De Mesolongi à Itea

Les Cyclomigrateurs se la coulent douce en Grèce : Baignades, couchers de soleil, restaus et bistrots, paysages magnifiques… Pour un peu on pourrait croire que ce sont des vacances. Mais attention, il faut quand même pédaler de temps en temps, même si cette partie du trajet est relativement facile.

Après quelques bivouacs et campings pas franchement terribles, on vous avait promis du luxe et de l’opulence, eh bien ça y est : En fait, il n’y a guère de choix en la ville côtière de Mesolongi, pas de camping, zone trop urbanisée pour bivouaquer tranquillement, alors on atterrit à l’hôtel Theoxenia. S’il a de l’allure, cet établissement idéalement situé, ça fait tout même un peu « grandeur et décadence »; L’avantage est la taille du lit, gigantesque (ça fait du bien !), pour le reste c’est un peu vieillot mais on ne va pas se plaindre. La preuve en est que nous resterons même une seconde nuit, mais on ne pouvait guère faire autrement : Ayant raté le magnifique coucher de soleil sur la lagune le premier soir pour cause de sieste trop prolongée, on s’est dit qu’on remettrait ça au lendemain.

Peu profonde, la lagune en question est superbe, le soir comme le matin et même tout le temps. Une très digue-route de 5 km permet de rejoindre une petite île sur laquelle il n’y a pas grand chose sauf deux ou trois restaurants bars sympas et un magnifique endroit pour contempler les environs et se baigner : la plage de Tourlida.

Oiseau Tourlide, qui a donné son nom à l'île
Oiseau Tourlide, qui a donné son nom à l’île

Par contre, ce qui est très particulier, ce sont les abords ce cette île, des maisons de pêcheurs sur pilotis que les habitants rejoignent à bord de petits canots.

Pelade, maison traditionnelle de pêcheur
Pelade, maison traditionnelle de pêcheur

Le premier soir, on s’y rend à la nuit tombante, en reconnaissance. Tombés sous le charme de cet endroit, et un peu affamés tout de même, nous testons le restaurant qui propose, évidemment, du poisson. Goûté et approuvé, les calmars comme les sardines étaient bien bons. Le chien qui passait par là s’est contenté des têtes et des queues !

La lagune depuis notre table de restau
La lagune depuis notre table de restau

Le lendemain, on veut voir le lever de soleil, alors on se lève tôt et nous voila repartis vers notre île.
Les appareils photos sont en surchauffe, on profite de chaque minute qui passe car la lumière change très vite. La lagune est toujours aussi surprenante, on se régale. Il y a déjà des baigneurs, ça nous fait envie mais nous n’avons pas pris les maillots (et l’eau est d’une transparente cristalline).

Après un retour à l’hôtel pour le petit déjeuner, visite de la ville qui est, selon son site internet, pittoresque et pleine d’attraits. Notre avis sera beaucoup plus nuancé, on ne voit pas grand chose qui ait quelque intérêt sauf un parc qui abrite de nombreux hommages à des héros qui ont défendu la ville, notamment dans les années 1825, il se nomme le parc des Héros ; on ne connait pas ces gens là, ni ne comprend les inscriptions gravées, mais le lieu a un certain charme et les fortifications évoquent des temps où il fallait défendre chèrement sa position contre les Ottomans. On y découvre même une sculpture à la gloire des français qui sont venus batailler içi, ainsi qu’une statue du poète Lord Byron qui est mort dans cette ville.

Et cette fois ci, ayant compris le truc, nous sommes présents à temps sur l’île pour le coucher de soleil. Nous avons pris les maillots de bain et en attendant que le soleil décline on en profite pour se baigner et discuter avec les grecs de passage qui se demandent comment on se déplace avec de tels vélos.

Retour presque nocturne à l’hôtel, on commence à la connaître, cette route-digue, d’ailleurs équipée d’une piste cyclable (c’est assez exceptionnel pour être mentionné). Les couleurs du couchant sont magnifiques et sublimées par les monts derrière lesquels le soleil a disparu, mais qui nous laisse encore savourer une palette de braises dégradées de rose orange violet ; on fixe l’instant emmagasinant de superbes photos.

Encore un endroit où on aimerait bien revenir, il s’en dégage une telle douceur dans l’art d’y vivre et ses paysages lagunaires calmes que nous quittons à reculons.

Les 40 kms suivants sont parcourus sans trop de peine, sur le flanc des collines que borde la mer en contrebas. Arrivant en vue de l’impressionnant  pont à haubans Rion-Antirion qui relie le Péloponèse au continent, nous nous mettons en recherche du camping mentionné par le GPS. Datant de 2004, ce pont gigantesque a été construit et est exploité par Vinci, mais les tarifs prohibitifs expliquent qu’un service de bacs fonctionne toujours pour des traversées dont le prix est moitié moins élevé.

Le pont qu'on ne traversera pas
Le pont qu’on ne traversera pas

Arrivés au camping, déception, il est définitivement fermé. Vu son emplacement qui ne présente guère d’attraits, ce n’est pas étonnant mais ça ne nous arrange pas. Nous voici donc repartis pour la Nafpaktos, la ville suivante, heureusement c’est plat. Un bar restau près de la plage nous tente bien, la terrasse est agréable et la musique est bonne, on se pose là. Pour bivouaquer, on a pris quelques repères en route, on verra bien. En fait, on ne verra rien car il fait nuit noire quand on quitte le restau après nous être baignés et avoir dîné, la musique nous a retenu plus longtemps que de raison. Installation de la tente à la lampe frontale dans un petit pré entre deux maisons et on ne tarde pas à s’endormir. On entend un type qui passe par là râler après nous, c’est sans doute lui qui a refermé le grillage entourant le pré, ça ne nous empêchera nullement de repartir tranquillement au petit matin.

On fera seulement quelques kilomètres avant de stopper « encore » dans un café et bavarder avec une dame originaire de Nimes qui nous aborde parce qu’elle a vu le drapeau français. Elle s’installe un moment avec nous, contente de bavarder dans sa langue natale. C’est ainsi qu’elle nous apprend que son mari travaille justement pour le groupe Vinci sur l’exploitation du pont (qui sera remis à l’état grec en 2049 et qui en sera le seul exploitant), et qu’ils vivent à quelques km de Nafpatkos. Nous lui faisions part de notre déception en matière environnementale, elle convient qu’il reste tellement à faire mais surtout s’attaquer à faire changer la mentalité du grec qui a le geste facile de tout jeter dans la nature. Elle même s’est vue nettoyer la plage où elle se baigne, tous les jours elle revient avec des sacs de détritus. Une amie grecque l’accompagne mais elles sont quand même un peu découragées parce que tous les jours il y a des déchets « oubliés ». Nous lui parlons de nos bivouacs, il est normalement interdit en Gréce de camper sauvage. Le Grec est parait-il très respectueux de la hiérarchie mais pas des lois ! Bon vous nous direz que le français aussi… On pique la tente de façon sauvage, mais on attend quand même que le jour baisse et aussi on demande l’autorisation quand nous sommes près d’habitations.

Nafpaktos est une petite ville entourée de remparts avec un port vénitien, charmante. Elle est surplombée des ruines d’un ancien château. Comme beaucoup de villes d’une certaine importance du coté de la Grèce occidentale, elle a une histoire chargée , déchirée et partagée une fois par les assauts des vénitiens, ensuite par les Turcs ; le Péloponèse étant juste à quelques encâblées de ses cotes, cette région était un passage stratégique pour les envahisseurs de tout poil !

On tombe encore sous le charme du port de Monasteraki, après s’être engagés sur un chemin bordant la mer, mais en chantier… construction d’une route reliant deux villages avec un tunnel pas bien grand, mais qui n’est pas prêt d’être fini nous dit une jeune femme près du port, les grecs travaillent lentement …tiens donc…!

Afin de franchir un passage « délicat » en surplomb de la mer et du chantier, nous sommes contraints de retirer nos sacoches pour pouvoir passer, sous l’oeil goguenard des ouvriers. On n’avait pas envie de monter à l’arrière du village par la route et redescendre ensuite….

On se fait donc une petite pause avec les papy et mamy et avec des enfants apprenant à lancer des lignes de pêche mais sans gaule. Ils enroulent tout simplement le fil de pêche autour d’une grosse bobine, il faut juste faire attention de ne pas se prendre les pieds dans le fil…. Les poissons, eux sont nombreux on les voit par bancs dans l’eau transparente venant manger le pain que leur jettent les gamins, alors forcément ils ne mordent pas souvent à l’hameçon, ils sont repus pardis !

Avec tous ces arrêts on n’avance pas bien vite mais on se régale des paysages et des scènes de vie et ça nous va bien. Qui va doucement, va longtemps non ?

SDF
SDF

Quand même, on avale quelques kilomètres et le soir on avise en contrebas de la route une jolie petite crique avec une plage qui n’attend que nous.  Klobinos se nomme l’endroit.

Bon, il nous faudra pousser les vélos sans doute demain matin pour remonter mais tant pis, c’est trop tentant. Il y a une buvette avec paillotes et douche en plein air. Le patron nous autorise à camper mais pas devant la buvette… (on n’avait pas envie non plus). En dehors de nous il n’y a qu’un couple avec un enfant qui se baignent.

On trouve un endroit herbeux (rare) juste devant le jardin d’une maison qui semble fermée à quelques mètres des paillotes. Quand la tente est montée on voit arriver, en provenance de la maison, un grand père avec une canne. On s’empresse de le saluer et de lui demander si nous pouvons rester pour la nuit. Non seulement il est d’accord, c’est terrain public, mais en plus il veut bien que nous restions plusieurs jours….euh…. nous aussi, l’endroit est fort plaisant ma foi. Il repart rassuré après que nous lui ayons expliqué qui nous sommes et ce que nous faisons sur nos vélos bizarres, évidement il n’en a jamais vu de semblables !

Encore une fois nous allons assister à un coucher de soleil éblouissant en face de l’ilot Prasoudi, au loin les lumières de Patras et de sa banlieue agrémenté d’un croisant de lune orangé. Ca devient d’un banal……c’est notre quotidien…..rooooooooo comme on a de la chance……ah ça oui…….c’est bôôôô !!!!

Après une douce nuit bercés par le murmure des vagues il nous faut, effectivement, pousser les vélos vers le haut pour rattraper la route que nous avons quitté hier soir (tout se paye nous direz-vous !)

Notre matinée sera faite de descentes et de montées juste avec ce qu’il faut d’efforts pour ne pas se ramollir les mollets et ce, jusqu’à Tologon beach où on passe devant un ENORME  hôtel planté là sur le bord de mer, un peu monstrueux par rapport au reste des petites maisons éparpillées ici et là. Un petit troquet qui paye pas de mine nous abrite pour la pause fin de matinée. On discute avec le patron et les clients qui ouvrent grands les yeux d’étonnement, évidement nous ne sommes pas nombreux à passer par là à vélo.

Heureusement qu'il y a la traduction
Heureusement qu’il y a la traduction

Le patron parle français, il nous apprend que l’hôtel ENORME que nous avons vu est fréquenté essentiellement par des français et qu’il y a travaillé avant d’ouvrir sa petite affaire ; c’est là qu’il a appris notre langue. Comme ses autres clients (pas nombreux et tous grecs) veulent savoir ce que nous fabriquons par là, il traduit questions, réponses et on passe un bon, long et agréable moment. On en déduit qu’on doit être un peu fous et à la fois courageux de pédaler depuis déjà presque 5 mois, aucun d’entre eux n’a envie de nous suivre, ça c’est certain ! Y’a qu’à voir la tête qu’ils font quand ils veulent savoir où nous serons cet hiver et qu’on leur annonce comme destination l’Inde…. Ce sont des moments de rencontres joyeuses même si elles ne sont pas aussi approfondies ou authentiques qu’on le souhaiterait. Il en est ainsi dans le village suivant de Eratini où on fait nos courses pour notre pic nic. En rangeant nos petites commissions, un homme qui était à l’intérieur du magasin vient se taper la discute, lui aussi parle très bien français, forcément il vit dans la région parisienne. Il est grec est rentre au pays tous les étés et l’hiver aussi pour y faire son huile. En effet la région est couverte d’oliviers, la récolte se fait en hiver entre novembre et février. Il nous parle du savoir vivre grec, de sa culture, de ses traditions, de l’itinéraire que nous suivons et nous encourage. il est tout simplement content que nous parcourions son pays à bicyclette.

On s’approche doucement de Delphes, en passant par le superbe village de Galaxidi qui était encore isolé il y a quelques années puisqu’il n’y avait aucune route pour y accéder. C’est un village qui possédait un chantier naval démantelé depuis peu, son habitat de type insulaire est très joli et les ruelles ont conservé tout le charme des petits villages de pêcheurs. On va s’y arrêter pour prendre un verre dans un bistrot très vieux et dont le patron est un artiste peintre. On y resterai bien plus longtemps mais on veut se rapprocher de Itea qui se trouve être la ville avant Delphes, elle est visible d’ici mais la côte est très découpée et il y a encore de la route à faire pour y parvenir.

Le long de la côte, une énorme exploitation industrielle a deux défauts : Elle est fort vilaine, et la route ne pouvant longer la côte à cause d’elle, il faut grimper fort afin de la contourner ; évidemment, ça redescend aussi fort de l’autre coté et on ne s’en plaint pas. C’est une extraction d’aluminium, tout est rouge dans les environs. Comble de l’infortune on se fait courser à 2 reprises par des vilains chiens menaçants, mais on a crié plus fort qu’eux et les voitures qui arrivaient en sens inverse nous ont sauvé la mise. (on va peut-être faire comme Marie et david qui ont fait provision de croquettes pour chiens méchants).

On arrive sur la ville d’Itea assez tardivement vers 20h, aussi on ne va pas s’y attarder car le camping est à 3 km à l’extérieur de la ville, pourtant ça nous aurait bien tenté, il y a un grand marché nocturne qui se met en place, il y a beaucoup de monde, d’ailleurs on se demande si c’est un vide grenier ou un marché ? En plus nous sommes acclamés par un tas de personnes qui nous font un banc d’honneur, sommes surpris par tant d’enthousiasme, ils sont décidément très chaleureux ces grecs ! Mais il nous faut trouver notre camping avant la nuit, pourvu qu’il existe encore, car nous n’avons pas vu d’indications, on se fie au GPS et on a déjà vu des camping fantômes !
Ouf, en direction de Delphes on distingue enfin l’enseigne du camping Ayannis et nous y sommes accueillis par un patron plus très jeune, gai luron et parlant français avec un fort accent. On va piquer la tente avant de piquer la tête pour une baignade presque nocturne.

Il n'y a pas foule, on a de la place
Il n’y a pas foule, on a de la place

Ce camping a ouvert il y a 45 ans (les sanitaires sont d’ailleurs un peu à revoir), le couple qui le gère habite l’hiver à Athènes et il est fréquenté notamment par quelques français qui y ont leurs habitudes depuis 40 ans, d’autres depuis une dizaine d’années, le couple connait donc les enfants qui y ont grandi et aujourd’hui les petits enfants. Il est vrai que la région est idyllique et éloignée des plages à touristes, néanmoins très proches des sites antiques comme celui de Delphes. Mais nous on ne se voit pas venir tous les ans au même endroit, on a trop la bougeotte…..

Voilà, nous sommes donc arrivés aux pieds de Delphes et ses sites archéologiques fabuleux. Nous sommes humblement petits à côté des merveilles que nous allons découvrir, replongeant dans la mythologie grecque dont hélas nous n’avons conservé, l’un comme l’autre, que de parcellaires souvenirs. Les jours prochains vont être vécus en immersion, entourés d’oracles, du dieu Apollon et de la déesse Athéna et tout ceci dans de majestueux temples et sanctuaires, du moins ce qu’il en reste….

Photo bonus
Photo bonus

11 Comments

  1. ouahou!!! c’est bôôô! mais ma préférence va a la photo de l’oiseau qui se reflète dans la lagune!! et peut-être aussi à celle de Joel sous la douche! (eh ben quoi? on a des yeux pour voir non???)

  2. Je vois que les chiens vous attaques , il faut arreté de pedaler enfin je le dit mais je sais pas ce que je ferais , il existe des sifflets je crois pour les eloignés !!!!! La prochaine fois …Joel de plus pres dans la mer …..lol… comme dit la valaisanne « on a des yeux  » mais meme avec des lunettes on vois rien ….. merde ………………… lol lol …..
    J’attends la suite avec impatience a chaque fois !!!!!
    Bisous Lili

  3. Rhooooo lalala… Que vous nous faites envie ! Nous on est en train de se faire de nouveau avaler par la vie du quotidien fou d’ici . Heureusement que vous êtes là pour nous rappeler l’essentiel … Plein de bises des Asiemutés !

  4. On dirait un short blanc..avant de s apercevoir que joel est a poil..le chanceux!!!!Prendre sa douche comme ça ..retour aux sources.
    Sommes enfin a lugrin, encore un peu de patience et d’installation et nous nous inscrivons sur warm shower …
    Cool vos réponses a nos commentaires..
    Les filles de st gin(on garde ça comme souvenir de notre rencontre)

  5. Pensons bien à vous, et aujourd’hui nous n’oublions Joël et nous lui souhaitons un JOYEUX ANNIVERSAIRE…
    Nous vous souhaitons plein de courage, profitez au maximum de tous ces beaux paysages et encore merci de nous faire participer.
    Amitiés à vous deux.
    Alain et Patrick de Paris

  6. BON ANNIVERSAIRE PAPI ZO 🙂
    Zoé a eu la délicatesse de dire que tu n’étais pas vieux, mais que tu avais juste les cheveux gris…
    Bisous à tous les deux

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