A l’ouest du nouveau

Entre deux gares, une belle semaine de trajets à vélos, de visites, de plages et de bon temps sur la côte Ouest du golfe de Thaïlande. Ce n’est pas la région la plus touristique mais elle nous plait bien, on ne peut que la recommander.

Gare en folie

La nouvelle gare de Bangkok, qui vient d’ouvrir, témoigne d’une vraie folie des grandeurs : C’est la plus grande d’Asie du Sud-Est, elle ressemble à un aéroport tellement elle est démesurée. Elle est prévue pour recevoir les futurs trains rapides en provenance de Singapour, du Laos, du Vietnam et évidemment de Chine puisque ce sont les Chinois qui sont derrière ce projet.

Mais lorsque nous y sommes, c’est une autre forme de folie qui a pris place dans la gare. Des bandes de jeunes incroyablement déguisés ont pris possession des lieux à grand renfort de musique et de cris joyeux. Les costumes sont extrêmement évolués, tout comme les maquillages qui sont soignés à l’extrême.

Quant à nous, beaucoup plus sages, nous avons pris un train pour le sud sans aucun problème, il y avait un fourgon à bagages dans lequel les vélos sont rentrés avec les sacoches dessus, super pratique. Par contre, comme nous n’avions pas réservé il nous a été attribué des places couchettes, ce qui est un peu ballot quand on voyage de jour. Mais ce n’était pas si mal car le trajet durait sept heures alors nous avons pu dormir un peu, si ce n’est que la climatisation était glaciale et qu’une grosse couette aurait été préférable à la couverture fournie. On a compris la leçon, la prochaine fois on réservera dans des voitures sans clim.

Banqueroute

Rassurez vous, nous n’avons pas (encore) fait banqueroute, c’est simplement que Bank Rut est notre première étape sur cette côte ouest. Et ça s’augure rudement bien, les paysages sont très agréables et les petites routes côtières quasiment désertes.

On peut ainsi découvrir de charmants petits ports de pêche ; de nombreux bateaux sont à quai car ils travaillent la nuit pour pêcher les calmars attirés par leurs puissantes lumières (ils ne sont pas malins les calmars, de se faire ainsi avoir depuis des générations).

Temple en folie

Alors qu’un soir nous séjournons dans un modeste resort au bord d’une plage, nous avons comme un problème lorsque nous décidons d’aller dîner, la cuisine est fermée alors qu’il n’est pas encore 20h. Qu’à cela ne tienne, il y a un restaurant pas loin, sauf qu’on se fait jeter parce qu’ils on un groupe (arrivé en gros car évidemment) qui monopolise l’établissement. Bigre, il fait faim et nuit, on se met en quête d’autre chose mais le village semble loin.
Au loin il y a justement des lumières colorées, on s’approche et croit voir une fête foraine, c’est presque ça : Le temple local est tout illuminé, il y a de la musique, des stands de cuisine et d’objets aussi divers que variés.

Les groupes d’enfants se succèdent sur scène pour danser (fort bien) sur des musiques endiablées, les décibels doivent être proches de ceux d’un aéroport. La foule applaudit, mange, boit, achète des trucs, les moines bénissent ceux qui leur font des offrandes, c’est une vraie cacophonie haute en couleurs et en joie. On apprendra plus tard que c’est le Buddha’s Day (anniversaire du Buddha), on a eu une sacrée chance que le resort et le restau ne nous aient pas servi à manger, nous aurions raté çà !

Peinards

Chaque matin, on démarre à l’aube (6h) et c’est le bon plan pour échapper à la chaleur. L’après-midi c’est repos, sieste, baignade, bouquinage, coinçage de bulle, etc.

C’est ainsi qu’on se retrouve de bon matin tout en haut d’une belle colline, après avoir laissé les vélos en bas parce que ça monte raide, pour visiter le temple Thang Sai qui n’est même pas encore ouvert. Il n’y a évidemment que nous comme visiteurs, le lieu est superbe et on y passerait bien la matinée mais il faut bien redescendre sur terre.

On ne peut pas dire qu’il n’y a pas un chat, car justement il y en a un, mais à part lui c’est le désert. A un moment le gardien des lieux (et des dieux) vient nous trouver pour ouvrir la grille par laquelle nous étions sensés entrer, c’est bien aimable à lui. Plus bas se trouve un gigantesque Bouddha doré, si on en juge par la taille des parkings le lieu doit être fréquenté à certains moments.

Une autre fois, un autre temple : Ce n’est pas ce qui manque dans ce pays, et il y en a encore en construction ou en agrandissement, ça pousse comme des champignons. Celui-ci est agrémenté d’un joli Bouddha couché et l’ambiance est bien assortie puisque les psalmodies des bonzes incitent au recueillement, voire à l’assoupissement.

A noter qu’auprès des temples se trouvent souvent de tout petits édifices surmontés d’une longue cheminée, destinés à la crémation des défunts, ce qui explique qu’on ne voit guère de cimetières.

Senteurs et saveurs

Du coté senteurs, c’est plutôt varié avec pas mal de fleurs odorantes, les frangipaniers sont splendides, les bougainvilliers n’en peuvent plus, mais aussi les petits calamars qui sèchent au soleil, ce qui est fort odorant aussi.

Quant aux saveurs, peu de changements et c’est bien car on apprécie la cuisine thaïe, on l’a même adoptée pour les petits déjeuners. Au lieu des produits industriels des supérettes 7-Eleven, nous optons pour les soupes proposées dans les gargotes ; le seul inconvénient est qu’à 7 hures du matin la soupe n’est pas cuite, alors on roule jusqu’à trouver une gargote où de la fumée s’échappe des gamelles, et là on se régale. Outre les mangues, les bananes et les papayes (plus des tas d’autres fruits bizarres), il y a profusion d’ananas dans cette région, et ils sont drôlement bons.

Cocos à gogo

Que l’on soit sur des chemins ou de petites routes, il faut penser à regarder au dessus de soi afin d’éviter les chutes de noix de cocos car les cocotiers sont omniprésents.

Un « cueilleur » nous montre comment il procède avec sa longue perche en bambou, à voir comme ce n’est pas bien difficile mais en fait ce n’est pas si évident à manier. On ignore pourquoi il est cagoulé comme un braqueur de banque, serait-ce pour ne pas être reconnus par les cocotiers auquel il pique les fruits et qui pourraient vouloir se venger ?

Etape qui ricane

C’est à Prachuap Khiri Khan (un nom pareil ça ne s’invente pas !) que nous allons rencontrer de drôles d’animaux : Comme on passe à proximité d’un aquarium, on entre le visiter et on ne va pas être déçus, il y a là dedans plein de poissons intéressants et un chouette tunnel sous-marin qui permet notamment de voir comment se nourrissent les raies ; en mer, on les voit fouiner dans le sol mais là on voit comment c’est fait en dessous et c’est surprenant puisqu’elles enfournent quantité de coques dont elles recrachent les coquilles après les avoir broyées (elles ont de sacrées dents). Il y aussi de belles étoiles de mer dont on aime bien les dessins géométriques.

En parlant de rencontres, c’est aussi dans cette ville que nous allons retrouver Frédérique et Daniel, alias Los Tupinos, nous nous étions déjà retrouvés à Ayutthaya au début du voyage alors qu’ils étaient encore en rodage de leurs petits vélos pliants. On se reverra peut-être en France cet été, ils seront alors avec leurs vélos couchés, ce qui est quand même plus confortable (mais moins pratique à fourrer dans un train ou un avion).
En attendant, nous roulons de conserve pour aller voir un joli temple tout en bois situé au bas d’un aplomb rocheux.

Mais ce qui nous a amenés là n’est pas le temple, c’est une grotte creusée dans la roche, atteignable par un long escalier de marches inégales durant lequel on transpire comme des boeufs. Et dans cette grotte, savez-vous quoiquigna ? Un très grand Bouddha couché, il prend toute la place. Mais ce n’est pas fini, derrière la grotte devinez quoiquigna ? Une seconde grotte avec un second très grand Bouddha couché ! Jamais deux sans trois, pensez-vous ? Presque, car il y a une troisième grotte avec… un tout petit Bouddha assis (et un chien, mais lui ne fait que passer).

Plages, paysages et esclaves

Comme on longe des plages à longueur de temps, la plupart étant désertes, on a tout loisir pour en profiter allègrement.

Un des avantages de cette région est qu’il y a de la variété dans les paysages, notamment grâce aux formations karstiques qui donnent du relief, ce qui manquait sur la côte opposée (A moins de considérer les immeubles de Pattaya comme du relief…).
Nous voici arrivés dans le parc National de Khao Sam Roi, en langage Thaï « la montagne des 300 pics ». Où que nous dirigions notre regard, ils sont là, bien verdoyants abritants moults espèces d’oiseaux et de mammifères protégés, comme les varans malais. Il y a également des zones de mangroves mais elles ont hélas été dévastées, voire bien entamées, pour installer des fermes à crevettes dont la production part dans tout le pays et est même exportée. Il y a ainsi plus de 20 000 fermes, les effets sur la nature sont considérables même si les pratiques se sont améliorées ces dernières années ; du point de vue social, par contre, c’est catastrophique : 90% des pêcheurs (on nourrit les crevettes avec des farines de poissons et autres substances médicamenteuses) sont étrangers, essentiellement cambodgiens et birmans, et sont soumis à des conditions proches de l’esclavage. Pensez-y lorsque vous achetez des crevettes dans un supermarché, si elles viennent de Thaïlande peut-être faudrait-il faire un autre choix.

Expérience grottesque

Il y a un site incontournable sur notre trajet, la grotte de Phraranakhon. Incontournable mais pas facile à atteindre, surtout quand on fait le choix d’y aller à pieds en dédaignant l’offre qui nous est faite d’y aller en bateau. C’était sans savoir que le chemin est particulièrement escarpé, c’est presque un chemin de croix,500m de montée ardue ! Tout ça pour finalement redescendre au niveau d’une plage où les bateaux arrivent directement. Mais ce n’est pas fini, la grotte est en hauteur encore 500 mètres de plus sous la végétation. Il faut à nouveau grimper péniblement, sous l’oeil placide de jolis petits Langures « singes à lunettes » qui ont l’air de trouver bizarres ces bipèdes qui s’échinent à grimper dans la caillasse alors qu’il est si simple de passer de branches en branches.

Enfin arrivés dans ladite grotte, aucun regret tellement c’est magnifique. La luminosité est exceptionnelle parce que le plafond de la grotte s’est effondré, laissant les rayons du soleil atteindre le pavillon qui a été érigé (il faut le voir vers 10h30, avant c’est trop tôt, après c’est moins beau).

Après une redescente moins pénible que la montée (les petits singes sont hélas partis), on opte pour le retour en bateau et nous ne sommes pas les seuls, personne n’a envie de reprendre le chemin escarpé. C’était une bien belle visite, on s’en souviendra, d’autant plus que nous avons fait des rencontres sympas : Alexandre, canadien qui est en repérage d’un lieu où poser ses valises et pourquoi pas y rester vivre sous des cieux plus cléments que la froidure de son pays. Marni et Tom, 2 Suisses qui vivent pour moitié au Kenya, où ils ont ouvert une Guesthouse, et leur Suisse natale.

Hua Hin

« La plus belle gare de Thaïlande » parait-il, on le croit volontiers car elle est très mignonne. Et pratique puisque c’est là que nous allons terminer nos pérégrinations cyclistes pour rentrer à Bangkok en train car on n’a pas du tout envie de pénétrer dans la mégapole à vélos, on a vu ce que ça a donné quand on l’a quittée au début du voyage ; ça prend un temps fou et on y respire mal !!!

Cette jolie gare sera bientôt fermée, une immense nouvelle gare toute moderne étant en cours de construction à proximité. Les gens du coin n’apprécient guère ce gigantisme, mais c’est le progrès, parait-il.

A part ça, on ne gardera pas un souvenir impérissable de Hua Hin, qui n’est guère attrayante. Notre petit hôtel est à la fois près de la gare et du night market, mais ce n’est pas sur ce marché que nous ferons des affaires, il est bien plus cher que ceux des villes précédentes, probablement parce que la ville est touristique du fait de sa proximité relative avec Bangkok. Irène ira plutôt se faire picorer les pieds par de petits poissons gourmands, heureusement que ce ne sont pas des piranhas.

Et voilà, on s’en va donc en train, lequel est censé partir à 5h30 du matin, il va juste avoir 50 minutes de retard (:)). On est bien avant à la gare, l’employé enregistre nos vélos mais quand le train arrive il y a comme un problème : Contrairement à ce qu’on croyait il n’a pas de fourgon à bagages, pas question d’embarquer les vélos ! Un type nous affirme qu’ils partiront par le train suivant, doit on lui porter crédit ?Nous on s’engouffre avec nos sacoches dans la voiture prévue (cette fois-ci on avait réservé pour éviter d’avoir la clim) et voyons avec consternation nos vélos rester sur le quai alors que le train s’ébranle. Irène n’est pas contente du tout de devoir de nouveau laisser « Panne » et « Cake » tout seuls sans aucune garantie de décharge ou de quoi que ce soit. On a l’air malins de nouveau avec des sacoches sans vélos pour les porter.

Pourvu que ça ne fasse pas comme à Sihanoukville, où on a attendu nos vélos durant trois jours…
Nous vous laissons sur ce suspense insoutenable, vous saurez comment ça se termine dans le prochain épisode.

9 Comments

    • Pas tous !
      Mais personnellement j’ai beaucoup de problèmes d’Internet, même avec plusieurs appareils…
      Merci de ces belles images qui nous font découvrir un coin du monde qui parait bien agréable, en tout cas dépaysant. En Bretagne il fait bon vivre aussi, il pleut, un peu !

      Bonne continuation, bonnes rencontres
      Bien amicalement

    • Très beaux paysages… Sur la dernière photo vous avez l’air dubitatif…. Peur de ne pas retrouver vos vélos… Je le sens ça va bien se passer… Bisous😘😘😘

  1. Jamais en grève pour lire les aventures des Cyclomigrateurs ! Merci pour ces textes et photos, c’est toujours aussi agréable à lire et regarder !

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  1. Bangkok – Les Cyclomigrateurs

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