Container City

Suite aux tremblements de terre de 2010 et de 2011, la ville de Christchurch a subi des dégâts considérables. Six ans plus tard, c’est toujours une immense chantier, avec ses immeubles anciens consolidés, de nouveaux en construction, et surtout de très nombreux emplacements vides où se situaient les bâtiments qui ont dû être rasés. D’où la prolifération de containers, comme vous allez le voir. Une ville qui panse ses plaies béantes.


Mais d’abord comment sommes nous arrivés là ? Nous sommes partis de Lake Tekapo en car pour rejoindre Christchurch car le parcours est long (220 km, 3 heures de bus ou 3 à 4 jours de vélo), on préfère garder des jours de pédalage pour d’autres endroits. Il est bien rempli ce car, un autre cycliste attend aussi pour charger sa monture, mais pas de problème, ça rentre dans les soutes. Le chauffeur est gentil.
Au début, la route est magnifique avec de nombreux passages de cols, puis c’est la longue plaine et enfin l’arrivée à Christchurch à la nuit tombée. Nous logeons dans un chouette BBH (Chester Street), c’est une vieille maison avec un grand salon, une cuisine bien équipée, occupée par une joyeuse équipe de woofers et de backpackers d’origine anglaise et allemande. Notre chambre est au fond du jardin, on y est bien.

Le chantier

Dès notre première sortie en ville, nous sommes frappés par l’ampleur des dégâts, de nombreux bâtiments et maisons de caractère sont soutenus par des renforts, d’autres sont partiellement effondrés. 6 ans après la catastrophe la ville met du temps à cicatriser ses plaies. Un travail, titanesque dont on a l’impression qu’elle  n’en verra jamais le bout, les terrains vagues, entre deux chantiers ou des pans de murs près à s’écrouler sont protégés par des barrières de sécurité.

1 500 bâtiments du centre-ville ont été détruits dont 220 bâtiments patrimoniaux  soit 80% du CBD (Central Business district) parti en poussière. Environ 12 500 habitations détruites ou sérieusement endommagées… Les habitants ont d’ailleurs fuit le centre ville. Il est étonnant de se promener dans les rues de cette ville et d’y constater le manque de présence humaine, pas de quartier vivant la nuit, où sont ils donc partis les habitants ? Difficile d’y trouver un magasin d’alimentation ou un bar ouvert. Peut être qu’en périphérie il y a plus d’animation, peut être que d’autres quartiers ont émergés de ce chaos mais pas dans le centre ville en tout cas, car ici le soir c’est d’une tristesse infinie.

La ville n’en finit pas de se reconstruire, il subsiste heureusement de très beaux bâtiments mais certains d’entre eux ont un avenir incertain car leur structure a été affectée.

La reconstruction, aux normes anti-sismiques évidemment, bat son plein. New Regent Street est une rue refaite dans le style ancien, ça fait toutefois un peu Dysneyland avec ses couleurs pastels.

La cathédrale de carton

Les tubes en carton de la cathédrale « transitoire »

La cathédrale gothique s’étant en partie effondrée, une cathédrale transitoire a été érigée, elle a été conçue par  l’architecte japonais Shigeru Ban et est prévue pour durer 50 ans. Comme sa structure est faite de tubes en carton, son surnom a été vite trouvé. L’édifice est très beau. Par contre, le sort de l’ancienne cathédrale n’est toujours pas fixé, entre démolition et reconstruction, les avis divergent.

Depuis l’an 2000, The Chalice , une grande pièce de sculpture moderne en forme de cône inversé, s’est dressée sur la place. Il a été conçu par Neil Dawson, un artiste néo-zélandais, et se compose de quarante-deux motifs de feuilles avec différentes plantes indigènes, oeuvre moderne qui tranche avec l’allure lugubre des restes de la cathédrale et qui égaye la place qui reprend vie petit à petit, notamment avec des expositions temporaires d’oeuvres d’artistes néo zélandais.

Un tour de roues plus tard, derrière la cathédrale « transitoire » nous tombons devant une oeuvre un peu particulière puisqu’il s’agit du mémorial composé de 185 chaises vides, toutes blanches, différentes et qui rend hommage aux victimes du tremblement de terre du 22 février 2011. Émouvant, la plus jeune des victimes avait 5 semaines.

Re: Start

Le mail, quartier le plus commerçant de la ville, avait été fortement impacté par le tremblement de terre magnitude 7.1 de septembre 2010 (sans victimes heureusement), celui de 2011, magnitude 6.3 a achevé de détruire les bâtiments anciens.
Un ensemble de containers a été très rapidement mis en place après la catastrophe, hébergeant de nombreux commerces. Ca donne au quartier un certain charme avant gardiste. Après cinq ans et demi d’activité, il vient de fermer fin avril afin de laisser la place aux travaux de reconstruction, ce qui ne plait pas du tout à de nombreux habitants qui auraient souhaité le conserver.

Si on se réjouit de voir qu’en Nouvelle Zélande il n’y a pas de tags sur les murs, on apprécie particulièrement le street  Art les nombreuses fresques qui ont l’avantage d’agrémenter et de colorer les pignons d’immeubles devenus disponibles depuis que leurs voisins ont été démolis.

L’Art Centre

Il y a des villes où nous avons été épatés par les oeuvres exposées dans les Art Centres, on ne peut pas dire que ce soit le cas de celui-ci. Etonnés, surpris, dubitatifs, mais pas épatés…

 

Pour en revenir à du concret, nous profitons d’être dans une grande ville pour aller visiter  un magasin de cycles :
Changement du pignon du vélo de Joël, jolie sonnette pour celui d’Irène, chacun son truc.

Comme bien souvent, on rencontre des gens sympas qui ont envie de savoir d’où on vient ou on va avec nos vélos.
Un copain de « Guillaume le Conquérant » vient nous voir, il nous a croisé sur la Roxburg Gorge Trail.

Un petit passage par le jardin botanique et le Hamlet park traversé par la rivière Avon : Belles couleurs, et ici au moins le tremblement de terre n’a rien déglingué.

 

L’ANZAC

Cette journée du souvenir est, comme en Australie, extrêmement suivie pour commémorer la bataille de Gallipoli  où 2 721 Néo-Zélandais ont été tués, soit le quart de ceux ayant débarqué dans la péninsule turque le 25 avril 1915. Sont également commémorées les autres batailles, notamment celles de la Somme où de nombreux Australiens et Néo-Zélandais ont péri.
Nous arrivons à 6h30 du matin, Il y a déjà beaucoup de monde sur Cranmer Square, où les croix blanches rappellent les disparus de Christchurch. La cérémonie est suivie avec beaucoup de ferveur et de respect, ceux qui sot tombés aux combats ne sont certes pas oubliés.

On vous livre ici un poème écrit par un médecin canadien, le docteur Mc Crae dans les tranchées de la Somme

Dans les champs de Flandre, les coquelicots fleurissent
entre les rangées de croix qui marquent notre place
Et dans le ciel, malgré le rugissement des canons
L’on perçoit encore le chant des courageuses alouettes.

Nous sommes la Mort et pourtant quelques jours auparavant
Nous regardions l’aurore poindre et le soleil rougir en
Se couchant. Nous aimions et étions aimés et aujourd’hui
Nous gisons dans les champs de Flandre.

Reprenez notre combat contre l’ennemi:
De nos mains qui chancellent, nous vous confions
Le flambeau qui sera vôtre et que vous tiendrez haut.

Si vous ne croyez plus en nous qui mourrons, jamais nous
Ne retrouverons le repos dans les Champs de Flandre
Ou fleurissent les coquelicots

Dr Mac Crae (1872-1918)

Akaroa, un morceau de France

Départ de bonne heure pour aller en car découvrir la péninsule de Banks (Rien à voir avec la banque Rotshield ou un certain président, Joseph Banks était le botaniste qui accompagnait le capitaine Cook, lequel a d’ailleurs cru que c’était une île), formée par l’irruption de trois volcans.
Nous longeons peu de temps le lac Ellesmere encore endormi, ses eaux ne sont pas engageantes ce matin, puis celui de Forsyth tout petit, relié au précédent par Birdlings Flat, une bande de terre prisée des oiseaux. Peut être qu’un jour ils ne feront plus qu’un.
Nous profitons encore de la plaine avec les sommets des collines auxquelles restent accrochés quelques nuages matinaux, on admire les rondeurs de ces monts volcaniques
Nous montons de belles côtes sinueuses sur cette jolie petite route (qui nous aurait bien arraché les pattes à vélo) les oreilles réagissent comme dans les avions, nous prenons de l’altitude.


Le chauffeur s’arrête à Hilltop, le point le plus haut comme son nom l’indique, pour nous permettre de prendre des photos du ravissant paysage qui s’étend à nos pieds. La baie Barrys, le village de Duchauvelle, Robinson’s Bay et bien sûr Akaroa (« Le long pont » en Maori), seul bastion français en Nouvelle Zélande.

Occasion manquée

C'est un baleinier français, Jean Langlois, qui le premier acheta aux Maoris une parcelle de terre de 12 000 hectares pour la somme dérisoire de 1 000 francs au nom de la France (1 hectare de terrain coûtait alors le triple en Europe). Il ne verse que 150 francs sous forme de troc, promettant de régler le solde lorsqu'il reviendra.

Mais il ne pouvait envisager de recruter des volontaires pour venir s'installer sans l'appui du gouvernement. Les rumeurs de cannibalisme et la réputation guerrière des Maoris ne facilitaient pas les vocations. Ce n'est que quatre ans plus tard, en 1840, que Louis Philippe accepte enfin d'ouvrir une mission coloniale. Trop tard ! Quand les futurs propriétaires, Nantais et Bordelais, arrivent enfin en Nouvelle Zélande, le drapeau anglais flotte déjà sur la baie. Quelques temps auparavant le traité de Watangi a été signé et l'île Nord est passée sous la souveraineté britannique, et ceux-ci se dépêchent d'envoyer des militaires dans la péninsule pour couper l'herbe sous le pied des français. C'est la déconfiture pour ces colons qui se virent contraints de céder "leur" terre à la Couronne britannique. Dix ans plus tard ils furent naturalisés Anglais. Les descendants de ces premiers colons revendiquent encore leurs origines francaises.
Dommage, l'île Sud aurait pu être française : Ils auraient conduit du bon coté, parlé une langue compréhensible, et auraient eu de vrais pains et fromages, peut-être même des croissants et des escargots.

Nous visitons ce joli petit port aux noms de rues évocatrices : Lavaud, Langlois, Balgerie, Grehan, rue Benoit, rue Jolie.

Nous y retrouvons le cottage du frère de Jean Langlois parfaitement entretenu ainsi que la maison de ce dernier reconnaissable à ses volets et fenêtres à la française avec des petits carreaux. La rue Jolie porte bien son nom. Les cottages sont tous aussi jolis les uns que les autres entourés de jardinets fleuris.

 

Le port est charmant, les gens qui habitent là ont bien de la chance.

Ce n’est qu’après avoir rétabli une légitime souveraineté en plaçant notre Gwen ha Du sur le monument commémoratif de l’infâme invasion anglaise que nous pouvons terminer notre visite en passant par le cimetière anglican, dont les occupants bénéficient d’un cadre de vie environnement bien agréable. Il y a également un cimetière des « insurgés » mais on ne l’a pas trouvé.

Retour à « Container City » pour une dernière nuit dans notre cabane au fond du jardin avant d’entamer une grande traversée…

11 Comments

  1. Coucou mes voyageurs
    Bonne fête a Irène et oui c’est la fête des mamans aujourd’hui ………… C’est triste de voir cette ville démolie suite a la terre qui ce rebelle , mais ça nous rappelle qu’on dois en prendre soins , elle est si belle peu importe le pays , en ce moment je me balade autour de chez moi il y a des endroits si beau , voir un oiseau , le prendre en photo remplie ma journée de joie ………..
    Bon je m’égard ….Lolllll …………………….Bon comme d’hab j’attends la suite
    Bisous a vous 2 Lili

  2. We enjoyed reading about your visit to Christchurch and Akaroa. You have captured the essence of the city with your photos and commentary.

  3. « une ville qui pense ses plaies béantes »
    Qui « pense »? Une faute dès le premier paragraphe, quelle honte !
    J’arrête de lire ce blog :p

    Gros bisous à vous deux 😉

    • Bon sang mais c’est bien vrai ! Toute la rédaction a immédiatement été sanctionnée, le contrôle qualité éjecté, la direction pulvérisée. Quand on y pense, ces gens là s’en mettaient plein la panse sans dispense, terminé. Non mais !

  4. C’est encore un vrai plaisir que vous nous faite, avec vos images et commentaires, de découvrir la NZ, si lointaine et cependant si proche dans l’histoire.
    Et maintenant, avec une nouvelle chaîne et une belle sonnette, vous voilà prêts pour nous faire vivre de nouvelles aventures. Calés dans nos fauteuils, nous sommes déjà impatients…

  5. Ahhhhh Irène tu as fait une heureuse avec la photo du drapeau breton….
    A plus
    Les filles de St gin….
    Ps: vous rejoindre un d ces jours pour une virée vélo….vla l idée bonne….sans promesse mais avec une grande envie.

  6. Que de souvenirs… Tekapo/Christchurch nous l’avons aussi fait en bus mais dans l’autre sens. J’espère que vous avez goûté à la « cuisine du monde » au restart?

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