Le matos nous fait des misères, la météo nous enquiquine, on grimpe en ULM, rencontre des gens super sympas, le feuilleton de l’été continue.
« Le voyage pour moi, ce n’est pas arriver, c’est partir. C’est l’imprévu de la prochaine escale, c’est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c’est demain, éternellement demain. » (Roland Dorgelès)
Le vendredi 23 août nous quittons Neuburg et la base kayack à 8h30, nous passons le pont pour quiter la ville en direction de Donauwoerh, c’est là que mon vélo (Irène) fait des siennes, l’amortisseur arrière se ratatine, roue bloquée au passage d’un trottoir, fin du voyage ! Grrrrrr…. Philippe, c’est quoi ce fichu machin tout neuf qui me lâche sans crier gare ? Fort heureusement Mac Gyver qui passait par là est intervenu rapidement en bloquant sur position haute ce maudit !/¥£#… bien entendu le confort s’en est ressenti.
Nous avons parcouru 38 kms sans voir le Danube, avons sillonné la campagne, sommes entrés en forêt, où quelques côtes sérieuses nous ont surpris mais les descentes nous ont ravis, avons découvert les petits lotissements chics des villages traversés, la piste nous fait passer près des fermes ENORMES où tous les animaux sont cachés ; on se demande bien qui mange tout ce maïs ! Même le fumier et le purin qu’étendent les agriculteurs dans les champs fraîchement fauchés avec leurs ENORMES engins ne sentent pas comme chez nous…heu pardon les copains agri…. ça sent moins mauvais, alors là je sens moi que je vais me faire des ennemis…
On traversera la rue principale de Donauwoerh (17 000 habitants, jumelée avec Sète) au moins 6 fois dans les 2 sens (les gens commencent à nous connaître), en effet nous cherchons un dépanneur vélo, de quoi casser la croûte et une connexion wi-fi.
Et c’est attablés autour d’une belle escalope que Joël s’aperçoit que la tablette a perdu nos photos et vidéos (cf. Article 2 000 km à venir). Ca coupe l’appétit !
Patrice, un français originaire du Limousin installé depuis 20 ans en Allemagne et depuis 10 ans dans la ville, s’intéresse à nos montures et nous emmène chez un réparateur, chez qui il fait l’interprète. Un petit coup de gonflette de 10 bars avec conseil de retour au constructeur de la suspension défaillante, et tout ça gratis. On amènera des chocolats avant de partir pour remercier le mécano.
Patrice nous apprend que la région est prospère (on l’avait déjà remarqué), 5% seulement de chômeurs, le principal employeur de
la ville est l’entreprise Eurocopter qui emploie 4000 personnes. Ici c’est commun de rouler en Mercedes, BM, Audi, mais gros modèles of course !
Patrice est un randonneur, il a fait une partie du chemin de Compostelle et a l’intention de continuer, nous avons remarqué en effet que le chemin de st Jacques est balisé dans la région.
On quitte la ville avec quelques difficultés, on ne trouve pas le fléchage de l’EuroVélo, en plus le temps se gâte, c’est l’occasion de se mettre à l’abri sous un arbre et de rencontrer le premier vélo couché voyageur depuis notre départ ; Monsieur roule donc sur un vélo HP Velotechnik (une marque allemande, évidemment), madame sur un vélo classique (même configuration que lorsque nous avons parcouru la Loire à vélo), ils vont de Dortmund à Rome et roulent aussi en autonomie ; ils sont plus âgés que nous et ne savent pas encore comment ils vont traverser les Alpes, comme quoi il ne manque pas de cyclistes enthousiastes sur les routes.
ULM, ce n’est pas seulement un petit engin volant et bruyant, c’est aussi la ville où nous avons atterri. Et qui sera, pour nous, marquée par la pluie. En effet, suite à un orage qui nous a surpris 20 km avant d’arriver, nous avons trouvé refuge auprès d’une incroyable bande de nanas qui nous ont accueillis à bras ouverts. Elles étaient en train de préparer une soirée entre filles motivées par la défense d’une autre forme d’agriculture et la protection de l’environnement ; par exemple, elles déplorent ce qui nous avait tant étonné, à savoir l’absence d’animaux dans la nature. Ici les vaches restent en stabulation toute l’année (les prairies qui entourent les fermes sont fauchées), le bétail est vraiment considéré comme une ressource au même titre que les machines.
L’orage passé, nous repartons en déclinant l’invitation à nous joindre à ce repas convivial, et sans doute avons nous eu tort car c’était une belle occasion que nous n’avons pas su saisir. Embrassades et, peut être, opportunité de se revoir un jour. Les filles, si vous lisez cet article mettez vite un commentaire pour qu’on ait vos coordonnées. On n’a même pas pu prendre de photos, la batterie de l’appareil était vide… et on n’a même pas réalisé qu’avec la tablette c’était possible, quelles nouilles nous sommes ! Vous nous avez donné une bonne adresse les filles, pour dormir à Ulm, merci encore.
Mais ce n’était pas fini pour les rencontres inattendues et heureuses, un couple nous a pris en charge au pied de la ville pour nous conduire à l’hôtel tout en bavardant agréablement ; il s’en serait fallu de peu pour qu’on passe la soirée ensemble, mais ils avaient prévu d’aller au cinéma après un restau chinois alors que nous devions prendre possession de notre chambre, le timing était incompatible, dommage. Elke nous offre une tablette de chocolat que nous apprécierons beaucoup par la suite, merci !
Au fait, devinez quel film ils ont choisi… « Paulette », film qui nous avait particulièrement réjoui lors de sa sortie.
Dimanche paresseux parce que de toute façon il pleut avec une chute de température à 12 degrés, nous visitons le quartier des pêcheurs, vieilles maisons, petites ruelles, passerelles, ce lieu est surnommé la petite Venise, promenade charmante malgré la pluie.
——— Ecrit en direct de la cathédrale d’Ulm :
Édifice incroyable de par ses proportions, la plus haute flèche de cathédrale du monde (161 mètres), évidemment nous y sommes grimpés et le spectacle valait largement les 768 marches, étroites et en spirale, qui mènent au sommet.
François, nous avons une pensée pour toi qui, au 2éme étage, est pris de vertige.
Ce n’est pas tant la vue de la ville et des alentours qui surprend, c’est de se rendre compte de la structure d’un tel monument, de percevoir la finesse des arcs de pierre, le talent des bâtisseurs, (la
lecture des Ken Follett nous revient en mémoire avec les bâtisseurs de cathédrales), la complexité de l’architecture qui permet une telle robustesse avec des éléments somme toute très aériens. Comme souvent, ce n’est qu’en se confrontant avec la réalité qu’on peut s’en imprégner, les photos ou récits n’en donnant qu’une image pâle et insipide.
Les gargouilles suspendues dans le vide sont prêtes à s’élancer sur tout ce qui pourait venir les troubler, ou alors se sont les vigiles de la ville, elles ont un regard protecteur sur les habitants qui ressemblent à des lilliputiens vus du sommet de cet édifice.
Leurs traits sont extrêmement précis, les regards acérés, les rides des visages sont telles que l’on pourrait les croire vivantes ; des détails à ce point fins quils traduisent la dextérité des artisans bâtisseurs de l’époque, on ne peut que leur rendre un respectueux hommage.
L’intérieur de la cathédrale est impressionnant aussi, immense mais lumineux, avec de superbes vitraux modernes.
L’ambiance est à la fois paisible et chaleureuse ; contrairement à d’autres, cet édifice n’est ni froid ni figé dans un passé poussiéreux, comme en témoigne l’exposition d’un peintre contemporain.
En ce moment, l’orgue résonne car il y a un service religieux, et cela renforce l’atmosphère du lieu. Ce n’est pas le grand orgue, situé au fond, mais un « petit » surplombant la nef, perché à une vingtaine de mètres de hauteur.
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L’hôtel restaurant espagnol le « Zum anker » situé rue Rabengasse est une adresse à retenir absolument, l’accueil y est très chaleureux, le fils de la mama parle très bien français, les chambres sont impeccables, propres, linge de toilette en abondance, bonbons, bouteille d’eau minérale, lit confortable. Ce petit hôtel est biscornu comme on aime, on se sent comme à la maison. Le petit déjeuner est compris dans le prix (70€ la chambre, soit 15 € de plus que l’auberge de jeunesse). De plus les cyclos peuvent dormir sur leurs 2 oreilles, deux garages spécialement pour eux sont à disposition et le patron garde la clé, comme ça ils ne peuvent pas partir à la cloche de bois, non mais !
Côté restauration, mieux vaut avoir de l’appétit, la paella est copieusement servie, la sangria douce au gosier et la soupe du soir pantagruélique, la mama nous en a servi une sacrée ration qui compensait le dessert manquant… nous a-t-elle dit, un très bel accueil merci encore, nous nous sommes bien reposés dans cet endroit cosy. C’est une affaire de famille, la maison date de 1600 et est une de celles qui ont étés épargnées par les bombardements americains de 1944, tout le quartier ayant été détruit à l’exception de la cathédrale. Le fils de la maison, ingénieur agronome d’environ 35 ans et parlant très bien français, nous a raconté l’histoire de ses entreprenants ancêtres ;
l’arrière grand père espagnol était marin et faisait deux fois l’an la traversée vers les Etats Unis, mais un jour son bateau a fait naufrage, heureusement dans le port d’arrivée, près de chez lui. Changement de métier, il se reconvertit dans le commerce de bouchons de liège, un truc qui ne coule pas, mais ça a périclité lorsque la concurrence américaine est devenue moins chère.
Son fils, aussi entreprenant que le père, est venu à Ulm pour importer des oranges. Sans doute qu’il devait bien gérer ses affaires car l’opportunité d’acheter cette vieille maison s’est offerte et il en a fait un hôtel restaurant espagnol qui est mené aujourd’hui de main de maître par sa fille (environ 65 ans).
Son mari nous a fait les honneurs des tableaux des ancêtres exposés dans les salles du resto.
La caisse enregistreuse du vendeur d’oranges trône toujours sur le bar en place d’honneur, c’est une machine américaine comme dans les saloons, ancêtre de NCR, elle fonctionne toujours, une sacrée pièce de collection la seule difficulté est de trouver les rouleaux de papier compatibles.
Le départ de Ulm se fait sous une météo très incertaine mais, peut être grâce au joli soleil qu’une des employées de l’hôtel nous a dessiné, la pluie nous épargne et nous aurons même de très agréables moments ensoleillés. Bivouac le soir, avec les moyens du bord. En effet, affamés comme des loups, nous en sommes réduits à rechercher notre pitance dans la nature et tout est bon à prendre : racines, baies, cuissots de chevreuil, fruits sauvages, etc. Ce soir, ce seront des patates ramassées, au péril de nos vies, dans un champ tout proche qui feront l’affaire et iront rejoindre oignon, poivron, oeufs et courgette précédemment achetés au marché (seule concession à la modernité). En effet la toilette sera faite à la bassine mais avec eau chaude et chauffage au bois pour sécher les serviettes et nous réchauffer !
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6° jour (23 août) : Neuburg – Dillingen. 65 k, moyenne 14,35
7° jour : Dillingen – Ulm. 73 km, moyenne 14,20
8° jour : Ulm. Repos, visite
9° jour : Ulm – Binzwanven. 74 km, moyenne 14,62
Vos commentaires sont toujours aussi passionnants et instructifs, les photos magnifiques. Mais quand trouvez-vous le temps d’écrire, les péripéties et rencontres savoureuses, le pédalage évidemment et la recherche de nourriture devant occuper largement votre temps ?
Bravo les aventuriers. Ce voyage, j’en suis sûre, va vous « enrichir ».
Bonne et joyeuse route.
Merci pour toutes vos images et commentaires vraiment très instructifs !!! Bonne route ! Vous faites un périple sensationnel !!!! Bravo
toujour aussi agreable a lire bonne suite du voyage avec encore de belles photos!!
c’est toujours avec autant de plaisir que nous vous suivons a travers votre blog merci de nous faite découvrir d’aussi beaux endroit bonne route pour la suite bisous a vous a bientot
Quel beau voyage et que de rencontres intéressantes.! Merci pour vos belles photos nous vous suivons en vous lisant et cela nous fait du bien. Bonne route et à +. Bises Paulette.
je confirme que la cathédrale, ce n’est pas pour moi…..