El Dia de Muertos ( Le jour des morts )

Depuis le temps qu’on l’attendait, ce jour est enfin arrivé, et nous sommes bien au rendez-vous. Juste là où il faut, quand il faut. Comme quoi on sait être organisés de temps en temps…


San Miguel de Allende

Tout d’abord, posons le décor, lequel n’est pas crado du tout, comme vous allez le constater.

En 2008, la ville a été classée au patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO (depuis elle n’est plus Pueblo magico puisqu’elle a accédé à un rang supérieur).

L’arrivée

Plutôt chaotique parce que les rues sont faites de pavés bien glissants qui sont loin d’être homogènes et plats, ce sont plutôt des galets. C’est sans compter sur la difficulté des rues pentues que nous nous attaquons, bille en tête aux montées. Nous allons vite déclarer forfait, impossible de rester sur le vélo sans risquer de se casser la figure, les voitures nous frôlent de trop près, on peut dire que c’est plutôt casse goule comme entrée en matière.

Nous sommes à deux kilomètres du centre ville. Notre logement est excentré à cause des prix élevés pratiqués dans le centre historique, c’est une petite pension avec une cour où nous pouvons laisser nos vélos en sécurité.

San Miguel by Night

Vu qu’on arrive en fin d’après-midi, notre première découverte de la ville a lieu à la tombée de la nuit et c’est plutôt sympa. Nous arrivons dans la ville par un quartier plutôt populaire aux maisons aux murs colorés de tons chauds, entre les ocres, bordeaux, vermillon et autres dégradés de couleurs dorées. Nous empruntons des rues étroites magnifiées par des éclairages de lanternes.

Ici les murs sont hauts, cachant les belles demeures des américains retraités qui sont installés en nombre dans cette ville. Ceci nous parait tout de même un peu étrange, nous sommes loin des petits villages mexicains traversés précédemment. Un artiste peintre rencontré nous dit que les américains leur donnent beaucoup de travail et qu’ils sont bons pour la communauté. On veut bien le croire, néanmoins nous sommes un peu déconcertés parce que nous sommes dans une ville si peu conforme à celles que nous avons visitées auparavant et ici pas de militaires ou de  policiers patrouillant dans leur 4X4.

De ville fantôme à ville touristique…

San Miguel était pratiquement devenue une ville fantôme après la guerre d’indépendance. Elle a été remise en valeur par les artistes, les écrivains mexicains et étrangers grâce à son climat tempéré et son charme architectural – de style colonial, baroque et néo-classique. Aujourd’hui une importante communauté de résidents expatriés représentent la majorité de la population et ont contribué à la transformation culturelle et économique de la ville. Nous allons en avoir un bel aperçu dans les jours qui vont suivre.

Au terme de la rue Adama nous apercevons les flèches majestueuses et les toits de l’impressionnante et emblématique Parroquía de San Miguel Arcángel de style néogothique ; une église incroyable, originairement de style baroque, à la façade revêtue de pierres de couleur rose. Elle domine le Zocalo (la place principale), ou El Jardin encadré d’arbres et d’arcades bien animées. Ici comme ailleurs les habitants et les touristes se donnent rendez vous pour écouter les musiques des groupes de mariachis. Il y a un monde incroyable, les vendeurs ambulants sont partout, les enfants courent après leurs ballons, bref l’ambiance y est joyeuse et bon-enfant. Pour une fois nous ne nous sommes pas les seuls au faciès de gringos !

A l’angle de la place des calles Miguel Hidalgo et San Fracisco se dresse, toute blanche, la statue d’Ignacio Allende. Sa maison natale devenue un musée.

Les couleurs de San Miguel

De jour ce n’est pas trop vilain non plus, la ville est encore plus colorée que Guanajuato, on ne pensait pas que ce soit possible. Il n’y a pas de tunnels par contre, ce n’est pas une ville minière et le relief n’est pas aussi prononcé.

On comprend sans peine pourquoi les photographes aiment cette ville, il y a largement de quoi se mettre sous l’objectif, heureusement que nous ne sommes plus au temps des pellicules de 36 poses.

Le centre historique est interdit aux voitures, quelle bonne idée ! De ce fait l’ambiance est paisible, même s’il y a beaucoup de visiteurs, on peut déambuler le nez en l’air sans risquer de se faire écrabouiller. Beaucoup de fleurs agrémentent les maisons, c’est agréable pour la vue comme pour l’odorat.

Porte à porte

Irène aime les portes mexicaines, si on l’écoutait on en rapporterait plein en Bretagne. Mais, curieusement, elle n’est pas disposée à les trimballer par dessus ses sacoches, on se demande bien pourquoi.

Obsèques

Avoir ses obsèques le jour des morts, c’est la classe, non ? Au début on croit que c’est une procession pour la fête, mais c’est un vrai enterrement. Le cortège est, comme toujours, suivi d’un groupe de musiciens, ici ce sont des mariachis. Un départ en fanfare pourrait-on dire !

Transition idéale pour aborder enfin notre sujet principal, celui qui nous a conduit ici parce qu’il était inconcevable de ne pas être dans une grande ville pour assister à ces célébrations si particulières :

El Dia de Muertos

L’origine

La fête des Morts, au Mexique, est une tradition ancestrale qui n’est pas nouvelle puisque les aztèques se rendaient sur les tombes des défunts pour y laisser des offrandes. Ils célébraient aussi les morts lors de deux fêtes : Miccaihuitontli pour les enfants et, vingt jours plus tard, Hueymiccalhuitl pour les adultes. Les offrandes leur étaient apportées pour leur seconde vie. Avec la colonisation espagnole la foi catholique s’est imposée, apportant de nouveaux rituels aux cérémonies et comme le hasard fait bien les choses, le calendrier Aztèque coïncidait avec le calendrier catholique : le jour de la Toussaint tombait juste entre les deux fêtes Aztèques. C’est pourquoi, le rituel mexicain se déroule sur ces 3 jours. On peut parler de syncrétisme religieux puisque l’originalité de cette fête vient aussi du fait qu’elle mélange des rituels catholiques (importés par les premiers colons) à des rituels préhispaniques des civilisations aztèques et maya.

Vivre cette fête avec les mexicains en essayant de découvrir les codes, les rituels et les activités qui sont menées dans différents quartiers est un vrai challenge auquel on s’attèle durant ces trois jours de fête. On va parcourir des kilomètres et des kilomètres à travers la ville en essayant de ne rien manquer. Vivre la mort, la fêter, la fréquenter, la braver c’est ainsi que la vivent les mexicains. Ils vont célébrer le retour sur terre des êtres chers décédés et on est là ouvrant grands nos yeux, aspirés par tant de liesse. Franchement cela va être une découverte riche en émotions : un grand plongeon.

C’est quoi la fête ?

En résumé c’est comme si les morts revenaient dans leur famille pour y faire la fête près des vivants.  L’Unesco a inscrit la Fête des morts en 2008 sur sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité et c’est vraiment quelque chose d’incroyable. Des autels sont installés dans chaque maison sur une table ou à même le sol, voire même dans les espaces publics, des salles associatives, dans des restaurants, des boutiques à la mémoire des personnes disparues. Le plus grand soin est apporté à tous les aspects des préparatifs car dans l’imaginaire populaire, un mort peut attirer la prospérité (une bonne récolte de maïs) ou le malheur (maladie, accident, difficultés financières…) sur sa famille selon le sérieux avec lequel les rituels sont accomplis.

La préparation

En quittant notre logement à pied pour arriver dans le centre nous avons tout loisir d’observer autour de nous les préparatifs auxquels s’adonnent les habitants. Ici c’est un autel dans une maison, dans une autre un autel devant un calvaire, ailleurs les portes d’entrées ont les chambranles entourés de fleurs d’oeillets d’Inde ( les cempasúchils). Les rues deviennent de vrais tableaux printaniers (Contrairement à une croyance répandue, ces fleurs ne sont pas issues d’un improbable croisement d’oeil et de dinde)

Les autels

Les autels peuvent être dressés sur 2 à 7 niveaux. Ils sont couverts d’une nappe ou de papier coloré, décorés avec des papeles picados (des papiers découpés), représentant des têtes de mort ou des silhouettes de squelettes et que l’on retrouve partout en ville suspendus dans les rues, dans les magasins, les restos….
Ces autels sont en général ornés d’une photo du disparu, d’objets lui ayant appartenu, de bougies allumées, de copal dans son encensoir, d’une coupelle d’eau bénite… et de nourriture.
Sans oublier les fleurs, souvent donc des œillets d’Inde ou des soucis oranges ou jaunes et des fleurs blanches pour les enfants morts sans baptême.

Voici les significations que nous avons pu trouver :

  • Les bougies : c’est la lumière qui guide les âmes vers leur ancien foyer et qui permet ensuite leur retour vers leur dernière demeure.
  • le copal parce c’est un des plus merveilleux encens, qui non seulement purifie l’atmosphère mais il attire l’attention des divinités.
  • Le papel picado : souvent en plastique parce qu’il est plus solide que le papier, il représente le vent et la joie qui entoure la fête des morts.
  • Le pain des morts : sa forme généralement circulaire représente le cycle de la vie et de la mort. Il permet aux âmes de se nourrir pendant leur visite.
  • Les cempasúchils , les oeillets d’inde : en plus d’offrir une magnifique décoration, ces fleurs aux couleurs du soleil, permettent aux âmes de se guider.
  • L’eau : source de vie, elle est offerte à l’âme pour la soulager de sa soif.
  • Les crânes en sucre (calaveras de azúcar) : ils font allusion à la mort, toujours présente.

Un festin pour les morts

Les victuailles occupent une large place dans les festivités, les Mexicains préparent les mets préférés des défunts : des tamales (sortes de papillotes à base de farine de maïs fourrées, salées ou sucrées), des moles (sauces aux piments, chocolat, oignons, cacahuètes et divers ingrédients qui accompagnent des plats de viandes), des haricots noirs (aliment de base comme le maïs), du chocolat chaud, du café épicé, des fruits… Et une petite bouteille de mezcal ou de tequila et même du coca !

Les jours précédant les festivités, les boulangers et les confiseurs préparent des calaveras (des crânes en sucre ou en chocolat), le « pain des morts » (un pain brioché saupoudré de sucre) ou encore des citrouilles confites dans du sucre de canne roux. Selon la croyance, les morts savoureront l’essence de ces mets… mais ce sont bien les vivants qui les mangeront à la fin des festivités même si parait-il, ils auront perdus en saveur puisque les âmes s’y sont repues !

31 octobre

Il est un cimetière qui se doit d’être visité en cette journée du 31 octobre, c’est celui situé près de l’église « San Juan de Dios » nous finissons par le découvrir au terme d’un parcours par moult ruelles dont celle de la muerte, c’est tout dire, le décor est planté !

On fait la rencontre de trois hommes en train d’encadrer des photos géantes de personnes décédées pour la fête du lendemain, ce sont Mirza, Dany et Pancho. Les familles apportent les photos encore ce soir et tout doit être fini pour demain. Ils nous expliquent l’importance de la fête des morts pour les mexicains, entre traditions ancestrales et catholiques. La petite église de Saint Jean de Dieu est jolie comme tout, elle ressemble à nos petites chapelles. Elle est remplie de fleurs blanches et de plein de petits cierges allumés. Ce soir on offre des fleurs blanches et des cierges pour les enfants morts avant d’avoir été baptisés : ces derniers sont attirés dans les limbes. Le prêtre arrive en boitant appuyé sur sa cane, il est en retard, les fidèles sont déjà là qui l’attendent, les cantiques s’élèvent à l’unisson.

Dans la rue proche de l’église régne une ambiance étonnante. Des familles sont installées en train de dresser des autels absolument fabuleux, de vrais tableaux, de véritables œuvres d’art, c’est insensé de voir une telle créativité. Des plantes, des graines de toutes les couleurs, du riz, des fruits, de la nourriture, des fleurs, des calaveras qui  ce sont des crânes sous forme de friandises en sucre, en chocolat ou en plastique pour la décoration. Le nom du défunt peut y être inscrit sur le front. C’est une tradition vient notamment des Aztèques qui gardaient les crânes de leur adversaires vaincus au combat comme trophées. Ces mêmes crânes étaient rassemblés lors de la fête des morts pour symboliser la mort et la reconnaissance. Ils pouvaient être adorables ces Aztèques, n’est-ce pas ?

On devine l’importance de ces autels pour ces gens qui ont fait un travail de préparation en amont et qui vont passer deux jours à finaliser leur travail. On repère un autel immense avec une foultitude de détails, quel boulot, ils seront là encore demain pour fignoler ; peut être ont-ils dormi sur place ? Les visiteurs n’auront pas intérêt à mettre le bout d’un orteil sur les créations !

Il en est un autre qui retient notre attention, il a été dressé par une association de journalistes pour la liberté d’expression et à la mémoire des journalistes mexicains assassinés dans le cadre de leur travail, (la plupart au Mexique) ce qui en dit long sur la liberté d’expression encore aujourd’hui.

Il y a celui d’une petite grand mère assise bien sage devant son autel, elle est seule, son autel est des plus simple si on le compare à d’autres mais elle y a mis certainement tout son coeur et son regard en dit long sur la fierté d’avoir réussi un bel ouvrage, elle est contente que nous la prenions en photo. Irène l’aurait bien prise dans ses bras !

Nous ne pouvons pas entrer ce soir dans le cimetière, il est éclairé par des centaines de bougies qui scintillent dans la nuit et donnent une ambiance assez irréelle, des tas de lampions pour éclairer les âmes des enfants qui reviennent. A midi, les cloches ont sonné pour indiquer leur venue. Sur les tombes vont être installées les offrandes des chiquitos ou « angelots » : des fleurs bleues, des jouets, des petits pains, des cierges et des assiettes de bonbons. Nous reviendrons demain matin.

L’influence des festivités d’Halloween imprègne désormais la fête des Morts au Mexique. Les enfants revêtent des déguisements effrayants, selon la coutume américaine et tendent leur petits paniers en ajoutant un mot magique calaveras. Il est alors de bon ton de leur donner des bonbons, voir même quelques pièces. Leurs petits visages sont peints de masques représentant la mort, ils en seraient presque effrayants ! On est allé voir le marchand du coin qui nous fait de la monnaie pour les ninos et vendu des bonbons que l’on va distribuer tout au long de la soirée. Un sacré boulot !!!

1er novembre

Levés au son de la musique ce matin, les petits enfants vont à l’école avec le visage grimé pour certains accompagnés de leurs parents et de quelques musiciens. Nous sommes retenus par les couleurs des autels qui se dressent dans le jardin d’un lycée.  L’autorisation d’entrer nous est accordée bien volontiers et nous voilà au millieu de tableaux incroyablement travaillés. Des autels à la mémoires de personnes décédées ont étés créés par les jeunes lycéens divisés en groupes. Chacun avec un sens de l’estétique différent, avec toutefois un certain nombre de règles à respecter comme les fleurs, bougies et toute la liste que nous avons décrite plus haut.

Chaque réalisation va être évaluée par un jury qui passe devant chaque autel. Le porte parole désigné par le groupe doit disserter sur le choix du personnage mis à l’honneur (artiste, homme ou femme politique ou religieux).

Inutile de vous dire qu’il y a de la joie dans les rangs, entre les tenues extravagantes pour Frida Kahlo, un jeune qui joue de la guitare pour ce Mariachi décédé. La bonne humeur est de mise et le travail est pris au sérieux si on en juge par les dernières retouches réalisées à l’arrache avant le passage des profs. Une bonne quinzaine d’autels ont été ainsi réalisés et disséminés dans ce petit parc. L’endroit est devenu un cimetière  joyeux.

On ne voit pas le temps passer, les groupes de jeunes sont vraiment sympas et ils sont contents de nous montrer ce qu’ils ont fait et se laissent photographier avec d’autant plus de facilité que nous nous intéressons à leur travail. La mort est joyeuse au Mexique, force est de constater que chez les plus jeunes elle est vécue bien au delà des traditions, avec un réel attachement à faire perdurer la mémoire des ancêtres ou êtres chers disparus. Une relation à la mort à laquelle nous ne sommes pas préparé dans nos civilisations occidentales. Ici elle est transcendée, sublimée ;  pas de place pour la tristesse et les larmes. Et s’ils avaient raison ?

Avec tout ça nous avons fait l’impasse sur le petit déjeuner, au coin de la rue du lycée on tombe sous le charme d’une petite dame qui fait ses tortillas à la main, alors on craque, mais au final on ne va pas trop apprécier la garniture à l’intérieur… tant pis.

Nous sommes le premier novembre, on file « en ville » revoir notre cimetière fermé hier soir. On se laisse distraire par les scènes de rues. Prenons le temps de photographier la ville et ses charmes cachés dans les courettes, les vieilles demeures et même les boutiques-hôtels où nous pouvons entrer et visiter sans que personne n’y trouve à redire. On y dégotte même des idées pour refaire l’escalier de la maison !

A midi les cloches de la ville se mettent à sonner, c’est l’arrivée des âme adultes. Les églises font pratiquement le plein. Nous allons parcourir le cimetière près de l’église San Juan de Dios et le découvrir complètement décoré aux dominances de couleurs orange, pourpre et rose. Il y a plein de monde, les cimetières se visitent, c’est un lieu de promenade privilégiée en l’honneur des morts.

Un groupe de dames se tient à l’entrée, elles sont en train de casser la croûte. Ce sont des bénévoles qui ont passé un temps fou hier, cette nuit et encore ce matin à décorer les allées, les arbres et les tombes de celles et ceux qui n’ont pas eu la visite de leur famille. Le résultat est tout simplement incroyable, personne n’est oublié, pas même cet anonyme sur la tombe de qui reste une simple pierre. Une bougie et un souci y ont été déposés simplement.

Le maquillage

Hier déjà les stands de maquillage se sont improvisés sur les trottoirs. On peut dire que les mexicains ont un sens inné pour cet art. Certains vont passer un temps fou à réaliser un masque, les clients doivent s’armer de patience. Nous en avons croqué un nombre incalculable. Plus de 400 prises de vues, photos et films à l’occasion de la fête des morts et quelques 250 pour le reste de la ville. Le numérique a certes des avantages !

Tout le monde se maquille, homme, femmes, enfants. En soirée les adultes vont aussi vêtir de superbes costumes. On ne saura plus où tourner la tête. Un concours est organisé pour l’élection de la plus belle Catrina, nous allons trouver le moyen de le rater ; il s’est déroulé pendant qu’on assistait à la pièce à l’ancien couvent.

Irène s’est pliée aux convenances pour être dans le ton de la fête en choisissant un grimage simple parce qu’elle ne se voyait pas passer deux heures sous les pinceaux artistiques d’une artiste de la muerte. Le résultat a eu pour effet de faire peur aux enfants quand elle s’approchait d’eux pour leur donner des bonbons !!!

Pendant ce temps là de superbes tapis de graines, de fleurs, de copeaux teintés prennent forme sous nos yeux. Avec une infinie patience de jeunes gens et jeunes filles se sont attelés à un travail qui demande beaucoup de patience, d’attention et de précision. Nous reconnaissons les traits de la fameuse « Catrina »

La naissance  de Catrina

Il ne vous aura pas échappé que la tête de mort est omniprésente au Mexique en général, et en cette période en particulier, ceci depuis des temps immémoriaux.

Cette imagerie a été reprise au tournant du XIXe siècle par deux célèbres caricaturistes, Manuel Manilla et José Guadalupe Posada, qui ont inventé les calaveras : il s’agit de ces têtes de morts humoristiques qui ressemblent étrangement à des humains.
Ils ont ainsi croqué toute la société mexicaine sous forme de squelette : les religieux, les militaires, les bourgeois, les indigènes…


Le personnage de Catrina, squelette d’une dame de la haute société, vêtue de riches habits et portant généralement un chapeau, est ainsi vite devenu emblématique de la Fête des morts.

2 novembre

C’est le jour des adultes décédés, les familles se rendent au cimetière, en traçant un chemin avec des pétales de fleurs et en allumant des bougies pour guider les âmes vers les tombes. C’est l’animation qui règne  près de notre logement qui nous fait aller voir de plus près de quoi il s’agit. Nous pensions de prime abord qu’il s’agissait d’un marché. Le grand cimetière de la ville est ici, derrière la rue Salida a Ceilaya. Les rues adjacentes sont prises d’assaut par les  vendeurs de fleurs qui s’activent, les stands de nourriture ont un grand succès, on dirait presque une kermesse. C’est la foule des grands jours.
Pour entrer dans le cimetière, il y a une telle foule qu’une queue est organisée, on se croirait dans le métro aux heures de pointe. C’est la cohue autour du bassin pour transporter l’eau jusqu’aux potées de fleurs, ce sont les enfants qui s’y collent moyennant la pièce de monnaie. Autour du prêtre aussi les fidèles se pressent. Il est présent derrière un autel dressé pour l’occasion et récite une litanie de noms de défunts.

Les familles nettoient les tombeaux, les parent de fleurs, y déposent des offrandes, avant de transformer le cimetière en aire de pique-nique : on y mange, on y danse, on y chante, on y joue la musique que le défunt aimait !
Brel aurait aimé : « J’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse, j’veux qu’on s’amuse comme des fous […] quand c’est qu’on me mettra dans le trou ». Etre parmi les mexicains dans ce cimetière nous émeut beaucoup, nos pensées vont vers les onze personnes qui nous ont quittés depuis que nous avons entamé notre voyage. Etrangement ça nous fait un bien fou d’être ici et d’évoquer pour chacun d’eux les souvenirs partagés. Ils auraient adoré qu’on vienne ainsi partager avec eux un moment sur leur tombes, nous en sommes convaincu.

Attenant, le cimetière américain est bien plus calme, les visiteurs déposent des fleurs au grés de leurs envies. Un stand procède à une distribution de tamales ( Une papillote de semoule de maïs, cuite à la vapeur, enveloppé dans les feuilles qui protègent l’épi ).

El Nigromante

Terminons cette visite par l’ancien couvent de la Conception transformé en centre culturel :  Un petit bijou.

Nous y entrons par une immense porte en bois sculptée et tout de suite nous sommes sous le charme d’un vaste cloitre à deux étages. Des galeries d’art et des salles entourent un bassin central au milieu du jardin. Des personnes sont en train d’y dresser un autel qui va servir le lendemain de scène pour une représentation théâtrale à laquelle nous assisterons.

L’initiative de cette école  est due à un duo  péruvien-américain : Cossio Del Pomar et Stirling Dickinson qui ont décidé en 1938 d’en faire une école d’art au sens large du terme. Dans cette enceinte mexicaine, des étudiants du monde entier viennent y apprendre à jouer de la guitare ou du piano, peindre, la reliure, la peinture évidemment, la sculpture, le tissage. Nous allons découvrir un lieu propice à la création et à la musique. Les salles y sont superbement aménagées.

Le spectacle nocturne intéresse beaucoup les enfants ; vu notre niveau en espagnol, nous avons du mal à en saisir les subtilités mais l’essentiel est compréhensible, les acteurs sont excellents, on passe un bon moment. En la compagnie de la Catrina, bien entendu.

Les tombeaux

Pour clore notre séjour à San Miguel de Allende et pour en terminer avec cette fête des morts haute en couleurs, nous allons nous rendre sous l’église de la Parroquia qui abrite une crypte de tombeaux anciens des personnalités de la ville et de religieux. Cette crypte n’est ouverte au public que deux jours dans l’année.

Et nos vélos dans tout ça ? Rassurez vous on va les reprendre et continuer notre route comme nous l’avons commencée. Nous avons profité de cette ville splendide autant qu’il était possible. Nous avons eu le privilège d’être ici pour vivre la fête des morts auprès des Mexicains et ce fut une expérience très puissante, riche en émotions de toutes sortes. Nous avons su nous éloigner quand il le fallait de la foule qui s’agglutinait autour du jardin en face de la Parroquia pour dénicher des petites places qui méritaient tout autant d’être admirées et qui étaient fréquentées par les locaux beaucoup plus que par les touristes.

San Miguel est une pure merveille qui mérite d’être découverte. A toutes et tous, nos lecteurs, voyageurs de tous poils, si l’opportunité se présente à vous, n’hésitez pas à venir la visiter à cette occasion, vous en prendrez plein les mirettes !!! Ceci dit ce doit être le cas dans toutes les villes et villages du Mexique. Nous avons déjà envie d’y revenir !!!

8 Comments

  1. Quelle merveille ce reportage….après les momies c’ est du pur bonheur ! Je me sens pousser des ailes pour aller vers ce pays si diversifié, fantaisiste et chaleureux
    Bises à vous deux

  2. Superbe! Ce qui est rigolo c’est que chez nous, à Sierre, il y a une fête a la fin de novembre qui se nomme la Ste Catherine! les filles non mariées et qui atteignent 25 ans fabriquent de magnifiques chapeaux et sont élues « Catherinette » lors d’une soirée de fête! c’est magique..
    et puis j’adore « petit chat » qui se recueille!!! il est super ce compagnon.
    bravo pour ce magnifique reportage et je me réjouis de lire la suite..
    bisous

  3. Quel art de vivre !Tout semble orienté vers le respect et l’honneur des ancêtres!c’est une culture qui semble ancrée pour des siècles et des siècles malgré la modernité!Bravo pour le documentaire!Bonne route mexicaine!

  4. Les Poppies et les Mômies : tous à la fête!!!
    Pas très convaincant le maquillage d’Irène si c’est pour passer dans la foule, inaperçue; par contre, si c’est pour détourner les quémandeurs de bonbons cela semble efficace.
    Mis à part la danse, la musique, les fringues, la fête, les petits boulots de rue et quelques commerces aléatoires, les Mexicains bossent-ils autant que les français? Ou bien ont ils préservé un art local de vivre ensemble que nous aimerions bien inventer (voire retrouver pour les plus anciens d’entre nous)?

  5. coucou les cousins vous êtes de vrais dieux , les commentaires et les photos une vraie merveille, quel bonheur de vous lire prenez bien soin de vous deux bisous guy et josseline

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