Adiós los Cubanos

Au cours de nos bientôt cinq ans de voyage, il a été très rare qu’on revienne dans une ville déjà visitée. Généralement, on entre dans un pays par un bout et en sort par un autre. Les exceptions furent en Nouvelle Calédonie, à Madagascar, à Taiwan et maintenant à Cuba puisque c’est également une île.


La Havane, bis

Ça fait tout bizarre de retrouver la capitale avec les routes que nous avons déjà empruntées plusieurs fois (rassurez vous, on les a rendues après), notamment le fameux malecòn (front de mer) avec ses voitures américaines roses décapotables (entre autre). Cette fois-ci on fait attention aux huecos (trous), pas question de se gameller à nouveau comme avec Felix.

Trouver un hébergement ne pose pas de problème, après quelques tentatives infructueuses on dégote une chambre pas trop chère près de l’atelier « Vélo Cuba » qui va garder nos engins durant notre séjour, régler un petit problème mécanique et même les nettoyer. C’est bien la première fois qu’on sous-traite le lavage de nos vélos, c’est carrément le luxe, il ne faudrait pas que ça devienne une habitude. Ce nettoyage nous a été gentiment proposé par l’équipe, c’eut été mal élevé de refuser !

Heureusement que nous n’avons pas les vélos à monter dans notre casa la « Habana dream » parce que les escaliers sont raides. Nous y sommes accueillis par Jacqueline qui gère les lieux pour un couple d’hommes dont l’un travaille dans un grand hôtel. Cette femme travaille ici pour 5 $ par jour, 7 jours sur 7, sauf les trois mois de l’année en période creuse où les touristes sont rares. Auparavant elle travaillait dans un hôtel pour 15 pesos par jour, autant dire qu’ici elle est heureuse, de plus les clients lui laissent la « propina », ce qui lui rallonge son salaire. Elle parle parfaitement anglais. Quand on lui demande si c’est elle qui se charge des courses et du ravitaillement elle nous répond que non, ce sont les propriétaires, elle reste ici pour répondre au téléphone et assurer l’accueil des visiteurs. Pour nous sa vie se résume à cette maison à étage, pour elle c’est la sécurité.

Cette fois-ci nous ne restons que quatre jours dans la capitale ; c’est assez curieux d’écrire ça car c’est probablement davantage de temps que pour la plupart des visiteurs, mais tout le monde n’a pas (ou ne prend pas) le temps de flâner comme nous le faisons.

Le contact est relativement facile avec la population pour peu que l’on s’arrête et soyons à l’écoute et disponibles. C’est ainsi qu’une  institutrice d’école spécialisée nous confie ne gagner que 20 $ par mois. Les écoles cubaines manquent de profs, on comprend aisément pourquoi.

Au coin de notre rue sont disposées deux grandes bennes à ordures. Nous ne comprenons pas pourquoi la majorité des habitants y déposent leurs poubelles à coté. Un tas d’immondices s’accumule depuis plusieurs semaines nous confie Jacqueline, « les gens ne sont pas corrects ». En tout cas ça fait le bonheur du récupérateur de canettes et de bouteilles en plastique. Quand on voit les gens fouiller les ordures on se demande vraiment ce qu’ils peuvent y trouver dans ce contexte de pénurie.

Les boulangers du coin font une pause le temps que le camion de fioul fasse le plein. L’un d’entre eux nous parle de son travail et nous dit que le pain français est bon (on ne peut pas le contredire). Avant de retourner au boulot il nous confie « être enfermé dans son pays ». Plus tard ce sera un homme qui nous assure que « Fidel et Raoul sont des putes ! ». Nous ne sommes pas surpris par de tels propos, par contre la liberté de parole que peuvent avoir certains Cubains face aux étrangers est étonnante.

Nous sommes particulièrement sollicités dans les rues de la Havane, souvent par des femmes, elles demandent du savon, un T-shirt ou des pesos. Quelques musiciens, généralement talentueux, jouent dans la rue ; c’est agréable, on reste volontiers les écouter.

Nous retrouvons avec plaisir le joli resto « Oh ! Habana » où on mange si bien pour pas cher, situé près de chez Félix, lequel est absent. Après quatre tentatives pour le voir, on apprend qu’il est séparé de Francine, c’est donc pour ça qu’on ne voyait plus passer Félix sur sa bicyclette géante.

Toujours autant de contrastes entre les beaux quartiers aux hôtels et boutiques de luxe et les rues derrière les grandes artères où vivent les gens. C’est choquant, même si on ne peut oublier que dans nos sociétés occidentales les écarts entre les pauvres et les riches sont encore plus grands.

Quitter Cuba

Pour une fois, on ne va pas emballer nos vélos dans du papier bulle puisque cette denrée est impossible à trouver à La Havane, comme bien d’autres choses. Les gens de « Vélo Cuba » nous ont réservé deux grands cartons et ont réussi à dégotter du ruban adhésif (même ça c’est difficile à trouver), on emballe donc nos biclous tout propres au magasin et les chargeons sur un taxi.

Mais on ne peut partir sans avoir dégusté un dernier flan de leche, notre dessert favori. D’une manière générale, on ne s’est guère régalés à Cuba, sauf quelques exceptions, c’est toujours la même cuisine très basique ; et encore n’a t-on pas à se plaindre, en tant que visiteurs nous bénéficions de bien plus que les Cubains dont le système économique est tellement aberrant que deux « repas de touriste » peuvent coûter un mois de salaire local.
Si on ne vient pas dans ce pays pour la gastronomie, par contre le reste est passionnant pour peu qu’on s’y intéresse un peu ; ce mélange unique de débrouillardise, de gentillesse et de résignation des Cubains, cette auto-dérision, cette société qui vit selon des règles surannées.

Ce séjour de deux mois nous laisse une impression de tristesse au moment de partir, non pour nous mêmes mais pour les gens d’ici, car il est malheureusement probable que dans vingt ans ou plus ils en seront toujours au même point alors que beaucoup d’entre eux rêvent d’une vie différente. Il est d’ailleurs symptomatique qu’une question revienne très souvent lorsqu’on quitte des Cubains : « Quand reviendrez vous ? »

Ouskivon ?

Autre question rituelle lorsqu’on quitte un pays : « Où allez vous maintenant ? ». C’est une excellente question, surtout qu’il y a quelques mois encore nous ne savions pas que nous viendrions à Cuba au lieu de poursuivre vers l’Amérique du Sud (ce sera pour un autre voyage). Mais nous avons désormais quelques projets en tête, ce qui explique que nous connaissions déjà à l’avance les trois prochains pays dans lesquels nous allons nous rendre (non, la France n’en fait pas partie !). Mais on ne va pas tout vous dire, il faut ménager un peu le suspense ; sachez simplement que nous allons devoir nous initier à une nouvelle langue et nous adapter à un climat qui n’aura rien de tropical.

C’est la fin de la Saison 4 de Los Cyclomigratos, place à la Saison 5 !


On vous a donné envie de venir visiter cette île étrange ? Lisez notre page Se loger pas trop cher à Cuba, ça pourra vous rendre service. Ne nous remerciez pas, c’est cadeau.

8 Comments

  1. C’est sympa de lire régulièrement vos chroniques. Cela nous fait voyager par procuration sans polluer la planète.
    Bises à tous les deux et bonne continuation !

    • Wow, merci à vous deux de nous avoir fait découvrir Cuba. Grâce à vous on a eu la chance de visiter le pays gratuitement 😉.
      Bonne route pour la suite 😍
      J’ai juste une question pour vous deux : « ouskivon » maintenant 😜 ?

  2. Interesting reading of your travels in Cuba. People are extremely resilient and seem able to cope with poor conditions in these countries ruled by dictators. Why leaders can’t see that keeping people in poverty doesn’t help the country or them is beyond me. Safe travels, looking forward to your next blog.

  3. Bonsoir et au revoir Cuba…super reportages ..j’ai beaucoup aimé!je suppose comme beaucoup!Très riche en enseignements .Bonne route pour de nouvelles aventures !Bye bye..

  4. Bonsoir et au revoir Cuba
    J’ai beaucoup aimé!
    Toujours des reportages authentiques…Bonne route pour de nouvelles aventures!
    Bye bye
    Bernard

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