Première journée d’une traversée mémorable. En choisissant de passer par cette vallée au lieu de suivre sagement la route nationale, on savait que ce serait plus pittoresque, mais on ne s’attendait pas à ce que ce le soit à ce point là.
Belemedik, le village fantôme
Pas vraiment envie de quitter le village en ruine de Belemedik ce matin, au contraire on s’imprègne de l’histoire de ce village si particulier qui a été une base allemande dans les années 20 de l’immense chantier de construction de la voie ferrée Berlin-Bagdad, la Bagdabahn. Les tunnels qui traversent les monts du Taurus ont été creusés à mains d’hommes, beaucoup y sont morts d’épuisement, ça ne rigolait pas en ce temps là. A partir d’ici ont été déportés de nombreux Arméniens vers les camps du désert Syrien.
Il reste des habitations des ouvriers quelques pans de murs et l’ancien hôpital, on a du mal à imaginer qu’environ 10 000 personnes vivaient dans ce village ; la végétation a repris ses droits, les vaches paissent en liberté et les troupeaux de chèvres gambadent un peu plus haut. Quelques tables et bancs en bois permettent aux promeneurs de s’arrêter pour un pic nic, voire même pour la nuit en ce qui nous concerne. Des sanitaires neufs on été installés et des poubelles sont dispersées sur le site. Un immense sycomore déploie ses branches en un parasol géant.
Aujourd’hui quelques maisons sont encore debout et habitées, Irène est allée faire une causette avec un couple de petits vieux qui s’activaient dans leur jardin. La propriétaire des vaches est également venue nous dire bonjour.
La vallée enchantée
Nous repartons doucement sur une route caillouteuse plutôt descendante vers une vallée encaissée : la vallée du Cikat. On laisse la Cilicie loin derrière nous en nous enfonçant dans les gorges verdoyantes des monts du Taurus. Nous avons à peu près 20 km à faire avant de rejoindre le prochain village… Et on ne sait pas encore que nous venons de nous engager dans une galère bien pire que la Parenzana en Croatie !!!
Vu qu’on prend la vallée dans le sens de la descente, à priori ça va être facile et en réalité ça l’est. Au début.
La pente est douce, la rivière est toute proche, le soleil s’est élevé au dessus des monts, c’est très agréable. De plus, on ne manque pas d’eau, elle jaillit même là où on ne l’attendrait pas (une fuite, en fait).
Néanmoins, plus ça va et plus on s’éloigne du cours d’eau car le chemin descend beaucoup moins abruptement que lui, il est même plutôt horizontal et remonte par moments. Creusée à flanc de montagne, la piste devient caillouteuse à tel point que les roues patinent, il nous faut mettre pieds à terre et pas toujours avec élégance, c’est pas le moment de rater un virage, sinon on va s’étaler dans le ravin en contrebas…
Les paysages sont superbes, les monts absolument sublimes sous le soleil, de temps à autre on trouve un petit plateau, mais le plus souvent nous longeons la paroi, impressionnant tout de même…
Avantage, on n’a pas trop à se poser de questions sur la direction à suivre, il n’y en a pas d’autre et s’il y a un doute, le fléchage est clair :
Heureusement, et ça nous rassure, on sait qu’on ne risque guère de devoir faire demi tour car la piste est entretenue : les blocs de roche et les pierriers qui ont la mauvaise idée de s’égarer sur le chemin ont été écartés, d’ailleurs on a vu une niveleuse passer au petit matin, probablement pour dégager un éboulement. Par contre, il n’y a absolument personne à passer par là, hormis probablement les ouvriers qui entretiennent barrages et tunnels. Et aussi des cyclistes, deux italiens, il y a six mois ; mais ils passaient dans l’autre sens, on comprendra plus tard pourquoi.
Corniches et tunnels
Plus ça va, plus c’est beau et impressionnant, nous sommes ravis d’évoluer dans ce décor de rêve, conscients d’avoir une sacrée chance d’être là.
Les ruines d’un ancien village, probablement lié à la construction de la voie ferrée, se dressent au flanc de la montagne ; les bâtisseurs ne manquaient pas d’audace.
Pour faire le chemin, ils ne manquaient pas de courage non plus, c’est parfois acrobatique.
Alors certes, ce n’est pas facile à parcourir à vélo, mais ça vaut largement la peine tellement c’est grandiose. Nous avions vu quelques photos de ces endroits avant, ça nous avait fait envie, mais s’y trouver « pour de vrai » est une sacrée expérience !
La journée se déroule comme dans un rêve, car les difficultés sont loin d’être insurmontables et le cadre absolument superbe.
La caverne
C’est bien d’admirer le paysage mais la nuit tombe vite dans ces contrées, surtout dans une vallée encaissée, alors il faudrait voir à trouver en endroit où se poser. Mais où trouver un endroit plat pour mettre la tente ? C’est la question de chaque soir, cette fois-ci ce ne sera pas simple car ça penche de partout, jusqu’à ce qu’on passe à proximité de ce qui semble être une grotte. Une grotte ? C’est tentant, il faut aller voir à quoi elle ressemble.
Génial : Non seulement le terrain est plat devant la cavité, mais il y a une espèce de table et des bancs faits avec des blocs de béton, ça nous plait bien, on y sera bien pour le dîner. Ce sont visiblement des ouvriers qui ont aménagé cela, d’ailleurs il y a des traces de feu de camp et aussi, hélas, quelques ordures qui ont été jetées là.
Après avoir à grand peine enfoncé les sardines dans le sol rocailleux (certaines en ont gardé un air tordu et se feront redresser à coup de cailloux), la tente est montée et le fourbi de la cuisine installé sur la table. Jusque là, tout est d’un calme olympien, la soirée s’annonce sereine.
Le monstre de fer
C’est alors que, curieusement, le vent se lève brutalement. On ne comprend pas pourquoi, la tente se met à gigoter, ce qui est sur la table s’envole, on court après, c’est le bazar. Puis un grondement provenant des entrailles de la montagne se fait entendre, un bruit qui devient de plus en plus fort, une vague lueur apparaît dans l’obscurité de la grotte, au secours, le monstre arrive !
A ce stade, les mots nous manquent, les photos aussi, mais rassurez vous : Vous allez pouvoir vivre cet évènement en vidéo ! Mettez le son à fond et rejoignez nous vite :
Vous pouvez voir cette géniale vidéo en plein écran en allant sur Viméo puis en cliquant sur l’icône située en bas |
Brrrr! tant de caillasse et de solitude… meme sans le monstre de fer, c’est impressionant!
Bises et belle route! Isabelle
Belle aventure !
Les chemins (de fer) oubliés renforcent les relations dans le couple et démultiplient la complicité.
Mais en aviez-vous besoin !?
Vous paraissez bien et heureux ensemble, en toutes circonstances.
Nous on vient de fêter notre 1ère année de Mariage (rappelez-vous) … et nous avons encore beaucoup de chemins escarpés à gravir avant …
avant quoi ?
Bizh de Nanou à la belle Nonna et de Fred à Joël
Bravo pour la réalisation de votre vidéo c’est très bien fait
Profitez bien du paysage même si les passages sont difficiles l’itinéraire est splendide
Elle est super cool la vidéo ! La route que vous avez suivi a l’air vraiment sublime ! Bon courage à vous deux !!! On continu de vous suivre.
Bravo, vous n’avez pas déraillé… Il fallait une volonté de fer pour emprunter ce chemin caillouteux et vertigineux. Chapeau aussi pour les images et la vidéo.
Heureusement, la tente n’était pas sur les rails…nous n’aurions plus vos beaux reportages.
Bon assez d’humour noir, nous tenons à vous, ce sont les ennuis du direct, les surprises, mais aussi les bons souvenirs.
Michel
SUPERBE cette route ! Pour ce qui est du monstre de la caverne, on pensait que c’était un tremblement de terre…mais ce n’était qu’un train (pas fantôme !).
On attend la suite !
Bises
Mie Foise et André
Oh oh la trouille que vous avez due avoir!!! Super la vidéo on a crié avec vous…. Z’avez croise des bipèdes ou juste des trains?? Bonne suite
Toujours génial à suivre votre périple mais là c’est dantesque et la vidéo est trop bien !
Bravo et continuez votre route comme ça 😉
Très belle vidéo. Quelle peur ce monstre ! Vous êtes courageux car le chemin est vraiment caillouteux.
bises Paulette
On est sur un autre continent mais même menu pour les pic nics de cyclo ! Il va falloir vous y habituer vous en avez pour 3 ans à manger du thon en boîte …
Comme chacun le sait « avec le thon, le voyage il est bon ! »
Bluffé par la vidéo !,
Je suis impressionné que vous aillez le temps de faire ces montages en plein voyage .
Bonne continuation et merci pour le partage de tout ces moments .