Flâneries en Asturies

Avec de belles armoiries, de bonnes pâtisseries, de vieilles vieilleries, les Asturies se prêtent aux cajoleries.
Pas trop d’industries, de tuyauteries ni de scories, juste quelques plaisantes plaisanteries.
Allez, c’est reparti :


Gijòn / Xixòn

(Que ce soit en asturien ou en galicien, le nom se prononce « Rironne« )

Très fréquentée en été à cause de son immense plage, cette ville n’est à priori guère attirante avec son front de mer plein d’immeubles qui pourrait faire penser à La Baule (quelle horreur !). Mais ce n’est pas là son atout à nos yeux, c’est le centre historique qui est vraiment superbe. Il n’est pas très grand mais recèle quantité de rues pentues et tordues à souhaits, ainsi que de beaux monuments.

L’église San Pedro (âgée de 70 ans) au dessus de la plage n’a rien d’exceptionnel vue de l’extérieur, par contre les mosaïques d’une petite chapelle à l’intérieur sont à tomber par terre.

Quant au cidre, ici comme à Oviedo il coule à flots, il est même célébré par une immense oeuvre sur le port, composée de milliers de bouteilles (vides). Nous logeons dans le quartier Cimavilla en plein centre. Ici les prix peuvent tripler pendant l’été, une chance pour nous qui avons du mal à comprendre comment on peut venir en foule se dorer la pilule sur une plage bondée sur un kilomètre et demi… L’ambiance doit être loin du calme et de la tranquillité que nous connaissons aujourd’hui. Mais il en faut pour tous les goûts n’est-ce pas ?

Greniers différents

Les greniers à grains en Asturies sont bien différents, de formes carrées aux toits de tuiles entourés d’une balustrade en bois, ceux là peuvent loger une famille. Souvent réhabilités ils agrémentent joliment le paysage.

La ville du vice

C’est un enchantement que le parcours que nous suivons pour arriver à Villaviciosa qui, contrairement à ce que son nom pourrait évoquer, n’a pas l’air plus vicieuse que ça. A moins qu’on ne considère la gourmandise comme un vice, parce qu’il y a de quoi se délecter dans cette ville. Mais la gourmandise fait partie des sept péchés capitaux non ?

Sept kilomètres après Gijon nous sommes déjà dans la campagne. Après être bien descendus il nous faut de nouveau monter. Madame GPS a décidé de nous faire passer par des petites pistes boisées entre les hameaux. On est prévenu : Un monsieur dans son jardin nous fait signe en levant la main que ça va grimper et fait la grimace en regardant nos vélos ! Bien que le temps soit tristounet et pas bien chaud on va suer sang et eau pour grimper ce foutu mur, franchement il y a des jours où on ne devrait pas faire confiance à madame GPS !!! Bon heureusement la suite va être on ne peu plus correcte et glissante sur un asphalte sinueux parfois . De quoi se régaler les yeux aussi, nous avons de la chance de passer dans de beaux endroits. Le long de cette côte c’est le tourisme rural qui prédomine avec des petites locations saisonnières, des restos et bars au milieu de la campagne dans des hameaux d’une dizaine de maisons. Visiblement on essaye d’éviter l’exode des habitants.

On s’offre de jolies vues sur la mer en suivant la descente d’une rivière, puis un pic pic au hameau de San Martin del Mar devant une ria blottis près d’un buisson en observant les oiseaux ; la vie est belle, on a de la chance quoi ! Pas que de la chance, en fait, nous choisissons aussi nos points de chute de manière judicieuse et longuement réfléchie spontanée : Quand un endroit nous plait, on s’y arrête, tout simplement.

Nous dégottons un hôtel en plein centre, une belle vieille demeure 100% espagnole, tout aussi charmante que son tenancier. Nous y restons deux nuits, ces temps-ci c’est notre durée ‘standard’ pour avoir le temps d’apprécier une ville, même si elle est petite. Comme la pluie a tendance à se montrer un peu plus fréquente, en restant plus longtemps on arrive à visiter sans trop se faire saucer. A l’entrée de la ville la fabrique de cidre a fermé ses portes, ne reste que l’usine d’embouteillage avec un air fantomatique qui va sans doute se faire démonter un de ces jours.

Dans un troquet on fait connaissance de Michel et de son ami Gin. Ces deux là sont en vadrouille depuis qu’ils se sont rencontrés sur le camino. On ne sait pas très bien de quoi ils vivent « importation de produits africains que l’on revend en Europe »… leur itinéraire semble bien incohérent, à pieds, en voiture, vers le sud, vers le nord ? De bons clients pour le patron du bar, ils ne boivent pas que de la limonade !

Il faut dire qu’il y.a une quantité incroyable de cafés en Espagne. Lieux conviviaux où se retrouve toutes les générations confondues à tout moment de la journée, sauf entre 14h et 16h, ils sont souvent fermés (pour la sieste ?) par contre ils restent ouverts tard en soirée après 23h, servant leurs tapas et pinchos gratuitement aux consommateurs et des repas simples et pas chers. On aime bien nous réfugier dans ce genre d’endroit pour finir la soirée quand on peut et échanger quelques mots avec les locaux. Les pépés jouent aux cartes ou regardent le match de foot, les mémés jouent aux petits chevaux ou aux dés. Nous, on joue au Qwirkle !

Entre mer et montagne

La pluie s’est abattue sur la ville pendant notre séjour mais ce matin on s’en va, le ciel est bleu, l’air est frais direction Caravia. Nous retrouvons la rive opposée de la ria en face de laquelle nous sommes arrivés. Nous sommes surpris de voir plusieurs vieilles maisons imposantes abandonnées, envahies par la végétation sur les bords de la ria. Est-ce dû aux inondations ? Quel gâchis, quel dommage, l’endroit est superbe à cette époque mais peut être que d’avoir les pieds dans l’eau a fait fuir les occupants.

Sans surprise, c’est souvent pareil, dès qu’on s’éloigne de la côte ça change tout de suite de paysage et c’est bien aussi.

Nous allons monter doucement vers les collines verdoyantes pour mieux admirer les vallons et la chaine des montagnes au loin. L’habitat est dispersé mais il n’empêche qu’on peut trouver un café-resto à un carrefour en pleine campagne. Au loin on aperçoit les viaducs d’autoroute qui surplombent la vallée. Les pics sont enneigés, c’est beau comme tout. Les pluies des derniers jours favorisent la montée des odeurs d’eucalyptus, ça n’est pas pour nous déplaire, avec le paysage qui s’offre à nous on pourrait se croire un instant en Nouvelle Zélande.

Une belle surprise en arrivant à Barru-Barrigon. En arrivant sur les hauteurs de la ville nous découvrons son petit port blotti tout en bas à l’abri des tempêtes. Les maisons sont accrochées aux collines et la rue qui y descend est à la fois pentue et sinueuse. Les montées sont parfois très gratifiantes comme celle ci où ce village se découvre à nos pieds comme par enchantement. Les descentes et les montées suivantes seront tout aussi réjouissantes : « Paysages Corses ! » « Ah non paysages de Tasmanie, ça sent l’eucalyptus ! »

Chez Paolo & Joly

Cette étape restera dans les annales comme la plus courte de notre voyage : Seulement 8 kilomètres ! C’est de la faute à Paolo qui, alors que nous nous arrêtons pour observer la curieuse petite église de San Esteban de Leces, nous suggère une petite route bien plus sympa que la nationale ; il gère l’auberge de pèlerins située juste en face, et nous persuade (aisément) d’y séjourner.

Le personnage est haut en couleurs, comme on n’en rencontre pas si souvent. Il a vécu longtemps en Amérique du Sud où, avec son épouse Joly, ils travaillaient dans de très grands hôtels ; puis ils en ont eu assez de cette vie de fous où ils gagnaient de l’argent mais n’avaient pas le temps de le dépenser, où ils évoluaient dans le monde du luxe alors qu’ils aspiraient à la simplicité. La simplicité, ils l’ont trouvée dans cette albergue où ils reçoivent les pèlerins ; bénévoles simplement nourris et logés, ils travaillent dur pour améliorer les locaux avec des projets qui devraient les rendre encore plus agréables : construction d’une véranda, d’une terrasse et d’un atelier pour les vélos. Bravo !
Ils nous remettent une « crédenciale », ce passeport du pèlerin à faire tamponner à chaque étape, ce qui nous permettra d’accéder aux autres auberges le long de la route. Dommage qu’on ne sache ça que maintenant, on aurait pu en profiter depuis Porto, avec nombre de tampons à la clé.

La campagne environnante est magnifique, on se fait une rando jusqu’au village afin d’acheter de quoi dîner (on n’avait pas de bouffe en réserve, ne prévoyant pas une étape aussi courte) et c’est l’occasion d’apprécier ces paysages où la montagne et la mer se côtoient. Pourquoi est-ce que les baignoires finissent dans les champs en seconde vie transformées en abreuvoirs ?

Le vélo c’est bien, mais de temps en temps c’est chouette aussi de marcher, on ne voit pas les même choses, ou on les voit plus en détail. Pour un peu, on en arriverait à trouver qu’à vélo on va encore trop vite.

On a le temps de parler aux animaux, lesquels répondent à leur façon, et d’apprécier la végétation printanière (laquelle ne répond pas, mais on ne lui parle pas non plus, faut pas exagérer).

En repartant de cette chouette auberge dans laquelle nous étions les seuls pèlerins, voilà qu’on en croise deux autres, des vrais avec le sac à dos. Ce sont loin d’être des débutants, ils ont déjà parcouru le camino francès depuis Le Puy en Velay et le camino portuguès depuis Porto; on apprend peu mieux comment ça se passe, et notamment les problèmes de « surpopulation » sur le francès qui est victime de son succès mais aussi des Espagnols en vacances que se servent des auberges comme hébergements pas chers et font la foire toute la nuit.

Nous voici encore ravis d’évoluer dans de fort beaux endroits entre terre et mer, cette région est un ravissement :

LLanes

(Se prononce « Yanès »)

Voici une ville assez curieuse, bien différente des précédentes : Elle est bâtie sur l’embouchure d’une toute petite rivière mais avec une embouchure démesurée, ce qui a permis d’aménager un port en pleine ville. Le spectacle des bateaux amarrés au pied des immeubles colorés est assez intéressant.

Evidemment, avec toute cette eau on pourrait penser à Venise maison en est loin quand même. Et l’architecture est fort différente.

Comme il pleut le jour où nous arrivons, nous restons un jour de plus pour voir ce que ça donne sous le soleil. Les deux sont bien, en fait. C’est comme la Bretagne, encore un point commun (avec le cidre, le triskell et la cornemuse).


Prochain épisode : On quitte les Asturies pour la Cantabrie. Vous ne saviez même pas que la Cantabrie existait ? Bienvenue au club, nous non plus. Et pourtant elle est bien séduisante, elle aussi.

6 Comments

  1. Bonsoir « si vous passer à Bilbao »Allez voir le transbordeur « identique » à Rochefort sur Mer ..je pense y aller ..mais pas de date pour l’instant hi
    Kenavo

  2. Et n’oubliez pas de passer par Bilbao! Bisous
    En Bretagne on caille à 4 degrés !!! Ouillee pas vraiment le printemps!! Laurence et moi vous embrassons

  3. Avec votre sport quotidien vous pouvez manger du « Bedon » !!!
    L’If est vraiment impressionnant, combien de bouteilles peuvent-ils mettre à sécher ? Dans l’église le buste du musicien représente un joueur de biniou ? Bon j’arrête je suis bien curieuse aujourd’hui.
    Mamie Nicole.

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