Melbourne par le chemin des écoliers

C’en est pratiquement fini du continent Australien nous voici au sud, avec encore quelques surprises bien agréables avant de pousser vers Tassie

Mauvaise pioche

Après une descente de la montagne à toute allure mais sous la pluie, on n’a qu’une hâte : Se poser quelque part à l’abri des averses.
D’où le manque de discernement pour le choix du camping, on se précipite sur le premier qui se présente et il s’avèrera que ce sera probablement le pire de tout notre séjour australien. Non seulement le prix est plutôt salé, mais on n’a droit qu’à une demi place car il y a déjà deux jeunes femmes qui y ont installé leur tente, la gérante va leur faire enlever leur voiture pour qu’on puisse planter notre tente à la place. C’est archi tassé dans ce camp, il y a des tas de chiens, on ne comprend pas comment des gens peuvent avoir plaisir à y séjourner longuement, il faut être maso. Néanmoins ils prennent déjà les réservations pour le prochain été, dans huit mois.


L’avantage de l’inconvénient, c’est que ça facilite les rencontres : Un Azerbaïdjanais qui voyage aussi à vélo, il bosse quelques jours au camping pour se payer de quoi continuer son voyage ; aussi des motards gréco-polonais (c’est cosmopolite, n’est ce pas ?) qui vivent en Australie, sont membres du club Polish Motocyclists Union et se déplacent sur un drôle d’engin à trois roues. On va échanger nos montures, ça variera les plaisirs….

Bill et Baule

Nous avons retrouvé la Great Ocean Road et son tracé bien hilly, tout au long de la mer mais avec une météo toute grise qui gâche un peu le paysage. Il faudra revenir…

 

C’est à Kennett River que nous rencontrons Bill qui se demande où est passée sa femme, mais comme il sait où est son vélo, l’essentiel est sauf. A 73 ans, cet américain a déjà pédalé dans 63 pays, en ne comptant que ceux où il est resté au moins un mois ! Finalement il réussit à joindre sa femme au téléphone, elle était déjà arrivée à l’étape suivante… avec leur véhicule, car elle assure la logistique pendant que son mari pédale.

Bill, le cycliste voyageur américain aux 63 pays

A force de ne voir que des plages désertes, on en oublierait presque qu’il peut y avoir des gens qui aiment la foule, ça fait bizarre :

 

Car nous approchons de Lorne, la ville où nous comptons faire halte pour la nuit, mais ça ne va pas se passer aussi simplement qu’on aurait pu l’espérer : Tous les campings sont pleins. Tous ? En fait on découvre que c’est le même établissement qui a plusieurs sites, et ça doit rapporter un max dans cette ville archi touristique. C’est ce qui nous fait penser à La Baule, avec cette débauche de boutiques de souvenirs, bars, restaurants, fringues. Heureusement, ils ne sont pas allés jusqu’à bétonner leur front de mer, eux, il est même magnifique car demeuré intact. En fait, c’est sacrément plus chouette que la Baule.


Mais où va t’on trouver à dormir dans tout ça ? Dans un établissement plutôt classieux, perché au dessus de la baie, et pas si cher compte tenu de l’endroit. Les extérieurs sont magnifiques, et la chambre pour quatre backpackers que nous occupons dans une mignonne maison en bois ne recevra que nous deux, c’est bien comme ça. C’est autrement mieux que le camping pourrave de la veille.

On the Great Ocean Road again

Nous n’en avons pas fini avec cette route, alors immortalisons l’événement car ce n’est à priori pas de si tôt que nous reviendrons pédaler sous cette arche érigée en mémoire des anciens soldats qui ont construit la route entre 1918 et 1922. En effet, après la guerre il fallait donner du travail à tous ces hommes, d’où ce grand projet ; ils étaient bien payés et logeaient sous des tentes, comme à l’armée, ils avaient déjà l’habitude. Le type à l’origine du projet s’appelait Hitchcock… (aucun rapport avec Alfred)

C’est limite pénible, tous ces paysages pas possibles le long de la route, on n’avance plus avec toutes ces photos à prendre pour vos beaux yeux extasiés mais il faut bien qu’on se dévoue alors voilà :

L’inconvénient est que ça commence à circuler beaucoup trop à notre goût, ils devraient réserver cette route aux vélos, ce serait plus plaisant pour les riverains et pour nous. Mais une chocolaterie le long de la route fait oublier ces menus tracas.

En s’arrêtant à Eagle Rock, on croque encore un peu de ce paysage maritime fabuleusement beau et qui nous rappelle un peu nos côtes bretonnes, surtout qu’un joli phare blanc se dresse sur le piton rocheux. C’est là que nous sommes rejoint, au moment du pic nic, par Lisan une jeune chinoise complètement abasourdie de voir que nous sommes les cyclistes à qui appartiennent ces deux drôles de vélos qu’elle a aperçu contre un arbre. Elle se demande bien comment on peu pédaler avec ça ! Elle avoue qu’elle ne s’attendait pas à voir « deux vieux » qui font la route…..elle nous pose plein de questions, et bien sur nous donne son adresse pour quand on arrivera dans son pays. Elle reste avec nous jusqu’à la fin de notre pic nic, attendant patiemment que nous ayons lavé nos assiettes, couverts, déposé notre petite poubelle et fait notre petit pipi pour nous prendre en photo et peut être, pour être vraiment certaine qu’on ne lui a pas raconté d’histoire , ces vélos là sont bien les nôtres Lisan !!! Quelques jours plus tard nous recevrons de ses nouvelles et ses photos, toujours aussi épatée.

Torquay

Ambiance bien plus chaleureuse à Torquay, où nous sommes hébergés par Paul & Leaset qui n’habitent là que depuis quelques mois. On va vite comprendre pourquoi ils ont choisi cette ville, elle est bien agréable et on s’y sent tout de suite bien. Chez eux aussi d’ailleurs, leur accueil est simple et généreux, et leur bébé Sorough est rigolo comme tout : Agé de seulement sept mois, il pourrait être surnommé « Goutatou » car il aime croquer et sucer tous les fruits et légumes qui se trouvent à sa portée ; ses parents l’encouragent à tout goûter, et il apprécie vivement, on l’a même surpris en train de tenter de croquer dans un oignon ! En voilà un qui ne chipotera pas sur les légumes, c’est certain, il ne se gavera pas de frites ni de céréales. Il ne passera pas non plus son temps les yeux rivés sur un écran, puisqu’il n’y a là ni télé ni ordinateur. Par contre, il y a des jeux de société et c’est quand même autrement plus convivial que les « réseaux sociaux », même si Leaset met à Joël une sacrée pâtée au Backgammon, mais ça ne fait pas vingt ans qu’elle n’y a pas joué, elle. Pendant ce temps là c’est Irène qui met la pâtée à Paul avec une partie de  Qwirkle qu’il découvre pour la première fois.


Paul et Leaset ont opté pour un mode de vie simple, après avoir parcouru les routes du monde pendant 17 mois avant bébé, sans s’encombrer de tout le fourbi superflu qu’on croit souvent indispensable. Ainsi, ils circulent à vélo, possèdent très peu de meubles et vêtements, et comme équipement pour le bébé ils ont en tout et pour tout un matelas à langer et un siège pour le vélo. Cool ! Evidemment en tant que cyclistes ils veulent essayer les vélos couchés, et c’est parti pour un essai, on devient dans ce pays les ambassadeurs de chez AZUB, malheureusement pas de revendeur en Australie, quel dommage !!! Nos deux hôtes sont rapidement à l’aise, et 2 vélos couchés de plus, deux…Philippe tu suis ???????

 

Pour rallier Melbourne, deux possibilités : La route la plus courte, plutôt droite et très fréquentée, ou la traversée d’un bras de mer puis une côte urbanisée mais réputée jolie. Evidemment, ce sera la deuxième option mais avant d’arriver au ferry qui nous fera traverser il faut affronter un vent pas croyable. Sauf qu’il est dans le bon sens, du coup ça dépote !

A Queenscliff  il existe une ancienne voie de chemin de fer encore en service, même s’il ne doit pas en passer souvent. Elle arrive à une vieille gare où on a la surprise de voir passer une locomotive à vapeur, toutefois remorquée par une loco diesel. On doit traverser les rails avec des chicanes pas commodes pour les vélos chargés de bagages et on se donne le tour avec d’autres piétons et cyclistes qui attendent patiemment que nous ayons traversé.

A l’eau !

La traversée en ferry de Queencliff pour Sorrento n’est pas bien longue, et le prix pour les vélos est très raisonnable, que demande le peuple ? Nous voilà donc sur la mer pour 1h et demie de traversée.

 

Tout en roulant côte à côte on constate que ce coté de la côte a la cote, est plat et sans côte, donc sans entrecôte (cette phrase laissera sans doute perplexe nos lecteurs non francophones qui utilisent la traduction automatique de Gougoule, et même nos lecteurs français d’ailleurs).

Sorronto c’est le La Baule local en plein été, whaou, y’a du monde partout au secours !!! on s’éloigne vite du centre tout en longeant la côte, de toute façon on n’a pas d’autre choix.

Par endroits les cabanes de plage sont jolies, en fait ce sont d’anciens hangars à bateaux, les propriétaires n’ont pas le droit de les modifier et c’est fort heureux.

Bien que relativement urbanisée, le front de mer reste bien naturel avec d’immenses plages bien adaptées aux familles car les eaux sont très calmes et le sable fin. Il y a des campings tout du long mais c’est assez spécial car il s’agit de terrains municipaux, il faut réserver des semaines à l’avance parce que c’est archi-demandé et même bondé ; de plus, comme c’est situé sur une étroite bande entre la mer et la route qui circule énormément, c’est bruyant et pollué, ça ne fait pas très envie.

Camping sauvage pas possible, trop urbanisé, et faut voir les jolies villa et maisons de vacances, ils doivent pas aimer qu’on vienne squatter leurs beaux terrains par ici, ça vaut de l’or. Faute de trouver un coin possible où se poser, on se replie vers l’intérieur mais ce n’est pas beaucoup mieux : Les campings ne sont pas bien nombreux (tout le monde veut être « les pieds dans l’eau »), c’est plein ou on se fait carrément jeter parce qu’on a une tente et que « Ici on n’accepte que les caravanes, pas les ploucs en vélo avec une tente ! » (la deuxième partie de la phrase n’était pas dite, mais parfaitement compréhensible tout de même). Finalement on trouvera une place mais il n’y a vraiment pas de quoi s’extasier, c’est cher et sans aucun intérêt, heureusement qu’on ne comptait pas passer plusieurs jours dans le coin.

Car nous avons un endroit autrement plus chouette où aller :

Chez Alain et Louise

Nous avions rencontré ces deux là il y a huit mois à Lucinda, dans le Queensland. Comme quoi il n’y a pas que des rencontres fugitives, on arrive parfois à se retrouver. Vous ne vous en souvenez sans doute pas, mais nous on n’a pas oublié le wok d’Alain (ancien pâtissier expatrié originaire de Granvillle) qui nous avait régalé de sa cuisine chinoise succulente dont il est friand et de ses histoires truculentes.

 

Nous avons parcouru 60 bornes pour arriver jusque chez eux en longeant la mer, Safety Beach par la Nepean highway en montant doucement mais surement vers le mont Martha et Mornington pour redescendre et remonter à nouveau vers un autre mont, c’est Eliza cette fois, autant dire que nous sommes sur des montagnes russes, fort heureusement quand on est en haut on a des vues imprenables sur les baies à nos pieds et ça, ça vaut vraiment la peine d’en baver dans les montées, croyez nous !

Nous allons passer deux soirées avec eux ; la première autour d’un BBQ mémorable en face de la piscine éclairée avec des jeux de lumières et effets laser dans les arbres, féérique !!! Alain nous emmènera dans un marché couvert le lendemain matin dans le quartier chinois où il a ses habitudes, il tombe des cordes, on s’en fout puisqu’on est en voiture. Là on découvre enfin des étals de poissons dignes de ce nom et des odeurs épicées en provenance d’Asie. Evidement on mangera du poisson ce soir pour la seconde soirée, mais comme il fait un peu frais (20 degrés) on restera à l’intérieur.

Alain et Louise de de sacrés bons vivants et aiment la langue française. Nous voilà chantant sur Brassens, Brel et nos contemporains. Louise plonge dans ses dictionnaires pour comprendre le sens de certaines phrases, on rigole bien, on décortique les poètes français et belges !!!

 

Louise nous accompagnera sur une quinzaine de kilomètres en direction du centre de Melbourne, toujours le long de la côte, le parcours est parfois emménagé pour les piétons et les cyclistes et il y a pas mal de monde à se bouger ce matin, les australiens s’entretiennent. Salut Louise, salut Alain, on espère vous retrouver au retour de Tasmanie, préparez la musique !!!

Melbourne en vue !

Depuis le temps qu’on s’en approche, voici enfin la Capitale du Victoria qui se montre, même si elle est encore à 30 km.

Nous n’aurons que le temps d’en avoir un bref aperçu car notre destination très prochaine nous attend, on change encore d’État mais on reviendra, promis. Le peu qu’on en aura vu est très sympa ; une ville avec une rivière qui la traverse, des vieux trams (gratuits) et des rues biscornues, ça mérite un séjour plus prolongé.

Mais la Tasmanie nous titille depuis trop longtemps, on va enfin la découvrir et elle a intérêt à tenir ses promesses.


Au secours !

Nous voici harcelés par les Mormons et poursuivis par les Témoins de Jéhovah, qu’avons-nous fait pour mériter ça ?

A Melbourne, impossible de ne pas voir les immenses banderoles, enseignes lumineuses et défilantes « Les Mormons sont là ». Ça fait plutôt bizarre, on n’a pas coutume de voir un tel battage publicitaire religieux. Même les tramways véhiculent le message « Les Mormons arrivent ». En fait il s’agit d’une comédie musicale qui arrive ici après un beau succès à Broadway.

 

Mais les Témoins de Jéhovah ne sont pas en reste, puisqu’ils sont allés jusqu’à nous poursuivre ! C’était il y a quelques jours, alors que nous arrivions dans une petite ville. Comme souvent, nous allons d’abord au Visiter Center et il y a là un petit groupe de gens qui distribuent des brochures. On fait un peu les andouilles, « On ne sait pas lire les trucs en anglais ». Qu’à cela ne tienne, la dame file chercher quelque chose en français. Comme elle ne revient pas, on s’en va reprendre notre route, mais quelques kilomètres plus loin une voiture nous double et se gare en catastrophe devant nous, la « Témoine de Jéhovah » arbore fièrement une doc en français, mais elle a dû remballer ses illusions car nous l’avons (gentiment) refusée en lui expliquant que nous devrions la jeter un peu plus tard (la brochure, pas la dame), on évite de trimballer des trucs inutiles (surtout de ce genre là).
Pourvu qu’on ne se retrouve pas ciblés par d’autres religions, car le choix est grand ici : Anglican, Protestant, French cancan, Presbytérien, Méthodiste, Pentecôtiste, Alarmiste, Catholique, Pas catholique, etc. Vite, fuyons !

6 Comments

  1. Je ne sais pas si quelqu’un vous avez prevenus pour le monde autour de la Great Ocean Road et Melbourne, mais c’est pas malin de votre part de vous y aventurer en pleines vacances scolaires… 😉

    En tout les cas on est impatients d’avoir vos histoires de Tasmanie!
    Bises des Motte qui reprennent tout doucement leur routine – ecole, boulot, dodo…

  2. Ah, quel plaisir de vous lire. C’est bien simple : dès qu’un nouvel épisode se présente, sa lecture devient prioritaire sur toute autre activité…

    Allez, on se régale déjà à la pensée d’un tour complet, mais pas operator, en Tasmanie. ça va décoiffer !

    Bon vent à vous chers amis.

  3. Bonjour..toujours un plaisir de vous lire..Combien de tours de Roues,Combien de rencontres,combien de paysages insolites…ça rayonne pas mal en Australie..;vous êtes des rayons de soleil au quotidien.
    d’aventures en aventures vous nous remplissez de joie!!!Vive l’Australie spontanée !Bye bye Bernard

  4. Vous semblez avoir trouvé un bel équilibre dans le programme : paysages, mobilité, effort dosé, rencontres heureuses, vous avez des mines superbes. Et votre carnet de route est toujours aussi vivant, amusant et documenté. Plus pertinent sans doute pour garder la forme que de tenir un carnet de santé!

  5. Bravo, tout cela est magnifique et habilement conté.
    Votre démonstration de vélo couché fait sensation et se propage sur tout le continent Australien!
    Alors il est grand temps de foncer y ouvrir une filiale de Vélofasto. OK Philippe?
    Appelons là Velofastostralia.
    Sur votre passage, les Azub devraient se multiplier comme des kangourous.
    D’ailleurs, après quelques verres de Victoria Bitter, le profil d’un Kangourou au galop ne rappelle t’il pas celui d’un Azub Six en marche arrière?
    Regardez bien après avoir absorbé quelques pintes et dites nous.

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