La Cantabrie en direct

Tadaaaa ! C’est une grande première, ça n’a jamais dû arriver depuis cinq ans : Nous sommes à jour sur le blog !
Ce lundi 15 avril 2019 sera à marquer d’une pierre blanche, nous avons rattrapé les deux à trois semaines de décalage habituel. Ça ne s’est pas fait sans peine, un jour on vous racontera comment on s’y prend pour vous fournir depuis plus de cinq ans ce récit « passionnant » qui tient plus de 700 lecteurs en haleine (fraiche).


Le passage des Asturies en Cantabrie se fait en douceur, à tel point qu’on ne s’en est pas rendus compte si ce n’est que les montées ont été moins abruptes. Ce n’est pas comme quand on arrive en Bretagne où tout est différent (et mieux) qu’ailleurs.

Les montagnes sont plus douces qu’en Asturies, les paysages plus ronds, les vaches encore plus paisibles, les moutons plus touffus, même la cuisine diffère comme on va s’en rendre compte durant notre séjour. La route 634 nous mène vers la petite ville de Colombres qui marque la frontière entre les Asturies et la Cantabrie. Elle abrite un musée à la mémoire des « Indianos » : 1 million d’Asturiens sont partis faire fortune aux « Amériques ».

Los indianos

Un Indiano est un colon espagnol qui partait en Amérique espagnole et en revenait riche. Le terme s'étend aux descendants de ces colons. Au XVIe siècle, nombre de régions côtières espagnoles virent une émigration de leurs jeunes vers l’Amérique latine en espérant y faire fortune. Si certains en revinrent riches, ce ne fut pas le cas de la majeure partie mais au moins ils purent fuir la misère de l'Espagne.

La magnifique bâtisse bleue qui abrite « l’Indiano Archive Fondation » à Colombres est très intéressante à visiter. On y fait un peu un voyage dans le temps, qui nous ramène à Cuba, au Mexique, en Argentine (où nous ne sommes pas « encore » allés) et autres anciennes colonies espagnoles. Dommage que rien ne soit traduit en anglais, hispanophobes s’abstenir ; néanmoins une page d’histoire espagnole fort intéressante à découvrir.

Il y a partout dans le pays de ces magnifiques demeures, certaines sont malheureusement abandonnées, les descendants n’ayant peut-être pas les moyens de les entretenir. Celles qui sont bien conservées appartiennent souvent à de riches familles, lesquelles ne les habitent parfois que quelques semaines par an.

San Vincente de la Barqua

 

Le Mexique a inventé le concept de Pueblos magicos, si elle s’y trouvait cette ville de San Vincente de la Barquera mériterait sans aucun doute ce label. Avant même d’y arriver on est séduits par le spectacle visible du haut de la colline, l’église de « Notre Dame des anges » N.D de Los Angeles bâtie sur un promontoire, l’embouchure de la rivière avec les petits bateaux gisant sur le sable durant la marée basse, puis le beau pont de pierres qui permet d’atteindre la vieille ville au pied de la citadelle.

L’ancienne cité est restée remarquablement préservée derrière ses remparts, avec une église romane d’où la vue est panoramique, ainsi qu’une citadelle qui surplombe également les alentours et abrite désormais un musée. Comme souvent en Espagne, les horaires de visite sont assez bizarres, on a du s’y reprendre à deux fois pour réussir à entrer dans la citadelle, quant à l’église on n’a pas réussi malgré trois tentatives : la dernière eut pu être la bonne si un enterrement intempestif n’y avait eu lieu, du coup on ne saura jamais si l’intérieur est à la hauteur de l’extérieur.

Du haut des remparts de la citadelle on a tout le loisir d’admirer le panorama qui s’offre à nous. Les toits de tuiles rouges sont superbes. Tenaces, les fleurs poussent à même la muraille. A la fois une vue sur les collines environnantes, sur l’entrée de la baie et le pont qui relie la ville à l’estuaire voisin. Nous restons là haut un sacré bon moment, à la fois pour s’imprimer des lieux et emmagasiner de beaux clichés.

 

On a une vue imprenable sur le port de pêche bien actif, avec ses bateaux qui rentrent suivis par une nuée de mouettes qui savent bien où se trouve la pitance. Quand on va descendre le voir de plus près ce sera pour y découvrir des équipements très modernes, avec les ateliers de préparation du poisson d’où ressortent les caisses prêtes à l’expédition.

On reste deux jours dans cette ville, ce qui est juste bien pour en profiter et voir l’essentiel car ce n’est tout de même pas bien grand.

Santillana del Mar, divine surprise

Depuis quelque temps nous devons composer avec une météo parfois souvent maussade, qui n’est pas sans rappeler la Bretagne. C’est le cas ce matin quand nous prenons la route sous une pluie fine pour Cabezon de la Sal. Alors on fait avec mais quand ça tombe trop dru on s’abrite. C’est le cas ce midi où on trouve refuge dans un café  le temps que la pluie ait fini son oeuvre et de bouloter des calamars frits avec des frites et de la mayonnaise !!!! No Comment ….
Plus tard ce sera le pont de chemin de fer de la gare de San Isabel de Quijas qui va nous servir d’abri. Un promeneur nous explique pourquoi la petite route que nous avons empruntée est toute dévastée, ainsi que le pont de pierres moyenâgeux que nous devrons traverser malgré son état précaire ; quelques jours avant, le petit ruisseau que nous voyons en bas s’est transformé en énorme torrent charriant des arbres arrachés de ses berges et détruisant tout sur son passage, les arbres restant bloqués sous les arches du pont, l’eau a allègrement débordé. Cette région est très pluvieuse, ce qui a entrainé des chutes de neige récemment et la fonte a gonflé les cours d’eau.

La ville de Santillana est si réputée qu’elle voit passer des visiteurs du monde entier, nous ne le savions pas, d’où l’agréable surprise. D’autant plus qu’il n’y a quasiment personne dans les rues, lesquelles sont quasiment entièrement piétonnes pavées de pierres rondes formant des figures géométriques. Ce sera bien différent la semaine prochaine, puisque ce sera la semaine sainte, qui a en Espagne une grande importance.

A chaque coin de rue c’est l’émerveillement, les exclamations, c’est magnifique !

Il y a un bon équilibre dans cette cité médiévale : Ce n’est pas du tout une ville-musée, tout est habité et les gens peuvent amener leur voiture le temps de charger et décharger, les commerces ont des enseignes discrètes et n’empiètent pas sur l’espace public, les façades sont en très bon état et visiblement bien entretenues. Seuls quelques édifices sont à l’abandon, c’est d’autant plus curieux que tout le reste est superbe.

Là encore, on reste deux nuits. Car lorsque nous arrivons il pleut et on se dit que ce serait dommage de ne pas revoir toutes ces belles bâtisses sous le soleil, mais également parce qu’on voudrait visiter les « vraies » grottes d’Altamira. Curieusement, alors que le lendemain est ensoleillé il y a encore moins de touristes, c’est bien pratique pour prendre des photos. Nous sommes tombés sous le charme de cette cité.

Visite grottesque

A deux kilomètres de Santillana se trouve la célèbre grotte Altamira, découverte en 1879, qui renferme l’un des ensembles picturaux les plus importants de la Préhistoire. Les peintures rupestres datant de 15 000 ans sont stupéfiantes, on n’imaginait pas un tel degré de sophistication en des temps si lointains. Nous nous y rendons à pieds de bon matin en suivant une route entre les collines verdoyantes. Il se dégage de ces paysages un charme indéniable. La ville médiévale est en partie dissimulée par des bouquets d’arbres, un ancien ermitage se dessine au milieu des prairies, les oies bien grasses prennent leur bain matinal.

Le problème, comme à Lascaux, est que l’affluence du public a modifié les conditions de la grotte en entrainant des dégradations irréversibles, alors elle a été fermée au public et on en visite une réplique. C’est très bien fait, il n’y a rien à redire, mais ce n’est tout de même pas pareil. Nous sommes vendredi, jour où il est possible de visiter la vraie grotte si on a la chance d’être tiré au sort car il n’y a que cinq heureux élus ; nous n’avons pas cette chance, et nous n’allons pas revenir tous les vendredis pour réessayer, d’autres endroits nous attendent.

Continuons donc la route cantabrienne, laquelle réserve encore de bien beaux points de vue, notamment une zone de dunes et de collines du plus bel effet. Avec derrière nous les monts enneigés, il y a pire comme endroit. Nous quittons la campagne pour retrouver la mer à la faveur de collines à franchir : les paysages côtiers maritimes se méritent.

Francisco

Arrivés en haut d’une montée, un type se précipite pour nous tendre deux cannettes de boisson. C’est Francisco qui nous souhaite la bienvenue avec un sourire jusqu’aux oreilles, il nous a repéré au rond point d’en bas, ça nous rappelle des scènes similaires au Japon. Sauf que là le contexte est bien différent, Francisco travaille pour une association qui aide les gens à sortir de leurs addictions, essentiellement la drogue et l’alcool ; ils ont des maisons pour accueillir les personnes et les héberger le temps qu’ils soient tirés d’affaire. Francisco lui-même a vécu dans la rue et est aujourd’hui heureux d’aider à son tour.

Santander

La capitale de la Cantabrie cache bien son jeu. Derrière des banlieues sans intérêt et des activités industrielles se cache un centre ville avec peu de bâtiments vraiment anciens à cause d’un incendie qui a dévasté la ville en 1941, à l’exception notable de la cathédrale et de la poste. En fait, ses atouts tiennent à sa situation géographique sur une magnifique baie, avec des plages à tout va et la belle presqu’île de Magdalena qui abritait autrefois une résidence royale aujourd’hui restituée au public. C’est un régal de se balader sur ce front de mer long de plusieurs kilomètres le long duquel on ne risque pas de s’ennuyer tant il y a à voir, tant coté plages que coté ville.

La cathédrale que nous réussissons à visiter in extremis avant que les lumières ne s’éteignent (comme dans les supermarchés pour inciter les clients à passer en caisse) est remarquable, il eut été fort dommage qu’elle ne résiste à l’incendie.
L’actualité quelques heures après que nous ayons rédigé ceci est cruelle, avec l’incendie de la cathédrale de Paris. Sinistre coïncidence.

Dans l’ensemble, l’architecture issue de la reconstruction de la ville n’a rien de folichon, heureusement que certains beaux bâtiments agrémentent l’ensemble, ainsi qu’évidemment les grandioses maisons des indianos. Il semble que les architectes espagnols contemporains ne fassent guère preuve d’audace, excepté ici pour un palais des festivals particulièrement massif et un centre d’art contemporain heureusement plus réussi. A ce sujet, on ne peut que penser au musée Guggenheim de Bilbao qui n’est plus bien loin maintenant, mais c’est une autre histoire…

Les processions

La semaine sainte, c’est quelque chose en Espagne ! Chaque jour des processions avec un cérémonial, des costumes et des musiques (si on peut appeler ça comme ça) assez bizarres. Faces de carême cachées sous des cagoules style Ku Klux Klan (mais sans amidon, la pointe pendouille lamentablement), roulements de tambours entêtants, encens, tout un folklore.

Le lendemain, autre procession avec au moins autant de tambours mais c’est moins glauque, les participants ne sont pas masqués et ce sont essentiellement des enfants. Il existe une multitude de confréries espagnoles qui vont déambuler dans les villes et porter les icônes religieuses à travers les rues à l’occasion des fêtes de Pâques. Il paraît que c’est en Andalousie que les fêtes de la semaine sainte sont les plus belles, mince on en est loin !

Une famille en or

Si nous avons autant apprécié notre séjour à Santander, c’est grâce à Mary et Flo, « couchsurfeurs » qui nous ont accueillis avec une gentillesse incroyable. Français expatriés depuis six mois, ils connaissent les bons endroits et savent faire découvrir leur ville avec entrain et Oscar, leur bambin de deux ans.

Evidemment, ça c’est terminé par un essai (nocturne) des vélos couchés et, si on en juge à la bouille réjouie de Flo, le concept a bien plu ; Mary, qui n’était pas bien chaude au départ, s’est fort bien débrouillée aussi. Ne reste plus qu’à convaincre Oscar, mais il a déjà sa chariotte alors ça va le faire. Merci à vous quatre (en incluant Roger le chat).


C’en est fini de la Cantabrie jolie, le Pays Basque est à portée de roues. A très très bientôt !

5 Comments

  1. Belle balade, d’Asturies en Cantabrie nous visitons le Nord de l’Espagne, ses charmants paysages et ses beaux édifices. D’ici nous humons déjà l’odeur délicieuse des calamars frits…

    Comme vous l’avez dit (toujours à la pointe de l’info), chez nous aussi le feu a sévit et détruit cette nuit Notre Dame de Paris. Un drame immense. Mais espérons que le monde saura se mobiliser autour d’elle pour faire cause commune…

    Nous avons hâte de découvrir le Pays Basque, alors
    Bon voyage à vous et Bonnes Pâques.

  2. Bonsoir…très surpris de voir les différents paysages sur une distance relativement courte!Pour Notre Dame … c’est attristant…au niveau du patrimoine! mais avec un peu de temps et de grandes volontés…Je suis aussi touché car j’y étais il y a une semaine..et on ne s’apercevait pas qu’i y avait des travaux!!à suivre

  3. Bonjour, je suis très intéressé par votre blog, après avoir discuté quelques minutes avec vous pendant ma pause café à Santander ! Toujours heureux de retrouver des Bretons dans le monde entier !

  4. Quelle tristesse de voir ce chef d’œuvre français disparaître en partie par les flammes. Il n’y a pas eu « mort d’homme », piètre consolation.
    Joyeuses Pâques en Espagne, pour moi c’est dans le Berry !!! et oui…
    Bises amicales. Mamie Nicole

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