Les Cyclo migrateurs en Hongrie

Un train providentiel, une rencontre marquante, de jolis circuits le long du Danube, on repasse le bac…
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On s’en doutait, mais on le constate, plus on va vers l’ouest, plus le mode de vie se rapproche du nôtre (ou plus précisément de celui des Français, car nous ne sommes probablement pas très représentatifs). Ainsi, en Hongrie les prix sont bien plus élevés qu’en Serbie et à plus forte raison qu’en Roumanie.
La différence a été pour nous d’autant plus flagrante que nous avons pris un train dans une gare Serbe paumée, Cortanovi, pour arriver à Novi Sad ou nous avons eu une chance inouïe d’avoir un train 1h plus tard pour la capitale Hongroise, Budapest, qui est très étendue et animée. A noter d’ailleurs que Budapest est issue de la réunion de trois villes, dont Buda et Pest; pour ceux qui ont suivi, ce n’est pas la première fois que nous sommes confrontés à la « peste ».
Pendant notre heure d’attente j’aurais pu observer un jeune garçon d’environ 10 ans qui fouillait les poubelles du quai pour trier les bouteilles plastiques. Évidemment impossible de comprendre ce que lui disait le contrôleur, mais visiblement ce jeune gamin est un habitué. En allant chercher nos sandwichs pour midi, je le vois avec un adulte, son père peut être, celui ci a toute une installation incroyable sur sa mobylette, en fait ce sont les petites mains du tri sélectif.
La même scène se reproduira à Budapest où là par contre une femme est allongée sur une pile de cartons, pour lester le tout, et son mari (enfin supposé) conduit la mobylette ; surréaliste en pleine capitale !
Nous choisissons de loger 2 nuits à l’auberge de jeunesse, ne riez pas, on y a droit et puis on aime bien les ambiances de ces lieux là, et ce n’est pas parce que Joël laisse pousser sa barbe qu’il n’a plus ses entrées !
Il fait une chaleur épouvantable et après une bonne douche je m’endors comme une souche, pendant que Joël rédige et cogite.
On mettra le nez dehors le soir venu, les rues sont arrosées par des machines, franchement ça rafraîchit un peu l’atmosphère mais ça n’atténue que très provisoirement l’impression de chaleur excessive. image
La ville est très belle, nous filons découvrir au plus vite cette perle du Danube dès le lendemain matin. Il faudrait y passer beaucoup plus de temps, hélas temps que nous n’avons pas. Nous monterons à pieds jusqu’au château en évitant ainsi la queue au funiculaire, qui s’étend patiente sous le soleil, combien de ces touristes vont tomber comme des mouches ?
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Arrivés au château des rois de Hongrie par des allées ombragées nous découvrons la ville vue d’en haut, ses anciens thermes et une architecture magnifique, résidence commencée en 1300 et terminée au siècle dernier (en 1945 le palais baroque fut entièrement détruit). Nous plaignons ces pauvres gardes qui gesticulent en uniformes d’apparat et restent zen quand des gamines émoustillées viennent poser près d’eux en se trémoussant.
La ville est tellement grande que nous utiliserons les trams ou le bus (nous n’avons jamais été contrôlés, c’est bien la peine de se décarcasser pour trouver les tickets journée !).
Nous ne pourrons voir le parlement que de loin, cet immense bâtiment est entouré de travaux considérables dans ce secteur proche des quais ; d’ailleurs plusieurs quartiers de la ville sont en chantiers, c’est assez impressionnant. On a lu quelque part que la ville avait les caisses vides ???
La visite de la grande synagogue (la plus grande d’Europe) nous laisse un sentiment très sombre sur ce dont est capable l’humain en temps de guerre, et notre guide française nous explique pourquoi c’est une hérésie pour les orthodoxes d’avoir des orgues dans une synagogue (voir Wikipedia vous saurez tout !) D’ailleurs les orthodoxes ont leur propre temple juste à côté. Le taux de fréquentation des fidèles va en diminuant chez eux aussi, comme chez les catholiques, au point qu’en hiver ils utilisent la « mini synagogue » juste à côté afin de ne pas avoir à chauffer la grande (mais la raison officielle est que c’est pour protéger les dorures).
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Restau très moyen le soir (Pâtes pour les sucres lents), retour à notre auberge de jeunesse où il fait toujours aussi chaud, et départ à 7h le lendemain; c’est un peu tard, mais on n’a pas réussi à se lever plus tôt.
La sortie de la ville est agréable, grâce à de nombreuses pistes cyclables, pour un peu on se croirait en Hollande mais à un moment ça se gâte soudainement, un passage fort pentu avec d’énormes pavés, comme quoi on n’est vraiment pas en Hollande. On passe le bac (à notre âge, passer le bac ça fait drôle) à Taban, 40 km après Budapest puis rituel de la pause de début d’après midi à Nagymaros, au cours de laquelle Irène se baigne dans le Danube et fait connaissance d’un Hongrois et ses deux petits garçons.
Des cyclistes croisés (on les a croisés, mais ce ne sont pas des croisés, ils ne portent pas de croix) nous confirment que la piste du côté hongrois est en très mauvais état depuis les crues, et que du côté slovaque c’est plus roulant. Nous le vérifierons par nous même ultérieurement, c’est même tellement roulant que tous les camions du pays semblent passer par là… ils nous donnent aussi une info très utile pour le prochain passage de bac à Szob, celui ci ne part que toutes les deux heures, le dernier passage étant à 18h, et parfois il part en avance (ils ont dû patienter 2 heures car le bac est parti avec 5 mn d’avance). Nous aurons plus de chance, seulement 40 mn d’attente, tenant compte du retard au départ; il faut dire qu’il n’y avait que nous comme passagers, ça ne doit pas être très rentable.
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Comme on n’a pas fait les courses pour le soir, on quitte à regret le Danube pour aller trouver une ville, mais elle est loin et on ne la trouve pas : le GPS (ou Joël qui avait décidé de faire ses 100 bornes aujourd’hui), nous fait aller dans une agglomération située en haut d’une longue montée (pfuuuuu !) où l’on découvre qu’il n’y a strictement aucun commerce, il faut redescendre pour reprendre la grande route et finalement arriver fort tard à la ville de Esztergom où nous nous contenterons d’un gyros (espèce de hamburger kebab, pas terrible mais quand on a faim…). Pour le bivouac, on se rabat sur le camping, ce sera première fois depuis le départ ; établissement correct pour l’usage qu’on en a, si ce n’est que l’eau des douches est bien trop chaude pour nous qui rêvions de nous rafraîchir. Et il fallait voir la tête de la réceptionniste lorsque je lui ai parlé d’aller me baigner dans le Danube tout proche puisque la piscine du camping était fermée… elle ne savait pas que c’est notre lot quotidien et qu’on préfère nettement ça à une piscine javellisée.
On va rencontrer un couple de cyclistes originaires de Lille, madame ne veut pas de bivouac au grand dam de monsieur, madame ne sait pas ce quelle perd, les bivouacs au clair de lune ou les levers de soleil…
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Le lendemain, visite incontournable de la cathédrale d’Esztergom qui surplombe la ville, c’est la plus grande de Hongrie (la cathédrale, pas la ville, quoique cette dernière fut le fief des rois de Hongrie à une certaine époque).
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C’est là que nous faisons une rencontre qui va s’avérer marquante, celle de Rumen, cycliste bulgare indescriptible, mais essayons tout de même : âgé de 60 ans, parle plusieurs langues slaves (mais ne slave pas souvent), ex TV operator reporter, habite près de Sofia quand il n’est pas sur son vélo car il voyage beaucoup. Il nous a abordés à la cathédrale et ne nous a pas quitté pendant 3 jours, à l’insu de notre plein gré, il va comme nous à Vienne (on a mis un temps fou à comprendre ça, comme le reste car les dialogues étaient très décousus) . Il a fait Paris-Brest-Paris l’an dernier, ainsi que le Tour de France amateurs et plein d’autres circuits; là il est en route pour Londres, et retour par l’Allemagne puis la Grèce. Il connait plein de noms d’artistes français et chante même la Marseillaise ! Avec son look terrible, on dirait un SDF sur roues, il trimballe tout un bric à brac dans des sacs en plastique attachés avec des bouts de ficelle mais n’a pas de tente ni apparemment de savon. Discret, il a le souci de rendre service avec un zèle certain, notamment lorsqu’il a préparé le feu pour un bivouac, on aurait pu faire cuire un sanglier dessus. Si on ne l’avait pas arrêté il faisait brûler tous les arbres du coin, tout ça pour faire chauffer une minuscule popote ; nous ne l’avons pas laissé faire le lendemain soir, surtout que nous étions sous l’abri des footeux du coin à Hornibar précisément, ça aurait fait mauvais genre d’incendier le local.
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Du côté vestimentaire, c’est aussi assez particulier car Rumen porte toute sa garde robe sur lui, il est couvert comme en hiver, bonnet compris, et même bonnet par dessus le bonnet… Tout ceci a eu des couleurs dans le temps mais la lessive n’a pas dû souvent passer par là. Comme il n’a pas de tente, il dort comme il peut dans son duvet, et lorsqu’il pleut c’est folklo : le soir de l’orage chez les footeux, il s’est retrouvé inondé et a dû se réfugier sur un banc à un endroit plus sec que la cabane buvette.
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D’une patience à toute épreuve, il nous attendait à chaque pause, notamment les plus longues de l’après midi, s’éloignant de nous et revenant pour la remise en route, nous suivant dans notre roue, jamais devant et ne posant pas de question lors de nos multiples demi tours et changements de directions (de toute façon, comme on ne comprenait pas ses questions ni lui nos réponses, et inversement, il avait dû en prendre son parti).

C’est avec cet étrange compagnon de route que nous quittons la Hongrie à Komarom, traversant le pont qui nous sépare de la Slovaquie.
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Dans l’ensemble, les hongrois nous ont paru peu chaleureux, y compris les commerçants, et ont la curieuse manie de soulever leur T-Shirt lors qu’il fait chaud pour exposer leur bedon à l’air, la classe ! Par contre, les routes sont correctes et les villages sympas.
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1° jour , 5 août: Arrivée à Budapest en train, pas de vélo.
2° jour : Visite Budapest, pas de vélo.
3 ° jour : Budapest – Esztergom, 95 km, moyenne 13,28 km/h
4° jour : Esztergom – Komarom, 58 km, moyenne 16 km/h

9 Comments

  1. Hongroira ce qu’on veut mais suffit qu’hongroit ce qui est ecrit pour le croire. Enfin Rumen drole de bonhomme mais c’est ça aussi les rencontres celles qui vous laissent des souvenirs formidables.

  2. super les rencontres insolites….Pour la Hongrie, vous, vous êtes jeunes,car pour les vrais séniors, les bus sont gratuits, même pour les étrangers, vive la jeunesse….et, moi, vrai sénior, en mars, j’ai dormi à l’auberge de jeunesse à Dubaï, pour 8 E..même au pays de la démesure, ça existe et bon contact d’ailleurs avec les jeunes
    bonne continuation et profitez bien
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  3. Et pour rebondir sur le message précédant, les voyages forment la jeunesse, n’est-ce pas ! Normal alors que vous payez les transports, vous qui l’êtes de plus en plus…

    Mais c’est quand même étonnant tous ces parcours en bus, en train, à pieds, pour des cyclo, non ?

    Et je me demandais qui était ce type blanchi sous le harnais à coté d’Irène… Quelle idée de vouloir faire vieux alors qu’on rajeuni ! A moins qu’il ne s’agisse que de limiter le poids des bagages ?

    Allez, merci à vous pour votre super blog qui nous fait voyager et découvrir ce coin du monde. Nous impatients de lire suite de vos péripéties. Faites-nous rêver. Bonne continuations.

    Amitiés

    • Bravo Irène et Joël , et merci de nous faire partager cette belle aventure …C’est très courageux ! et très enrichissant de découvrir ces différents pays ……Votre blog est passionnant et nous le suivons avec plaisir ….Bonne route pour la suite …

  4. bravo a vous deux perso je ne pourrais pas le faire ce n’est que du bonheur de vous suivre sur votre blog et de découvrir des pays que nous ne connaissons pas un grand merci a vous gros bisous bonne continuation et hâte de vous relire !!!!!! Claude Lydia & Mathys

  5. C’est un vrai plaisir de suivre votre aventure et les commentaires nous mettent vraiment en situation. Budapest est une ville riche en histoire que j’ai beaucoup aimée. Continuez à nous faire rêver.

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