Le soleil a rendez-vous avec la lune

Alors comme ça vous avez cru qu’on allait désormais se faire trimballer plutôt que pédaler ? Que nenni, ça va un moment, mais l’envie de progresser lentement en silence, de s’arrêter à tout bout de champ et de camper reprend vite le dessus.
Alors aussitôt descendus du train, on reprend le pédalage vers le plus grand lac de Taiwan, le Sunmoon Lake. C’est reparti pour le vélo, en route !


Shuili, encore un bivouac pas crado

En passant par la petite ville de Shuili, nous demandons au poste de police où nous pourrions dormir, comme d’habitude. La réponse du policier est surprenante  » Vous voulez payer ou non ? » ; bien sûr on préfère que ce soit gratuit, alors il nous suggère un abri sur la digue toute proche, sachant que si on veut de l’eau (chaude ou froide) ou utiliser les toilettes, on peut venir à tout moment du jour ou de la nuit. Finalement nous n’irons pas les voir, trouvant un robinet près de la bibliothèque, nous y ferons notre toilette en plein air mais il n’y a personne à passer par là de nuit.

L’emplacement est superbe mais un peu juste pour notre grande tente, peu importe, on arrive toujours à trouver un moyen de fixer les haubans ; comme quoi une tente autoportante c’est bien, mais quand elle ne l’est pas (comme la notre) on s’en sort tout de même.

D’un sens, heureusement que nous avions un abri car il s’est mis à tomber des cordes durant la nuit. Comme quoi c’est parfois bien organisé, notre truc. Mais toutes les affaires qu’on avait laissées accrochées à sécher sont trempées !

Le lendemain matin, avant d’aborder la longue montée vers le lac, nous sommes intrigués par des véhicules qui trimballent de drôles de chargements, on va voir de quoi il retourne.

Il s’agit de la préparation d’une cérémonie où les divinités vont être de sortie en palanquin. Le protocole est assez curieux, avec moult gestes incantatoires et enfumage des divinités, ça se passe dans la joie et la bonne humeur. On aimerait assister à la procession, mais le lac nous attend et on ne peut guère s’attarder, dommage. Quelques regrets cependant quand on entendra dans la montée les pétards et la musique marquant le début des festivités. De la où nous sommes la ville est déjà toute petite et nous ne sommes pas arrivés à nos 17 kms de montée pour 700 mètres de dénivelé ! Ah on ne peut pas être dans deux endroits à la fois !!! A l’occasion d’une pause un autocariste va nous offrir deux bouteilles d’eau vite englouties, Irène est en nage, plus un poil de sec, c’est devenu une d’habitude. On changera de tenue en haut et en profiterons pour faire la lessive dans les toilettes pour handicapés, très spacieuses les toilettes ! Les t-shirt, et slips sécheront sur les vélos….

The Sunmoon Lake

C’est un drôle de nom, quand même, qui évoque forcément le soleil qui a rendez-vous avec la lune. Mais on comprend vite pourquoi ce lieu est si prisé par les jeunes mariés et tous les autres vieux mariés, car il est vraiment magnifique. C’est le plus grand lac naturel de Taiwan.

Evidemment il y a du monde, (c’est le jour de la fête des mères) les loueurs de vélos doivent faire fortune (énormément de vélos électriques alors que c’est plat sur cette rive…). Mais on ne peut que louer les autorités qui ont décidé de faire en sorte que ce lac soit aménagé si agréablement, les efforts ont été conséquents.

La question rituelle, où camper ? Il n’y a rien d’à priori prévu pour, excepté un camping aux prix vertigineux de l’autre coté du lac, évidemment ça ne nous convient pas. Par contre, au bord de l’eau, juste sous le gigantesque Visitor Center, une belle plateforme en bois nous tend les bras. A la nuit tombée on s’y installe, l’endroit est discret et on a même la compagnie de lucioles, c’est la première fois qu’on voit ces drôles de LED clignotantes virevolter autour de nous, on essayera bien, en vain, d’en capturer quelques unes mais c’est sans compter sur leur vélocité.

Pour la première fois à Taiwan nous allons subir un orage, et en pleine nature au bord de l’eau c’est vraiment impressionnant ! On se sent vraiment tout petit quand les éléments se déchaînent et curieusement bien à l’abri de notre petite tente. Le lendemain matin nous sommes dans le coton, les brumes matinales couvrent le lac et nous ne distinguons plus les immeubles et constructions sur l’autre rive. La nature est à nous, nous avons le privilège de la voir s’éveiller, que du bonheur.

Une grande partie du pourtour du lac est réservée aux vélos et piétons, de longues passerelles permettent de rester au niveau de l’eau, c’est très bien fait et il n’y a plus guère de monde dès qu’on s’éloigne un tant soit peu des quelques points les plus fréquentés.

De belles ballades à pieds dans une végétation luxuriante autour de ce beau centre. Le bâtiment abritant l’office du tourisme, boutique, restaurant et salles de préparation pour les mariages ainsi qu’une salle de projection a été construit sous l’égide de l’office du tourisme taïwanais. Il a été conçu par un architecte japonais et se fond parfaitement avec l’environnement, c’est très joli, spacieux et vraiment agréable à découvrir.

Les espèces de fougères ici sont en nombre important et les taïwanais récoltent les jeunes tiges pour les faire sécher et les  cuisiner. Nous aurons l’occasion d’en déguster sans savoir ce que nous mangeons, elles avaient un goût entre le haricot et l’artichaut. C’est en les voyant sécher sur le bord des routes,  sur des tapis ou des tamis près des habitations que nous comprendrons. Ah ! nous avons mangé des fougères, pourquoi pas !?

Nous allons plié la tente trempée avant de nous faire déloger par des gardiens, on ne sait jamais ! Nous aurons l’occasion de la faire sécher plus tard dans la matinée sur les bords du lac en trainaillant et en mitraillant de photos la faune et la flore et puis on se taillera quelques bavettes avec des curieux qui nous poseront plein de questions sur nos vélos. Après la pluie vient le soleil, on lézarde, on savoure, on apprécie, on en redemande.

Le temple  Wen Wu

Par contre, dès qu’on se retrouve sur la rive nord, ça grimpe dur, on transpire bien avant d’arriver au temple (encore) mais le détour en vaut très largement la chandelle. On va engloutir un ananas bien frais qu’un vendeur va nous découper en petits morceaux, ben oui ce temple se mérite, une petite grosse pépite.

Après être passés sous  la première porte imposante, on se retrouve face à deux énormes lions rouges, un mâle et une femelle de chaque coté d’une volée de marches qui vont nous mener à un incroyable ensemble de trois édifices tous plus impressionnants les uns que les autres. La couleur inusitée de ces deux lions est due à leur donateur, la plus grosse compagnie d’assurances taïwanaise (Shen Kong Life Insurance Compagnie) qui voulait sans doute s’attirer les faveurs des dieux.

Le temple consiste en trois salles. La première, située au deuxième étage de la salle d’entrée, est un sanctuaire dédié au Premier Ancêtre Kaiji et au Dieu de la Littérature. La salle centrale est dédiée à Guan Gong, le Dieu de la Guerre et au Dieu-guerrier Yue Fei. L’arrière-salle est dédiée à Confucius. Attention à ne pas entrer par une des portes centrales réservées aux dieux ! Nous devons emprunter les portes de part et d’autre, même si elles nous obligent à nous baisser : c’est voulu.

Le temple Wen Wu en lui même est de style chinois. Les bâtiments que l’on visite datent de 1969 et ont profité d’une rénovation dans les années 2000, un tremblement de terre les ayant endommagés en 1999.
Avec sa statue dans la dernière salle, le temple Wen Wu est le seul de Taïwan à posséder une représentation de Confucius. Après les 3 bâtiments se trouve une fresque gigantesque dont on ignore tout mais qui est impressionnante ! Les scènes guerrières sont nombreuses ainsi que les scènes d’enseignement. Un travail de sculpture absolument impressionnant tout en finesse. Quel talent ! « Wen » signifie littérature, culture et « Wu » signifie guerrier, art martial, militaire.

Accessoirement, la vue de là haut est superbe, ce qui ne gâche rien. Dans le temps jadis, il n’y avait pas de route, les pèlerins venaient en bateau puis devaient se farcir un escalier 366 marches reliant le lac au temple, chacune représentant un jour de l’année. Officiellement nommé Year of Steps, même si les intimes lui préfèrent le nom de Stairway to Heaven. De chaque côtés, des centaines de petites cloches sont accrochées se sont les voeux et les demandes de bénédiction des visiteurs. C’était quand même autre chose que d’arriver en car, prendre une poignée de photos puis redescendre illico…Nous n’avons pas accroché nos voeux, trop tard !!!!

Nous sommes tellement emballés par cet endroit que, quand on y repassera deux jours plus tard on s’y arrête à nouveau pour prendre une photo tout à fait exceptionnelle :

Ce qui est remarquable n’est pas que nous soyons sur la photo, mais qu’il n’y ait personne d’autre alors que l’endroit est généralement noir de monde. Il faut arriver avant la foule, pour ça, ce fut le cas ce matin là.

Le village de Ita Thao

Ita Thao est le nom d’une tribu locale. Sur l’autre versant de la montagne a été construit un village aborigène regroupant les différentes ethnies de Taiwan., le « Formosan Aboriginal Culture village ». Pour y accéder, il faut prendre un téléphérique qui parcours près de deux kilomètres, de très belles vues sur le lac et les forêts environnantes.

On va se retrouver dans un parc d’attraction ! ???? Sur place, c’est la surprise en voyant le plan des lieux : C’est présenté comme un grand parc d’attractions en effet, horreur, avec des manèges et plein d’activités ludiques ; mais aussi (et heureusement) tout un ensemble de villages au milieu de la nature verdoyante représentant les habitats des diverses tribus aborigènes de Taiwan. Il s’agit de constructions qui ont été déplacées ici, ou construites à l’identique des originales, avec les mêmes méthodes. Inconvénient de la chose, c’est une transplantation, mais c’est très bien fait et probablement le seul moyen d’approcher de cette culture qui est par ailleurs quasiment inaccessible.

Les techniques de constructions sont incroyablement diversifiées selon les tribus, c’est passionnant de découvrir les modes de vie à travers les aménagements et les décorations. Nous sommes stupéfaits devant la qualité de construction très avancée que ce soit pour la maison d’habitation, celle du chef, des hommes, le grenier « anti-rats », du poulailler ou de la soue à cochons. L’expression artistique est présente dans chaque construction, c’est tout simplement beau

Le musée est spectaculaire et nous en apprend davantage sur l’art de la fabrication des costumes traditionnels ornés de coquillages et de perles. Les objets usuels en bois : tabourets, cuillères, frontons de portes, (comme chez les Kanaks ou les Maoris), les armes.

Néanmoins certaines pratiques ont bien fait de disparaitre au fil du temps, comme les crânes des ennemis exposés à l’entrée du village, ou l’extraction rituelle des canines pour célébrer l’entrée dans l’âge adulte. Ouch !

Ce village fut créé pour préserver les l’histoire et la culture des aborigènes de l’ile. Les délégations de 9 tribus s’y retrouvent régulièrement pour des démonstrations de danses et de chants.

Un spectacle est programmé pour présenter les danses et musiques traditionnelles, et il faut reconnaitre que c’est assez épatant : les danseurs sont pleins d’entrain, les costumes sont superbes, les chants et musiques ont des sonorités intéressantes :

Nous ne comprenons pas les explications données avant chacune des danses mais finalement on en comprend le sens en les voyant évoluer sur scène. Si certaines danses sont surprenantes, d’autres ne dépareraient pas en Bretagne mais c’est normal, partout on retrouve certains types de pas et des chorégraphie autour de la séduction hommes/femmes, du travail, de la chasse……

Curieusement, on trouve plein de représentations de chouettes dans la région. Ainsi qu’une statue fort suggestive aussi avec les deux cailloux ronds qui vont bien avec.

Les chouettes.
« Contrairement aux traditions des Premières Nations américaines qui font de ces oiseaux des messagers de la mort, celles des Truku font d’eux des messagers de la naissance. Des femmes âgées racontent que des rapaces nocturnes se posent près des maisons où vivent des femmes enceintes et hululent la nuit. Si leur cri est haut perché et bref, ressemblant à « niak-niak », la femme donnera naissance à une fille. Si au contraire il est plus long et plus grave, ce sera un garçon. L’une des informatrices a affirmé que ces rapaces entrent dans les villages et déambulent fièrement dans la rue lorsqu’une femme est enceinte. Récemment, raconte-t-elle, l’apparition de l’un d’entre eux a causé une certaine confusion parmi les habitants parce que ces derniers n’étaient au courant d’aucune grossesse parmi eux. À leur grande surprise, une femme de 40 ans était enceinte et donna naissance à un garçon, comme l’avait annoncé l’oiseau. Cette même informatrice a raconté que, lorsqu’elle était elle-même enceinte, elle était allée se promener en montagne avec deux cousines, enceintes comme elle, pour cueillir des champignons. Toute la nuit, des « niak-niak » s’étaient fait entendre. Par la suite, les trois femmes avaient donné naissance à des filles. L’informatrice assure que, si l’une d’entre elles avait porté un garçon, un second oiseau serait apparu. Terminant sur un lieu commun, elle a fait remarquer d’un ton pince-sans-rire que la technologie des ultra-sons avait supplanté ces oiseaux, tout infaillibles qu’ils soient. »

Il est regrettable (et frustrant) que le dernier téléphérique parte à 16 h car on resterait volontiers plus longtemps, tellement il y a à découvrir, on est loin d’avoir tout parcouru. Sans même parler des manèges et attractions dont on n’a rien vu et tant mieux ça n’est pas pour ça que nous sommes montés.

Taishung : Retour en ville

On s’est tellement plu autour du Sunmoon Lake que nous y sommes restés trois jours, mais la date de notre vol pour la Corée approche, c’est pourquoi on s’en retourne en ville. Mais non sans passer par la campagne auparavant, et c’est charmant.

La route 21 traverse de petits villages bien calmes, la construction de l’autoroute leur a rendu leur tranquillité mais les villageois ont perdu leur gagne pain c’est évident, les automobilistes passent maintenant au dessus de leurs têtes à flanc de montagne. Particularité locale, une commune où nous voyons ces curieux bidons transformés pour faire cuire des patates douces, il y en a plein à se suivre, nous n’en verrons plus par la suite.

Place à la route 14 au village de Shi Diao Gong Yuan, ça ne s’invente pas…. avec un profil descendant (on descend de la montagne à cheval !!!!) Découverte également de fruits délicieux, qui nous sont offerts par un couple au bord de la route : les « pipas » qui sont des fruits de couleur orange, très juteux, bons pour la toux et pleins de vitamines. Avec ça on devrait assurer. Ce sont en fait les fruits du néflier japonais, un reste de colonisation.

Ruelles encombrées, nous sommes loin des banlieues riches de la ville. Pour faire sécher le linge, ce n’est pas bien compliqué, n’importe où de préférence au soleil et personne ne viendra vous piquer vos petites culottes ou vos chaussettes.

Puis c’est l’arrivée dans la banlieue  de Taitung, mais la ruralité n’est jamais bien loin. On imaginait cette région de l’ile remplie d’usines, de tout ce qui produit le « Made in Taiwan« , mais ce sont souvent de petites entreprises semées au milieu des cultures, à moins que ce ne soit le contraire.

A Caotoun , au milieu de tout cela, des temples bien évidemment. De l’un d’entre eux émanent des chants qui incitent à l’arrêt et c’est un moment de chance : les officiants sont en pleine cérémonie, les mélodies sont à la fois surprenantes et prenantes. Bien entendu on enregistre allègrement. Les personnes présentes nous proposent des boissons fraiches et nous invitent à nous approcher, à écouter et nous recevons l’autorisation de photographier.

Une des visiteuses du temple vient bavarder avec nous, elle souhaite que nous passions chez elle (son mari parle mieux anglais qu’elle, nous dit elle) . C’est Julia,  elle travaille dans une superbe maison de retraite toute neuve le « Long Term Care Center Cantun » et nous voilà en compagnie des petits vieux. Quand nous serons nous-mêmes dans un établissement, nous serons contents de voir arriver des cyclistes venus de l’autre bout du monde…Nous y passons un très agréable moment et partageons le gouter avec un milkshake à la goyave.

Le petit hôtel où nous passons la nuit stocke nos vélos dans un décor de luxe, ça change des nombreuses fois où ils sont dans la rue, parfois sous la pluie. Mais ils méritent bien ça, et nous aussi. « Panne » et « Cake » comme sur une scène de théâtre, ils font leur show devant les clients….

 

Du rab d’eau

Pour arriver à Taipei, nous allons prendre le chemin des écoliers et longer à nouveau une étendue d’eau mais cette fois-ci ce n’est pas naturel, c’est un barrage qui en est à l’origine.

Il fait très chaud quand on prend la route (29 à 31° aujourd’hui) Irène n’a pas la frite, elle souffre, plus de jus…nous roulons à la limite de la banlieue entre les rizières, les petites fermes agricoles où les jardins sont bien cultivés. Y poussent oignons, choux, poireaux, salades est autres végétaux difficiles à identifier. On s’arrêtera dans la ville voisine de Xinpu pour déjeuner d’un plat local, une soupe avec des nouilles. Un homme, ou une femme (un trans ???) qui nous a indiqué l’échoppe vient nous voir à table avec un sac contenant 13 oranges !!! « Dégustez les oranges, elles sont pas faciles à trouver et sont très bonnes  » Oups, ça pèse un âne mort 13 oranges quand il fait chaud et qu’on n’a pas la forme …..on en mange deux en dessert, reste 11 à transporter qu’on va se répartir équitablement….ha oui ça fait pas un compte rond …..alors on mange la 11 ème !!!

 

13 oranges

Ca grimpe, mince alors, longtemps mais surement ! Le long d’une petite route, bien paumée dans la cambrousse, surgit un immense temple flambant neuf, ça fait bizarre, d’habitude ils sont très vieux. On va aller prendre le frais, faire le plein d’eau et se ressourcer.  La pratique religieuse est bien vivante dans ce pays, comme en témoignent les offrandes fort diverses.

Lorsqu’on arrive au « Shimen barrage » , après de belles montées, c’est la déception. Bien que nous soyons au dessus de la ville et que la vue de la haut est superbe, le lieu est interdit au camping nous sommes dans un parc naturel et ça ferme à 19 heures, il ne va pas falloir trainer dans le coin. Gloups, on n’a pas de bouffe, il n’y a pas de boutique et on n’envisage pas un instant de redescendre comme nous le suggèrent les policiers qui, pour une fois, ne nous seront guère utiles.
Heureusement au seul resto du coin les filles nous concoctent du riz avec du cochon sauvage rapidement, puis on file en longeant le lac et en se disant qu’on trouvera bien un moyen de se caser quelque part. Irène est épuisée et veut rentrer à la maison, si, si, elle veut rentrer à la maison ! Ca monte encore, quand l’endroit idéal se présente enfin : Une jolie pagode en bois avec un point de vue sur le lac, un spot de fous, vue imprenable. Problème, c’est toujours dans la zone interdite et il y a des caméras, mais on s’installe discrètement au pied de la pagode et ça le fait. Sauf qu’une voiture de police arrive et s’arrête tout près, on éteint les frontales et ne bronche pas, ils finissent par s’en aller, ouf ! Ils ont du faire un arrêt pipi aux toilettes tout près.

C’était notre dernier bivouac dans ce pays, et pas le plus moche, ça se termine bien. C’est vraiment un pays facile pour les cyclo-voyageurs et ça va l’être jusqu’au bout. Ah une bonne nouvelle : Irène ne souhaite plus rentrer à la maison, ça descend !!!!!

Le lendemain matin nous sommes réveillés avant le lever du jour, à 4h !!! par des raclement de gorge guturaux, un homme est en train de casser la croute sous notre pagode !!! Il ne sera pas le dernier à passer par là, c’est tout un défilé de sportifs marcheurs qui vont et viennent déjà sur la route avec force de mouvements d’échauffements ou d’étirements au retour. Evidemment nous avons pris d’assaut leur spot favori de fin de parcours. On leur fait une petite place au petit déjeuner que l’on termine, ils se font cuire leurs nouilles aux légumes. Des randonneurs très organisés qui vont nous offrir deux patates douces chaudes avant d’enfourcher nos vélos.

Taipei, le retour

Alors que nous sommes proches de la capitale, on trouve encore de petites routes charmantes, notamment une vallée bien préservée entre Nangizou et Cheng’en pour laquelle oeuvre notamment un homme que nous rencontrons C’est un passionné de nature et ça se voit. Un des habitants de la vallée est d’origine anglaise, il a bâti un cottage où peuvent venir savourer un thé avec des scones les cyclistes de passage. Hélas il n’ouvre qu’à 10 h, nous sommes trop tôt.

Arrive Julie, une jeune femme à VTT, elle  se propose de nous accompagner pour nous mettre sur la route qui nous mènera vers le centre ville en longeant le fleuve. Elle nous fait passer par un ancien tunnel de voie de chemin de fer. A l’occasion d’un arrêt pipi Joël échange ses lunettes de soleil avec un autre cycliste, elles lui plaisaient bien ! Nous circulons ainsi une vingtaine de kilomètres ensemble, c’est très sympa de nous avoir ainsi guidés. Grace à Julie nous sommes passés par des endroits que nous n’aurions pas approchés notamment ce village (pauvre) d’une tribu aborigène de la montagne construit en bordure du fleuve. Ils cultivent leurs jardins, n’ont pas tous de travail. Julie est éducatrice spécialisée « pour les enfants qui ont une vie difficile » nous dit-elle. On se demande comment vivent les populations les plus démunies de Taiwan ?

C’est bien commode d’arriver dans une si grande ville sans devoir se confronter à l’intense circulation automobile ; les digues qui bordent le fleuve sont cyclables et, même si actuellement il n’y a quasiment pas d’eau, on devine aisément que durant les typhons le niveau doit devenir impressionnant.

iCycling

Et voila, la boucle est bouclée, nous sommes de retour dans notre boutique de vélos (couchés) préférés. José et Diane nous accueillent chaleureusement, nous dormons comme la fois précédente dans la chambre de l’arrière boutique. Le lendemain, une causerie sur notre voyage sera l’occasion de déployer tables et chaises dans la rue, c’est sympa. José a invité quelques amis, dont Philippe un américain qui vit à Taiwan et qui pédale tous les jours.

C’est aussi l’occasion de pouponner un peu et de se faire subrepticement poser des ventouses, ce qui est une pratique courante ici. On pratique la médecine chinoise avant d’être malade et il parait que c’est bon pour plein de choses. Le fait est que ça fait du bien… quand on les enlève.

Un immense merci à José et Grace pour avoir gardés nos vélos durant notre séjour hivernal en France, les avoir révisés et nous avoir hébergés, sans iCycling notre séjour Taïwanais n’aurait pas été aussi réussi !

Bye bye Taiwan

Avec l’expérience nous devenons plus performants, comme en témoigne notre préparation exemplaire des vélos pour embarquer dans l’avion : Achat en ville d’un gros rouleau de papier bulle, transport du truc encombrant (mais léger) par dessus notre chargement habituel, trajet en bus jusqu’à l’aéroport (malgré la forte réticence du chauffeur qui croyait que nos vélos ne rentreraient pas dans son engin), et finalement emballage extrêmement soigné.

On n’a jamais fait aussi bien, surtout quand on compare avec notre départ du Japon pour Taiwan, où c’était du grand n’importe quoi. Le seul point commun est que cette fois-ci aussi on est arrivés au mauvais terminal, mais c’est de la faute au chauffeur grognon qui pensait que nos vélos ne rentraient pas dans la soute, et qui s’est un peu vengé en nous déposant au mauvais terminal. Ca a donné l’occasion à une très gentille « agente » de sécurité de nous rendre grand service en nous accompagnant pour prendre la navette, allant jusqu’à trimballer à travers le dédale de couloirs notre rouleau de papier bulle. Il n’y a pas que les Japonais qui sont très serviables. Et puis on avait toute la nuit devant nous pour préparer nos « paquets », quand on est pas pressés, ça aide ; nous les avons emmaillotés comme des nouveaux nés !

Départ au petit matin, bien fatigués mais contents. En route vers de nouvelles aventures, voyons un peu à quoi ressemble la Corée…


Bonus

 

 

8 Comments

  1. Bonsoir
    Toujours intéressant …On voit que la spiritualité est à chaque tournant ..un art de vivre un peu comme au Japon..Bravo pour les riches commentaires!
    Bernard

  2. Encore une belle découverte d’un charmant pays, méconnu, aux habitants serviables et prévenants (tout comme chez nous…). Merci pour ce beau voyage.
    Et pour la fleur mystère, voyez les Tibouchina, peut-être du coté de semidecandra…

    On a hâte de vous suivre en Corée, peut-être même du Nord ?
    Bien amicalement

    Courage Irène, après une montée il y a toujours une descente…

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