Fraser Island

On nous en avait parlé à plusieurs reprises, alors on ne pouvait pas la rater, cette plus grande île sablonneuse du monde (120 km sur 15). Même si ici ils ont plein de trucs les plus grands du monde, ce n’est pas une raison pour passer à coté sans s’arrêter (pas comme à Surfers Paradise…).

Et c’est vrai qu’elle est très étonnante, Fraser Island. Elle est sillonnée de sentiers pour le plus grand bonheur des randonneurs. Des sites sont prévus pour le camping mais il faut être autonome et apporter son eau (à moins d’avoir un filtre) et sa nourriture. Dans les terres, l’épaisse forêt humide et la lande sauvage alternent avec des zones marécageuses et de broussailles, ponctuées de dunes géantes et mouvantes dépassant les 200 m de hauteur (notre dune du Pilat fait figure de taupinière, à coté), de ruisseaux et de lacs d’eau douce d’une clarté étincelante qui donnent sur de longues plages battues par les vagues.

Mais comment tout ceci est-il possible sur du sable, vous demandez-vous sans doute ? Nous aussi, on s’est posé la question, car un lac sur du sable, ça se vide vite. Sauf qu’il y a eu, des tas de milliers d’années de cela, un amoncellement de débris végétaux qui ont fini par composer une couche imperméable, et le tour était joué. Mais d’où viennent donc ces débris végétaux ? Eh bien de la forêt humide qui arrive à pousser sur ce type de sol, c’est le seul endroit où ça se produit. Ce n’est sans doute pas pour rien que les Aborigènes Butchulla l’appellent K’Gari (le “Paradis”).

C’était pour nous la première fois qu’on se retrouvait dans un bus à circuler sur une plage, laquelle sert de route sur toute la côte Est de l’île (du moins lorsque la marée le permet). Certes, c’est un bus 4×4 mais quand même, ça fait drôle de rouler à 80 km/h (vitesse max autorisée) au raz des vagues et… de se faire doubler par un avion qui atterrit devant vous !

Il faut dire qu’il y a de la place pour tout le monde, la circulation est moindre que sur les Champs Elysées mais on croise quand même un certain nombre de 4×4. Ça secoue pas mal par moments, et au bout du compte ça pourrait devenir monotone car la plage en question fait plus de 120 km de longueur (La Baule peut aller se rhabiller), mais il y a de quoi voir le long de la route (si on peut dire) et les arrêts sont intéressants :

  • Le seul endroit où on peut se baigner dans l’eau de mer en toute sécurité, sans se faire croquer par un requin ou piquer par une tentaculaire pieuvre, les « piscines de Champagne » sont en fait de petites anses qui, quand la mer arrive, ont en effet la particularité de mousser finement parce qu’elle passe sur les rochers (pour le goût par contre, rien à voir avec le Champagne).
  • Un promontoire rocheux (c’est bien le seul endroit où on décèle une activité volcanique) qui permet de voir les choses d’en haut et c’est tout bonnement époustouflant de beauté.
  • Des Pinnacles qui sont des amoncellements successifs de sable de toutes les couleurs (c’est étonnant car il suffit de remuer un peu le sable pour que les couleurs apparaissent,  : blancs, ocre, rouge, gris, noir). Site sacré des Aborigènes, ces collines sableuses ne sont pas sans nous rappeler la Cappadoce en Turquie, mais pour une fois en beaucoup plus petit.
  • L’épave du bateau Maheno qu’un cyclone a poussé là sur la plage alors qu’il était remorqué pour aller se faire désosser au Japon, c’était en 1935. Aujourd’hui c’est un tas de métal rouillé qui se laisse photographier sous toutes les coutures. Evidemment mieux vaut arriver les premiers avant qu’un tas de touristes (dont nous sommes pour l’occasion) viennent vous gâcher la pellicule !
  • La descente du ruisseau « Eli Creck », qui part du milieu de l’ile et vient se jeter dans la mer pour le plus grand bonheur des touristes, tout y est aménagé de manière ludique pour que petits et grands y trouvent leur compte. On se laisse glisser dans l’eau fraiche 1 km en amont et on se laisse porter par le courant sous les méandres d’une végétation luxuriante pour aboutir sur la plage, c’est assez fun.

Quant aux lacs, ce sont en effet de vraies perles bleues, comme le Mackenzie, un petit Eden à lui tout seul, son sable a des propriétés antivieillissement, alors tout le monde s’est essayé au peeling des jambes, des fois qu’on y gagnerait quelques années en moins.

Pour y aller, il faut se préparer à être secoué comme un prunier, les pistes dans la forêt sont assez acrobatiques, conducteurs de 4×4 débutants s’abstenir.

La forêt humide est impressionnante, nous partons à pieds par un joli sentier qui remonte le long d’une rivière au lit de sable (évidemment) et est bordée de nombreuses espèces d’arbres et de plantes dont nous avons oublié le nom, mais qui ne ressemblent pas à ce qui pousse en Bretagne, ou alors en beaucoup plus grand (des espèces de fougères de six mètres de haut, par exemple). Ici impossible de prendre du recul pour calculer la hauteur des arbres (on aurait bien voulu essayer mais on risquait de se retrouver avec des serpents aux chevilles tant la végétation est dense).

L’hébergement se fait dans un complexe hôtelier, un resort, qui a un peu vieilli mais on n’est pas venus ici pour le luxe alors ça va. De toute façon, il n’y a pas de boutique Ralph Lauren, alors…

Notre guide Cameron est un type qui a beaucoup d’humour, un accent à couper au couteau et on est obligé de tendre l’oreille pour comprendre ce qu’il raconte, parfois on ne pipe pas un mot (On devrait payer seulement 50% si on ne comprend que 50% des mots). Irène le trouve hyper craquant, bof… dit Joël ! A vous de juger, évidemment elle l’a photographié sous toutes les coutures ou presque !!!

Avec seulement 400 habitants, dont la majorité louent leur maison l’été et partent habiter sur le continent, l’île est inscrite au patrimoine mondial depuis 1992.

Heureusement pour sa préservation, car quand les colons reconnurent la valeur du bois de Fraser, les Aborigènes furent déplacés – non sans avoir résisté – et des pans entiers de forêt furent déboisés pour l’exploitation du Satinay, une essence imperméable prisée pour la construction navale. Longtemps, des carrières furent aussi creusées pour extraire du sable (Ben tiens, le sable ce n’est pas ce qui manque ici), ceci jusqu’en 1975. L’abattage des arbres fut enfin abandonné en 1991.

Gentil goana

En conclusion : Fraser Island vaut le détour, si vous passez par là n’hésitez pas ! Et si vous ne passez pas par là, pensez y pour vos prochaines vacances, ce n’est pas bien loin…

13 Comments

  1. Merci de prendre le temps de nous raconter ce que vous visitez. Les photos sont superbes, le récit descriptif avec humour, bref cela nous permets de voyager virtuellement et de rêver. J’apprécie beaucoup

  2. Des amis à nous y étaient l’année dernière, leur récit et leur photo ne m’avaient pas autant marqué et donné envie d’y aller ! Je ne comprends pas que vous ayez choisi d’y aller sans les vélos…. passer à côté de toutes ces pistes sableuses, quel gâchis 😉

  3. Quel dépaysement, je vous envie d’être dans ce paradis !
    Merci encore de me faire participer à la découverte de ces pays et de cet Eldorado…

    Et pourtant notre Bretagne est belle, bises

  4. C’est un réel plaisir de vous lire et de regarder vos photos. Vous voyez des endroits que nous ne verrons pas pour la plupart d’entre nous. Merci de nous les faire partager.
    Bises
    Annick

  5. Bonjour à TOUS..effectivement un beau terrain de jeu ou l’on peut jouer le petit Robinson!!hi
    Merci il n’y a pas de quoi »parafraser »..Merci encore…Bernard

  6. Avec tous ces superlatifs et les photos qui en témoignent, cet île paradisiaque a le pouvoir de transformer ses visiteurs en lilliputiens… En témoigne la photo de Joël au pied de l’arbre.
    Peu importe, un miracle s’opère si on en ressort grandi!
    Pour les vélos, c’est dommage, ll faudra leur raconter l’histoire à l’entraînement (la roue avant dans un bac à sable…?)
    Merci pour ces images et impressions fraîchement transmises

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