Au delà du Mékong

Dans cet article nous vous contons notre parcours vers la capitale qui, grâce à notre légendaire capacité à dégotter des coins improbables, va s’avérer bien plus intéressant que l’itinéraire classique que tout le monde emprunte.


Faute de réseau secondaire, nous sommes obligés de rouler sur des routes à quatre voies, ce qui n’est pas exaltant mais reste sécurisant parce qu’il y a toujours une bande latérale aussi large qu’une voie de circulation, donc on a toute la place pour pédaler à l’aise (en évitant les vaches vagabondes).

Ce qui est curieux, par contre, c’est que les 2×2 voies sont rarement utilisées de façon « normale » : Il y a souvent des barrières pour empêcher le passage d’un coté ou l’autre, lesquelles sont allègrement ignorées, alors ça roule dans les deux sens de part et d’autre de la séparation centrale. Et même quand les voitures et camions roulent dans le bon sens, les motos continuent à rouler à contresens, face à ceux qui sont en train de doubler mais ça n’a l’air de gêner personne.

Il y a des bouts de travaux un peu partout, comme si rien n’était tout à fait terminé mais presque, ce qui explique peut-être que les 2×2 voies sont rarement utilisables de manière normale.

Kampong Chhnang (avec deux h)

Changement de décor, le Tonle Sap s’apprête à rejoindre le Mékong, ça se voit, la région est bien humide.

Kampong Chhnang est la ville de la poterie, en Mer son nom signifie « port de la poterie » les stands de vente au bord des routes sont nombreux, certains articles sont assez surprenants, notamment des grosses tirelires en forme de petit cochon ou de gros chat bien dodu.

Si on veut voir de belles poteries, mieux vaut aller dans un atelier, là il y a de la belle ouvrage. Ce ne sont pas moins de 300 familles regroupées dans les villages autour de Kampong Chhnang qui travaillent à cet art ancestral. Pour cette visite Irène et Jocelyne vont s’offrir une petite échappée en tuk tuk avec un chauffeur parlant anglais qui va se révéler être un précieux guide.

les poteries d’argile en provenance de ces ateliers sont réputées et vendues dans tout le Cambodge ce qui fait la renommée de ce petit port hors des sentiers touristiques.

La technique ici est celle appelée poterie modelée, l’argile posée sur un support en bois est façonnée à la main. Bien sur les femmes n’ont pu rapporter des jarres à eau, trop lourdes pour nos vélos, elles se sont contentées de tout petits objets en espérant qu’ils arriveront entiers à la maison.

Le village de pêcheurs est pitoresque, celui là n’est pas flottant mais sur pilotis. Et quand on voit la hauteur des pilotis, on imagine que la rivière prend de sacrées proportions à la saison des pluies, la fragile passerelle est probablement à refaire chaque année.

Les villageois travaillent dur et ont des conditions de vie précaires, néanmoins comme partout les gamins sont pleins d’enthousiasme et les adultes très souriants et cordiaux. Accessoirement, c’est un bel endroit pour des vues du coucher de soleil.

Vie pratique

La communication

Dans les campagnes peu de gens parlent anglais, et même en ville ce n’est pas évident, alors on se sert allègrement du peu de khmer qu’on a appris mais comme ça se limite à quelques mots on passe au traducteur et là ça marche plutôt bien, même si parfois les traductions ont l’air assez cocasses.

Seuls quelques jeunes enfants scotchés à leur smartphone résistent à toute tentative de communication, ils sont comme lobotomisés par l’écran qui débite des niaiseries ou même pire, des scènes de grande violence.

La cuisine

On connaissait les cuisses de grenouilles, mais par ici on mange la bête entière (elles ne sont pas bien grosses), ainsi que des serpents d’eau, des petites grenouilles et autres joyeusetés. C’est proposé sur les stands en bord de route, à manger sur place ou à emporter. On goutera les grenouilles qu’Irène et Jocelyne auront rapporté de leur escapade, ça n’a pas un goût très prononcé, donc on ne peut pas dire si c’est bon ou pas, en tout cas c’est comestible.

Un autre met, qui n’est pas aussi local car on le trouve un peu partout au Cambodge, ce sont les espèces de petits coquillages que l’on croyait cuits parce qu’ils sont exposés au soleil toute la journée ; en fait non, ils sont « frais » et semblent être fort appréciés.

Sur la route

Encore et toujours de drôles de véhicules sur les routes, on ne s’en lasse pas, d’autant qu’il y en a toujours de plus surprenants.

Peu importe le volume, il faut que ça rentre dans ou sur le véhicule, c’est no-limit :

Parmi les champions, ceux qui transportent une cahutte en bois mais n’ont pas réalisé que ça n’allait pas passer sous une immense affiche publicitaire…

Au delà du Mékong

Nous voici enfin à traverser cet énorme fleuve (près de 5000 km de longueur) par le pont khsach Kandal tout aussi impressionnant. Nous allons longer le mekong sur sa rive gauche afin d’arriver à Phnom Penh par de petites routes au lieu de devoir subir le passage par les interminables faubourgs de la ville.

On remarque tout de suite la présence de mosquées, le peuple cham étant majoritairement musulman. Cette ethnie présente au Cambodge, Laos et au centre du Vietnam, représente 2% de la population. Ils possèdent leur propre langue et leur propre écriture. 

C’est un ravissement d’être passés par là, nous assistons à de belles scènes de vie rurale, notamment les marchandes de viande, poissons et légumes à moto qui provoquent un attroupement à chacun de leurs arrêts, dans une ambiance très chaleureuse.

Les poissons frétillent encore dans le panier, quand l’un d’entre eux s’en va sur la viande la marchande le remet en place, c’est assez amusant à voir.

Une dame a très envie d’essayer nos vélos et est ravie de se retrouvée perchée là dessus, ça ne lui est jamais arrivé et ne se reproduira sans doute pas de si tôt :

Alors que nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de la capitale, la vie est paisible de ce coté du fleuve, c’est très agréable. Même les chiens sont relax, ils ne nous aboient pas dessus et ne nous voient d’ailleurs même pas. Les canards non plus, trop occupés à roupiller. Il y a des vaches placides devant nombre de maisons, ce ne sont pas des charolaises ni des limousines, mais elles sont belles aussi avec leurs grandes oreilles.

Les endroits que nous traversons sont très bien entretenus, malgré la modestie de l’habitat on voit que les habitants prennent soin des lieux. Nous admirons les vieilles maisons en bois colorées sur pilotis et les énormes jarres réserves d’eau autour des habitations.

Le vélo est utilisé pour les déplacements locaux, ainsi que pour certains visiteurs avec leur drôles de montures, malgré quelques passages un peu scabreux mais c’est ce qui arrive quand on aime sortir des sentiers battus. Et c’est d’ailleurs le seul moyen d’aller découvrir le vrai pays, pas seulement celui des cartes postales.

Demain nous prendrons un ferry pour arriver au centre de Phnom Penh, ce sera une toute ambiance, moins calme comme vous pouvez vous en douter.

8 Comments

  1. Encore un très beau reportage et des photos magnifiques de ce pays que nous venons juste de quitter ! Merci 🙏 et bonne continuation dans votre voyage !

  2. Salut les Cyclomigrateurs
    Ici Véro et Guy de CCI Rennes.
    En ce moment, nous sommes en plein dans la collecte et le tri des textes de la revue CCI ( https://www.cyclo-camping.international/fr ).
    Le fait de lire votre prose sympathique, et souvent amusante, et d’admirer vos superbes photos nous fait de belles récrés.
    Nous aimons beaucoup votre côté « chemins de traverses », vos photos des rencontres, et les petites notes sur la vie quotidienne du pays. Le contraste entre la pauvreté assez générale et la bonne humeur ressentie des cambodgiens + la richesse des couleurs (petites boutiques ambulantes, temples, villages flottants…) est assez marquant.
    Mais au fait, vous ne pourriez pas nous écrire un article « Sur la route » sur le Cambodge pour la revue Cyclo Camping International ?
    Bonne suite d’aventure !
    PS : Le festival CCI à Vincennes était super !

  3. Superbe cette découverte du Cambodge rural. Le vrai !
    Les gens sont souriants, comme dans bien des endroits « reculés » d’ailleurs. Il faut croire que c’est le caractère humain profond.
    Bonne route vers Phnom Penh qui nous réserve bien des surprises sans doute.
    Meilleures amitiés.

  4. Pays surprenant : je pense qu’il faut être né dans ce pays pour vivre avec ces « coutumes » et je pense que l’hygiène laisse à désiré. Vous arrivez à manger correctement ???
    C’est vraiment la misère en campagne …
    Bon courage, a bientôt de lire vos nouvelles découvertes.
    Amicalement
    Nicole T.

  5. Bonjour à Tout le Monde
    Insolite ces nouveaux chemins au delà des circuits touristiques ..ce qui domine c’est le sourire..Un merveilleux pays ..merci
    Bernard à Rochefort sur mer

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