4 572 km sous la mer

Avec ses 20 000 lieues sous les mers, Jules Verne voyait petit, mais il ne pouvait pas se douter que, 144 ans plus tard, les Cyclomigrateurs franchiraient 4 572 km sous la mer.

Mais comment est-ce possible ? Lisez la suite, on va tout vous raconter.

Tout est arrivé parce qu’aucun bateau n’a voulu nous transporter à Patras, et c’est bien heureux car on n’aurait pas découvert cette côte sud-ouest si agréable et on serait bêtement restés sur la mer au lieu d’aller dessous.

Au cap d’Aktio

Il y a un tunnel, mais pas n’importe quel tunnel, celui-ci est immergé (comme le tunnel sous la Manche, mais légèrement moins long). L’office du tourisme nous avait prévenus, on peut le franchir en vélo mais il faut une escorte, normalement les caméras de surveillance nous voient approcher et envoient une voiture nous accompagner, sinon on peut leur téléphoner. Arrivés à l’entrée dudit tunnel, aucun panneau n’indique quoi que ce soit pour les cyclistes donc on s’engage dans la descente.

Moderne et bien éclairé, le tunnel est aussi sonorisé : A peine sommes nous dedans qu’une sirène retentit, une voix braille des mots qu’on ne comprend pas (sans doute en grec), les afficheurs affichent des mots qu’on ne comprend pas non plus, alors on continue allègrement. Ce qui nous surprend tout de même un peu, c’est qu’aucune voiture ne nous double ni ne nous suit; nous ne comprendrons qu’à la sortie, en voyant la voiture d’escorte nous doubler, tous gyrophares allumés, puis le trafic reprendre lorsque nous émergeons à l’air libre. Le tunnel a été fermé le temps de notre traversée ! On s’attend donc à se faire remonter les bretelles en arrivant au péage, mais que nenni : un employé vient en souriant nous ouvrir un passage pour que nous puissions passer aisément au large de la guérite de péage. Sympas, les grecs !

Et donc, pendant que nous étions sous la mer, notre compteur affichait fièrement 4 572 kilomètres. CQFD.

Mais revenons au départ.

La Grèce à vélos

Certes, nous avons parcouru quelques kilomètres à Corfou, mais c’était comme une parenthèse après l’Albanie, un petit verre d’Ouzo, un avant-goût de Grèce. Maintenant, on y arrive « pour de vrai ». Le ferry nous dépose à Igoumenitsa, ville située à l’Ouest de l’Epirée qui a ses montagnes frontalières avec le sud de l’ Albanie.

Traversée de deux heures dans une ambiance bon enfant, on n’a même pas été attaqués par les pirates. De plus, le prix est modique et c’est même gratuit pour les vélos.

Les gaugau, les gaugau, les gaulois !
Voilà comment on prend le bateau !

Nous entrons dans le golfe d’Amvrakikos caractérisé par ses plages et sa mer « fermée ».

Ce qui est appréciable ici, bien que nous suivions généralement des routes côtières, donc accrochées à flanc de montagne, c’est que les dénivelés restent raisonnables et les pentes excèdent rarement 4  ou 5 % : Ca se monte bien, et ça se descend encore mieux, mais sans tomber dans les excès albanais ou croates où il fallait parfois pousser dans les côtes et où on atteignait des vitesses conséquentes dans les descentes. Ce qui change aussi, c’est le revêtement des routes : Il est presque toujours en bon état, on ne redoute plus la mauvaise surprise à la sortie du prochain virage.
Les conducteurs, contrairement à ce qu’on nous en dit parfois, ont un comportement correct et ne doublent pas n’importe comment, ça fait du bien.

Irène étant sensible aux odeurs, elle a retenu de l’Albanie celle des figuiers, avant cela en Croatie celle des lauriers fleurs et des bougainvilliers, ici ce qui prédomine c’est l’odeur de l’anis.

En fait l’odeur de l’Ouzo est partout sur le bord des routes, non pas que les grecs diffusent généreusement leur boisson nationale afin de corrompre les joyeux étrangers qui sillonnent leur pays, il est un fait que le fenouil sauvage pousse ici à profusion dégageant une odeur bien particulière. D’ailleurs nous avons failli, nous avouons humblement succomber régulièrement à ce breuvage si désaltérant,  nous avons l’excuse d’une chaleur accablante et puis il nous faut bien sacrifier aux us et coutumes locales !

Le grec a pour habitude de boire également une autre spécialité très prisée de tous en été : le café « frappé » c’est un café instantané, froid, sur glaçons,  avec ou sans lait, sucré ou non, bien secoué dans un shaker ce qui lui donne une mousse onctueuse au dessus du verre. Irène le prend « frappé glyko mé gala parakalo » (très sucré avec du lait s’il vous plait), Joël a bien essayé mais ne semble pas du tout convaincu… Par contre, le chocolat frappé a emporté son adhésion et il faut en profiter parce qu’il n’est pas du tout certain qu’on trouve ça en Turquie.

Le coté obscur

Puisque nous vous parlons d’odeurs il faut quand même bien avouer que ça ne sent pas toujours très bon au pays des Hélennes, des eaux limpides, des sites archéologiques et au climat méditerranéen. Ça c’est pour attirer le touriste, la réalité quotidienne est parfois déconvenante, le fait de sillonner la campagne, les bords de mer et les villes nous donnent le frisson. Notre nez en prend un sacré coup, nous « détectons » de loin des odeurs de charognes en décomposition,  prenons un grand bol d’air et passons en apnée en forçant sur les pédales pour échapper non seulement à la puanteur mais aussi à la vue, car on ne compte plus le nombre de chiens écrasés, de brebis mortes laissés sur le bas côté au vu et au sus des passants, même aux abords des villes ou villages.
Ça nous rend fous, la pollution olfactive est une chose, mais la pollution visuelle en est une autre ! On pleurait en Albanie de voir autant de décharges sauvages, sachez que la Grèce a également les siennes, un peu partout mais principalement en campagne, pourtant on peut voir ça et la des conteneurs à déchets, même du recyclage, encore faut il que le grec soit éduqué ou sensibilisé, fasse preuve de bon sens, de sens civique tout simplement.

Nous avons râlé,  nous autres français quand on nous a confisqué nos sacs plastiques, mais au final nos campagnes s’en sont trouvées embellies,  même sil reste encore à faire. Ici on nous distribue généreusement les jolis petits sacs qui vont aller fleurir les arbres, les fossés, le ventre des cétacés et des poissons. Nous n’acceptons que le strict minimum pour nos petites courses. Les bords de routes sont jonchés de bouteilles plastique balancées des voitures, nous les avons vus faire, on traverse des régions aux paysages magnifiques, aux beautés saisissantes pourtant polluées ostensiblement. Les abords des plages ne sont pas en manque.

chèvres dans les détritus
chèvres dans les détritus

Idem pour les fumeurs, qui semblent ignorer l’usage du cendrier, il y a des mégots partout. Par exemple, au pied d’une table de bar sur une plage, Irène en a ramassés une centaine, qu’elle a déposés dans un sac papier avec une fleur dessus.

Oui, mais qu’est-ce que c’est beau !

Le circuit que nous avons choisi (cf. la carte Ouskisson) nous en met plein les yeux, on ne s’en lasse pas. Non seulement la route est agréable, mais les endroits traversés sont pleins de charme. Et, ce qui n’est pas pour nous déplaire, ne sont pas pleins de touristes. Plusieurs raisons à cela : Cette côte n’est pas très fréquentée (les gens vont plutôt sur les îles), la saison est quasiment terminée (après le 15 août c’est la décrue), la crise économique en Grèce (et ailleurs) a fait diminuer le nombre de vacanciers.

On ne voit pratiquement que des voitures grecques, et de très rares camping-cars français qui nous doublent à toute allure, oubliant que le plus intéressant n’est souvent pas dans l’endroit où on se rend, mais sur le chemin pour y aller.
Une exception, dans un petit village côtier comme il y en a tant ici : le cafetier nous explique que, s’il parle si bien français, c’est qu’il a longtemps travaillé au grand hôtel d’à coté où arrivent de nombreux français via un tour operator ; ils restent à l’hôtel toute la semaine puis repartent, comme ça ils peuvent dire qu’ils ont « fait la Grèce ». Cet homme est un peu narquois quand il raconte que ces français là ne vont même pas boire un café au village…Astakos au loin pres de la carrière de pierres

Autre comportement qui nous surprend un peu : Alors qu’après une sacrée descente nous arrivons sur une partie de la côte où il y a plein de voitures stationnées, de nombreux bars et restaurants, nous voyons que les vacanciers sont tous sur les transats et sous les parasols des établissements en question ; il y a de la musique, des glaces, des boissons, des friandises, tout ça. Mais si on s’éloigne de deux kilomètres, c’en est fini des hectares de parasols, les plages sont quasiment désertes, c’est la tranquillité absolue. Bon, chacun son truc.

Plage tranquille pas loin de la plage bondée
Plage tranquille pas loin de la plage bondée

PAROUSKIPASSENT ?

Notre choix d’itinéraire s’est porté sur la route E0.101 pour ses courbes de niveau à notre portée et qu’elle n’est pas trop fréquentée par les touristes lamda. C’est une route nationale, mais le trafic est modeste et le revêtement correct, ça compte. Enfin presque correct, une longue zone de travaux agrémente le parcours.

Priorité au véhicule descendant
Priorité au véhicule descendant

En quittant le camping d’Elena beach par une petite côte matinale, nous nous retrouvons quasiment sur du plat entre deux montagnes, une petite montée bien comme il faut pour se mettre en jambes. Quand la mer réapparaît sur notre droite nous découvrons de loin la ville d’Amoudia, à la fois entourée de marais et bordée par la mer, la route tourne autour de la ville, c’est assez étrange, elle est isolée et la route qui y mène est en pente comme il se doit !

Comme la platitude n’est pas non plus notre tasse de thé nous voilà partis pour des montées régulières avec quelques poussettes de plus de 10%, ça râle et ça sue, en plus Irène a la plaquette de frein avant qui ne répond plus, à l’arrêt elle s’en va en arrière, alors que le frein arrière fonctionne bien. le problème est que si elle s’arrête en côte elle ne peut plus repartir, elle doit descendre de son vélo parce qu’avec la même poignée (la droite) elle en peut pas à la fois freiner et passer ses vitesses. Heureusement Mac Gyver passe par là et sort du fond de sa sacoche des patins de freins tout neufs qui vont bien (les précédents n’avaient que 8 000 km, Irène freine trop, ils auraient pu durer plus longtemps, ça va nous ruiner).

C'est comme ça partout, on ne s'en lasse pas
C’est comme ça partout, on ne s’en lasse pas
Quand les montées sont de 10%, les descentes le sont aussi et alors là on fonce comme des bolides mais il vaut mieux avoir les freins qui répondent au cas où, toujours est il que nous descendons sur Lousta, petite station balnéaire avec les jolies plages de Monolithi presque désertes et après 74 km on s’arrête au camping  Kanali tenu par un Albanais qui nous fait une ristourne quand on lui raconte que l’on vient de traverser son pays et qu’on l’a adoré… Comme quoi….!

Le premier demi-tour

Arrivons à Prevesa au sud de la région de l’Epire. Très jolie petite ville que nous visitons à vélo, notamment le front de mer avec de belles terrasses de bars et de restos, le temps de manger un morceau dans une ruelle ombragée, où le patron pousse ses tables pour y garer nos vélos, et nous voilà repartis  vers Paleros.

Les vélos aussi ont leur place à table
Les vélos aussi ont leur place à table

On avise 10 km avant l’arrivée une indication pour un site archéologique, comme nous avions hésité précédemment pour aller visiter le monastère de la Métamorphose (dont nous espérions d’éventuels bénéfices) qui était situé à 8 km mais sur un piton rocheux avec un petit 300 m de dénivelé,  là nous sommes dans une vallée alors on décide d’aller se cultiver un peu….

Ce n’était pas l’idée du siècle, puisque ce sera la cause de notre premier demi-tour. En effet, le panneau indique bien un site archéologique mais ne donne pas la distance. Qu’à cela ne tienne, nous voila partis sur une route sinueuse à souhaits, qui nous fait revenir en arrière mais ce n’est pas grave. Sauf que ça n’en finit pas, plus on s’éloigne dans la cambrousse plus on voit de chèvres, de moutons, de chiens et de bergers mais moins on sait où se trouve ce fameux site, jusqu’à ce qu’on arrive au pied de la montagne et découvre sur le GPS qu’il n’est plus qu’à 200 m. Oui, mais à 200 m plus haut, et là on craque : Pour la première fois, on décide de faire demi-tour, on rentre et on a bien fait car on apprend en route que le site était fermé, inaccessible…

Campings et bivouacs bizarres

Nous voici donc arrivant tardivement à Paleros, joli petit port qui a la bonne idée d’abriter aussi un camping, alors que nous cherchions un lieu de bivouac. Les sanitaires sont douteux, mais nous ne savons pas encore qu’on va trouver pire les jours suivants. Ce n’est qu’en repartant le lendemain matin qu’on savourera la beauté de lieux en longeant la jetée.

Paleros sur Mer
Paleros sur Mer

La côte est très belle, la route agréable, que du bonheur. Le midi, nous arrivons un peu trop tard pour assister à un baptême dans une belle église orthodoxe, la cérémonie vient de se terminer. Tant pis, le lot de consolation sera un pic-nic sur la place et sur un banc, bien à l’ombre car le soleil tape dur et il faudra attendre que la température redevienne plus clémente pour repartir. Comme le banc devient un peu inconfortable, nous atterrissons dans un chouette café où nous accueillent de moelleux sièges et où nous engloutissons deux belles gaufres au chocolat et deux chocolats frappés (Irène aura du mal à s’en remettre).

Le camping du soir est encore plus spécial que le précédent : c’est un établissement informel qui n’offre qu’un confort très relatif ; la douche est froide, il n’y a pas de lavabos ni d’endroit où laver la vaisselle, les poules courent partout, il y a un chien à l’attache, mais ce n’est pas cher (10 € heureusement). Il a l’avantage d’être face à l’île de Kalamos, qui nous offre un spectacle montagneux intéressant.

Vu notre orgie de gaufres, nous n’avons guère faim, alors on se fait une soupe champignons avec des bouts de spaghetti dedans, ça suffira bien. Mais un italien compatissant vient nous apporter deux assiettes de pâtes, qu’on mangera tout de même avec reconnaissance.
Ce qui est moins cool, c’est que vers 22 h un feu d’artifice est tiré à proximité. A priori, c’est sympa, mais non : c’est le début d’une soirée musicale qui ne se terminera que vers 4 heures du matin, d’où un sommeil un peu perturbé.

La route du lendemain est bien accrochée à flanc de montagne, mais il n’y a pas qu’elle : un troupeau impressionnant de chèvres est accroché au dessus de la route, elles se déplacent en suivant les ordres d’un berger qui nous explique qu’il y en a 4 000 ! Avec leurs cloches, elles composent une musique cristalline bien agréable, autrement plus que les aboiements habituels des canidés omniprésents ici.

Heureusement que nous nous sommes levés tôt, nous somme pourtant dimanche mais pas question de rester faire la grasse matinée, la mer et la montagne nous appellent et nous découvrons toujours avec ravissement une côte faite de criques qui sont prises d’assaut par des camping cars ou des cabanes installées là visiblement depuis longtemps ; nous apprendrons plus tard, que cette côte est essentiellement fréquentée par les Grecs qui en font leur lieu de villégiature, ils viennent en général d’Athènes et des grandes villes des environs.

Sympa et fréquent par ici, les étals de fruits aux bords des routes. Quand ce ne sont que des pastèques on ne s’arrête surtout pas, mais quand il y a du choix c’est un plaisir. Néanmoins, nous ne repartons qu’avec des quantités ridicules, pas moyen de se charger, surtout par cette chaleur et des pastèques de 15 kilos, non merci !

Nous sommes maintenant au pied de la montagne d’Arkanika et les bergeries y sont nombreuses, en fait tout est brouté, propre et net y compris du coté mer, d’ailleurs nous voyons les traces que laissent ces petites bêtes sur les routes, des crottes bien rondes comme des billes !!!

De ports en ports, de trains en trains… comme dit la chanson… Non, en fait à vélo seulement nous arrivons à Astakos, il n’y a pratiquement que des bars et resto d’ouverts, rappelons que nous sommes dimanche, nous faisons notre petit tour de village et nous nous retrouvons comme d’habitude sur le front de mer, le coeur de la ville n’est pas bien grand, on se met à l’abri de la chaleur dans un petit troquet sympa avec wifi pour joindre les enfants, et après avoir bien bullé nous nous commandons un hamburger maison, on a la flemme d’aller à la recherche d’une épicerie pour notre pic nic. Et puis d’abord c’est dimanche na ! Bon, le hamburger !!!

Bon, les grosses chaleurs de l’après midi s’étant estompées on commence par se décider à reprendre la route, au passage on voudrait bien se trouver un endroit cool au bord de mer parce qu’on va la quitter pendant un moment et qu’en plus ça va monter. Pas de chance, on repère bien une ultime plage à la fin de la ville mais c’est vraiment pas très clean, en fait y’a des bouteilles et des cochonneries un peu partout, on mérite mieux que ça quand même. Alors on fait demi tour parce qu’on vient de s’apercevoir que nous allons entamer une belle montée et que nous n’en avons plus le courage pour aujourd’hui (on est très fatigué d’être restés en terrasse cet après midi).

On repère un coin de terrain derrière des équipements sportifs, tennis, football, basket……il n’y a pas grand monde, on s’installe, nous sommes devant la mer mais le terrain est plutôt « vague ». Comme on est un peu à sec d’eau on avise un restaurant dont les tables sont dressées pour un grand repas ce soir, un repas de baptême, on demande de l’eau et là oh! surprise, la dame nous dit de repasser un peu plus tard, vers 21h car la ville est en manque d’eau aujourd’hui… On lui demande comment elle fait avec ses clients qui vont arriver et pour préparer son repas ? On s’organise, c’est courant…..

C’est pas le spot le plus calme et le plus romantique qu’on aie pu trouver, en effet les terrains de sport se remplissent petit à petit de jeunes gens venant aux entraînements et ça va s’éterniser tard dans la soirée, et même qu’içi on joue au tennis la nuit, à la fraiche, invraisemblable quoi  !!! Ca vous tape sur les nerfs d’entendre frapper la balle, déjà qu’au restaurant les invités commencent à être bien gais, ils finiront par s’en aller fort tard et nous nous endormirons fort tard aussi après nous être planqués derrière la tente pour une toilette au gant, ben oui en plus y’a des spots qui éclairent formidablement les terrains de jeux toute la nuit !!!

Malgré tout ce chahut on se lève tôt, nous sommes quand même en sortie de ville au bord de la mer soit, mais aussi au bord de la route, ça s’agite déjà autour de nous, les joggeurs font leur footing, les bateaux partent à la pêche, les pépés promènent leur chien et avec tout ça pas facile de trouver un endroit isolé pour faire pipi.

Le paysage change, nous avons quitté la mer pour une quarantaine de kilomètres de montagne puis de plaine marécageuse où l’agriculture prend le pas sur l’élevage, essentiellement du maïs. Par moments, la route est en chantier mais ça n’ pas l’air d’avancer bien vite. Tout a l’air ancien ici, les voitures comme les installations, on se croirait dans un endroit très reculé dans l’espace comme dans le temps. Enfin une possibilité de pause, c’est une bicoque qui fait bar, il y a quelques chaises sous la terrasse et trois types attablés là. Le patron débarrasse une table pour nous installer et apporter deux cafés frappés (oui deux, Joël teste la chose mais n’est pas près d’y revenir).

La bicoque bar
La bicoque bar

 

C'est évident, n'est-ce pas ?
C’est évident, n’est-ce pas ?

 

Dans cette région, l’eau ne manque pas, d’ailleurs les cultures sont irriguées et il y a un système de canaux. Le village de Katochi, juste avant la direction d’Etoliko, nous donne l’occasion de faire une pause à l’ombre (oui, encore une) et de faire le plein d’eau ; sauf que les fontaines ne fonctionnant pas, un pépé nous invite à nous laver les mains au café. Comme on en profite pour faire quelques photos de vieilles épaves motos qui roulent encore, il nous fait signe de le suivre. C’est derrière le café que se déroule la scène, le pressage du raisin qui est foulé au pieds puis placé dans le pressoir. Les gars sont très sympas, contents qu’on s’intéresse à eux, on les filme en pleine action. Irène compare leur méthode à celle du Château d’Yquem, c’est très flatteur mais le vin qui sortira de là ne jouira probablement pas de la même réputation. Un verre lui sera offert, elle y déposera les lèvres et avec discrétion déposera ensuite le verre dans un petit coin.

Quittons le raisin pour longer le canal qui est bordé, lui, de citronniers et d’oliviers. Cela nous amène à Etoliko, petite ville surprenante puisqu’elle est composée d’une petite île toute plate au milieu d’un chenal, et reliée à chaque berge par deux longs ponts.

15 km plus loin, la suite sera bien différente, comme vous le constaterez dans le prochain article : On va faire dans le luxe et l’opulence…

Diversion tortueuse

Il n’y a pas qu’en Albanie que des tortues croisent notre chemin (ou l’inverse), en Grèce on en rencontre aussi.
Prudentes malgré leur témérité,  elles rentrent vite tête et pattes à l’abri dès qu’on les approche, puis reprennent leur chemin.
Ce qui est curieux,  tout de même, c’est qu’on les a toujours vues traverser la route de la droite vers la gauche. Vous pourrez objecter que, si nous étions arrivés en sens inverse, on les aurait vues aller de gauche à droite. Mais ça ne prouve rien, peut-être que si nous étions arrivés en sens inverse, elles auraient aussi traversé en sens inverse… Car est ce qu’on arrive quand la tortue traverse, ou est ce que la tortue traverse quand on arrive ?
Au final, elles doivent de toute manière traverser dans les deux sens, sinon il y aurait des tas de tortues d’un côté et aucune de l’autre ; donc il n’y en aurait plus aucune à traverser les routes, ce qui contredirait notre observation hautement scientifique (même s’il faut reconnaître que, du point de vue statistique, notre échantillon est assez réduit).
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Il nous faut tour de même reconnaître la vélocité de ces animaux là, ne dit on pas qu’elles se trainent, n’avançant qu’à petite vitesse ? Soyez rassurés, les tortues grecques doivent manger du fenouil parce qu’on vous garantit qu’elles se carapatent et pas lentement, disons qu’elles courent à petite vitesse !!!
Reste LA question à laquelle il nous faut réfléchir intensément (en pédalant,  on n’a que ça à faire) : POURQUOI ?
Après de longues cogitations, il a fallu se plonger dans les méandres d’internet pour éplucher les études, publications scientifiques, thèses et autres recherches concernant les moeurs des tortues. De tout ceci il ressort que, même si les avis divergent sur certains détails, on peut sans risque d’erreur affirmer que « si les tortues traversent la route, c’est pour aller de l’autre côté« . CQFD

 

 

 

 

8 Comments

  1. Chouette de revoir ces paysages ! Léo nous dit fréquemment que la Grèce a été le pays qu’il a préféré pendant notre tour. Pour nous, le nord de la Grèce, très proche en apparence avec la Bulgarie, nous a énormément séduit.
    Un petit colis pour nous avec du poulpe grillé, des gyros en pita, du tzatziki…. C’est possible ?
    Vous verrez, surtout à Athènes, que le café frappé est un sport national, quelque soit l’heure de la journée, quelque soit leur moyen de locomotion, ils ont toujours un frappé en main !
    Les conducteurs ne sont effectivement pas les pires que l’on ai croisé.
    A propos des bestioles, celles qui ne nous ont pas plu sont les scolopendres, espèces de mille-pattes format autruche avec 2 bons crochets sur le postérieur. ils se planquent généralement sous les pierres alors faites gaffe avant de remettre les chaussures le matin !
    Suivant le chemin que vous allez choisir pour vous rendre à Athènes, vous pourrez peut-être passer par l’île Salamina qui permet d’éviter une bonne partie de zones industrielles bien glauques et le prix du bateau est dérisoire.

    Gros bisous de nous 4

    PS : la manche à air part chez Philippe demain.

    Re-bisoux

    RE-PS : on viendrait bien vous rejoindre tout de suite et larguer les conneries de l’administration française…

    Re-re-bisouxxx

  2. Il y a des endroits que l’on croit calme quand on s’installe, même en fourgon, mais parfois la nuit réserve des surprises lorsqu’à partir de minuit des bars en bordure de lacs distillent de la musique de « fous » jusqu’à 4 heures du matin. . . ce fut notre première nuit en Italie du Nord, cet été
    Dure, dure la nuit, même pour le patron du camping qui a cru bon s’excuser au matin.
    Dommage,nous étions que 4 campeurs (français) et face au lac ….
    Bonne continuation et doucement sur le café frappé et l’Ouzo
    (PS : Merci de traduire les panneaux . . . car pas évident du tout !!!!)

  3. Oh la! Ça cogite dur dans vos p’tites têtes!! Mettez un chapeau car j’ai l’impression que le soleil vous chauffe!… Pour la propreté eh bien ici en Espagne c’est pareil!!! Moi je ramasse et je râle. Et j’ai appris à dire en espagnol que les poissons ne mangent pas les mégots!!! C’est un rêve n’est-ce pas l’idée de vivre dans un monde propre??

  4. Pas convaincu par la théorie du sens de traversée des tortues. En effet, à moins que la route ne soit un sens unique, comment peut-il y avoir des tortues que d’un seul côté?. Quand les gens roulent dans une direction, il rentrent généralement chez eux par la même route, et les tortues traversent dans l’autre sens en débouchant toujours sur la droite.
    S’il y en a 2 en trop du côté gauche, c’est que 2 cyclomigrateurs sont passés par là. Il serait donc séant de descendre de vélo et de remettre n’importe quel couple de tortue sur le côté droit . Cependant, afin de ne pas retarder l’expédition, celui qui a de l’avance descend, prend 2 tortues qui ont déjà traversé, les remet à droite, et repart. Ou bien avoir un petit carnet, noter les passages de tortue et remettre un nombre idoine de tortues à la droite au moment de la pause, etc…

    C’est partout pareil: en France, par exemple, le passage des citoyens dans les urnes a fait migrer les députés vers la gauche et aujourd’hui, le premier ministre Valls qui ne veut pas revenir en arrière repositionne ses tortues une à une vers la droite (j’arrête car je suis mauvaise langue…)

    Changeons de sujet: heureusement qu’Internet ne nous transmet pas encore les odeurs mais je comprends que cela doit vous prendre à la gorge. C’est un signe de pauvreté sans doute, puisque le tort tue (dette grecque) et ici l’argent -qui n’a pas d’odeur- ne court plus les rues.
    Côté éducation citoyenne et environnementale le paysage ne semble pas en effet être celui d’un « pays-sage » (Sagesse antique des cités grecques, où es-tu?)

    Heureux de voir que votre périple semble continuer dans le bonheur avec des personnes coopérantes. Un regret cependant, pourquoi n’y a-t-il plus depuis deux semaines d’aussi lumineuses rencontres avec les habitants, d’anecdotes historiques pétillantes ?

    Est-ce l’effet du soleil sur les têtes aggravé par l’obsession du café frappé? Plus le manque de sommeil ? Dans les pays chauds, en dehors des campagnes, c’est le bazar la nuit… Avez-vous prévus les boules Quies?

    J’oubliais, honneur aux grecs: il reste les célèbres monastères orthodoxes de la presqu’île de Patmos, spécialisés dans le silence et « les odeurs de sainteté »!

    Bises

  5. Salut les 2 vedettes a velo ….. j’ai lu il y a 3 jours , j’ai pas pu repondre de suite j’etais aussi partie evidement pas en velo et pas loin non plus ,dans la drome !!!!!! j’ai pas vu de tortues , j’ai pas vu d’animaux en faite !!!! L’histoire des tortues ça pouvait juste vous tomber dessus …… lol …. en cas de grosse faim ca ce mange je crois bien …. lol …..J’arrete de dire des conneries !!!! je vous fais des bisous Lili

  6. On ne comprend pas comment un type aussi frappé que Joel n’aime pas le café frappé ! Nous on adore depuis nos séjours en Grèce. Jérome est eme devenu un spécialiste de la préparation avec la paille qui tient toute seule…

    Pour les tortues : c’est bien simple ! Elles font le tour du monde pour revenir du coté droit de la route, on en a croisé qui se plaignaient du nombre croissant de cyclo sur les routes, ça leur fait plus de trajet à faire !! Il y a en a meme une qui a un site internet : http://familleperrouin2014.blogspot.com

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