Après presque un mois en Croatie, on peut dire qu’on aime ce pays. Et encore, on est loin d’avoir tout vu…
Depuis l’Istrie jusqu’au sud de la Dalmatie, nous n’aurons jamais été déçus même s’il y a évidemment des endroits qui nous plus emballés que d’autres, et ce sont souvent ceux où on ne rencontre pas grand monde.
Les vacances, c’est bien gentil mais on ne va pas s’établir là non plus, alors il est temps de repartir pour de nouvelles aventures. Mais on ne s’arrache pas d’ici si facilement, la météo s’y opposant farouchement. Déjà, durant la nuit il avait plu si abondamment qu’au réveil nous constatons que la tente baigne allègrement dans une grande flaque. Bon test pour l’étanchéité. Et ça persiste durant une bonne partie de la journée, que nous passons à la Maison du Parc où nous commençons à avoir nos habitudes.
Départ à 17h30, on ne va évidemment pas aller bien loin, d’autant que la sortie de Skradin est bien pentue, comme nous l’avions constaté il y a une semaine en y déboulant à toute allure avec David et Marie. 26 km plus loin, bivouac près d’un étang qui nous plait bien. Le berger qui ramène ses chèvres ne se formalise pas de notre présence, ni nous de la sienne.
Davor
Le lendemain, la route vers Trogir est sympa, ça monte et descend dans la campagne. Joël n’est cependant pas en forme, il se traine. Dès 13h nous sommes au bord de la mer pour un pic-nic bien ombragé. Pendant ce temps, Davor (vous vous en souvenez ? Le cycliste couché rencontré il y a une huitaine de jours) est à la plage, il nous rejoindra bien vite pour nous faire visiter la ville qui est d’ailleurs fort intéressante. Davor est intéressant lui aussi : Prof de philo et bibliothécaire à Zagreb, il est une source précieuse d’informations pour nous, nous apprenons beaucoup sur la Croatie et les croates ; et ça tombe bien, notre culture étant plus que lacunaire sur les Balkans.
Il nous incite à la baignade puisqu’il n’y a qu’à traverser la rue, et on dévore un poisson chacun plus tard au restau de son cousin.
Après avoir passé la nuit à la belle étoile sur sa terrasse, séance de bricolage sur le vélo d’Irène qui retrouve enfin une béquille digne de ce nom (pour le vélo, la béquille, pas pour Irène) et dont l’appuie tête malencontreusement tordu lors d’une chute précédente (une chute du vélo, pas d’Irène) reprend une forme plus conforme à son usage.
Cette rencontre avec Davor aura été un moment fort; c’est un jeune homme très chaleureux et dynamique, il devrait s’inscrire sur warmshowers.org (en fait, il va le faire). De toute manière, on ne pouvait que se plaire avec un gars qui roule en vélo couché en Croatie, et ils ne sont que quatre dans le pays…
Roule ma poule à Split
Le lendemain, changement de décor, on file à Split en re-visitant Trogir au passage, où Irène peut s’exprimer en langue des signes avec deux parisiennes sourdes.
David et Marie nous ont vanté la « route des Kastel » qui longe la côte, pourtant nous ne la trouvons pas agréable, il y a beaucoup de circulation. Split est une grande ville, on y arrive par d’interminables rocades, mais comme on l’a déjà parcourue durant la semaine de vacances, il n’y a pas d’effet de surprise. Il y a également toujours autant de monde dans le centre près de la cathédrale, c’est la bousculade, cependant l’architecture et la disposition des lieux sont remarquables.
On apprend que la famille Roule ma poule (Thierry, Valérie, Martin et Justin) rode dans les parages, ils aimeraient faire notre connaissance car ils sont sur le chemin du retour et ont rencontré David et Marie. C’est une occasion à ne pas rater, mais quand ils répondent enfin à nos messages nous sommes déjà repartis de Split pour aller chez Tomislav, notre hôte Warmshower qui réside très à l’extérieur de la ville. Tellement à l’extérieur que notre GPS, dans sa grande mansuétude (ou Joël par sa curiosité) nous conduit dans des endroits invraisemblables pour éviter les routes à quatre voies : Ancienne route qui n’existe plus, grimpée dans des collines sur des routes pourries, traversée de quartiers en travaux, culs de sac, et on en passe. Un vrai chemin de croix, alors que par les Roule ma poule vont mettre quatre fois moins de temps en passant par les grosses routes pour nous rejoindre chez Tomislav (il fallait qu’ils soient motivés, ceux-là). Comme c’est l’anniversaire de Valérie, on file tous au restau fêter ça, il n’y aura pas de bougies d’anniversaire mais on fait avec les moyens du bord. Cette famille est super cool, avec ses deux enfants : Martin qui pédale avec son petit barda et ses 9 ans, Justin qui adore sa chariote et qui a 19 mois. Une superbe rencontre qui n’était que virtuelle jusqu’à ce soir.
Le lendemain, retour à Split par la grosse route (on ne va pas se faire piéger deux fois) pour arriver de bonne heure au labo d’analyses qui nous avait refusés la semaine passée parce qu’ils ne font les prélèvements que jusqu’à 9h30. Cette fois-ci c’est plus simple, il est fermé pour congés ! Tant pis, nous tenterons notre chance ailleurs, il est temps d’aller au port prendre le ferry pour l’île de Korcula qui est, parait-il, à ne pas rater.
Korcula
Naturellement, c’est une île donc ça monte un max dès qu’on y débarque. Mais les véhicules qui étaient dans le ferry ne vont à priori pas bien loin, car la route qui traverse l’île de part en part est peu fréquentée. Le midi, après un agréable déjeuner dans un petit restau dont l’accès était bien caché, Irène ne trouve rien de mieux à faire qu’oublier sa serviette en sortant d’une épicerie. S’en apercevant quelques kilomètres plus tard, quelle ne fut pas notre surprise de voir une voiture nous doubler lentement (très lentement, vu que ça monte et qu’on ne va pas bien vite), puis faire demi-tour et redescendre au village, ce que nous faisons aussi pour aller chercher l’objet oublié ; sauf qu’à mi-chemin la même voiture revient vers nous, le conducteur s’arrête et nous tend la serviette : le conducteur avait fait le lien entre les cyclistes et la serviette égarée, et a pris la peine d’aller nous la chercher. Sympa, non ?
Cette île est différente des précédentes en ce sens qu’elle est plus haute, ça grimpe tout le temps, c’est même carrément difficile, surtout que ça s’achève par une pente à 9%. Mais l’effort est récompensé par des paysages superbes, notamment lorsqu’on surplombe de 500 m la mer.
Par ailleurs, c’est une sorte de maquis, et de nombreux hameaux sont abandonnés, les ruines blanches se démarquant bien sur la verdure, ça ressemble un peu au maquis Corse avec ses arbousiers et sa végétation courte sur pattes. Durant plus de vingt kilomètres nous ne verrons pas une maison habitée. Il est déjà 19h30 lorsque nous entamons la longue descente, casqués et revêtus des gilets jaunes, et c’est agréablement surpris que nous découvrons le village de Pupnat ; on envisageait (Joël envisageait… Irène n’était pas d’accord…) de poursuivre jusqu’à Korcula, mais c’est bien mieux ici : Petit restaurant bio très sympa (on ne fera qu’y boire un coup, on avait prévu notre repas pour le bivouac), le patron nous conduit à une chambre grande et confortable, le prix est correct, moins cher qu’un camping et avec un bon lit et une douche rien que pour nous… que demander de plus ?
Au moment du départ le lendemain matin, nos hôtes nous proposent un café ; nous acceptons volontiers, pensant pouvoir discuter un peu avec eux, mais ils déposent les deux tasses sur une table dans le jardin et s’en vont vaquer à leurs occupations. Dommage. Le café turc finira dans les plate-bandes car on n’est vraiment pas fans de ce breuvage.
Korcula est une belle cité fortifiée, on en a assez vite fait le tour mais c’eut été dommage de la rater. L’architecture est bien particulière, de même que l’organisation de la ville qui se situe sur une avancée rocheuse dans la mer et abrite deux ports.
C’est là que nous prenons le ferry pour Dubrovnik (à noter que le prix pour un vélo est supérieur à celui pour un passager, GRRR), la traversée est assez longue puisque nous allons zapper la presqu’île qui se trouve juste en face de nous et arriver directement en ville. Mais pourquoi donc choisir de faire ce trajet en bateau, penserez-vous ? Eh bien il suffit de lire le récit de la famille Roule ma poule sur ce qu’ils ont appelé La Route de l’Horreur pour comprendre. David & Marie les ayant précédés de quelques heures dans cet enfer, ce qu’ils narrent également sur leur blog, nous n’avons eu nulle envie de les suivre sur ce coup là.
Dubrovnik
On s’attendait à voir du monde en ville, on aura été servis ! Mais avant ça, nous avons fait, à la sortie du ferry, connaissance avec Hans et partons ensemble en quête d’un hébergement., ce qui sera vite résolu car les propriétaires de chambres se bousculent à la sortie du port pour attirer le client. Le premier qui se propose sera le bon, il habite à 12 mn du centre, le prix est normal, c’est à dire plutôt élevé mais ici tout est très cher. En arrivant chez lui, nous découvrons qu’il a un garage pour les vélos, ça tombe bien car nous avions oublié de lui demander ; on peut dormir n’importe où mais il faut que les vélos soient en sécurité, c’est essentiel.
Hans est allemand et vit dans la capitale Australienne qui est… Canberra, et non Sydney comme beaucoup le croient. Tout comme, toutes proportions gardées, Quimper est la préfecture du Finistère, et non pas Brest. Si vous pensez que ce genre de « détail » n’est pas important, ne le dites jamais lorsque vous êtes dans ces contrées, à moins d’avoir des pulsions suicidaires.
Nous partons donc à trois découvrir cette ville-merveille et nous rendons vite compte que nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée pour la soirée. Il est un peu tard, car les « 12 mn du centre-ville » s’avèrent être en fait être 45 mn, cependant les rues sont noires de monde. C’est vrai que c’est beau, les éclairages mettent en valeur le patrimoine architectural, on a l’impression d’évoluer dans un décor de cinéma. Et c’est ce coté qui nous gêne un peu, c’est tellement propre, impeccable qu’on se demande s’il y a une vraie vie derrière ces façades. Tout comme à Venise il n’y a pas de voitures, les rues sont étroites et les bâtiments proches, mais il manque le linge qui sèche, les enfants qui jouent, les petites épiceries, etc. Nous choisissons un restaurant dans lequel nous mangerons des pâtes, ce qui est d’une originalité extrême pour des cyclistes dont c’est la nourriture de base. En plus les portions étaient plutôt réduites.
Le lendemain, on descend à vélo pour une visite plus approfondie. Hans est resté à l’appartement, on se retrouvera le soir. Puisqu’on n’est à priori pas près de remettre les pieds ici, on opte pour la visite des remparts dont nous aurons le plus grand mal à trouver l’entrée, et encore plus de mal à encaisser le prix fort élevé de ladite entrée. Mais ce sera sans regrets parce que les remparts permettent de dominer toute la ville et en font intégralement le tour. Si les toits du Dubrovnik sont si célèbres, on sait maintenant pourquoi. Ce qui est regrettable, par contre, est que la plupart aient un aspect si neuf, mais c’est un effet secondaire des bombardements et du siège par les Serbes et Monténégrins en 1991 et 92. C’est une autre ville célèbre pour ses toits, Toulouse, qui a offert les tuiles lors de la reconstruction.
Le temps change, l’orage arrive, on a juste le temps de s’installer à une table de restaurant dans une rue en pente que le déluge s’abat. Il faut savoir que, la ville étant bâtie sur un piton rocheux, les rues qui y mènent sont si pentues que ce sont en fait des escaliers avec de petits bouts de rue qui les relient. Et quand il pleut, toutes les gouttières s’y déversant, cela se transforme en torrents de montagne, c’est assez spectaculaire. On déjeune donc « les pieds dans l’eau », ou plus exactement sur le piètement de la table. De leur coté, les serveurs font comme ils peuvent pour tenter de rester secs. Et dans la rue principale, qui est plate, les gens courent dans tous les sens, des jeunes s’amusent à glisser et se vautrer dans l’eau, c’est très drôle.
Après une bonne sieste, le soir pizza au port avec Hans, on continue dans l’audace gastronomique.
Mais dans tout ça on n’a toujours pas trouvé notre labo d’analyses, et la nana de l’office du tourisme n’a pu nous conseiller que l’hôpital, ce qui ne nous branche guère, on n’a pas envie de faire comme à Split, attendre un temps fou pour rien. Heureusement, sur l’annuaire nous dégottons un labo privé pas trop loin de notre appartement, nous nous y rendons de bon matin et là ça marche bien, prise de sang faite sans attente, prix minime, résultats par courriel dans la foulée, le taux d’INR est bon, cool.
Une fois de plus, la pluie retarde notre départ, on se demande si on est en Croatie ou en Bretagne. Lorsque ça se tasse, nous prenons une petite route à flanc de falaise pour quitter Dubrovnik, elle est bien car désaffectée, il n’y a que quelques piétons, des tas de chats et nous.
Sauf qu’au moment où elle rejoint la grosse route à voitures, il faut passer par dessus la glissière de sécurité, c’est très pratique… D’autres cyclos rencontrés plus tard nous raconteront avoir connu le même désagrément, les croates ont du progrès à faire pour aménager un peu leurs infrastructures, ce qui ne serait pas bien coûteux mais ils ont sans doute bien d’autres priorités.
Ce soir nous serons au Monténégro, et ça va être bien différent comme vous le verrez dans le prochain épisode.
Petit bilan Croatie :
- 804 km parcourus à vélo (3 579 km depuis le départ).
- 45 km en moyenne par jour de déplacement.
- 23 jours de voyage, dont 2 jours sans faire de vélo (112 jours depuis le départ).
- 15 nuits sous tente, 5 nuits sous un toit.
- Aucune crevaison.
- Une chute rigolote (Irène les roues en l’air).
- Matériel :
- Casse d’un rétroviseur.
- Appuie-tête tout tordu.
- Perte d’un bidon pour l’eau.
Et Joel t’avais plus ta scie a métaux pour le rail 🙂
Ceci ecrit, bonne nouvelle je recois de nouveau les mails quand vous postez !! cool!!
Bise à Irène
Rassurez-vous, le ciel dit que vous étiez bien en Croatie: il y pleuvait ! Pas comme en en Bretagne où il ne verse pas une goutte (ou si peu) et pas de champignon…
Bises
hello! vont dans quel sens la famille roule ma poule?? je ne trouve pas leur site! avait rencontré deux jeunes en Patagonie qui avait le même nom!!!! bonne route mes cyclos préférés!!! eh oui actuellement vous êtes les seuls que je connaisse!!! les autres sont tous rentrés…….
On a pris ce nom par hasard en se doutant bien qu’ils y en auraient d’autres mais c’est les enfants qui décident comme toujours 😉
Nous c’est les roule ma poule belges, na !
Chouette tout ça !
Mon frangin passe ses vacances en Croatie mais en camion.
Votre proposition de repartir vous rejoindre en Grèce est plus que tentante !
S’il n’y avait que moi, je sauterai sur le trike… On va commencer le livre et le montage du film lorsque l’on sera a la maison mais avant nous prenons quelques jours de « vacances ».
Gros bisous de la fameuhly
j’ai bien envie d’y aller… mais pas à vélo ! il y a tant de beaux paysages et d’archi qui m’inspirent pour réaliser une peinture… gros bisous de Bob et Freddie
un petit clin d’oeil de Dauphin… bises
Je vous adore , trop bien vos commentaires , ils vous en arrivent des choses , j’ai remarquée que vous mangez beaucoup , j’ai bien compris que pour faire du velo , il le faut , mais je sais pas si vous etes pas gourmand tout les 2…. lol ….. En tout cas tres sympa c’est sur ! je vous imagine dans un certain temps au milieu des kangourous , ou lamas ou des ours , je suis pas prete de vous abandonnée ……. Bisous Lili
Enfin je vais meiux suivre votre parcours, puisque je reviens en bretagne après un séjour de deux mois sur la côte d’Azur.Je n’ai pas bcp voyagé, mais je suis allée en Croatie, c’est vraiment un beau pays.
A bientôt de vous lire, vous êtes « trop génial » come disent les jeunes.
Une admiratrice de votre voyage vernoise.
Nicole T.