Danemark : De l’eau, des hauts, des vélos et des châteaux

Suite de l’épisode précédent, ça se passe toujours au mois d’août, et ça commence sur notre huitième île depuis le départ. Et, contrairement aux idées reçues, ce n’est pas monotone, comme vous allez le voir.

Møns, ça mønte !

On nous aurait menti ? On nous avait dit que le Danemark est tout plat, eh bien ce n’est même pas vrai. Tout à l’est de l’île de Møn se trouvent de célèbres falaises, c’est d’ailleurs le seul endroit où on peut trouver du relief. Comme on arrive de l’ouest, on traverse toute l’île et on la retraversera au retour parce que c’est un cul de sac (oui, ce n’est pas très clair, mais en jetant un coup d’oeil sur la carte ça le devient). Quand on s’approche de l’est les collines mettent un peu de variété dans toute cette platitude, et à proximité des falaises ça monte carrément fort.

L’altitude n’est que de 128 mètres au point culminant (à coté de ça les Monts d’Arrée font figure de hautes montagnes) , mais les pentes sont raides et surtout la route n’est plus goudronnée, ça dérape sous les roues. Pour bénéficier de la vue sur les falaises, il faut descendre (c’était bien la peine de monter…) un escalier de 500 marches. Puis le remonter. En soirée c’est sympa, il n’y a presque personne, en journée ça doit être la cohue.

En stage à Stege

Pour agrémenter le chemin du retour, il y a la très belle ville médiévale de Stege, qui a le bon goût d’avoir organisé une fête à l’occasion de notre passage. Bien qu’ayant à peine 4000 habitants, c’est la ville la plus peuplée de l’île de Møn, ce qui en dit long sur la densité de population par ici.

C’est un endroit agréable pour faire un break, on vous le recommande. Nous on s’en va quitter cette île pour atteindre la suivante, d’une toute autre taille et où les communes sont légèrement plus peuplées.

Seeland, l’île King-size

L’île de Seeland est la plus grande île du Danemark et où se concentrent un peu plus de deux millions d’habitants, notamment dans la capitale. Ça ne se voit pas encre trop lorsque nous arrivons benoitement depuis l’île de Møn, on se dégotte un camping sympa tenu par un pépé rigolo à Prestø (les sanitaires ont probablement le même âge que le bonhomme). Par contre, les jours suivants ce ne sera plus aussi simple.

L’idée est de rejoindre Roskilde, et pour cela nous allons à vélo jusqu’à Naestved. Le long de la route nous longeons une jolie église et découvrons comment fonctionnent les cimetières ici : Il n’y a pas de grandes pierres tombales alignées comme chez nous, simplement des stèles en pierre naturelle ou taillée, arrangées dans de petits bosquets très bien entretenus ; et pour cause, puisqu’il y a des employés qui s’occupent de tout, allant même jusqu’à ratisser soigneusement le gravier des allées (comme les Japonais), on a des complexes à passer dessus avec nos vélos qui laissent des traces de roues que l’on essaie maladroitement d’atténuer.

Naested ne présente guère d’intérêt, si ce n’est d’avoir une gare où nous allons pouvoir prendre un train pour Køge (retenez ce nom, on y reviendra) puis un autre pour Roskilde.

Roskilde, seconde étape

Ce n’est pas notre seconde étape, loin de là, mais celle du Tour de France et ça se voit : La ville est décorée, il y a des vélos et des pois rouges partout :

Mais ce n’est pas pour ça que nous sommes venus à Roskilde, c’est parce qu’elle fut la capitale du Danemark du xe au xve siècle et que ça a laissé des traces, notamment la cathédrale qui est fantastique. De l’extérieur, la bête est imposante, mais c’est à l’intérieur que c’est grandiose ; comme c’est une nécropole royale, elle accueille en ses chapelles et cryptes 21 rois et 19 reines de Danemark.

Ça pourrait être glauque, tous ces maccabées exposés là, mais non. La déco est magnifique, les styles évoluant au fil des siècles, on n’a pas les yeux assez grands pour tout voir. Il y a des explications claires sur chacun des souverains, et elles sont sans concessions : On apprend que l’un était fou, l’autre impuissant, un autre idiot, certains cruels, etc. Les intrigues de cour étaient monnaie courante, et évidemment tout était fait pour que ça ne s’ébruite pas.

Autre point d’intérêt dans la ville, un grand musée des bateaux des vikings dont la visite est fort instructive. Comme tout le monde on avait bien entendu parler des vikings à l’école et dans « Astérix et les Normands » mais là on apprend de quoi il retourne réellement et ça bouscule les idées reçues. Accessoirement, l’auberge de jeunesse est juste à coté, ça nous arrange bien.

København

Direction la capitale, Copenhague comme on dit chez nous. Le trajet à vélos est sans grand intérêt, on se retrouve à rouler dans des faubourgs sans charme sur des pistes cyclables longeant des routes pleines de voitures et camions, ça change de la quiétude des jours précédents.

Surprise à l’arrivée, alors que nous vasouillons un peu pour trouver notre auberge de jeunesse : Nous sommes interpellés par une bande de cyclistes qui a reconnu les Cyclomigrateurs ! Il s’agit des « TSAGA » (Astucieux acronyme de Titouan, Seb, Arianne, Gaspard et Adélie), une famille de Grenoble qui a sacrément parcouru le monde ; les enfants sont aussi mordus de voyage à vélo que les parents, sans doute parce qu’ils sont tombés dans la marmite étant petits.

Les TSAGA

Nous passons quatre jours à København, ce n’est pas des trop car la ville est vraiment sympa. Il va de soit que le mode de déplacement le plus adapté est le vélo, les distances ne sont pas immenses et les infrastructures sont très adaptées. D’ailleurs les Danois ne s’y trompent pas, plus de 50% des déplacements se font à vélo (25% en voiture) :

Aux abords de la gare comme dans d’autres grandes places, les parkings à vélos font le plein, ça date de bien avant le départ du Tour de France :

Le château de Rosenborg (on ne va pas voir les joyaux de la couronne, trop de monde), la relève de la garde (un peu barbante), le quartier libre Christiana (très interessant), on fait la tournée des lieux incontournables, même si on en contourne certains.

Vu que c’est un port, l’eau n’est jamais bien loin, pas autant qu’à Amsterdam toutefois. Un tour en bateau permet d’avoir un angle de vue différent sur la ville, notamment sur la Petite Sirène qu’il suffit d’entrevoir au lieu de s’amasser avec la foule qui l’entoure.

L’église de Notre-Sauveur est d’un délicieux style baroque et son clocher est particulier puisqu’un escalier extérieur permet d’en atteindre le sommet. La vue de là haut décoiffe, le vent aussi.

C’est vraiment une belle ville, dommage que les hébergements y soient si chers (130 € la nuit en auberge de jeunesse !).
Alors que notre arrivée a été marquée par la rencontre des TSAGA, notre départ est l’occasion d’une autre rencontre lorsqu’un quidam nous interpelle : « Lequel d’entre vous s’est fait renverser en Australie ? » ; c’est un couple de Lorientais qui a vu l’adresse du blog sur nos vélos est s’est précipité pour en savoir plus. Ils ont été servis.

Chez Hamlet

Être ou ne pas être au château de Kronborg, la question ne se pose même pas, un peu de train pour éviter de se farcir à nouveau des faubourgs inintéressants puis on continue à vélos le long de la côte afin de découvrir ce monument impressionnant. Il avait un rôle essentiel pour contrôler l’accès à la mer Baltique, la Suède n’étant qu’à quelques kilomètres de là de l’autre coté du détroit. Lesquels Suédois ne se sont pas privés d’occuper et piller ledit château, pour entretenir les relations de bon voisinage ; les moeurs n’ont hélas guère évolué depuis, comme en témoigne l’invasion actuelle de l’Ukraine par la Russie, avec les destructions et pillages qui s’ensuivent.

Shakespeare a largement contribué à la renommée du château en y situant sa tragédie Hamlet. Aussi bien l’architecture que le mobilier sont superbes, on voit bien que c’était une résidence royale, ces gens là ne faisaient pas dans la demi-mesure.

Puisqu’on est dans le coin, allons donc voir un autre château à une vingtaine de kilomètres de là, celui de Frederiksborg. Toutefois on ne le visite pas pour deux raisons : Un château par jour c’est suffisant, et de toute façon on arrive à 17h, ça ferme.

Après avoir fait le tour des lieux, on se rend en ville et c’est là que Joël se rend compte qu’il a oublié l’appareil photos au château sur la margelle d’un puits : Retour express sur place, l’appareil est toujours là, il y a encore des visiteurs mais personne n’y a touché, ouf !

Un camping incroyable

Les campings danois sont souvent chouettes, mais celui de Hillerød est au delà de tout ce qu’on peut imaginer. Aux terrasses, cuisine et salons, la déco est d’un goût exquis ; sur chaque table des bouquets de fleurs fraiches, sur les étagères des tasses en porcelaine, des verres à pieds, des bibelots ; dehors des photophores illuminent la soirée, dans les sanitaires on retire ses chaussures, cet endroit est vraiment incroyable. Et comme on est Danemark, personne ne songerait à emporter quoi que ce soit.

Comme vous pouvez le constater, nous sommes ravis de notre séjour, et le mieux est que ce n’est pas fini. Mais on vous racontera ça prochainement.


Bonus culinaire

3 Comments

  1. Bonjour la Bretagne…super panorama ..un pays qui nous donne envie ..le vélo comme on sait occupe une grande place…je suppose que les automobilistes sont très respectueux et vigilants ..Bises de Rochefort et « faites de beaux voyages  » Bernard

  2. Toujours contente de vous lire. Vous me faite rêver. Je m’adapte bien à ma vie de Vertavienne : j »adhère à différents clubs : Rando – Gym – jeux de société, ainsi je fais des connaissances. Attention bientôt de vous lire. NT

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