On a beau voyager globalement d’Ouest en Est depuis trois ans, il y a des moments où on change de direction pour aller d’une côte à l’autre. C’est le cas ici, où on nous affirme que la côte Ouest est très différente, il faut qu’on aille voir ce coté là. Mais comme entre les deux côtes il y a une montagne, donc des côtes, au lieu de rouler l’un derrière l’autre on va se placer côte à côte. Dans des fauteuils, ceux du Tranzalpine, le scenic train qui a la cote.
Il va de Christchurch à Greymouth, mais on ne va pas aller jusqu’au bout, on descendra à Arthur’s Pass afin de faire la descente à vélos (on ne va quand même pas payer le train pour descendre une montagne, faut pas exagérer).
Un avantage du train ici est qu’il est facile de monter notre barda dans le fourgon à bagages, pas besoin de tout démonter. Ce n’est pas comme avec la SNCF…
Durant deux heures on parcours les Alpes sauvages, étonnantes, grâce à moult tunnels et viaducs impressionnants. C’est géant !
Pas question de profiter de ces paysages époustouflants avec leurs couleurs d’automne en voiture où à vélo, seul le train peut passer par ce circuit si tarabiscoté qui a nécessité des années de travaux difficiles pour se faufiler ainsi dans la montagne et franchement on a été gâtés ; en plus le train va doucement nous laissant imprimer tout à loisir des images inoubliables.
Arthur’s Pass
À 153 km de Christchurch se trouve ce village de 110 habitants et sa gare à 737 m d’altitude. Ce n’est pas bien haut mais on découvrira bientôt que ce n’est pas encore le col, si la gare a été construite là c’est tout simplement parce que c’est plat (c’est plus pratique pour une gare, sinon les trains se débinent tout seuls). Les plus perspicaces d’entre vous se demandent alors sans doute comment le train fait ensuite pour franchir le col. Bonne question, à laquelle la réponse a été apportée au début du siècle dernier :
Un tunnel de 8,5 km mène du passage d'Arthur à Otira. La construction a débuté en 1907. Lorsqu'il a "ouvert ses portes" seize ans plus tard, c'était le septième tunnel le plus long du monde. Outre sa longueur, il a comme particularité sa pente importante, ce qui complique pas mal les choses : Les gaz tels que le dioxyde de carbone et le monoxyde de carbone pourraient facilement s'accumuler, ce qui le rendait impossible à utiliser avec les machines à vapeur. Il a donc été électrifié grâce à une petite centrale à charbon jusqu'en 1997, puis le diesel a pris le relais. Mais alors, les fumées du diesel ? Qu'à cela ne tienne, il y a un système de portes et de ventilateurs : Lorsqu'un train pénètre dans le tunnel, la porte ferme l'entrée et un grand ventilateur extrait les fumées derrière le train. Une fois que les fumées ont été extraites, la porte est rouverte. Du coup, pas question d'accéder à la voiture ouverte (d'où on prend les photos) pendant ce passage, ça ferait désordre d'asphyxier les passagers. Et à cause de la pente il faut ajouter des locomotives pour la montée, lesquelles sont redescendues le lendemain lorsque le train repasse par là en sens inverse. C'est un peu folko, le train Kiwi !
Mais avant le train c’était carrément épique de venir dans ce passage découvert par les frères Dobson en 1864 lors de la ruée vers l’or révélé par le chef Maori Tarapui. En 1886 il était relié à Greymouth par une diligence qui pouvait trimballer 14 passagers sur des pistes cahoteuses à souhait et très dangereuses, il fallait être motivé et ne pas craindre de virer dans le ravin.
Le sanctuaire
Nous allons trouver refuge en un lieu bizarre nommé The Sanctuary, un ancien refuge pour marcheurs bâti par les créateurs du Parc National en 1929. Ce qui explique la rusticité de l’endroit, mais aussi son charme. Si on n’est pas trop regardant sur la propreté et pas effrayé par les souris qui dévorent tout dans les sacoches, c’est tout bon : Un vrai nid à courants d’air mais des radiateurs énormes alors il fait bien chaud, une douche étrange sous un plafond de verre, un dortoir où chacun a son coin, une boite pour mettre les sous, et Billy le proprio très cool qui n’habite pas là mais monte au village de temps en temps.
Au Visitor Centre ils passent un film intéressant sur la faune NéoZélandaise, et ils ont poussé les présentoirs pour faire de la place parce qu’il accueillent un important colloque sur les Kéas, les superbes perroquets des montagnes. On aurait aimé en voir un de près, mais le seul qui se présentera le fera de nuit devant un resto sur le toit d’une voiture et pas moyen de le photographier. Dommage car ils sont habituellement familiers, parfois trop puisqu’ils aiment piquer la bouffe des pic-niqueurs et attaquer les caoutchoucs des voitures. Pour votre culture, en voici un qu’on n’a pas vu :
A part le colloque qui doit être l’événement de l’année, le patelin est plutôt minuscule, ce n’est pas franchement animé. Les randonneurs sont partis et c’est plutôt calme.
Il y a de nombreux circuits de rando qui partent de là mais certains sont fermés en ce moment, et la pluie menace dur alors on se contente d’une balade pas trop loin, néanmoins bien agréable.
Et comme prévu, la pluie arrive, on reste un jour de plus bien à l’abri près des énormes radiateurs et des souris qu’on ne réussira pas à piéger dans les tapettes. Ici ça tombe dru de chez dru avec un vent à décorner les boeufs, on se demande si les arbres autour du sactuary ne vont pas tomber sur le toit de la vieille maison !!! Comme on est super organisés, quand on se décide à mettre le nez dehors pour aller acheter des pâtes (évidemment) ll est trop tard, le magasin est fermé. Des Allemands dorment également dans le refuge ce soir, ils participent au congrès et les places d’hôtel ne doivent pas être très nombreuses dans le coin. Ils ne sont pas bavards et filent rapidement se coucher après avoir fait leur popotte.
Le Col
Bon, il est temps d’y aller, c’est bien gentil de monter en train mais il faudrait penser à entamer la descente. Zut, ça commence par 4 km de montée super raide jusqu’au col, on comprend mieux le pourquoi du comment du tunnel pour le train ; ils auraient pu penser à y adjoindre une piste cyclable (en fait non, pas envie de se faire asphyxier là dedans).
Au lookout « Death Corner », superbe vue surplombant le viaduc sur l’Otira River, 440 m, 4 piliers de 134 m de hauteur. Construction qui a permis de fermer la route en lacet qui était une des plus dangereuses au monde. Aucun perroquet Kea ne se pointe, alors qu’ils sont réputés venir souvent à cet endroit.
A partir de là, ça descend et pas qu’un peu : D’abord le viaduc, très venteux, puis ça passe à une pente de 16%, plein de virages, des camions, c’est plutôt flippant mais ça fonce et ça c’est bon.
En sortie de tunnel, une gare pour faire les manips de locomotives, c’est le village d’Otira. A part la gare il n’y a pas grand chose, si ce n’est le plus vieux bar Néo-Zélandais ouvert en 1885 et toujours en activité. C’est une espèce de musée-bar-restau-hôtel-bric-à-brac, plein de fourbi, à la moquette épaisse, vieillot et charmant. On peut essayer un Grand Bi « moderne », et il y en a des vieux sous le hangar, ainsi qu’un Solex arrivé là on ne sait comment.
Aussi incroyable que ça puise paraitre, des cyclistes ont parcouru cette piste en grand bi en 1880 ! En plus ils trimballaient les appareils photos (à l’époque ils étaient énormes et en bois), les plaques photographiques (énormes aussi, autre chose qu’une carte SD), les tentes et le fourbi pour dormir, la bouffe…
Suite de la descente par une vallée entre les Kellys Hills et les Seven Mile Streams on quitte la grande route en traversant la Tamarakau River, suivant les conseils d’un type qui fait des travaux à l’intersection et confirme ce qu’on devinait sur la carte : Ce sera plus tranquille et plus joli par là, et en plus ce n’est pas plus long.
Direction donc le lac Brunner, une autre vallée avec des pâturages et des fermes. A Rotomanu, on s’attendait à un village, il y a juste le Community Hall mais ça suffira pour un arrêt picnic, surtout quand tout autour de nous les montagnes couvertes de sapins se laissent admirer sous le soleil.
Arrivés à Moana après 67 km, en bordure du lac Brunner, on s’installe dans un camping tranquille.
Nous avons évidemment la seule tente, en cette fin de saison c’est plutôt calme. On se fait une balade dans le village (qui n’a pas de centre, le seul magasin est sur la grand route tout à la sortie du patelin), profitant des derniers rayons du soleil. C’est un chouette lac, on comprend que des gens viennent passer des vacances ici pour taquiner le poisson ; encore un autre petit paradis.
Il fait gris et il pleut ce matin, on traine jusqu’à une éclaircie vers 11h. Petreah et Dean, qui ont aussi passé la nuit ici mais en cabine, nous proposent de passer les voir quand on sera dans leur coin, sur la Tasman Great Taste Trail. Chiche ! Voilà de nouveau une invitation spontanée qui nous fait réfléchir au sens de l’accueil français loin d’égaler celui des kiwis.
Espérant ne pas se faire doucher, on reprend la route vers Greymouth, c’est toujours aussi peinard, juste une voiture de temps en temps et le profil est plutôt descendant puisqu’on se dirige vers la mer.
50 nuances de Grey
A 35 km de Greymouth on passe à Stillwater, aucun commerce, circulez y’a rien à voir. A Dobson, les vestiges d’une ancienne mine de charbon ouverte en 1919 et fermée en 1926 subsistent sur les bords de la rivière Grey. C’est sinistre : Il y a eu de nombreux drames ici, des explosions dans la mine, des familles dans la misère. Habiter ici était très difficile, surtout en hiver, la vallée est encaissée, le soleil y est parcimonieux, un vent catabatique terrible (The Barber) qui descend de la montagne génère un brouillard givrant, il est « assez pointu pour couper les cheveux de la tête », d’où son nom.
Enfin Greymouth. Les nuages gris plus que foncés essayent de nous rattraper, on stoppe dans un café ; la pluie arrive aussitôt en trombes, on l’a échappée belle, 2 minutes plus tard on se prenait la douche Karcher de la journée.
Pendant que ça tombe, on voit venir vers nous un jeune couple d’Australiens vivant en Birmanie ; ils connaissent le drapeau breton, ont visité Dinard (en Bretagne) et ont un ami David Neveu qui est allé au collège Jacques Brel (la commune où on habite), vit à Servon et travaille chez « une fabrique de yaourts » Triballat… Le monde est très petit. Son ami australien lui envoie un texto avec les paroles de la chanson « galette saucisse je t’aime », il n’en revient pas… Un joyeux moment de partage à la faveur d’une rencontre inopinée. Le monde tient dans un mouchoir de poche dit on.
La ville n’est pas très folichonne, les commerces sont désuets, les immeubles en mauvais état. Suite à des inondations impressionnantes, une digue a été bâtie puis surélevée, ce qui fait que de la ville on ne voit pas la rivière Grey qui est de toute façon plus une menace qu’un agrément.
Il y a néanmoins quelques efforts de faits pour égayer un peut tout ça, notamment une grande et magnifique fresque murale qui permet de découvrir toute l’histoire locale.
Pour se loger, on va au BBH « L’Arche de Noé », ancien presbytère (l’Eglise a été démolie) dont les patrons ont une réputation d’être sympas, on confirme. Chaque chambre a un animal représenté, la nôtre est garnie de pandas, c’est rigolo comme bestiole et ça ne fait pas de bruit. On va passer une bonne soirée avec un tas de jeunes, majoritairement français, à discuter voyage vous vous en doutez…
Comme on ne va pas s’éterniser ici, on quitte Greymouth dès le lendemain matin, cette fois-ci sous le soleil, ça donne une image plus flatteuse. « 50 nuances de bleu »…
Direction le Nord, en longeant la côte Ouest. Mais pas à vélos car… (la suite au prochain épisode)
Bizhouxxx les amis et Merci !
Mais pas à vélo…
Aaaaaah, ils nous font languir, qu’est qu’ils vont encore nous inventer
La suite vite, je suis accro
copieur ! entretenir le suspense, c’est les panardos 🙂
Terminer par un Cliffhanger, c’est la bonne recette pour appâter les lecteurs, tout bon blogger en use (et en abuse parfois)…
Pour les anglophobes, cf. Wikipedia : Le « cliffhanger » désigne, dans la terminologie des œuvres de fiction, un type de fin ouverte destiné à créer une forte attente.
Hello ..toujours impressionné par cet art de vivre …loin de toutes pollutions..on a l’impression à travers ces récits qu’il plane une quiétude naturelle tout au long des chemins empruntés !!Merci
Gaffe à la météo sur la côte ouest, nous avoir essayé … nous avoir lâché l’affaire!
We loved this Blog as we did it around the same time. Your photos are beautiful and we always enjoy the commentary. Amusing translation into English at times!!
Coucou les voyageurs …..Je vous envoi de la chaleur et oui elle est arrivée plutôt cette année plus de 30 degré fin mai , les cerises sont déja mangées enfin les meuilleures ( les burlat ) je suis du village ou elle est né donc je suis chauvine ….lollllllllllllllllllllllllllllllllllll………………vous avez de la pluie en même temps il en faudrait un peu en france car il y en a pas eu beaucoup depuis un moment et pas de neige non plus ….. la terre par en cacaouhète ……..lollllllllllllllllll….. Arrétez de nous faire languir on veu la suite …….tout de suite …………… Lollllllllllllllllllllll
Bisous Lili
Coucou,
De Mamie Nicole qui vit avec passion vos escapades sur l’île, entre les cartons de déménagement….
Bises amicales.