Kangourous et Koalas

Dans l’article précédent, on vous avait annoncés des koalas et des Kangourous mais vous n’en avez pas vu la queue d’un, était-ce de la publicité mensongère ?

En fait non, il suffisait d’être patient, vous allez les avoir cette fois-ci.

Tout d’abord, on va vous présenter un personnage hors du commun, ensuite on vous emmène sur notre porte bagages, comme d’habitude.

Susie

Où vit Suzie ? Dans la banlieue de Taree à 10 mn en voiture, alors on vous laisse imaginer à vélo, faut la trouver la Susie, et comme ici les maisons ne sont pas les unes sur les autres on va faire un sacré bout de route, une boucle en fait, dans la campagne avant de trouver sa maison, pile poil, elle s’apprêtait à partir.

Comment décrire Susie ?

Tout d’abord elle est la nièce de Paulette, une amie de longue date habitant à Acigné (en Ille et Vilaine pour les ignorants). La sœur de Paulette a émigré en Australie avec sa famille il y a de nombreuses années et donc Suzie vit en Oz et n’a pas envie de vivre ailleurs.

C’est une femme très énergique avec un tempérament bien trempé, une boule de nerf, enfin une boule pas vraiment c’est plutôt le genre Mado pour ceux qui connaissent la gazelle mal nourrie !!!

Elle est un peu effrayée de recevoir deux cyclistes qu’elle ne connaît pas (même recommandés par tante Paulette) dans sa grande maison qu’elle occupe depuis juillet. Elle n’a pas fini de s’installer. Alors on pose la tente à l’ombre d’un macadamier sur son grand terrain, on fait connaissance, et on termine dans la salle de bain (pas tous ensemble, rassurez-vous) pour une bonne douche, on vient d’avaler 45 kms dans un four sous un ciel bleu.

Un plaisir d’écouter Susie (qui parle français, ça fait du bien), elle saute, trépigne quand elle s’exprime, s’énerve après les politiques, les vendeurs de sa maison, la pollution, tape du poing sur la table ponctué de bullshit ou de fucking, fume sa cigarette, elle aime la nicotine.

On va passer une soirée super sympa chez le Sicilien en ville autour d’un rizotto en écoutant Susie nous raconter l’histoire de ses ancêtres français venus faire leur vie aussi loin de la France.

Nous la quitterons chargés d’un bon pain fait maison, d’un thé autrement meilleur que le Lipton, et de cœurs en pur chocolat délicieux, rien à voir avec ce que Cadbury ose appeler chocolat. Merci Susie !

Cette nuit on change d’heure nous n’avons plus que 8 de décalage au lieu de 10 quand nous sommes arrivés, c’est un petit peu plus facile pour joindre les nôtres.

Seniors Land

Drôle d’ambiance en arrivant à Harrington. Déjà, le long de la route des publicités vantaient les programmes immobiliers évidemment fabuleux et exceptionnels, avec à chaque fois des personnages souriants aux dents aussi blanches que leurs cheveux (ou l’inverse). Bizarre…

Sur place, ça sent le fric à plein nez, d’immenses quartiers gardés auxquels on n’accède qu’en montrant patte planche, de magnifiques maisons, et ce qui surprend le plus, tout a l’air neuf ou très récent. Là où c’est le plus étrange, c’est au « centre ville » autour de l’église (datant de 10 années) les commerces sont dans de petites boutiques toutes pareilles, c’est mignon, ça fait Dysneyland. Les clients, eux, sont comme sur les affiches, sauf que nombre d’entre eux poussent de petites chariottes, genre de déambulateurs améliorés, on ne voit guère de personnes en âge d’être en activité, hormis les employés des commerces évidemment. Ambiance…

On n’avait pas compris que le vrai Harrington est plus loin, une ville tout à fait normale, elle, ça fait du bien.

Crowdy Head

En Bretagne, on s’y connaît en phares, on en a des maousse costauds, installés sur des récifs, bravant les éléments.

Celui de la pointe de Crowdy Head (Nom qui signifie Très peuplé, dû à James Cook qui aperçut un rassemblement d’aborigènes ; en fait il n’y a pas grand monde à habiter là, mais les maisons sont superbes et la vue incroyable) est pour le moins différent. Construit en 1878 sur le point le plus élevé, il n’avait pas besoin d’être bien haut, et à vrai dire il fait plutôt dans le genre nabot.

Mais il ne manque pas de charme et surtout le point de vue depuis là est sublime ; on est sur une avancée entre deux immenses baies dont on ne peut même pas voir l’autre extrémité (pas moyen de bien se rendre compte de ça sur les photos, il faudrait un hélicoptère comme celui du cousin Sébastien).

L’endroit a beau être superbe, il est interdit d’y camper, direction donc le « Crowdy Gad Campground » par une route non asphaltée. Encore un endroit bien sympa, quasiment aucun autre campeur, et il y a même des douches en plein air. Comme c’est dans un Parc National (10 000 ha, rien que ça), on est sensés avoir réservé et payé, une fois de plus on bénéficiera de la gratuité en espérant toutefois ne pas rencontrer de Ranger (Rôôôô, c’est pas bien, n’est-ce pas ?).

Le chemin pour accéder à la plage serpente dans une jolie forêt, c’est super bien aménagé. Ladite plage semble d’une longueur infinie (une des deux qu’on voyait du phare, vous suivez ?) et est quasiment déserte. Sauf un couple avec un jeune enfant qui dévore à pleine dents des noodles crus, comme si c’étaient des biscuits ; déjà que ces nouilles chinoises n’ont pas trop de goût cuites, mais crues…

Le lendemain, reprise de la Diamond Head road sur 25 km, puis on retrouve l’asphalte pour arriver enfin à Laurieton. C’est dans une commune toute proche, North Haven, que nous allons enfin rencontrer nos premier kangourous.

Les kangourous

Ca commence bien, le camping est très agréable et propose une cuisine bien une équipée. Mais surtout, le type qui fait l’entretien nous dit qu’il y a des kangourous qui se baladent le soir à l’autre bout du parc. Chic ! On y va et il avait raison, des familles entières de ces marsupieux déambulent allègrement autour des caravanes.

Durant la nuit, il y en aura aussi qui viendront autour de notre tente, mais ce n’est pas gênant puisqu’ils se contentent de brouter, ça ne fait pas de bruit, ce sont comme de gros lapins, en somme et les crottes sont comme celles des lapins aussi mais en nettement plus grosses !!!

Quelqu’un nous a dit que la route pour aller à Port Macquarie serait plate, on aurait dû se méfier. Evidemment, c’était un automobiliste, il ne sait pas ce qu’est une côte, et surtout il a oublié celles de Bonny Hills, pour parties à 7%, heureusement pas trop longues.

Bowling XXL

A Cathie, on fait une découverte sensationnelle : Le bowling ce n’est pas nécessairement dans une grande salle avec des lumières colorées et de la musique forte, ça peut aussi se passer en extérieur dans une atmosphère plutôt classe et concentrée, sur une pelouse aussi lisse qu’un tapis de billard. Ca s’appelle le Bowling Green (Boulingrin en français, règle du jeu ici).

Les boules ne sont pas sphériques, c’est plus sioux que ça, leur trajectoire suit une courbe qui s’accentue lorsque la vitesse diminue, c’est assez bluffant. Et comme chaque fois qu’on commence à s’intéresser à quelque chose, il y a un type qui vient spontanément et nous explique le comment du pourquoi de la chose, on ne comprend pas tout mais c’est tout de même bigrement sympa.

Port Macquarie

On n’avait pas vu ça sur la carte, mais la ville est bien pentue : Nous arrivons en passant par la plage, espérant que ce sera plat, raté : La route suit des falaises, encore des montagnes russes !

A part ça, c’est une cité agréable, on aura l’occasion de l’apprécier durant deux jours, ce qui permet quelques visites autres qu’à l’atelier de vélos (cf. plus bas).

Au vu des sculptures qui ornent un peu partout la ville, vous n’aurez pas trop de mal à deviner quelle est la spécialité animalière locale :

Les koalas

Il y a à Port Macquarie un hôpital de koalas, ce qui n’est pas commun, convenons-en. Ces animaux si mignons sont en effet victimes de collisions avec des voitures, de morsures de chiens, d’incendies qu’ils ne peuvent fuir à cause de leur lenteur, et de maladies comme les conjonctivites.

C’est ici qu’ils sont soignés, si certains ne pourront hélas jamais retourner à la vie sauvage, la plupart ne feront qu’un séjour temporaire, le temps d’être guéris.

Les bagnards

Près des koalas malades, il y a une superbe demeure victorienne, Roto House. Propriété de la famille du surveyor John Flyn depuis 1891, cette bâtisse a le double avantage d’être encore debout dans ce pays où il y a trop peu de traces du passé, et d’être un beau témoignage de la vie à cette époque. Témoignage entretenu avec soin, la dame qui nous accueille nous raconte notamment des histoires de bagnards qui montrent à quelle point cette époque était dure. Notamment un soldat de Napoléon à qui un officier avait offert une montre, et qui, une fois installé à Londres, était allé la porter pour réparation chez un horloger ; ce brave horloger n’a rien trouvé de mieux que le dénoncer à la police, un pauvre type comme ça ne pouvant qu’avoir volé une si belle montre. Verdict : sept ans de bagne ! Il faut savoir que les conditions de transport en Australie puis de détention des bagnards étaient horribles, la mortalité était très élevée. Un jour, notre bagnard a enfin un peu de chance, l’officier qui lui avait donné la montre est là aussi et le reconnaît. Le bonhomme est innocenté, mais il a quand même purgé des années de bagne dans des conditions terribles alors qu’il était on ne peut plus innocent.

Autre histoire, celle d’un maréchal-ferrand qui a été surpris à avoir dérobé un canard à son voisin qui était mort (le voisin, pas le canard). Verdict standard : sept ans de bagne (Le juge ne devait avoir qu’un seul tampon). Durant sa détention, il est appelé à exercer son métier et à la fin de sa peine continue à travailler au service de la Couronne ; petit à petit, il économise de quoi se payer le voyage de retour en Angleterre où il retrouve sa fille, sa femme étant décédée.

Et que choisit-il de faire alors ? Il revient s’installer en Australie avec sa fille… Pas rancunier, le type.

Des Bidochon ?
Des Bidochon ?

Par un hasard extraordinaire, le Backpacker où nous avons choisi de passer la nuit se situe juste en face du marchand de vélos qui a dû recevoir un amortisseur pour Irène.

Vous vous souvenez, dans l’article précédent nous vous avions parlé de ce problème d’amortisseur, c’est l’occasion maintenant d’aborder le sujet suivant :

La Mékanik

Dans l’ensemble, nous ne pouvons que nous féliciter de la fiabilité de nos engins, mais là nous avons dû faire face à deux problèmes d’importance fort inégale, nous vous laissons en juger :

  • Le compteur du vélo d’Irène s’est mis à ne plus afficher la vitesse ni les distances, ce qui est pourtant son rôle. C’était tout bêtement l’aimant qui est placé sur la roue qui avait disparu. Solution immédiate, le remplacer par un aimant de rechange que nous avions dans nos pièces détachées, comme quoi on est sacrément prévoyants (ça vous en bouche un coin, non ?).
  • L’amortisseur arrière du vélo d’Irène (pourquoi toujours elle ?) s’est brusquement affaissé à Sydney, quelques jours après notre arrivée. C’est embêtant, car rouler sans amortisseur sur un vélo couché est pour le moins inconfortable. Solution pas immédiate du tout : Le réparer ou le remplacer. Car on n’en avait pas embarqué un de rechange, ou alors il faudrait carrément prévoir un troisième vélo complet pour piquer des pièces dessus (curieusement, on n’a pas retenu cette option).

Le problème a finalement été résolu à Port Macquarie où Josh, le type qui importe cette marque d’amortisseurs en Australie, en a fait expédier deux compatibles de rechange. Il a été incroyablement efficace, car suite à notre requête il a regardé par où nous allions passer afin d’envoyer son colis juste à temps, choisissant un marchand de vélos en face de notre hébergement (alors qu’on savait pas nous-mêmes qu’on dormirait là), costaud le gars ! Ceci gratuitement alors que le vélo a quatre ans, la garantie est finie depuis belle lurette. Merci Suntour !

Ce fut un soulagement, car nous avions préalablement consulté un autre atelier le long de la route, à Taree exactement, et été déçus d’apprendre que ce modèle là n’est pas importé en Australie, et que pour le réparer il faut l’envoyer en Allemagne. Quelle était la panne ? Un bête joint torique qui était sorti de son emplacement, et surtout pas question d’y toucher car on risquait de flinguer complètement le machin, et se retrouver coincés avec un vélo inutilisable.

Donc, deux problèmes réglés, passons aux réjouissances.

Ukulélés++

On traine en ville, on voit de la lumière et on entre. Enfin, c’est pas exactement ça, mais presque : Une petite affiche assez discrète à l’Office du Tourisme (Le Glass House, superbe, soit dit en passant, le bâtiment) retient notre attention, un Friday Concert aura lieu le midi. A midi nous y sommes, un peu surpris de voir sur scène une ribambelle de joueurs d’ukulélé dont l’âge moyen donne à penser qu’ils doivent tous être retraités, voire même depuis un certain temps. Certains et certaines ont revêtu les couleurs adéquates style pare-soleil fleuris sur la tête, chemises larges imprimées affichant perroquets ou fleurs exotiques…

Avant qu’ils ne commencent à jouer, avouons le début d’une légère crainte, est-ce que ça ne va pas être horriblement ringard ? Eh bien non, au contraire, c’est très sympa ; le répertoire folk reprend des tubes connus du public (mais pas de nous en dehors de « Blue River »), les deux chanteurs sont talentueux, on passe un bon moment.

Le bassiste (le seul avec la percussionniste à ne pas avoir d’ukulélé) est français, il est ravi de discuter un peu avec son charmant accent méridional de Bandol, mâtiné d’Australien.

Tags

Bien qu’ayant souvent évolué en zones urbaines, nous n’avons quasiment vu aucun tag, ni sur les murs ni sur les trains (En France c’est le contraire, quand il n’y en pas, on s’en étonnerait presque).

Mais il y a un endroit où l’expression peinturluresque est une institution, c’est l’immense digue de Port Macquarie : Les rochers sont peints par qui en a envie, c’est souvent naïf, drôle, intriguant, on aime bien. Mais comme on a oublié de trimballer nos pots de peinture, il n’y aura pas de rocher Cyclomigrateurs, quelle dommage.

Départ en car, car…

Car les distances sont tellement grandes que, si on continue comme ça, au bout d’un an on n’aura pas fait la moitié du tour de ce pays, lequel fait environ 15 000 km !

On va donc utiliser les transports en commun, ce qui a plusieurs avantages :

  • On peut faire des « sauts de puce » d’une ville à l’autre en évitant de très longues distances trop chronophages.
  • On peut découvrir les joies des modes de locomotion locaux, et ça ne manque parfois pas de piquant (c’est toutefois nettement moins exotique qu’en Inde ou à Madagascar, ici pas de tuk-tuk, ni charrette à zébus ni pirogue).

Quant à ceux d’entre vous qui s’écriraient déjà que « c’est de la triche », rappelons que :

  • Ce n’est pas la première fois, puisque nous avons pris le train en France (lorsqu’Irène a fait son embolie pulmonaire), en Suisse (pour passer sous le col du Simplon) et en Italie (de Venise à Trieste). Quant au car, nous y avons eu recours en Turquie, pour aller d’Istambul en Cappadoce.
  • On a dit qu’on faisait un tour du monde à vélos, mais on n’a jamais dit qu’il n’y aurait que ça, sinon on aurait eu du mal à changer de continent, notamment (à moins de transformer les vélos en pédalos, on a déjà la position adéquate, manque plus que les flotteurs).
  • Et puis d’abord on fait comme on veut, na !

Le car, donc, est pratique car il y a deux compagnies qui desservent toute la côte Est. Ce qui est moins pratique, ce sont les horaires, car évidemment ces engins là roulent jour et nuit et si on a la malchance d’être dans une commune desservie de nuit il faut s’adapter. C’est le cas à Port Macquarie, les cars des deux compagnies (qui ont dû s’entendre pour nous contrarier) y passent après une heure du matin. On s’en va donc pour la soirée dans un pub irlandais qui a la bonne idée de se trouver à proximité, ça permet de passer la soirée agréablement jusqu’à minuit sirotant nos bières et sodas, notamment en compagnie de Tracie et Dorron, lequel sera d’ailleurs un excellent partenaire pour jouer au Rummiks Cube.

Ces deux compagnons de table d’un soir nous donnent une idée des opinions de certains Australiens vis à vis du monde en général, et des pays pauvres en particulier. Ils ne manquent pas de nous mettre en garde sur les nombreux dangers des nombreuses bestioles venimeuses ou à dents longues qui pullulent ici. Dorron s’est d’ailleurs fait croquer le postérieur par un petit requin. On a bien rigolé bien sûr, ces deux là font dans l’humour et la dérision.

A bientôt pour de nouvelles aventures !

13 Comments

  1. Oui, moi aussi, mais problème irrégulier (un coup ça marche, un coup ça ne marche pas). Aucun problème sur l’ordi pour voir les diapos mais pas toujours possible sur mon smartphone (message « nécessite java script » ou quelque chose comme ça).
    Sinon, je suis toujours aussi fan de vos zaventures, et c’est toujours aussi beau, drôle et captivant. Merci de les partager 🙂
    Bonne route !

  2. Hello de Rochefort-sur-Mer
    Super ces rencontres avec les habitants et les habitants à « quatre pattes »hi
    Serait-il possible de nous mettre votre position sur une carte au fur et à mesure!
    Avez-vous un GPS car peut être on pourrait vous suivre sur APRS-FI..à voir!!
    Bonne route
    bernard

  3. Content de vous lire et de vous savoir bien calés, sous le bleu du ciel, filant droit vers le Nord, vers l’Equateur. Ici, en Bretagne, il fait encore frais.
    Merci de vos impressions et autres commentaires que nous apprécions tant.
    Bonne route sous le soleil.
    Amicalement

  4. « No problem » de lecture !!!
    Merci de nous faire vivre la suite de votre aventure ; moins dépaysant que l’Asie, mais toujours aussi enrichissant…
    Qu’ils sont adorables c’est petits Koalas, j’ai envie de les toucher et de les carresser.
    En l’attente de vous relire, je vous envoie de fraîches bises, bientôt les « Saintes glaces » en Bretagne.

  5. les problèmes de lecture sont sur smartphone! sur l’ordi no problem!! prenez un tit koala au retour svp! sont trop choux!!! merci pour ces bonnes nouvelles!

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