Se loger pour pas trop cher à Cuba

Cuba est une destination plutôt coûteuse, surtout quand on voit le niveau de vie sur place. Pour se loger, car c’est le poste de dépenses le plus important, il y a cinq possibilités :

  • Les hôtels : Tous propriété de l’État, ils pratiquent des tarifs exorbitants (de 80 $ à 600 $). C’est le meilleur moyen de ne pas rencontrer les Cubains, en restant entre touristes. On n’a pas testé.
  • Les casas particular : Ce sont des chambres qui sont louées par des particuliers dans leur propre maison, le confort est souvent très correct et on est en relation avec les hôtes, même si ça demeure une prestation commerciale. On en a testé plein, on va détailler ça plus bas.
  • L’hébergement chez l’habitant, hors casa particular. C’est interdit, vous ne risquez rien mais vos hôtes pourraient être inquiétés. Cependant, s’ils vous le proposent spontanément, c’est qu’ils savent pouvoir le faire. Ça nous est arrivé quelques fois, c’est alors une expérience unique de partager le quotidien des Cubains.
  • Le camping et le bivouac : Il n’y a pas de camping au sens habituel du terme, les campismos (dont la plupart sont interdits aux étrangers) proposent des bungalows sommaires. Par contre, bivouaquer est tout à fait possible même si on entend parfois dire que c’est interdit. Il suffit de demander à la maison la plus proche, s’il y en a une, sinon la discrétion habituelle suffit. Il est fort probable que quelqu’un s’aperçoive de votre présence, ou même vous rende visite, ce qui est l’occasion de discuter un peu. Certains cyclistes ont roulé deux mois à Cuba en bivouaquant chaque nuit.
  • La prison. Mis à part la gratuité, à priori aucun avantage. On n’a pas testé.

Les casas particular

Nos conseils avisés pour un séjour réussi en casa :

  • Ne pas réserver. Même si on vous affirme le contraire, l’offre est tellement abondante que les hôtes se bousculent pour accueillir les clients. Il suffit de déambuler dans la rue pour repérer les enseignes bleues et frapper à la porte. D’autre part, réserver à l’avance vous fait perdre toute liberté dans votre voyage, quel dommage, et vous ne pouvez ni visiter (les photos sont parfois trompeuses) ni négocier.
  • Visiter. La maison peut avoir l’air jolie, il faut voir la chambre avant de se décider et même vérifier le confort du lit. Nous avons eu de rares fois des matelas défoncés sur lesquels on dormait tellement mal qu’on regrettait notre tente.
    Les chambres sont de facture très inégales, très spacieuses ou se limitant à un réduit. Nous avons refusé les chambres sans fenêtre, pas envie de dormir dans un placard ! Douche chaude ou froide, savon et PQ fourni ou pas, grand lit, petit lit, parfois deux lits petits ou grands, air conditionné ou non, ventilateur ou non, puces de lit ou non !
  • Négocier. En 2019, le tarif généralement demandé est de 25 $, voire plus. Sachant que c’est le salaire mensuel d’un Cubain, c’est considérable, même si l’état prélève sa commission dessus. Si vous indiquez d’emblée que votre budget de vous permet pas de dépasser 15 $, la plupart des hôtes acceptent, c’est déjà largement mieux que d’avoir une chambre inoccupée. Certains vous dirigeront vers une autre casa proche après avoir téléphoné au propriétaire.
    Certains loueurs incluent le petit déjeuner dans les 25 $, sinon ils le facturent souvent 5 $ par personne. Nous l’avons eu parfois à 4 $ sans rien demander. A vous de négocier au mieux. On a une fois obtenu 25 $ incluant le dîner, la chambre et le petit-déjeuner, sans même avoir besoin de négocier : Quand l’hôte a compris que si c’était trop cher on irait dormir sous notre tente, il a fait cette proposition  à condition qu’on ne dise pas aux autres combien on payait.
  • Ne pas payer plusieurs nuits d’avance. Simplement indiquer qu’on restera peut-être plus d’une nuit, mais attendre d’en avoir passé une pour s’assurer que le lieu convient, sinon il suffit d’aller un peu plus loin dans la rue.
  • Ne pas se fier aux recommandations. Souvent, votre hôte vous suggèrera une autre casa dans la ville où vous vous rendez. Attention fort sympathique mais pas toujours désintéressée. Il est de coutume à Cuba, quand un touriste se voit proposer de l’aide pour une recherche de logement, de rétribuer l’aidant sous forme de « commission ». La dite commission étant payée par celui qui va bénéficier des sous du touriste, ce qui réduit singulièrement vos chances d’obtenir un bon tarif parce qu’au bout du compte c’est toujours vous qui payez. De même, éviter tous les rabatteurs qui ne manquent pas de vous proposer la maison de leur soi-disant soeur ou cousine, ils prennent leur commission.

L’état cubain a décidé de stopper les autorisations d’ouverture de nouvelles casas afin de rediriger les touristes vers les hôtels, ça rapporte plus.

Plein d’expériences satisfaisantes

Dans l’ensemble, nous avons été satisfaits de nos nuits en casa particular. Bon accueil, propreté, rien à redire. A part le bivouac, c’est la meilleure solution.

Quelques hôtes essaient de truander un peu, mais c’est leur problème et non le notre. Notamment ceux qui n’enregistrent pas le montant de la nuitée demandé, mais le minorent en le notant sur leur registre. Normalement nous ne devons pas entrer dans une chambre sans avoir au préalable présenté nos passeports et signé le registre., mais bien souvent nous ne l’avons signé que le lendemain, ou même pas signé du tout. Conclusion : c’est tout bénéfice pour le logeur qui ne déclare rien à l’administration et par conséquent ne paye pas de taxe sur son chiffre d’affaire. Si un contrôle a lieu ce n’est pas le client qui est en faute, c’est son logeur qui risque de se prendre une amende de  2 000 $, une somme astronomique ! Si ce n’est l’annulation pure et simple de sa licence, à moins qu’il n’ait des appuis bien placés dans l’Administration…

Une expérience décevante

La maison de Lizandra est une maison coloniale qui a été rénovée et agrandie. Lizandra est architecte et nous loue 25 $ (CUC) la nuit sans le petit déjeuner. Souvent le prix des petits déjeuner demandé est de 5 CUC, ce qui est beaucoup pour un jus de fruit, un ou deux oeufs, quelques tranches de pain, souvent dur.

Normalement, quand on reste plusieurs nuits, le ménage est fait, donc la poubelle des toilettes est vidée (Il faut savoir qu’à Cuba, mais comme dans d’autres pays finalement, il est déconseillé de jeter le PQ dans la cuvette au risque de la boucher), les serviettes changées et lit fait, voire même draps changés au bout de 2 nuits.

Chez Lizandra nous n’avons rien eu de tout cela et c’est bien dommage parce que la maison était sympa avec une entrée indépendante, une cour intérieure et une terrasse. Nous y sommes restés 5 nuits, ce qui fait que cette chère Lizandra a gentiment encaissé nos 125 CUC avec un large sourire. Le salaire moyen à Cuba est de 20 CUC plafonnant à 50. Nous n’avons pas pris de petit déjeuner chez elle. Le drap de notre lit était troué, mais bon passons, nous ne sommes pas « bégueules ».  Par contre la poubelle et le ménage de la salle de bain n’a pas été fait durant notre séjour, la petite poubelle de PQ usagé s’est donc remplie. Quand au 3 ème jour nous avons demandé à ce que ce soit fait, elle nous a répondu que sa femme de ménage ne travaillait pas le dimanche ! Ben oui, nous étions dimanche…. mais Lizandra ne travaille pas non plus le dimanche, même pour 25 CUC par jour elle ne met pas ses petites mains à faire les corvées réservées à la femme de ménage, elle est architecte ne l’oublions pas ! Ça a passablement irrité dame Irène qui a trouvé qu’elle exagérait quand même un peu. Alors sans rien demander à personne, nous avons utilisé la seconde salle de bain attribuée à une autre chambre se trouvant sur le pallier (nous étions les seuls clients). Comble de l’irritation nous avons demandé notre petit déjeuner à 6h00 comme nous l’avions fait dans d’autres casas pour pouvoir partir juste avec le lever du jour ; horaire tout à fait correct pour les cubains qui se lèvent tôt. Lizandra a fait la grimace, c’était trop tôt (sa femme de ménage n’arrive qu’à 7h00). Alors nous lui demandons 4 petits sandwichs (2 pour le petit déjeuner, 2 pour le pic pic) , Lizandra est décidément près de ses sous puisqu’elle va nous les faire payer 2 CUC, il n’y a pas de petit profit n’est ce pas ?

Ne croyez pas que nous avons la dent dure contre cette personne, ou que nous soyons « grippe sous », loin de là, nous ne sommes pas « chiens » quand l’occasion se présente, et croyez nous, elle se présente souvent. Mais là franchement cette jeune femme est un exemple de ce que devient la classe moyenne cubaine : Cupide et avide d’argent facilement gagné. Cette jeune femme fait partie d’une tranche de population qui possède sa maison et a les moyens de mettre plusieurs chambres à disposition. C’est loin d’être le cas de la majorité des cubains. Ce qui choque est que la différence de niveau de vie s’accentue maintenant créant des jalousies, y compris entre loueurs qui se disputent le client (nous en avons fait les frais une fois). Les propriétaires emploient parfois des femmes de ménage, quand il y a plusieurs chambres, le maximum étant de 5 autorisées. Femmes ou hommes de ménage ne sont pas toujours payés correctement (d’après des témoignages concrets).

Quelques expériences mémorables

En dehors de ces logements officiels pour touristes nous avons eu la chance d’être hébergés aussi chez des gens n’ayant aucune autorisation. Nous avons donc pu constater de visu que l’état de leurs habitations relevait plus souvent de ce que l’on pourrait considérer chez nous comme un « squat » ou d’une cabane aménagée de façon précaire, pas d’eau courante, on utilise le seau y compris pour évacuer ce que l’on a déposé dans les WC. La douche au broc, les coupures d’électricité, pas ou peu de meubles ; les vêtements sont entassés sur des caisses ou des étagères comme ça peut. L’espace cuisine réduit à un réchaud et à deux ou trois casseroles, pas de réserves alimentaires. Nous avons vu des enfants partir à l’école sans avoir pris de petit déjeuner (nous non plus !).

Alors on rage un peu et on conteste quand une logeuse nous affirme qu’à Cuba « Tout le monde est égal » alors qu’elle loue plusieurs chambres et que les touristes lui offrent leurs vêtements qu’ils ne veulent plus (ou qu’elle leur a demandé).

La casa verte

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