Karijini

Karijini, le parc qu’il est joli

Grâce à Mario, encore lui, nous allons tenter l’impossible : Camper gratuitement et même faire du feu, ce qui est strictement interdit dans le parc. Mais la ruse est qu’on va aller dans la montagne juste après la limite du parc, laquelle est, comme souvent en Australie, tracée à la règle et ne tient nul compte de la topographie locale, faisant fi des rivières, vallées et crêtes. L’emplacement qu’il nous a montré sur la carte est-il vraiment accessible ? Car lui passe partout avec sa voiture jaune si haute sur roues, mais nous ?

Mais pour commencer, allons sagement au Dales Campground pour aller découvrir les gorges de la Dales River. Et nous ne sommes pas déçus, ça valait largement le déplacement : Après une descente par un escalier métallique vertigineux, on se balade entre les parois escarpées, parfois les pieds dans l’eau, la végétation est remarquable et il y a même moyen de se baigner (mais qu’elle est fraiche !).

Les roches sont impressionnantes, avec des bébêtes sympas qui profitent du soleil  : on vous laisse deviner où sont les belles et les bêtes !

Si c’est sympa du coté minéral, le coté végétal n’est pas mal non plus :

En remontant au dessus des gorges on peut les admirer 100 mètres plus bas, impressionnant.

Une croix celte témoigne de la dangerosité de l’endroit ; un jeune sauveteur y a perdu la vie lors d’une opération de sauvetage d’un touriste imprudent.

C’est pour la suite que nous allons dépasser les bornes en allant camper là où personne ne va, les gens préférant rester au camping « officiel » qui est très cher et plein comme un oeuf en cette période de vacances scolaires. Après un peu d’hésitations, et grâce à l’aide du GPS, on trouve le chemin de Mario et l’emplacement rêvé est rapidement atteint : Une vue superbe, du bois pour faire le feu, de l’ombre et de la place à gogo, c’est idéal.


Ce qui est moins bien, c’est l’idée que nous avons de vouloir aller plus loin sur cette piste abandonnée, juste pour voir jusqu’où elle va ; eh bien maintenant on le sait, ça ne va nulle part où on puisse aller car la piste est de plus en plus défoncée, encaissée entre de hauts talus, comme un chemin creux, et on ne peut faire demi-tour. La voiture souffre, on se demande dans quel pétrin on s’est fourrés, jusqu’au moment où ça s’élargit un peu et on peut revenir sur nos pas, refranchir tous les passages difficiles et soupirer d’aise quand on atteint à nouveau notre campement ; on n’était pas fiers car si on s’était retrouvés bloqués dans ce coin, on aurait eu bien de la peine à se faire dépanner.
En fait, cette ancienne piste desservait une mine d’amiante toute proche de Wittenoom, et est donc inutilisée depuis 60 ans, d’où son état de délabrement fort avancé.

Bon, revenons à l’essentiel, la Weano Gorge que nous allons découvrir avec encore plus d’émerveillement que la précédente.

Il y a des gorges où on ne peut accéder qu’à la nage, d’autres où on dirait que la surface de l’eau est inclinée, c’est assez déconcertant.

Bref, vous l’avez compris, Karijini c’est joli !

Tom Price, la ville de mineurs

En bordure du parc, voici une ville construite de toutes pièces pour et par l’industrie minière. Il y a tout ce qu’il faut pour les 3 000 habitants : terrains de sport, supermarché, bibliothèque, hôpital, écoles et collège. Tout ceci est bien propret, heureusement d’ailleurs, car il faut bien attirer les volontaires pour venir travailler dans ce coin paumé. Malgré tout, on peut se demander si ce n’est pas un peu étouffant de vivre dans cet espèce de vase clos où tout le monde travaille peu ou prou pour le même employeur. Accessoirement, ils sont très fiers d’être « La Ville La Plus Haute d’Australie Occidentale », bien qu’avec 747 m ce ce soit pas le Pérou…

Signe révélateur de la mentalité des blancs qui sont venus coloniser cette région, le grand mont qui surplombe la ville est nommé (ou plutôt non-nommé) Mount Nameless (« Mont sans nom »). Il ne leur serait pas venu à l’idée qu’il portait un nom depuis des millénaires, il suffisait de demander aux aborigènes qui l’appellent Jarndunmunha. Par contre, ça ne les pas gênés d’appeler une vallée du nom de Rio Tinto, le géant minier qui fait la loi dans cet État.

La mine Rio Tinto

Voici notamment d’où venaient tous ces trains de minerai de fer qui ont osé troubler notre sommeil. Le site principal de la mine est immense, et tout est dans la même démesure, par exemple les camions gigantesques. On apprend avec surprise qu’ils sont propulsés par des moteurs électriques : Y aurait-il quelque chose d’un tant soit peu écolo dans ce milieu là ? Que nenni, les camions en question ont un énorme moteur diesel qui produit l’électricité et consomme jusqu’à 20 litres par kilomètre ! (Au cas où vous n’auriez pas bien lu, ça fait 2 000 litres/100 km).
Chacun des pneus coûte la bagatelle de $62 000 (le prix d’une belle voiture bien équipée), à ce prix là ils ont des capteurs de température incorporés, quand ils sont trop chauds il faut attendre 24 heures qu’ils refroidissent. C’est d’ailleurs pour limiter l’échauffement que les pistes sont arrosées, ainsi que pour réduire la poussière…

Et tout est comme ça, les pelleteuses monstrueuses, les concasseurs grands comme des immeubles, les tapis roulants qui transportent le minerai sur des dizaines de kilomètres, et évidemment les trains de 230 wagons qui s’en vont jusqu’au port se déverser dans d’énormes cargos. La montagne fout le camp inexorablement, emportée en Chine sous forme de minerais, la laissant béante et blessée. Qu’en restera-il quand le filon sera épuisé ? Tom Price disparaitra de la carte ne laissant que des ruines et des familles devront alors s’en aller à des milliers de kilomètres, laissant tout derrière elles puisque les maisons seront alors invendables. Mais on ne s’inquiète pas pour Rio Tinto qui trouvera bien un autre terrain de jeu où faire des trous, des petits trous….

Gasoil ou sans plomb ?

En passant par la petite ville minière de Paraburdoo, on s’arrête faire le plein de gasoil à la pompe du coin. Joël, qui a la tête on ne sait où, se trompe de carburant et remplit la moitié du réservoir ! Quand même nous voilà dans de beaux draps, si on démarre la voiture c’est foutu pour le moteur, il va pas aimer du tout. Le mécano d’à côté nous propose de faire la vidange mais il doit tout démonter… Ben tiens, c’est écrit « porte monnaies ambulants » sur nos fronts ? On pousse la voiture loin des pompes et Joël s’en va chercher dans le patelin un tuyau pour siphonner le réservoir  tel un petit gars des banlieues ! Irène n’en croit pas ses yeux , il revient avec un tuyau d’arrosage de 30 mètres …va falloir aspirer fort et pour un asthmatique c’est pas gagné ! C’est d’autant moins gagné que le tuyau… ben y’a pas moyen de l’engager dans le réservoir : système de sécurité anti-banlieusard siphonnant ou bien aborigène sniffeur ?

Le mécano fini par avoir pitié de lui et lui monte la voiture sur un pont pour récupérer le carburant qui finira on ne sait où, car il restait du gazoil et mélangé à l’essence impossible de s’en servir. On s’en tire avec une note salée de $ 150 sans compter un nouveau plein….. Irène, pas solidaire pour un sou, a pris la poudre d’escampette pour aller faire sa page d’écriture hebdomadaire bien à l’ombre sur un banc à 200 mètres du lieu du crime !!!

De Station en Station

Loin de cette agitation, certaines stations ont une activité complémentaire d’accueil, un peu comme le « camping à la ferme » chez nous. Mais évidemment, il ne s’agit pas d’un coin de prairie, c’est à l’échelle du pays : Immense !

Chella Plains Station

400 000 hectares pour 5 000 vaches ! En allant faire une rando sur les collines environnantes nous en apercevrons seulement 2 au loin… Elles en font des kilomètres pour aller chercher leur pitance ces pauvres bêtes. La propriétaire nous dit qu’en fait il n’y a pas eu assez de cyclones la dernière saison et par conséquent pas assez de pluie.Ben oui faut savoir ce qu’on veut : « Hé la haut les cyclones,  apportez nous de la pluie, mais n’emportez pas nos maisons dans vos tourbillons s’il vous plait, ne faites surtout pas trop de dégâts ».

C’est la raison pour laquelle il ne reste que peu de bovins sur la propriété, une grande partie a été vendue, on n’ose pas demander combien…

Le lendemain matin nous ferons connaissance de Paterson 11 ans qui vit dans la station est scolarisé via la School of the Air de Port Hedland. Ce gamin est sacrément déluré et curieux. Avec son copain Ky ils viennent voir les vélos et on leur montre des vidéos de notre voyage. Ils ont tous les deux déjà le look cowboy australien et ont adopté Petit chat pour la photo.

Retour à la mer

Nous reprenons la route vers la côte, cette diversion à l’intérieur des terres ayant été des plus intéressantes. Les couleurs des paysages sont toujours surprenantes, on n’arrive pas à s’en lasser, et les aires de repos sont toujours aussi bien équipées, on apprécie.

On suit sur OSM, notre logiciel de navigation, les lieux où nous passons et identifions ainsi les nombreux monts de la région : Mt Wall, Mt de Couray, Mt Edith (désolé y’a pas Michel), Mt Berry, Mt Hubert (sans Yvette), Mt Stuart, cette ligne droite, Nutarra Munjina, n’est pas ennuyeuse tellement le paysage est agréable.


Rendez vous à Exmouth pour la prochaine étape, ville des émeus…

10 Comments

  1. ce qui est super intéressant dans vos récits c’est que vous ne nous parlez pas, comme les revues touristiques, que de ce qui est « magnifique » mais que vous abordez le vrai! et comme vous le dites si bien qu’adviendra t’il de ces endroits quand ils auront été défigurés et ne rapporteront plus rien???
    Mais pourtant, même dans ces endroits un peu maudits, les couleurs sont magiques! quelle palette!!
    merci les carmigrateurs car vos poooovres vélos semblent encore au chômage…….

  2. Quest ce que c’est beau
    …. mon dieu que c’est magnifique…. et les photos à couper les souffle!!!!!! Merci de nous faire partager tout ça!!! De gros bisous !!!

  3. Je partage l’avis des hommes sur les belles photos. Je vous signale quand même si vous ne l’aviez pas remarqué qu’il y a deux oublis dans les commentaires de la quatrième série de photos.
    Bon, d’après ce que j’ai cru comprendre ce serait Irène qui l’a fait : elle cite le minéral, le végétal, en omettant l’animal, mais surtout l’humain, en l’occurrence la femme (de dos, mais ça vaut le coup d’oeil)
    C’était mon petit coté critique positive !
    Les abonnés masculins vont exploser…..
    Joël continue à nous faire rêver, on en a besoin en cette période automnale.
    Michel

  4. Ce sont des paysages restés presque intact depuis le début du monde « Mine » de rien..;
    Merci de nous entraîner dans cet Univers « Minéral »
    cordialement à tous …Bernard

    • Ouah quel paysage magnifique, vous faites une envieuse…. Merci de nous faire partager cette beauté de la nature, même si certaines se « faneront » !!!…

      Mamie Nicole

  5. Hello you two! We met you at Wazza’s and then again at Mission Beach. We are still following your adventures around Australia with much amusement – the amusement is in part due to Google Translate’s translation of your stories. But we understand most of what you write and the photos are really professional. We have been to these places and it’s so lovely to see them again. We were to be traveling in the same direction as you but came home (Sydney) from Darwin to buy a new camper but we will head off again some time soon. Maybe our paths will cross again. Keep enjoying your adventures. Anne and Klaus. xx

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