La Corée au fil de l’eau

Un peu de montagne, beaucoup de rivières, des ponts et des barrages, du plat et des côtes, des villes et surtout de la campagne, cet épisode vous donnera un aperçu de la paisible progression de vos cyclistes préférés au coeur de la Corée du Sud. Et peut-être même l’envie de venir y voir par vous-même, qui sait ?


De barrage en barrage

L’immense projet d’aménagement des fleuves en Corée n’a pas fait l’unanimité, il semble que nombre d’ouvrages aient été décidés non en fonction de leur utilité mais d’autres objectifs moins avouables ; dans un pays où les grandes entreprises et la classe politique savent s’entendre pour protéger leurs intérêts respectifs, il fallait trouver des arguments pour faire passer la pilule auprès de la population. D’où l’idée de « verdir » le projet en ajoutant des itinéraires cyclables à tout va, ce qui a l’avantage d’attirer un public nombreux et captif puisque les cyclistes, contrairement aux automobilistes, ne transportent pas grand chose et donc font fonctionner l’économie locale. Comme ça tout le monde et content, et nous aussi parce que c’est quand même bien agréable de circuler dans d’aussi bonnes conditions.

Nous savions que c’est plutôt peinard de rouler le long des fleuves en général, nous en avions fait l’agréable expérience sur l’Eurovélo 6 en pédalant de Roumanie en Bretagne en 2013. Ici aussi, c’est bien aménagé dans l’ensemble, on ne se retrouve que rarement sur des routes à voitures et encore sont-elles à faible circulation, voire même désertes.

Néanmoins, ce n’est pas toujours tout plat, il y a parfois de belles grimpettes mais de courte longueur alors ça ajoute un peu de variété dans un parcours qui n’est déjà pas monotone dans l’ensemble.

A Jungdong-Myeon une école confucéenne vient ajouter une jolie touche de tradition tout près d’une petite île (Gyengcheonseon Island Park) sur laquelle nous allons bivouaquer à l’abri d’une pagode qui ne nous aura finalement pas abrités de la pluie annoncée car celle-ci n’est pas venue ; on aurait mieux fait de planter la tente dans l’herbe, ce n’est pas la place qui manquait, nous étions seuls.

Du coté météo, curieusement depuis deux jours nous rencontrons des gens qui nous annoncent une pluie diluvienne pour le lendemain, et ça s’avère faux, tant mieux : Nous repartons le lendemain en shorts avec 29°, la pluie se fait attendre, on en connaît qui vont être contents (ceux qui nous suivent sur leurs petits vélos couchés !)

Tout pour le vélo

Par ici les ponts, les toilettes publiques, les abris, tout évoque le vélo.

Il y a même un musée du vélo (Sangju Bicycle Museum) dans un endroit étonnant : Ce superbe et immense bâtiment très récent est situé à l’écart de tout en sortie de ville (que nous ne voyons pas), mais aux abords de la piste cyclable heureusement. Comme souvent, c’est gratuit. Par contre, il est surprenant que rien ne soit traduit en anglais, pour un établissement aussi cossu et sensé recevoir des touristes, d’autant plus qu’il ne date que de deux ans. En tout cas nous bénéficions d’un accueil hyper chaleureux.

Ce musée héberge de nombreux engins bizarres, parmi lesquels un vélo couché (sans quoi la collection eut été fort incomplète), les premières draisiennes, et d’autres que certains reconnaitront sans doute. On y reconnait bien sur les vedettes françaises, américaines ou espagnoles…ça fait plaisir.

Les ninjas

La quasi totalité des cyclistes que nous croisons sont habillés comme des ninjas, pas un bout de peau qui ne soit protégé du soleil. Vu la chaleur, on se demande comment ils supportent tous ces vêtements.

La ruralité

Bien loin des villes, on découvre la Corée rurale en s’éloignant parfois de la rivière Nakdong. Quelques élevages bovins, mais les vaches n’ont pas la chance d’aller brouter au pré, elles restent en stabulation en permanence. Stabulations que nous finissons pas reconnaître de loin, elles ont toutes des « coupe-vent » de couleur jaune qui se remontent comme des stores. On s’arrête dire bonjour aux vaches, elles viennent nous regarder… à défaut de voir passer des trains, elles voient des vélos couchés, un petit grain de folie dans leur paysage quotidien  ! On aime bien les vaches, ce sont nos copines !!!

Au Japon nous avions vu comment on récolte le riz, ici comment on le plante. La logique eut été de voir dans le sens inverse, mais on ne va quand même pas faire le trajet à l’envers juste pour ça. Les machines sont un progrès considérable, il suffit d’un peu de main d’oeuvre pour les alimenter en plants, et que le conducteur aille bien droit sinon les rangs sont un peu tordus (ça arrive).

Bien qu’on ne parle pas la même langue, les riziculteurs que nous rencontrons sont contents de nous montrer comment ils procèdent, nous avons même droit à des boissons fraiches alors que ce sont eux qui travaillent en plein soleil. Ceux là, nous les avons suivis à pieds dans les rizières qu’ils allaient planter.

Nous longerons encore des serres, des vergers de pêchers dont les fruits ne sont pas murs et c’est bien dommage, on en aurait prélevé au passage, apparemment ça pousse bien dans le coin.

Pour les amateurs de pêche, ce n’est pas mal non plus ; les petites cabanes ou radeaux installés sur l’eau, surmontés d’un parasol, ont l’air bien confortables, les pêcheurs coréens aiment leur confort, les poissons n’ont qu’à bien se tenir. Si on en juge par le nombre de hérons, aigrettes et autres volatiles qui se tiennent à l’affut, il y a de quoi boulotter.

Il est temps pour nous de nous approvisionner, nos sacoches sont vides pour notre repas du soir. Nous allons nous arrêter à Mungyeong faire le plein d’essence (pour le réchaud, moins d’un litre et moins d’un euro, nous ne sommes pas de bons clients pour les pétroliers) et on trouve des viennoiseries dans un « Tous les jours » (sortes de Brioche Dorée) où même les employés ne savent pas ce que signifie le nom de leur magasin en français. On se charge de leur apprendre ! Sinon, les supérettes sont légion mais peu achalandées, avec les chips, les nouilles instantannées et les biscuits et autres sodas qui occupent la moitié du magasin, il ne reste pas grand place pour autre chose, notamment les fruits et légumes qui sont aussi rares que chers et sous plastique.

Ce soir ce sera du poisson des légumes et des fruits achetés à deux petites mémés qui nous mettent une pomme en plus.

La gare improbable

Le temps est en train de changer… hum, hum… Au terme d’une longue étape, alors que des grondements de tonnerre se font entendre, la nécessité de trouver un point de chute se fait pressante, ça y est on va se faire saucer, on nous l’avait bien dit ! Mais nous sommes dans une vallée étroite entre une autoroute et une voie rapide, ça ne va pas être évident de trouver quelque chose de plat et d’accessible. On accélère…..
Heureusement, il y a un Certification Center (cabine téléphonique à tampons) et généralement ces endroits sont équipés de toilettes et d’un point d’informations. Mais là on va trouver bien mieux !

A peine sommes nous sur place que la pluie déboule, il pleut des cordes, on se réfugie sous l’auvent de l’ancienne gare de Bulgeong Old Station où l’habitant des lieux nous sort des fauteuils pour qu’on puisse attendre confortablement que la pluie cesse. Finalement, il s’avère qu’il parle parfaitement anglais (et pour cause, il a vécu trente ans aux États Unis). On lui demande si on peut camper aux alentours. Aïe c’est chez lui içi….ah bon, on ne savait pas ! Voyant que la pluie se remet à tomber il nous propose de rester « mais pour une seule nuit hein ? » On s’installe derrière un ancien train qui fut transformé à une époque en motel, donc c’est aussi un ancien motel ! On aurait bien ouvert une « ancienne chambre » mais il n’a pas les clés. Bon ce sera  bruyant à cause de l’autoroute et de la pluie mais quand on est fatigués on dort bien quand même. On se lave dans le ruisseau qui passe juste à côté, comme le fait également notre hôte, puisque c’est lui qui nous montre sa « salle de bain ».

Le lendemain, notre hôte Sang Kyun Choi vient nous chercher pour nous inviter à venir prendre le petit déjeuner avec lui. On ne se fait pas prier, surtout qu’il fait bien humide. Il nous cuisine une méga omelette aux petits oignons et légumes et on fait connaissance avec ce baryton qui a chanté dans des opéras un peu partout dans le monde, puis est revenu sur les lieux de son enfance. Il habite la gare où son père travaillait, la différence est que celle-ci est désaffectée maintenant mais elle a une valeur historique et est donc entretenue.

Nous avons donc la chance d’avoir un guide qui va nous emmener visiter des coins où on ne serait pas allés tout seuls, notamment le musée de Park Yeol, lieu de naissance de ce personnage qui a eue vie assez tumultueuse : Anarchiste condamné à mort au Japon, ainsi que sa jeune épouse, pour conspiration contre le futur empereur Hirohito. Nous découvrons dans ce musée une page d’histoire que nous ignorions.  Le type du musée est super content d’avoir deux occidentaux à visiter son établissement, il nous offre deux batteries pour recharger les téléphones et une maquette en carton du tribunal qui a jugé Park Heol. Soit dit en passant, ce musée est intéressant et bien fichu, mais on se demande s’il y a grand monde à venir jusqu’en ce coin de montagne le visiter, même s’il est gratuit.

Ballade sympa aussi en montagne sur des routes partiellement abandonnées (en fait Choi s’était perdu, il nous l’a avoué après), puis de prendre un repas dans un bon resto que, là non plus, nous n’aurions pas découvert tout seuls. C’est bien quand on est avec des gens du coin, ils connaissent les bonnes adresses.

Avec tout ça on est bon pour rester une nuit de plus, alors que la veille il n’était question que de rester une nuit. Mais on ne se connaissait pas encore…

Ainsi font les petites marionnettes

Choi a monté une troupe de marionnettes qui se produit dans un petit théâtre faisant partie des locaux de la gare. La troupe Amotik joue tous les week-ends, nous sommes vendredi et il y a une séance ce soir, on ne peut pas rater ça.

C’est un joyeux moment, une découverte enthousiasmante, les artistes sont talentueux et on finit la soirée avec toute l’équipe chez Choi dans la joie et la bonne humeur. La troupe vient en tournée européenne en septembre.

Avant que nous ne repartions le surlendemain, Choi tient à nous emmener découvrir les fortifications de Gyeonsangbuk-do qui ont joué un rôle important lors de diverses invasions, c’était un excellent endroit pour maitriser un col incontournable. Sauf qu’un général coréen a étrangement fait évacuer ses troupes de là, laissant les troupes japonaises passer, mais ça ne lui a pas porté bonheur (au général) puisqu’il s’est fait zigouiller lors d’une bataille suivante.

 

Il y a beaucoup de randonneurs, la montagne est belle et les hameaux fort paisibles.

La montagne

C’est la seule région du parcours où on ne longe pas de fleuve, et ça se voit : ça grimpe fort et longtemps, surtout que pour éviter les grosses routes on passe sur l’ancienne hiway qui est pleine de virages et de côtes, par contre il n’y a aucune circulation et ça c’est bien. Il fait fort chaud, on en bave des ronds de chapeaux (d’où peut bien venir cette curieuse expression ?).

Arrivés au col, une belle vue sur les deux vallées nous récompense et la perspective de l’immense descente qui nous attend est réconfortante.

Nous sommes dans la région des pommes, on s’y trouve une pagode pour bivouaquer, comme d’habitude. Pour une fois, les gens du patelin ne sont pas avenants, ils ne répondent même pas à nos salutations. Tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu’ils perdent, ils ne reverrons pas les célèbres Cyclomigrateurs de si tôt.

C’est joli par ici, encore une montée mais pas trop pénible, des fleurs, un cimetière coréen typique, sympa.

Spa City

La ville de Suanbao est réputée pour ses spas. A part ça, elle n’est guère attirante, et comme on décline l’offre d’aller se faire bouillir dans de l’eau à 53° on ne va pas s’éterniser là.

On aurait bien mangé du faisan, mais à part ceux en plastique qui ornent les restaurants on n’en trouve pas. De toute façon ils sont élevés en batterie, comme les chiens.

Les chiens

A deux reprises nous avons été intrigués par des aboiements furieux et très nombreux en provenance de hangars. Des refuges de la S.P.A. ? Point du tout, nous apprenons finalement qu’en Corée on élève encore des chiens pour les manger, des chiens jaunes mais aussi d’autres races. La consommation est en forte baisse, surtout depuis que les autorités ont décidé de fermer le plus grand abattoir du pays, le Moran Market de Soengnam, juste avant les Jeux Olympiques. Les restaurants qui servent du chien doivent désormais l’indiquer à l’extérieur (mais ils ne le font pas toujours), ce sont surtout les anciens qui en consomment encore, les jeunes s’en détournent.

Chungju

Fin de la zone montagneuse, retour en ville. A un feu rouge, un homme se précipite pour nous offrir du cola frais, gentille attention fort bienvenue. Même pas le temps d’échanger quelques mots, le type a déjà filé.

Cette ville est exceptionnelle : Il y a un rond-point ! Généralement en Corée, à Taiwan et au Japon il n’y en a pas et ça se passe très bien comme ça. Pour les cyclistes que nous sommes, tout rond-point est dangereux car les automobilistes nous coupent la route en sortant, c’est stressant. Alors vivent les pays sans ! (Vivent les paysans aussi, mais c’est une autre affaire).

Si vous prenez le temps de regarder les photos ci-dessus, vous remarquerez une autre bizarrerie : Un ascenseur dans lequel il n’y a pas de bouton « 4 ».  La tétraphobie est répandue en Asie, parce que le chiffre quatre se prononce comme « mort », alors il est est remplacé par un F (Four) ou carrément zappé, parfois ce sont même les étages de 40 à 49 qui n’existent pas, ça fait bizarre de passer du 39ème au 50ème si rapidement. Chez les occidentaux on a un peu ça avec le chiffre 13, mais il est unique, alors que le 4…

Ici  on se croque des pommes  comme chez Adam et Eve  et même qu’en bas de notre hôtel « Apple » il y a des dames qui vous incitent à venir croquer la pomme. Au début nous nous sommes demandés ce qu’elles fabriquaient là, assises sur le sol sur leurs coussins derrière une petite fenêtre basse. Seraient-ce des « gentilles dames » se demande Irène, Joël regarde d’un peu plus près…. Renseignements pris auprès de notre logeuse, oui, oui, c’est bien ça, un peu de compagnie pour les esseulés quoi !!! Désolés, vous n’aurez pas de photos, censuré !

Le Buddhamas

Nous restons plusieurs jours à Chungju pour ne pas rater le Buddhamas, l’anniversaire de Buddha. Mais comme il n’y a pas de temple vraiment grand, ça n’a rien d’impressionnant, simplement il y a plein de monde.

L’atmosphère y est conviviale et amicale. Les gens vont et viennent, participent ou non aux prières.  Certaines femmes ont revêtu leur jolies robes (Hamboks) traditionnelles pour la circonstance, elles sont de plus joliment coiffées. Les fidèles forment une procession qui tourne dans le temple en chantant, pour nous c’est très répétitif mais on ne connait pas les rites alors on ne peut qu’avoir une vue superficielle.

A l’extérieur, sous le couvert des arbres centenaires est servi un repas à base de riz et de légumes. Tous les visiteurs et participants y sont conviés, c’est gratuit, nous  sommes cordialement invités à venir y participer et un gentil monsieur nous conduira jusqu’aux dames bénévoles qui s’occupent de la distribution. Nous nous installons ensuite en compagnie des autres convives et apprécions leur compagnie. Nous sommes un peu « les bêtes curieuses » vu que nous sommes, une fois de plus, les seuls occidentaux présents.

Même s’il est modeste, le temple est joli, c’est un endroit agréable à visiter. Les enfants jouent, les adultes prient ou bavardent paisiblement, c’est plaisant.

Vagabondages

Il y a comme ça des endroits où le temps semble s’être arrêté, d’ailleurs nous allons nous y arrêter. De belles rizières, une belle rivière, c’est un bon endroit pour planter la tente sous un arbre majestueux et se faire un petit feu de camp pour la soirée.

En repartant le lendemain, on ne réveille pas le type qui s’est endormi tout près de « notre » arbre, et retrouvons sur la piste un cycliste qui s’arrête faire la causette. On en profite pour lui poser des questions sur les cultures qui se cachent sous des bâches sombres. Il s’agit des « Insam » autrement dit du ginseng, c’est une plante dont on consomme la racine. Elle même plusieurs années à pousser avant d’être récoltée. C’est une culture très exigeante et le ginseng coréen est le meilleur du monde. Voilà nous aurons au moins appris quelque chose aujourd’hui.

Dans cette région reculée nous ne voyons pas énormément de monde, mais l’activité rurale est omniprésente et les gens que nous saluons sont toujours très souriants.

Certaines cultures sont abritées par des bâches noires et qui nous intriguaient, on ne sait maintenant ce qui pousse là dessous. Dans d’autres parcelles s’activent des gens qui plantent on ne sait quoi, en tout cas ce n’est pas un boulot facile.

 

L’itinéraire passe souvent sur des digues qui protègent les terres des crues du fleuve, c’est facile parce que tout droit et plat, ça pourrait même devenir un peu monotone mais c’est rarement le cas, moyennant un peu de curiosité on trouve toujours quelque chose à observer.

Par exemple des cabanes de pêcheurs au look exotique :

Les oiseaux sont nombreux et peu farouches, un vrai bonheur à observer, à cette allure là on n’avance pas vite c’est certain, mais quel ravissement de pouvoir prendre son temps et de ravir nos yeux d’autant de merveilles que cette nature nous propose.

 

La variété des situations permet à chaque journée d’être fort différente de la précédente.

Les coups de pédales et les kilomètres s’enchainent à un rythme qui nous va bien, rien ne nous presse, on savoure, on râle un peu si on se trouve devant un mur à grimper, on s’interroge, on répète notre vocabulaire basique de courtoisie et de politesse. On apprécie à sa juste valeur les trésors cachés de la Corée du Sud. Deux vieux fauteuils au bord de la route qui ont trouvé une seconde vie à un arrêt de bus isolé en pleine campagne. Des troncs d’arbres sculptés au beau milieu d’un chemin bordant un champ.

Les buissons de fleurs d’un jaune pétant illuminent le paysage et forment des tapis magnifiques qui ondulent au gré du vent. Même si les barrages se suivent, ils ne se ressemblent pas, loin de là :

Si les aménagements sont dans l’ensemble très bien faits, il y en a un qui bat le record des trucs mal fichus : Pour accéder au pont qui permettra de traverser la rivière, une rampe d’accès à 21% faite de marches recouvertes de bois oblige à se mettre à deux pour pousser chaque vélo, et encore c’est difficile même comme ça.

C’est sans doute pour mieux apprécier ensuite la beauté des paysages et la facilité à pédaler dans ce pays qui, vous l’avez compris, nous plait bien.

Yeoju

 

On ne le sait pas encore mais c’est dans la ville de Yeoju que nous allons rester pour la nuit. Tout d’abord on s’arrête dans un C&U pour manger un morceau. Le monsieur, nous voyant arriver bien en sueur, va nous offrir un grand verre de jus de fruits. Nous achetons 3 boissons pour le prix de 2, comme nous avons appris à repérer les étiquettes. Quand arrivent deux gamins qui viennent aussi manger des noddles, nous leur offrons la 3 ème boisson. Eux même ayant acheté 3 boites de noddles pour le prix de 2 vont nous offrir la 3 ème. C’est un enchainement de petites délicatesses mutuelles qui nous ravit.

Nous allons partir à la découverte de cette ville et surtout d’un site de tombes royales classé Unesco qui se situe à quelques kilomètre en périphérie. Au passage on fait essayer nos vélos à des dames qui s’apprêtaient à monter dessus comme si c’était tout naturel, Irène a mis le holà en les invitant à respecter la procédure qui consiste déjà à retirer la béquille avant que tout ne s’écroule. Nous rencontrons également des militants politiques qui sont postés à un carrefour avec leur pancartes et font moult courbettes aux automobilistes qui leur répondent, ou non, selon qu’ils adhérent ou pas. Ils sont contents de nous expliquer ce qu’ils fabriquent là et nous prennent en photo sous toutes les coutures ! Nous voilà encartés !!!

Les tombes royales

Selon « Le Petit Futé », ce site est encombré par la foule. Pourtant lorsque nous y allons, nous sommes quasiment seuls et c’est bien agréable, peut-être parce que nous sommes en fin de journée.

Nous sommes sur le site  de Yeongneung et plus précisément sur le site des tombes royales des rois Hyojong et Sejong et de la reine Sohyeon. Un lieu abrité dans les bois et entouré de collines verdoyantes absolument superbe. Pour accéder à la tombe du roi Sejong il nous faut longer un sentier qui monte et descend à travers les sous bois. Un ruisseau coule tout proche et les oiseaux sont nombreux à chanter la dedans. Le fameux roi humaniste Sejong le grand, est celui qui a inventé le Hangeul , l’alphabet coréen afin que le peuple puisse accéder à la connaissance et à l’éducation.

Selon Louis-Jean Calvet, « le hangeul se fonde sur une analyse très précise de la phonologie de la langue, et la précision de cette écriture, sa parfaite adéquation à la langue coréenne, font que le hangeul est souvent présenté comme le meilleur alphabet du monde.

 

A l’entrée du « royaume sacré » nous traversons un lieu fait de maisons et de bâtiments traditionnels, (les Jaesil) ce sont les maisons des gardiens des tombes dans lesquelles étaient conservé le matériel rituel et où étaient, et sont encore, préparés les rites royaux ancestraux à l’occasion des cérémonies.

Comme nous avons bien trainé jusqu’à la fermeture, on retourne en ville où nous avons repéré un petit parc situé en surplomb de la rivière : le Yeongweollu. En fait c’est un endroit où a été déplacée l’ancienne porte de la cité. Le lieu est visiblement important car lorsque nous y arrivons, c’est carrément Versailles, on ne s’attendait pas à autant de lumières. Nous y trouvons tout de même un coin de verdure où piquer la tente. Visiblement ça ne dérange pas les quelques visiteurs qui viennent grimper les marches pour accéder à la vieille porte et profiter de la vue sur la ville.

Rencontres cyclopédiques

Deux rencontres fort différentes le même jour. Tout d’abord un jeune Japonais prénommé Koya qui s’en va jusqu’en Afrique, on fait un petit bout de route ensemble jusqu’à trouver un resto au village de Cheonsero-ri. Il est 15h on a faim et nous n’avons rien trouver à acheter depuis ce matin. La dame du resto va nous concocter pour tous les trois un très bon repas traditionnel à base de soupe et ce, malgré l’heure tardive.

Ensuite en fin d’après-midi à la sortie de Yangpyeong gun nous croisons une famille suisse qui commence son voyage de neuf mois ; les enfants ont entre quatre et neuf ans, c’est super de les voir si enthousiastes. Vincent et Gwendoline ont décidé d’acheter les vélos pour toute la famille à Séoul et de tracer la route, ils n’ont pas de but bien précis si ce n’est d’aller en Australie où ils ont vécu une année. Titouan, Swan et la petite Eilen sont hyper motivés pour cette aventure. Nous les quittons après avoir papoté un sacré bout de temps ensemble, dommage que nous n’allions pas dans le même sens.

SEOUL

Nous arrivons au terme du voyage coréen. Après avoir passé notre dernière nuit en bivouac sous une « pagode » au dessus de la rivière, juste en face des petites cabanes de pêcheurs qui s’activaient autour de leur BBQ du soir, nous reprenons la route sur des pistes qui vont nous mener lentement mais surement vers la capitale Séoul.

Il y a pas mal de cyclistes de sortie ce matin, comme tous les week-end d’ailleurs. Nous allons traverser 8 ou 9 tunnels dont certains sont illuminés de couleurs chatoyantes et réservés uniquement aux cyclistes, génial !

Les citadins investissent les parcs et piquent leurs tentes pour la journée dans une ambiance festive.

On va faire une pause à Okcheon-Myon pour essayer de trouver du wifi et faire une résa de guest house pour ce soir (il est grand temps !). Une gare dessert ce patelin et c’est la foule des grands jours, des randonneurs super équipés et des cyclistes en pagaille.

On se marre bien en voyant les jeunes femmes sur leur vélos super bien maquillées en tenues sportives, elles ne doivent surement pas transpirer ou bien alors elles ont emporté leur trousse de maquillage ! Nous croisons deux vélos couchés, ah on et contents mais il foncent tellement qu’ils ne nous prêtent même pas attention, on est quand même un peu frustrés quoi ! Eh les mecs on joue sur les mêmes bécanes, alors un petit coucou en passant ça serait cool non ? Plus loin ce sera un groupe de handbike, on se dit qu’ils vont en baver dans les montées que nous venons de descendre…

On va pique-niquer sous un des grands ponts autoroutiers qui nous abritent de leur ombre bienfaitrice, il fait 33 degrés ! On s’extasie devant un vieil homme qui fait des étirements dignes des danseuses d’opéra, un contorsionniste tout en caoutchouc, sur une dalle en pierre en plein soleil et il ne souffre même pas !!!

Ca y est, c’en est fini de la quiétude des campagnes paisibles, les grattes ciel de Séoul sont devant nous, ils pointent à l’horizon dominés par la Lotte World et ses 123 étages répartis sur 555 mètres. Bon sang quelle vue ! Brume de soleil ou pollution ?

Allez encore un dernier pointage pour le fun, une petite traversée d’un ancien pont de pierres et c’est la fin des pistes cyclables, nous rejoignons docilement la circulation avec tout de même une certaine appréhension, on va se faire écraser comme de vulgaires insectes !!!

Vous connaitrez la suite dans le dernier article au Pays du Matin Calme.

4 Comments

  1. Toujours superbe sur le fond et sur la forme: merci!
    Bon là vous nous avez raconté le film que l’on va voir 😀. Alors on va se le passer dans l’autre sens: Nous quittons ce matin Seoul pour rouler vers le sud. Pas encore de pluie!
    Bon vent à vous sous de nouveaux cieux!

  2. Bonjour et Bonsoir
    Super ce que dégage ce reportage que j’appelerai EVS hi!. »..Eau-Vélo-Serénité  »
    En vous parcourant chaque fois ..j’ai l’impression que « votre Livre »est écrit en direct…
    Cordialement à vous deux et à vous toutes et tous!
    Bernard

  3. Bravo les petits,
    merveilleux ce joli coin de paradis…Mais n’oubliez pas de faire un petit crochet pour faire un gros bisou
    au bouffi d’en face !!!!!
    Merci a vous deux pour la gentil carte et un gros bisou titi nours

  4. Bravo les « Grands Routiers »,
    Une belle découverte d’un pays sympathique à la campagne riche et tranquille. Un bon point de plus pour l’Asie. Belle découverte aussi que cette famille Suisse, avec une fillette de quatre ans, qui pédale pour l’Australie… Le monde est vraiment divers et les gens aventureux et confiants.
    Bonne continuation ; vers le Nord ? On aimerait voir ça de près…

    Bises à vous deux et plein d’énergie.

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