De Galice en Asturies

La Regenta

La Galice est un délice, les Asturies sont très jolies. L’avantage quand on a le temps, c’est qu’on peut visiter les deux, tout simplement. De même pour les villes voisines d’Oviedo et de Gijòn qui se concurrencent en beauté, on va les découvrir successivement. Le luxe c’est ne ne pas avoir à choisir.


Quitter Santiago

Pour un peu on se serait bien éternisés dans cette ville qui va voir d’ici quelques semaines les « jacots » arriver au terme de leur cheminement. Comme on vous le disait dans le dernier article c’est à regret que nous allons la quitter avec l’espoir d’y revenir (comme d’hab.)

Nous n’avions pas choisi une chambre des plus simples d’accès. Le jour du départ il faut se trimbaler Panne et Cake dans les escaliers en prenant garde de ne pas trop écorcher les murs !!!

Il fait un grand soleil, peu de monde, instant propice pour refaire quelques photos et, qui sait, retrouver le jouet perdu de Joël ! Un groupe d’italiens nous aborde, ils sont de la ville de Pistoia en Toscane. Cette petite ville détiendrait elle aussi des cheveux et un fragment d’os de Saint Jacques. Nos vélos et notre barda les laissent pantois, nous acceptons de bon gré d’être photographiés et échangeons nos coordonnées avant de se quitter et la promesse d’une visite dans leur ville de Pistoia. C’est beau aussi l’Italie non ?
Nous quittons tranquillement la place quand ce sont des Coréens qui nous entourent tout à coup à un croisement ; « photos, photos », l’un d’eux remarque les stickers de la Corée sur nos vélos, alors là c’est l’apothéose « oh, oh, oh », et en anglais « quel âge avez vous ? (la question qui tue !) « 62 et 64 ans » « oh, oh, oh, oh oh » applaudissements !!! On s’enfuit…

Du rab de Galice

63 km de montées et descentes nous attendent aujourd’hui. D’abord en zone urbaine et semi urbaine jusqu’à Siguero et le parcours n’aura rien de bien original. Une petite pause dans un café pâtisserie où on va bouloter un gros pain au chocolat chacun…. c’est normal c’est la pâtisserie du dimanche ! On se console comme on peut et on reprend tranquillou la route nous contentant d’admirer la campagne avec son habitat au toits de tuiles rouges, ses petits hameaux aux orangers croulant sous les fruits. La circulation est quasi nulle pour un dimanche. On s’attarde au moment du picnic sur une place au soleil. Assis sur des confortables bancs devant la fontaine d’eau fraiche, potable qui plus est, on bulle en regardant les gamins jouer et les petits vieux se déplacer difficilement avec leurs cannes. Comment serons-nous à leur âge ?

L’après midi sera bien plus bucolique en passant par les routes qui traversent les hameaux au milieu d’une campagne qui sent bon l’herbe fraiche coupée. Les chevaux de traits viennent nous voir, on échange à notre façon, eux en secouant la tête, nous en les félicitant d’être aussi bien charpentés. Une petite mémé fait sa sieste endormie dans l’herbe devant sa maison. Au premier abord Irène croit à un malaise, mais que nenni, la dame dort à poings fermés.

Le relief va s’accentuer sans qu’on y ait pris garde et nous voilà en train de pousser sur des chemins forestiers au terme de pics caillouteux. Quand finalement on décide de changer notre fusil d’épaule et de trouver une route qui ne nous laisse pas épuisés. Elle se méritera au prix d’une descente infernale où on va serrer des fesses et freiner des quatre fers tant elle est accidentée ! C’est quoi ces montagnes russes ? On se retrouve sur un bitume roulant et même si les côtes sont toujours là, au moins on avance. On va mettre du temps pour trouver un bivouac ce soir, le relief ne s’y prêtant pas. Hésitations près d’un lac, mais décidément c’est bien trop marécageux et humide dans les environs. Alors on reprend un peu de hauteur pour se retrouver dans une prairie herbeuse où les arbres ont étés coupés. Nous dominons une petite vallée, seul inconvénient l’autoroute ne passe pas loin, mais l’endroit est sympa, à l’abri des regards et on profite des derniers rayons du soleil pour se faire une casserole de pâtes bien méritées (le repas classique du cycliste, une valeur sure).

Nous étions si tranquilles sur ce coin de prairie que nous avons prolongé un instant sous les duvets attendant que le soleil veuille bien nous réchauffer un peu. Parce qu’il faut bien l’avouer quand même : un petit 6 degrés pour aller faire pipi ça n’incite pas vraiment à lever le camp !

La matinée suivante sera pleine d’enchantement sur des routes qui vont nous offrir leurs courbes et leurs pentes douces. Les petits « hereros » , greniers à grains, sont toujours aussi remarquables, l’habitat rural est éparse et les fermes et vergers disséminés au grés des collines et des valons. Les cerisiers et les magnolias sont en fleurs, les orangers croulent sous les fruits. Qu’est-ce qu’il y a dans les brouettes sur le bord de la route ? Ce sont des petits choux protégés par un linge mouillé, vous mettez les sous dans le bocal.

Les éléments sont parfois contrariants. Le soleil est généreux et le vent l’est tout autant, ça commence à nous chauffer sérieusement les oreilles (accessoirement ça nous décoiffe !) On aimerait bien pouvoir profiter de cette nature sans être obligés de s’abriter en courbant l’échine sous les assauts du vent quand on veut prendre une photo ou tout simplement au moment des arrêts « techniques ».  Soit dit en passant il faut toujours tourner le dos au vent dans ce cas là sous peine de se retrouver les pieds arrosés !

Ce n’est pas notre jour, quand on arrive en vue de l’estuaire de Banobre le vent est si violent qu’il nous désarçonne et nous oblige à stopper, nous avons du mal à descendre de nos vélos de peur de perdre l’équilibre. Les rafales sont puissantes, on se cramponne (pas de photos). Un panneau de signalisation devant un café se courbe, un homme va le coucher complètement par précaution. Les orangers sont tellement secoués que les oranges s’écrasent au sol (Irène en ramasse mais les trimballera pour rien, elles ne sont pas fameuses). On va repartir tant bien que mal en poussant un peu plus sur les pédales et en essayant de rester sur le bas côté, à notre place quand une voiture nous double.

Arrivés à  Pontedeume c’est le ras le bol, on jette l’éponge pour aujourd’hui et stoppons dans un café. Il y a une chambre, elle est pour nous. Nous attachons les vélos à une grille sur une petite place bien en vue,  le vent va réussir à les renverser, on les retrouve étalés au sol renversés, vaincus à leur tour.
La nuit suivante est bien agitée on entend les sifflements du vent à travers les ruelles. Ça ne décourage pas les petits malins qui ont cru bon de dévaliser le contenu des petites pochettes qui sont à l’avant de nos vélos, ils ont tout volé mais leur butin était bien maigre, on ne laisse rien d’important là dedans. Quand même ! le crocodile porte clé offert par une mexicaine, le chouchou pour retenir la gourde d’eau, le gel désinfectant pour les mains, le stick à lèvres, les cartes de visite des « casa particular » des cubains, la petite réserve de PQ….

Ferrol // Brest

Le passage du pont qui mène vers Ferrol le lendemain sera tout aussi scabreux, nous sommes poussés par le travers sur la chaussée. Heureusement les chauffeurs vont être patients et prudents car nous faisons des écarts bien involontaires.

Ferrol est une ville peu attrayante avec ses rues rectilignes se croisant à angle droit, ses immeubles de granit et surtout son important port militaire. On se croirait presque à Brest, c’est tout dire… De très nombreux commerces ont mis la clé sous la porte, l’activité économique n’a pas l’air au plus fort.
Nous allons y passer deux nuits, ce qui n’est pas l’idée du siècle car il y a plus intéressant à voir ailleurs mais on a décidé de quitter la Galice en train et celui-ci ne circule que deux fois par jour, donc il fallait de toute manière attendre le lendemain matin.

Le petit train

Quel que soit le pays, on aime bien faire un bout de trajet en train, ça permet de voir les choses différemment. Celui-ci est un peu particulier puisqu’il s’agit d’un réseau à voie étroite qui part de Ferrol et rejoint Santander, ce qui représente presque toute la côte nord de l’Espagne.
Les trains sont à l’échelle, donc petits, composés seulement de deux voitures, et ils roulent à une vitesse fort réduite aussi. La section que nous avons choisi de parcourir fait 200 kilomètres, ça prend six heures, on est loin du TGV. Il y a 85 gares et stations, certaines ne sont espacées que de quelques kilomètres, la plupart sont en pleine cambrousse, on ne voit même pas de maison à proximité.

Nous ne sommes que cinq passagers, parfois un ou deux montent, d’autres descendent, ce ne sont pas les sièges vides qui manquent. C’est épatant que cette ligne soit encore en service, en France elle aurait fermé depuis belle lurette, hélas.
C’est un plaisir de contempler le paysage valloné, les maisons aux toits couverts d’ardoises rondes maintenues par de grosses pierres, les animaux qui paissent sans même regarder le train passer, de temps en temps des criques et des plages. La voie traverse des bois, longe des rivières, traverse nombre de ponts, viaducs, petits tunnels, un ravissement que cette ligne là.

Les Asturies

Sans nous en rendre compte, nous avons changé de province, on ne s’en rend compte qu’en voyant les termes employés sur les panneaux indicateurs, qui sont différents mais demeurent compréhensibles.

Changement de langue
Contrairement à la France qui bloque toujours sur les langues régionales, l'Espagne reconnait quatre langues officielles en sus du Castillan, parmi lesquelles le Gallego, très proche du portugais, que 80 % des galiciens pratiquent. En Asturies, le dialecte local Bable est également protégé, mais nettement moins pratiqué. Ces langues ont la même racine, ce qui facilite le bilinguisme, c'est autrement moins compliqué que de passer du Français au Breton (et inversement).

Nous descendons à la minuscule gare de Muros de Nalon, évidemment déserte. C’est un petit village paisible perché sur les hauteurs, avec une vue superbe sur les collines environnantes. C’est d’ailleurs pour sa position élevée que nous avons choisi cette gare, il n’y a plus qu’à se laisser descendre vers le rio Nalon, puis loger ledit rio vers le nord.

Pas facile de trouver un endroit où bivouaquer, on finit par se retrouver près de la petite église Santa Maria de Murios, il y a un coin plat (très rare en cette contrée collineuse), de l’herbe et même une table de picnic. En face habitent une grand-mère et son fils, pas causants et ne nous proposant même pas de l’eau ou les toilettes.
Pas grave, la vue est sympa sur les collines au couchant, mais dès 20 heures on se rentre, il commence à faire froid.

Au matin, nos voisins sont toujours aussi discrets, ouverture d’un volet, quelqu’un descend la route d’un bon pas puis ralenti (on devine l’étonnement de voir ici une tente), un second volet s’ouvre. Quand on met le nez dehors il n’y a pas de soleil, on ne voit même pas la vallée la brume matinale est basse. La petite dame d’en face ouvre sa porte, on demande l’autorisation de prendre de l’eau au robinet extérieur, accordée. Elle est chaussée de drôles de petits sabots à plots comme en Bretagne autrefois. Ils sont encore utilisés dans les fêtes folkloriques en Asturies.

C’est reparti dans un environnement de moyenne montagnes, bien que les valons où paissent les vaches sont bien abruptes à l’occasion. Et pas que les vallons ! On va s’offrir quelques belles montées entre les hameaux perdus au milieu de ces panoramas enchanteurs, sapristi les dénivelés peuvent être surprenants. On croit que c’est terminé après mais on enchaine les montées et les descentes les unes après les autres. Quelques « poussettes » seront nécessaires en dépit de notre bonne volonté.

On s’écroule presque au village de Regueras à la sortie du pont. Devant le muret d’une maison, au milieu d’une grande prairie qui longe la rivière, un coin d’herbe et des canards. On ne peut résister à pareil tableau champêtre. C’est ici qu’on se pose pour le pic nic. En face de nous une splendide église préromane « San Pedro de Nora » qui date de la période d’Alphonse II (791_842). Un magnifique édifice parfaitement restauré. Quelques habitants vont passer devant nous, ils descendent semble-t-ils du bois au dessus de nous. C’est en fait la gare qui s’y trouve perchée à la sortie d’un tunnel.

Oviedo, c’est bô !

Nous voilà arrivés dans la capitale de la principauté des Asturies (plus de 220 000 habitants). Waouh quelle jolie ville ! Le centre historique est parfaitement conservé autour de sa belle cathédrale, c’est l’ancien quartier ecclésiastique. Après avoir dégoté une chambre on s’empresse d’aller parcourir les rues en laissant le regard flâner sur des façades aux pierres magnifiques, les alignements de balcons en bois, les blasons et ornements à n’en plus finir.

Probablement est-ce dû à la saison, les vacanciers ne sont pas encore arrivés, toujours est-il que c’est fort tranquille et même paisible. On en profite pour flâner entre les placettes investies par les quelques tables des petits cafés, les ruelles qui s’imbriquent les unes dans les autres pour toujours déboucher sur d’agréables surprises. C’est ainsi qu’on se retrouve sur la « Plaza Trascorrales », une jolie placette à deux ruelles de la cathédrale avec en son centre « la Lechera » et son âne en hommage à l’ancienne laiterie. Par contre les restaurants avoisinants pratiquent des prix exorbitants, astronomiques gastronomiques quoi !

La cathédrale n’est pas facile à visiter, avec des horaires assez farfelus et très réduits, deux fois on se sera heurtés à une porte close (en plus c’est payant). Mais en arrivant un peu avant la messe on peut y pénétrer (gratuitement) et en découvrir la beauté. Toutefois on va rester sur notre faim, faute de visiter le fameux trésor d’orfèvrerie royal et le livre des testaments qui est le nom du recueil de donations et de legs faits par les souverains espagnols à la cathédrale d’Oviedo, il est parait-il de toute beauté. (Il faudra que nous revenions !)

 

Le statut des statues

Il y a dans cette ville profusion de statues et la plupart sont superbes. Généralement grandeur nature, elles agrémentent les rues et places. Elles font souvent références aux vieux métiers.

Certaines se prêtent volontiers à la séance photo, sans manifester le moindre signe d’impatience envers ces hurluberlus qui font les andouilles à leurs cotés. Gageons que le vrai Woody Allen ne se prêterait peut-être pas avec autant de patience à l’exercice, il est représenté à Oviedo parce que son film Vicky Cristina Barcelona s’y déroule.

D’autres statues anonymes et fort peu vêtues, aux proportions curieuses, attirent aussi le regard.

A boire

En matière de cidre, les Asturiens sont des champions, nous autres Bretons et même les Normands sont de petits joueurs à coté. Ils ont une façon très particulière de le servir, en le versant de très haut dans le verre portant la bouteille au dessus de la tête, en petite quantité qu’il faut boire aussitôt.

Néanmoins, ce cidre qui se boit aéré nous semble plutôt âpre, d’ailleurs il titre haut en alcool. Il est loin de valoir le cidre breton, mais les Asturiens doivent évidemment penser l’inverse, question de culture culinaire. On retrouve un peu partout les origines celtes qui nous sont familières, dans la musique aussi bien que dans les symboles tels le triskell qui est bien à l’honneur.

Et à manger

Sous la halle du marché il y a des étals de poissons magnifiques, dommage qu’on ne puisse le cuisiner. Au restaurant, les prix sont (g)astronomiques, c’est encore plus cher que la viande, on se demande pourquoi ? La mer n’est pas loin. Même les oursins sont hors de prix. Les derniers que nous nous souvenons d’avoir ramassés dans le Finistère (en bretagne) étaient gratuits et tenaient dans le soutient gorge de Mado (elle se reconnaitra !)

C’est aussi le pays du jambon cru, que l’on trouve délicieux. Il y a un nombre incroyable de variétés et d’appellations, les prix peuvent atteindre les 200 € le kilo. Comme il existe des cours d’oenologie pour le vin, il y a ici des cours pour s’initier aux différents jambons (une sorte de « jambologie »). (Il faudra qu’on revienne, encore une fois !!!)


La prochaine fois nous vous emmènerons dans une ville voisine qui n’est pas crado non plus : Jigòn aussi nommée Xixòn. Les Asturies ont encore de quoi nous séduire.

5 Comments

  1. C’est chouette l’Europe quand-même! Il y a encore à voir, à boire et à manger, donc tout va bien!
    Superbe reportage comme d’habitude et ravie de savoir que vous ne vous arrêtez pas , pour notre plus grand bonheur!
    Ah… une suggestion de post qui’il serait peut-être intéressant de partager, sans entrer dans les grands détails: comment fait-on d’un point de vue économique , pour rester aussi longtemps loin de chez soi?
    Merci et bonne route!
    Corinne

  2. Bonjour depuis Paris à pieds.Quelle est belle et captivante!!bravo pour la découverte des belles villes des Asturies!ça donné envie de faire un tour…à suivre!

  3. Les Asturies que j’ai découvert il y a quelques années en allant à Compostelle à vélo par la voie Nord (Camino del norde) sont effectivement très vallonnées, mais superbe. C’est un rappel encore vivant dans ma mémoire, de très beaux souvenirs. Merci à vous deux pour ces beaux reportages.
    Michel

  4. Jambon cher peut être mais animaux qui courrent sous les châtaigniers contrairement à certains qui bénéficient de 0,75m2 par porc adulte et qui ne voient jamais l’herbe !! Ça fait Tout de même toute la différence non??
    Merci pour ce reportage ! J’y ai retrouvé des images magnifiques ! Moi j’ai fait cela a pieds dans l’autre sens😂

  5. Avez-vous vu le grand artiste galicien, Carlos Nunez…qui vient souvent en Bretagne ! Ah les langues de pays …Justement voici un petit coucou de Bretagne où je sillonne à vélo en avril entre des signataires de la charte du gallo : Dame yan, dame ver ! C’est l’occasion de veillées et de rendez-vous culturels entre les temps de pédalage…C’ét ben du pllézi e le monde sont benèze ! Et comme c’est le printemps, j’entends le coucou ! Et vous ? Et comme c’est le printemps, je chante à qui mieux mieux comme les oiseaux en ce moment entre côte et descente…Et petite pose à Pâques pour la fête du livre de Bécherel où le thème est le temps pour être « La porteuse de temps »…Je serai donc dans ce village avec un vélo (ya q’ça de vrai, hein ?) des années 30…pour des rendez-vous invitant à perdre son temps…Serez-vous par là ? Où allons-nous aller pour vous accueillir…Ca ne sent pas trop le foin breton ? Vos chevaux ont l’air patient…Bon, j’attendrai…Mais finalement 5 ans, ça passe vite…Merci pour cette image du monde très partagée par vos plumes et vos ailes ! Je ne suis pas la seule à le dire, loin de là ! Bises depuis mon oie bleue ! Marie Chiff’mine

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