Cap sur les tribulations

Préparez vos mouchoirs, serviettes, éponges et serpillères, ça va mouiller, tremper, inonder !


5 jours en voiture pour aller plus vite, plus loin, plus haut !!!

Un des avantages d’être motorisé c’est qu’on peut se permettre d’aller explorer les petites routes en cul de sac qui mènent aux plages, et ça c’est hyper cool parce qu’on en découvre des petits bijoux  bordés de mangroves, où poussent notamment les paperbark, ces grands eucalyptus Melaleuca (ou Niaouli) dont l’écorce du tronc se détache sous forme de bandes qui ressemblent à du papier.

La route est particulièrement agréable, et bien pentue aussi mais en voiture ça ne se ressent pas, c’est reposant pour nous.

Les crocos

C’est ainsi que nous arrivons à Wonga pour une pause pic nic. On observe un couple qui va se baigner jusqu’au genoux, heu…. On y va aussi ? On peut dire que c’est hyper tentant, il fait chaud, la mer est bleue mais pourtant quelque chose nous retient, ben oui souvenez-vous, il y a des avertissements nombreux en anglais Warning, et en allemand Achtung (pas en français). Si on ne comprend pas Shackespeare ou Goethe, il y a les dessins explicites d’un nageur et d’un crocodile…. Alors non décidément, pas envie de tenter la bébête !

On n’espère pourtant pas que ces deux là se fassent bouffer pour confirmer la présence de ces monstres affamés, mais néanmoins, un petit coup de dent, juste pour les égratigner, leur remettrait les idées en place ! Sans compter que si les crocos ne viennent pas vous taquiner, ce sont les méduses qui pourraient s’en charger, c’est moins mortel mais ça arrive quand même, les bouteilles de vinaigre mises à disposition ne suffisant pas à supprimer l’extrême douleur qui peut conduire à un arrêt cardiaque. Charmant…

Irène, qui a ramassé de drôles de cosses et de fruits bizarres s’en va demander  leur avis à deux hommes qui font une pause. Ces deux là travaillent sur les lignes électriques, ils nous apprennent plein de choses sur la région mais n’y connaissent rien en bogues et en fruits secs !
Par contre ils nous communiquent une information toute fraiche, et pas des moindres : la veille au soir sur la plage voisine, une femme de 46 ans a été emportée par un crocodile alors qu’elle se baignait en compagnie d’une amie d’enfance. Il faisait nuit, il était 22:30… On avait bien remarqué les nombreuses voitures de police ce matin sur la route, en fait tout le voisinage est à la recherche des « restes » possibles de la nageuse. Les journaux nous apprendront plus tard qu’il s’agit d’une touriste australienne de Brisbane.

Wahou…. Incroyable, horreur et frissons, voilà bien qui nous confirme qu’il est risqué d’aller tremper ses orteils dans la Grande Bleue. Les accidents de ce genre se produisent environ deux fois par an et sont dus bien sûr à des imprudences.
Surtout ne vous alarmez pas, on vous promet de ne pas être digérés par un crocodile !!!

Bon ben puisqu’il y des des « sacs à mains » dans le coin on va aller vers le petit village de Daintree dans le « Daintree National Park »  où passe la rivière du même nom et s’embarquer sur un bateau à la recherche de ces foutues bestioles. Et on va en découvrir deux beaux spécimens grandeur nature, dont une femelle qui s’éloigne pour nous attirer loin de son petit étalé comme un gros lézard sur un tronc d’arbre, la gueule déjà grande ouverte, il imite bien sa maman prêt à enfoncer ses petites dents blanches sur qui passe à sa portée, charmant bambins !

On s’arrête casser la croûte dans ce tout petit village pittoresque, et on sort les appareils photos pour essayer de figer ces magnifiques grands papillons aux ailes bleues fluo, emblèmes du Queensland (voilà une activité moins dangereuse) : les Ulysses (ou Blue Mountain). C’est l’après-midi, et c’est la pleine heure de sortie pour ces graciles insectes butineurs et leurs copains aux ailes vertes et jaunes, les Birdwing. Vous avez déjà essayé de photographier un papillon ? Ca bouge tout le temps ces machins là, 2 secondes sur la fleur ci, deux secondes sur la fleur là qui semble plus appétissante. On comprend mieux le sens de papillonner. Ils s’en donnent à coeur joie, eux !!!

Les tribulations

Bon c’est pas le tout mais Cape Tribulations nous attend. C’est quoi cet endroit, tout le monde en parle ?
C’est une bande de terre située à l’extrême nord du Queensland et à environ 110 km au nord ouest de Cairns, d’où nous venons. C’est le lieu où, en juin  1770, s’échoua sur un récif  l’Endeavour, le navire du capitaine Cook, sujet de sa gracieuse majesté (il n’était d’ailleurs pas capitaine à l’époque, mais lieutenant). Cape Tribulation évoque les tribulations et souffrances de l’équipage dans cette contrée sauvage. Le nom Aborigène est Kulku, le peuple Kukuyalang y habitait depuis des milliers d’années, ce qui n’a pas empêché Cook de s’approprier le lieu au nom de la Couronne.

Pour accéder à Cape Tribulation, qui fait partie du Daintree National Park, classé au patrimoine mondial, il nous faut traverser la rivière sur un bac tiré par des câbles. Une dizaine de voitures à chaque passage. Nous voilà donc sains et saufs  au coeur de la Rain Forest. Plus de 17000 ha de forêt humide.

Le bac sur la Dentree River
Le bac sur la Dentree River

Cette Rain Forest est la plus vielle forêt tropicale en continu de la planète existant depuis 120 millions d’années. Les Rain Forests recouvraient autrefois toute l’Australie. Ben ça a bien changé depuis tout ce temps !
Nous voilà donc partis sous la voûte des arbres sillonnant sur la seule route « roulable » avec notre petite voiture. Le moins qu’on puisse dire c’est que la végétation est bien dense, pas moyen de s’aventurer en dehors des pistes fléchées. Il y fait sombre, humide et chaud. Nous retrouvons le soleil à la faveur des clairières, évidemment c’est bien isolé comme endroit en dehors de quelques cafés, restos, campings et autres habitations disséminées ca et là le long de la route. Le hameau de Cape Tribulation ne compte qu’une centaine d’habitants, bien paumés au bout de cette  route tortueuse.Route très étroite

Une nuit mémorable

Nous décidons de pousser (si on peut dire) sur le camp site auto géré de  Noah’s beach. Évidemment, comme quand on est à vélo on n’a rien réservé. Sur une quinzaine de places il n’y en a deux inoccupées. La nuit commence à tomber alors on s’octroie la plus grande place des deux, c’est qu’il nous faut un peu plus d’espace qu’avec deux vélos !
On entend les vagues derrière la barrière d’arbres et de végétation, on va pouvoir y accéder par un petit sentier. Irène n’est pas trop d’accord pour rester là, « – et si nous sommes sur la place de quelqu’un qui a réservé ? »
Mais bon, la nuit tombe, le prochain camping est a une dizaine de kilomètres et on n’a pas envie de conduire de nuit.  « -Et puis à cette heure ci il ne va plus venir personne ». Ça c’est Joël.
On prépare une méga-omelette aux oignons, poivrons, tomates et on s’apprête à y faire un sort quand, horreur, malheur, une voiture avec deux passagères arrivent qui revendiquent la place, réservée bien sur ! Alors là on n’est pas bien du tout, y’a plus de place parce que l’autre qui était libre à notre arrivée ne l’est plus, des petits malins s’y sont déjà installés. On d’épique la tente en vitesse, posons notre omelette sur la plage arrière de la voiture et Joël s’en va roder à la lampe frontale voir si des fois on ne pourrait pas être accueillis sur l’emplacement de gentils campeurs ! Il revient au bout d’un sacré bout de temps (l’omelette est froide), faut dire que ce camp s’étale sur une bande de plusieurs centaines de mètres entre la route et la plage. On pose la tente et ses couchages restés à  l’intérieur sur le toit de la voiture et allons rejoindre un petit couple canado-écossais qui nous reçoivent avec plaisir.

Allez hop on replante la tente à la lampe frontale et c’est parti pour une bonne nuit. Et Irène qui n’a pas digéré son omelette froide  » – Je te l’avais bien dit que quelqu’un pouvait arriver » !!! Ambiance…

Mais il était écrit que rien ne devait vraiment se passer comme prévu, donc les péripéties continuent : Voilà t’y pas qu’au milieu de la nuit la pluie se met à tomber abondamment, puis à redoubler d’intensité au point qu’on se demande si ça n’est pas la fin du monde, on va se retrouver à la mer, qui sait ?
On entend notre voisine de tente qui pousse un cri, ça à l’air de s’agiter la dedans, ca doit prendre l’eau sans doute.
On se rendort comme on peut en ayant vérifié que la nôtre, de tente, tient bien le coup.
Irène qui ne dort que d’un oeil trouve que le bruit que fait la pluie en tombant n’est pas le même qu’au début, évidemment toute cette eau ça donne envie de faire pipi, alors quand elle ouvre la tente ce n’est plus un tapis de
feuilles mortes qu’elle voit sous ses sandales mais une belle mare de 10 cm de profondeur, jusqu’aux chevilles !!! Y’a pas à hésiter faut sortir. Ayant fait ce qu’elle a à faire elle revient et plie ses gaules, c’est à dire son couchage et ses petites affaires  et va se réfugier dans la voiture.

Pendant ce temps là, Joël, imperturbable continue de ronfler dormir.
Mais voilà  qu’Irène revient, le tirant des bras de Morphée, ben oui Irène n’était plus là ! Affolée, grinçant des dents, marmonnant, pas trop fort cependant pour ne pas effrayer les voisins. La voiture est inondée, y’a de l’eau partout, les sièges sont imbibés, what happens ? C’est juste que Joël (encore lui) a pensé à laisser les vitres entrouvertes la veille au soir parce qu’il faisait trop chaud !!!
« – Mais qu’est ce qu’on s’en fout qu’il fasse trop chaud dans une voiture la nuit, on dort dans la tente non ? »
Joël vient de décrocher le pompon ou la queue du singe, comme vous voudrez !!!
Opération éponge, pliage de la tente les pieds et le reste dans l’eau qui a envahi tout le sous-bois. Nous avons sauvé nos couchages de la noyade, c’est pas mal, bravo Hillberg.

On va quand même voir à quoi elle ressemble cette plage. Le chemin qui y mène est bien évidemment inondé, nous ne sommes plus à cela près et c’est en pataugeant qu’on se retrouve enfin sur le sable et là  c’est tout simplement beau, c’est sauvage, le mauvais temps s’est calmé mais la mer reste agitée (comme Irène au réveil) on profite de ce paysage seuls au monde, les campeurs ont pratiquement tous fuit les lieux en embarquant leur barda !

Après ce déluge, la route n’en est que plus compliquée mais le traffic est minime, donc ça se fait bien, il suffit d’éviter les obstacles.

La Rain Forest

Après toute cette pluie, après tout logique dans une Rain Forest, même en saison sèche, c’est un enchantement de parcourir cette forêt tropicale ; le taux d’humidité est évidemment très élevé mais comme la lumière du soleil ne parvient pas jusqu’au sol, la température demeure supportable. Les plantes et arbres font preuve d’une ingéniosité sans limites pour se frayer un chemin vers la lumière, question de survie.

On en apprend beaucoup à ce sujet en parcourant le Jinbalba Board Walk, un endroit où on peut voir la forêt en surplombant la canopée. La variété végétale est impressionnante, notamment grâce aux animaux qui transportent les graines, c’est un écosystème très complexe et efficace puisque ça fait des milliers d’années qu’il fonctionne.

Vraiment, ça valait le coup de pousser jusqu’à Cairns : Aucun regret, bien au contraire.


possums

La réponse à la question posée dans l’article précédent est… C’est un Ringtail Possum. C’est un animal commun, ne craignant pas la compagnie des hommes. On peut le voir dans les jardins la nuit (où il dévore fleurs et fruits), sur les pylônes électriques et il peut même s’installer dans les greniers des maisons.

Il vit généralement en groupe formé d’un mâle, d’une ou deux femelles et de deux générations de petits (Ça va encore donner des idées à certain(e)s). La femelle donne naissance à deux jeunes qu’elle garde dans sa poche marsupiale pendant quatre mois avant de les porter accrochés sur son dos. C’est la seule espèce de possums où le mâle porte ses petits lorsque la femelle va se nourrir. Les petits resteront avec leurs parents jusqu’à dix-huit ans mois, âge auquel ils atteignent leur maturité sexuelle et quittent leurs parents pour fonder leur famille.

Vous en apprenez des choses avec nous, n’est-ce pas ? (et nous aussi !)

11 Comments

  1. Coucou …..ça commençait a manqué vos aventures , celle qui arrivent qu’a vous !!! Moi on m’appelle la poisse , mais je pense pas etre la seule finalement on a un point commun ….lol ….ma fille a passée 3 mois début 2010 dans ce coin …….. Elle a pas campée , pas pris la place d’autre ….lol …. Quand je vous lis je me crois dans un film , d’ailleurs vous pourriez en faire un au retour …… il serait comique , on a bien besoin de ça en ce moment en france  » rire » ….. Allez la suite svp …..lol …… Bisous a vous 2 Lili

  2. Hello, c’est toujours avec grand plaisir que je suis vos aventures tellement bien racontées. On ne s’ennuie pas et on découvre des coins d’Australie que l’on n’imagine pas. Séchez vous bien et bonne continuation. Amicalement, Sylvie

  3. Y a pas qu’en Australie que la tente se transforme en bateau!!! A Fouenant nous avons migre dans un bungalow car quand Laurence est sortie de la partie « chambre » de la tente ça a fait « SPLASH! »!!! Et j’ai entendu un gros mot!!!
    Toujours du plaisir à lire vos exploits !!

  4. Ah, Superbe voyage que nous faisons grâce à vous. Nous avons de la chance d’avoir de tels guides qui ne reculent devant rien…

    Héhé, mais j’aimerais bien visiter Cap Yorke, histoire de voir à quoi ressemble le bout du bout. Vous voulez-bien nous y emmener ?

    On vous suit. Bises à vous

    • Ben tiens, pourquoi pas ? Sauf qu’il faut un 4×4 et nos vélos ne sont que des 2×2 (quand on les pousse). Avec deux vélos jumelés ça ne le ferait pas non plus, inutile d’insister.

  5. l’Australie toujours surprenante,captivante,émouvante ..vraiment une Terre d’aventure oû il faut savoir mettre les pieds!Hi
    On a soif de connaître la suite…bonne route

  6. Bah oui, dans Australie, Il y a EAU, RALE (pour Irène), LIT… C’était écrit!
    On compatit car dans les Yvelines, je ne me souviens pas avoir vu autant de pluie en mai et juin. Impossible de faire le jardin et ceux qui l’avaient commencé n’ont plus qu’à le refaire …. à condition que la pluie s’arrête, ce qui n’est pas encore au programme des prévisions météo
    Limaces et escargots sont à la fête…
    Merci pour vos récits qui ne manquent pas d’humour et de poésie!

  7. OUF ! Vous avez echappe aux monstres tapis dans les eaux, aux inondations…fait la chasse photographique aux papillons, nous voila rassures et emerveilles par vos aventures
    bises a vous deux…qui avez parfois l’ air de véritables rescapés

  8. Je suis contente j’avais donné le nom mais sans préciser « ringtail » pas grave il n’y a rien à gagner.
    Pur les averses nous somme servis aussi en bretagne alors, pourquoi aller si loin.
    Au plaisir de vous lire.

  9. Que de péripéties ! Je vous ai lu dans le train 🚃 ce matin . Je rigolais toute seule !!! Ca donne du punch pour aller bosser. Profitez bien et continuer a nous faire rêver . Avez vous reçu mon mail avec les photos ? Bises a tous les deux.

  10. Nous apprécions vos récits et votre plume.
    Nous essayons de lire régulièrement vos aventures, qui pour certaines nous rappelle celles que nous vivons sur notre périple à vélo, même si nous sommes dans des pays moins exotiques. Nous sommes actuellement en Grèce. Valérie et Joël de Laval.

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