l’ascenseur minuscule (il a fallu démonter les sièges), l’apéro qui nous attend et surtout l’accueil chaleureux sont les bienvenus.

10 Comments

    • salut samedi nous sommes passés au val froment : on pensait prendre l’apéro chez les propriétaires
      mais ils sont parait-il partis depuis quelques mois faire le tour du monde ce sera pour une prochaine fois en fait nous allions à un spectacle donné par les fermes en scène (ferme de la famille Lehuger)
      nous sommes de famille par nos grand mères ; merci de nous faire voyager et de nous faire profiter
      de vos aventures ! fernande et louis de melesse

    • Eh non, la Bulgarie n’est pas au programme. C’est à se demander si on le fait exprès, puisque l’an passé nous étions partis de Roumanie pour rentrer en France, la Bulgarie n’était pas bien loin non plus.
      Donc, pas d’arrêt à Sofia, c’est à Istambul que nous cherchons un hébergement : Tu n’as pas d’enfant là bas ?

  1. Bon comme celui reste , je vais remettre un, pourquoi il a disparu??????Mystere et boule de gomme ……………………. pourtant je disais que tu était belle en robe , que j’aimais pas les pitt , normal j’ai peur des chiens !!!! je degoutée car je me souviens plus de tout ce que j’avais mis !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! En tout cas je vous fais des Bisous mes cyclos Préférés !!!!! Lili

  2. Je veux la même !
    Robe !
    Tu es super rayonnante et belle.
    Et, assortie au tee shirt de Joël :p.
    Oui toi aussi tu es tout beau !
    Toujours aussi époustouflant votre périple et les photos de vraies cartes postales !
    Vous avez une pêche impressionnante … AH L’AMOUR.
    Gros bizhouxxx
    Nanou et Fred

    Un petit secret : le bébé est sur la ligne de départ !
    Nous allons bientôt faire partie du club des mamie/papy et Régine aussi du coup !

  3. Ils habillent leurs statues les grecs maintenant? Mais c’est vrai que c’est très chic et te va fort bien!!! Fais gaffe Joël que l’on ne te pique pas Irène!! Bonne suite

  4. Coucou !!! Dolphie était super contente quand elle à eu la carte !!! Je croit même qu’elle vous a répodut… 😉 Apollon m’a dit de vous dire « Miaou » !!!
    Bisous <3

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