Inde : Petit bilan pour un grand pays

Vous l’avez compris, ou alors c’est que vous n’avez pas bien lu, nous avons été conquis par ce pays et c’est avec regret que nous le quittons.

Si notre visa de six mois n’était arrivé à expiration, si un chameau lunatique n’avait provoqué une parenthèse de trois mois dans ce séjour, nous aurions volontiers passé plus de temps à découvrir les multiples aspects de l’Inde, si différente d’un bout à l’autre du pays.

Il faudra qu’on revienne, c’est ce qu’on se dit généralement en quittant un pays, mais cette fois ci c’est d’autant plus vrai qu’on n’aura eu le temps d’en parcourir qu’une infime partie.
Puisque c’est l’heure du bilan, allons y.

Un pays pas cher

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Les Roupies

Vu que c’était la première fois qu’on voyageait sans vélos, donc sans tente, on se demandait comment notre budget allait en être impacté : Hôtel tous les soirs, ce n’est pas dans nos habitudes, restos ou gargottes à tous les repas non plus.

Voici ce que ça donne, sur presque deux mois en Inde du sud, pour deux personnes :

Hébergement­: 14 € par nuit Sans aller dans des taudis ni des palaces
Repas : 12€ par jour Parfois en cuisine de rue, mais aussi quelques restos haut de gamme.
Transport : 2 € par jour En bus ou en train, les tarifs sont ridiculement bas. Le confort aussi, mais c’est ce qui en fait le charme.
Visites : 5 € par jour Contrairement au Rajastan et ses palais, au sud la plupart des visites sont gratuites. Les Parcs nationaux sont payants, ainsi que les guides évidemment, les treks furent l’essentiel de nos dépenses de visites.
Le reste : Le coiffeur, le barbier, les massages, les vêtements, rien n’est cher ici.

Ce qui nous amène à un budget de 19 € par jour et par personne, c’est moins que ce qu’on dépense en restant chez soi !
C’est toutefois plus que notre budget de voyageurs à vélos, lorsqu’on bivouaque et qu’on cuisine sur notre petit réchaud (notamment les célèbres pâtes de Nonna)

Un pays facile

En voiture !
En voiture !

Plus simple que l’Inde, y’a pas : transports, hébergements, pas besoin de réserver, l’improvisation est non seulement permise mais souhaitable.

  • Les transports : Il y a des bus qui vont partout, tout le temps, il suffit d’aller à la gare routière (bus stand) et de demander. Certes, les explications ne sont pas toujours claires, mais en demandant confirmation à un autre interlocuteur on arrive à s’y retrouver dans ce qui semble être un enchevêtrement invraisemblable de bus, mais qui est en fait bien organisé.
    Le train, c’est aussi simple si on s’en tient à des parcours de quelques heures, il suffit de prendre son ticket au guichet. Pour les longs trajets et les places en couchettes, il paraît que c’est plus compliqué mais pas insurmontable.
  • Les hébergements : L’offre est pléthorique, du sordide gourbi au plus haut de gamme, il suffit de trainer dans les rues pour trouver ce qu’on cherche. Bien entendu, on visite toujours la chambre avant de l’accepter, ne pas se fier au luxe apparent de la façade ou de la réception.
    Par contre, le CouchSurfing ne semble pas fonctionner comme ailleurs, ou alors nous n’avons pas eu de chance. Malgré de nombreuses tentatives on n’a eu que quelques vagues invitations, mais sans adresse précise, pas moyen de concrétiser.

Un pays cool

Souriez !
Souriez !

On fait ce qu’on veut, on va où on veut, personne ne s’en préoccupe et nous sommes même souvent encouragés à entrer dans des endroits où on se contentait de jeter un coup d’oeil au passage.
Bien entendu, respect des croyances et pratiques, certains lieux religieux nous sont inaccessibles et c’est bien normal.
Les gens sont sympas et souriants, ils aiment échanger quelques mots, c’est agréable.

Un pays déconcertant

Tout est symbole
.

La pauvreté, d’abord, surprend et est dure à admettre. Nous avons été choqués à Delhi, brutalement catapultés de notre monde d’abondance à une espèce de Cour des miracles surpeuplée d’éclopés, de crève-la-faim et de mendiants. Si on ne peut être indifférent aux familles qui vivent dans la rue, on sait aussi qu’on ne peut aider tout le monde, mais ce n’en est pas moins poignant pour autant. En prenant le temps d’observer comment fonctionne cette société, on découvre que la solidarité existe, sous des formes bien codifiées.
Il nous aura fallu deux semaines avant de nous sentir à l’aise, de nous imprégner de ces modes de pensée si différents des nôtres. Et de commencer à découvrir la « richesse » de l’Inde, non celle des palais mais celle des gens (ce qui confirme, mais ce n’est pas une surprise, qu’il faut du temps avant de voir au delà de l’apparence d’un pays).
Dans tous les domaines, on a l’impression que l’Inde est un gigantesque bazar chaotique mais en fait non, ça fonctionne selon des règles différentes, et c’est plutôt efficace. Incredible India !

Sans nos montures

On se demandait comment appréhender ce pays sans nos vélos (qui sont restés en Bretagne), allions nous être frustrés de rencontres, d’échanges ? Comment allions nous le découvrir sans avoir la relation privilégiée que nous donne notre arrivée sur nos montures ? Il y a bien des vélos ici, mais aucun qui ressemble aux nôtres.

Nous avons vu et découvert une autre facette de la vie au quotidien des indiens avec nos déplacements « à pied ».
Quid des transports en bus, en tuktuk, en train….. (un vélo ne rentre pas dans un tuktuk) et à la réflexion on aurait hésité à les charger sur un bus… pas fait pour ça ! Il y a cependant bien des routes que nous aurions aimé parcourir sur deux roues, superbes itinéraires en montagne comme en bord de mer, mais il faut se faire une raison, ce sera pour une autre fois.

Arriver à pied c’est différent, il n’y a plus cette curiosité naturelle autour de nos vélos ; mais pour autant les contacts ont été tous aussi séduisants les uns que les autres. Peu importe finalement la monture, l’essentiel est de conserver un regard réceptif, rester soi, humble, si petits dans cet immense pays qui  a su nous enivrer de parfums d’épices, de fleurs de jasmin, de roses et tant d’autres fragrances délicates (et d’autres parfois moins flatteuses, sinon ce ne serait pas l’Inde). Les couleurs chatoyantes des femmes sublimes dans leurs saris, marchands telles des déesses altières au port de tête…

Allure de voyageurs avec nos sacs à dos, pas vraiment le look du touriste lamda. Le fait aussi que nous ne soyons plus de la prime jeunesse, les regards nous ont suivis toujours souriants, demandeurs de contacts, photos
Nos déplacements au jour le jour, nous les avons fait avec eux, dans la promiscuité, dans l’échange de sourires et de paroles d’entraide, à porter bébés ou sacs, à respirer et transpirer en communion sur des longs trajets ou des courts, peu importe, on a touché du doigt une si infime partie de l’art de vivre à l’indienne.

Un pays inoubliable, on vous le dit !


 

Et pour finir, car on ne va certainement pas les oublier,

des nouvelles de l’Ecole des Pauvres :

Une inspection vient d’avoir lieu à l’école, il a été demandé que les travaux avancent plus vite afin d’assurer la sécurité des enfants. Il commence à beaucoup pleuvoir, terminer le toit est une urgence.
Comme promis, nous leur avons fait parvenir de votre part un virement international correspondant au total de vos dons, qui s’élèvent à 1 000 € ! (72 000 Roupies).

Un immense MERCI à vous tous, votre générosité nous a beaucoup touchés.
Pour diverses raisons, certains virements ne sont pas encore arrivés mais on a anticipé car il n’était plus possible d’attendre, la mousson arrive. Naturellement, on vous tiendra personnellement informés de l’avancée des travaux.

 

Clin d’oeil

Cochon dinde
Cochon dinde

C’est incroyable le nombre de gens qui croient que le cochon d’Inde est un « cochon dinde » ! Ceci sans se rendre compte de l’absurdité de la chose, ni même se poser la question de l’étrangeté d’une reproduction entre un oiseau et un mammifère. Mais il y en a sans doute autant qui prennent les oeillets d’Inde pour des « oeillets dinde », croisement improbable entre le règne végétal et le règne animal…

7 Comments

  1. Un grand merci pour votre intéressante vision de ce beau pays qu’est l’Inde.
    C’est une grande aventure à laquelle vous nous conviez.
    On vous souhaite une bonne continuation, toujours sans vélo, sous d’autres cieux.
    Amities

  2. Beau bilan ….. Je connais pas du tout ce pays sauf comme beaucoup d’entre nous ce qu’on en lit ,ou par des gens de mes connaissance qui y sont allés , les voyageurs en CC ce plaignent pas mal de la circulation presque impossible et aussi des indiens !! Alors que des gens qui vont comme vous sac a dos ont adorés et y retourne !!!!! Je pense aussi que l’indien respecte les gens agés ….lol ………….. j’ai le meme age que vous …….
    Vivement Madagascar , je pense que la aussi il y a matiére a pleins de choses ….
    Bisous mes voyageurs préférés ………Lili

  3. Bel hommage à ce pays, tel que vous le décrivez, ça fait rêver et ça donne envie d’aller soi-même constater tout ça sur place et profiter ! J’ai dû zapper quelques épisodes … je ne savais pas pour la collecte … mea culpa … c’est pas bien violette … heureusement qu’il y en a beaucoup qui ont tout suivi et envoyé des dons ! C’est super pour les enfants que vous ayez pu participer à leur faciliter la vie. Bonne poursuite de votre chemin, ici ou ailleurs, aujourd’hui ou plus tard ! Et si maintenant vous sortiez un livre avec toutes vos magnifiques photos et les textes qui les accompagnent ? 😉

  4. Moi, je croyais que c’était cochon dingue! Ah! Ah! Vraiment très intéressant votre site. J’aime beaucoup votre approche. Comme nous espérons faire de même bientôt (à vélo) cela nous rejoint beaucoup.
    Si vous passez par Québec un jour, ça nous fera plaisir de vous recevoir!

  5. Eh oui même sans les vélos vous découvrez un pays en étant toujours proche des gens et c est ce qui est important. Comme vos « enfants de voyage » qui ont traversé la Chine en stop , en train, et l mongolie a moto ! Que de belles rencontres, vous nous fêtes rêver. Quand à nous les bagages sont prêts. J ai respecté « la liste » faite par Marie! Demain on décolle pour la mongolie retrouver nos chers enfants ! Et oui on y est enfin à ces retrouvailles tant atténdues…. Apres une année de séparation ….. Ils nous ont préparé un beau périple !on peut leur faire confiance. On part avec quelques victuailles de bretagne ….. on pense bien à vous deux ! Gros bisous !! Et bonne continuation. A bientôt !!!!! Guylaine et jean.

  6. Ouf je vous retrouve après avoir eu quelques soucis d’ordinateur !

    Vous êtes ou, entre l’inde et Madagascar, vous avez quitté cette immense pays riche de culture en tout genre pour l’île indépendante de la France, mais dans qu’elle misère….

    A vern on récupère, entre autre, les pub et les journaux pour les vendre et récolter de l’argent pour améliorer la vie des enfants et habitants d’Androhibé. L’an dernier l’école à été rénovée. En ce moment Vern tiers monde récupère, par ce moyen et la vente des calendriers et objets divers (fabriqués à Madagascar) de l’argent pour installer des panneaux solaires qui fera fonctionner une pompe à eau pour arroser le jardin pédagogique démarré il y a un an par les élèves jardiniers (ils nourriront les 320 élèves d’Aîna). Pour l’instant ils font le trajet à pied pour ramener l’eau dans des seaux.

    A bientôt de vos nouvelles.

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