Des voleurs, une prison et une histoire de Natur(al)iste

Comme la presse people, on met en couverture une photo bien scandaleuse pour attirer le public. Après Noël et les digestions difficiles, il faut bien susciter un regain d’intérêt pour ce blog particulièrement remarquable (un peu d’auto-congratulation ne saurait nuire) même si les événements ici relatés datent d’un mois (on est débordés !).


Pour la suite de notre reprise vélocypédique nous choisissons de rester au plus près de la mer et longeons donc la côte après 10 kms de Highway. Admirons Geographe Bay et ses eaux turquoises, laissons Peppermint Beach et ses surfeurs, la route est très agréable, un vrai régal.

Au village abandonné de Ludlow, on ne sait pas trop pourquoi les maisons sont closes, une scierie est fermée, c’est le désert ici et personne pour nous raconter l’histoire comme à Wittenoom avec Mario.

Busselton et les voleurs

Première étape à Busselton, ville de villégiature avec de belles plages et un joli centre ville. Une jetée en bois de 1 841 mètres fait la fierté de la ville, mais évidemment l’accès en est payant et c’est interdit aux vélos, quelle bande de nazes, ils n’imaginent tout de même pas qu’on va parcourir tout ça à pieds !

Le premier camping visité veut nos sous, $38,50 ! On fuit et en trouvons un autre pour $30 ce qui reste encore cher. C’est dans ce camping que pendant la nuit , nous aurons nos sacoches, restées sur les vélos, visitées. Un appareil photo en moins, les lunettes de soleil de Joël ainsi que notre balise de secours, les gamelles et le réchaud. Ah les petits cons, ca serait pas un coup des p’tits jeunes qui traînent en ce moment le soir ?
Fort heureusement nous retrouvons les gamelles et le réchaud dans une poubelle, grâce au gérant du camping qui a la bonne (et curieuse) idée d’inspecter le contenu des poubelles chaque matin. Heureusement, sans quoi nous étions bien embarrassés pour trouver l’équivalent aussi compact et léger en Australie où ils ont surtout du gros matos de camping bien lourd !

Busselton est une ville rapide à visiter. Nous avons vite fait le tour de l’ancienne poste qui accueille un petit musée, des geôles où on retrouve le gardien chef rencontré à Cossak, Benjamin Sutton qui a aussi travaillé à Geralton et à Bunbury dans les années 1880. On reconnaît sa photo où il pose avec sa femme et ses 12 enfants. Un petit air de déjà vu, étant donné qu’on aime visiter les prisons ‘musées’. Avec évidemment la geôle des aborigènes différente des autres, puisqu’ils avaient le privilège d’être enchainés.

La statue de John Bussell est arrivée devant le musée il y a seulement quelques semaines. Ce personnage était un pionnier arrivé vers l’âge de 19 ans, orphelin de père et l’aîné d’une nombreuse famille. Doté d’un caractère courageux, plein d’imagination et de dévotion avec son entourage. Il a eu beaucoup de déboires : maison brûlée, vaches échappées, récoltes pourries, menaces de famine : il a mangé de l’herbe et pêché du poisson pour survivre. C’est dire si les conditions de vie étaient peu enviables à l’époque ! Toujours est-il que la ville lui doit son nom où il a fini comme juge de paix et enseignant à Perth. Et c’est là que nous reconnaissons à nouveau le talent du sculpteur Greg James , la statue grandeur réelle est tout simplement géniale dans tous ses détails.

On termine notre découverte de la ville par une jolie exposition de kimonos anciens et d’estampes japonaises d‘Hiroshi Tomihari. Seraient-ce les prémices d’une future destination ? (On en connait qui devraient aimer).

Dunsborough et les schoolies

Le lendemain soir en arrivant à Dunsborough on se fait refouler du seul camping de la ville pour cause de « schoolies« .
Mais avant d’en arriver là on va se défouler sur une piste cyclable de 25 km longeant pour la plupart du temps la côte de Geographe Bay, un nom français ! Un vrai beau régal pour les yeux. La différence avec le transport en voiture est que l’on peut profiter pleinement de la nature dans des détails comme celui de rester scotchés sur un vol de libellules, d’essayer de trouver l’oiseau qui chante si bien, de photographier des boites à lettres rigolotes dans des coins improbables, d’admirer (avec envie parfois) les belles et grandes maisons entourées de jardins fleuris et arborés avec goût, surtout quand elles sont en front de mer avec juste un sentier de sable les séparant de la grande bleue !!! Certes, il y a de l’aisance dans le secteur.

A l’occasion d’une petite pause on fera connaissance et causette avec Marie Eve et William, deux francais venus voir leur cousin de Perth et qui en ont profité pour faire une escapade à Bali, les veinards !
Plus loin au moment du pic nic c’est un préposé à l’entretien des parcs qui vient nous voir, il salue les bretons, tiens donc ! Un australien qui connaît le « Gwen A Du » est forcément quelqu’un de bien. Celui là a vécu un peu en bretagne dans la région de Douarnenez où il avait une petite amie et de nous citer de mémoire nos chères villes bretones, ah nostalgie quand tu nous tiens…

Plus tard nous avons le choix de camper selon ses convictions religieuses, chaque confession ayant son terrain de camping, c’est assez curieux. On se dit toutefois qu’il en manque pas mal, et où sont les hindouistes, les boudistes, les musulmans, les israélites ?

Ah les schoolies…, what is that ? Eh bien on découvre effectivement beaucoup de jeunes gens en groupe sur les plages et en ville, mais c’est quoi exactement ces rassemblements qui font qu’il n’y a plus de place pour deux pauvres vieux cyclistes qui ne réclament qu’une toute petite place sur un bout de gazon ? Alors voilà la réponse à cette invasion (comme les March Flies):

Tous ces jeunes viennent de passer leur examen de 12ème année, et célèbrent une tradition australienne bien ancrée depuis 1979, où les jeunes partent en groupe faire une semaine de fête ininterrompue sur la côte. Ça a pris racine sur la Gold Coast dans le Queensland.

Les Schoolies sont considérés comme un rite de passage, une transition entre l'adolescence et l'âge adulte et la liberté qu'elle implique. La tradition veut d'ailleurs que les jeunes diplômés commencent leur célébration en se jetant dans l'océan, un symbole du plongeon vers la liberté. Le plongeon ne se fait pas malheureusement que dans l'eau fraiche, mais aussi dans l'alcool, le sexe et parfois la drogue. Liberté rime parfois avec irresponsabilité et c'est un peu ce que le concept des Schoolies a engendré.
 Le succès de l'événement présenté des années durant par les médias australiens comme une semaine de liberté totale et d'anarchie a soulevé également de nombreuses critiques car suscitant des comportements de dépravation et de multiples accidents, agressions sexuelles ou encore bagarres en tous genres dus à l'alcool et à la drogue.

C’est vous dire si les policiers locaux sont sur les dents… Ça ne chôme pas pendant ces 3 semaines de festivités !!! (Dommage qu’ils n’aient pas été aussi présents à Busselton).

Bon, puisque c ‘est comme ça on s’en va dormir sur les pelouses de la bibliothèque municipale, il y a du wi-fi et de l’électricité et les toilettes ne sont pas très loin, impec, on n’en demande pas plus. Les policiers viendront nous réveiller durant la nuit, mais comme on n’a pas des tronches de schoolies et qu’on leur explique qu’au camping ils n’ont pas voulu de nous, ils nous laissent dormir là.

La route « grottesque »

Il s’agit de Caves road, qui longe la côte de Cape Naturaliste au nord à Cape Leuwin au sud, et traverse de nombreux vignobles et de magnifiques forêts, ainsi qu’un certain nombre de grottes. Ça fait longtemps qu’on nous parle de cette région, on va vite constater qu’en effet ça vaut le détour.

Concernant les grottes, le sujet va être vite traité : Nous n’en visitons aucune ! Pas trop motivés par le sujet, car nous en avons vu de magnifiques par le passé et ne sommes pas convaincus que celles d’ici soient exceptionnelles, mais aussi parce que la plupart étaient fermées lors de notre passage, ça n’ouvre qu’à 10 heures, ce sont des horaires de touristes ça, pas de cyclistes qui se lèvent tôt.

Par contre, il y a aussi de très nombreuses exploitations viticoles, et là c’est une toute autre affaire.

Irène ne se sent pas trop cap’ de pédaler après une dégustation, petite joueuse… On ira tout de même voir le domaine de Laurance, un établissement magnifique qui a l’air tout ancien mais qui ne date que de 2006, ils ont tout fait « comme si », c’est archi luxe. Même les toilettes sont impressionnantes. Quant au vin, il a l’air de bien se vendre, les tour operators s’arrêtent là, question marketing c’est rodé. Du point de vue gustatif, les gens de la région trouvent qu’il y a bien mieux chez de petits producteurs, c’est partout pareil.

Ray, l’homme des bois

Voici un endroit qu’on n’aurait certes pas trouvé sans le site warmshowers.org, car Ray habite vraiment dans les bois. Il construit une maison remarquable, pas très grande (selon les critères australiens) mais parfaitement adaptée à son style de vie près de la nature. De plus, il a aménagé de chouettes emplacements pour planter la tente, quel homme providentiel !

Parfaitement intégrée à l’environnement, cette demeure est en chantier car il fait tout lui même avec grand soin, mais Ray prend le temps et attache plus d’importance à l’être qu’à l’avoir. D’ailleurs il affirme, et on le croit sans peine, que s’il touchait des millions à la loterie il ne changerait rien à sa façon de vivre.

Surf

Plage de Prevally, magnifique embouchure où la Margaret River se jette dans la mer. Allégés de nos sacoches, qui sont restées chez Ray, on y fait un saut et ça vaut en effet de détour, même si c’est bien pentu quand il faut remonter de la plage (curieusement, on ne s’est pas plaints quand ça descendait pour y aller).

Paradis des surfeurs (Compétition internationale annuelle-, les vagues y sont géantes et magnifiques surnommées « Yals » près de Yallingup et « Margs » autour de l’estuaire. Les plages située entre Cape Naturaliste et Port Leuwin offrent de puissants Reff breaks, des vagues stables et régulières partant principalement vers la gauche et qui se cassent sur un fond rocheux. C’est un endroit qui peut être dangereux, de jeunes surfeurs y ont laissé la vie. Moralité : On ne va pas surfer là, tant pis.

Margaret River, son kebab et son chocolat.

(Non il n’est pas question de kebab au chocolat, rassurez vous, on n’en est pas encore arrivés là)

S’il y a une ville touristique dans la région, c’est bien Margaret River. Ce qui nous intéresse est tout simple : Faire des provisions car on est un peu à sec, casser la croute et puis aller chez Temper Temper boire un chocolat chaud, adresse vivement recommandée par Ray, donc incontournable.
Pour le lunch, on se laisse tenter par un kebab, ça fait bien longtemps et ça nous rapellera la Turquie. Le type est Kurde de Syrie, depuis longtemps installé en Australie, d’ailleurs il fait aussi des Fish & Chips, comme quoi il est parfaitement intégré. C’est quand même un peu lourd, un kebab et des frites quand il faut repartir et que ça commence par une côte…

Le chocolat est à la hauteur de ce qu’on pouvait espérer, délicieux. On peut choisir sa variété de cacao, ceux de Madagascar et d’Equateur auront notre faveur. Une boutique exemplaire, on aura beau en fréquenter d’autres, aucune ne sera à la hauteur, même et surtout les plus grandes. Depuis, on fait une sacré pub à Temper Temper, leur chiffre d’affaires a dû exploser. N’hésitez d’ailleurs pas à aller y acheter vos chocolats, ça vaut le (petit) détour.

Le magasin Temper Temper nous a bien retenus et nous  n’allons certainement pas arriver dans le Parc National avant la nuit, là où nous avons repéré un camp gratuit sur notre fidèle Wiki Camp (application qui permet de connaître les bons plans pour camper gratuitement ou non ainsi que les lieux à ne pas manquer).

On commence à regarder à droite à gauche où on pourrait bien bivouaquer cette nuit. À la sortie de la forêt on avise une entrée de propriété, on n’hésite que deux secondes avant d’aller demander l’autorisation de camper sur place.

Pas de problème, on fait connaissance de Kate et François et le chien nous accueille par des aboiements. Ces deux là ont 3 garçons : Nicolas, Thomas et Charlie. Ils nous avaient repérés à Margaret River, pendant qu’on s’empiffrait de kebab-frites. Une demi-heure plus tard nous voici installés sur la pelouse avec vue sur la forêt. On prendra l’apéro avec François pendant que Kate ira chercher les 2 ainés karatékas.

François est originaire des Seychelles d’où son père a émigré quand il était encore jeune. Il se souvient qu’il a dû travailler dur. Originairement pêcheur, donc au grand air, il s’est retrouvé à travailler dans une usine maraîchère enfermé toute la journée. Un an plus tard il faisait venir sa famille. François vit depuis en Australie et est devenu artiste créateur de bijoux, principalement en argent. On passera la soirée tous ensemble autour du repas ; c’est l’occasion pour les enfants de mettre en pratique le français qu’ils apprennent à l’école. Voilà une famille qui n’est pas sur le réseau warmshowers mais à qui on pourrait laisser un commentaire élogieux.


Clin d’oeil

Parc Naturaliste

Il était évidemment impossible de passer par là sans faire quelque chose avec ce nom irrésistible ! D’où une mise en scène aussi rapide qu’efficace dans un décor naturel (pas de Roger Harth) et un costume tout aussi naturel (pas de Donald Cardwell).

 

17 Comments

  1. Première fois que je laisse un commentaire: je ne fais d’habitude que passer et me délecter frauduleusement de vos aventures, sans laisser un petit mot en pourboire, donc c’est chose faite !! Bonnes fêtes à vous et bonne route (ouais, pas très originale, mais c’est tout ce que j’ai en tête après le réveillon 🙂

    • Ah la belle ravie de savoir que tu nous piste dis donc ! me suis séparée de mes souliers rouges juste avant de partir comme quoi….suis conservatrice….aime les vieilleries, d’ailleurs Joël le prouve (:)))))

  2. Encore une étape sympa …cool…Tout « s’envole »…les bagages ,les voleurs et même les « maillots »…mais vous n’êtes pas rentrés »Chocolat » hi!!!Bonnes fêtes de fin d’années à vous et à vous tous!!!On attend vos aventures du réveillon …Kénavo

  3. Très bien Joel comme cela pas de lessive à faire mais ou est Irène ? Je pense qu’elle ne va pas rater l’occasion de parfaire son bronzage !
    Bonne fin d’année

  4. Meilleurs Vœux pour cette nouvelle année !

    Qu’elle soit pleine de joie et de bonheur !

    Une parfaite santé pour vous et vos proches,

    De l’amour autour de vous et la Paix dans notre monde.

    Passez une très Bonne Année 2017.avec pleins de découvertes que vous savez si bien nous faire partager !!!

    Bref encore beaucoup de commentaires, bises de Mamie Nicole.

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