Les villages flottants

Les villages flottants du Cambodge, il ne faut pas rater ça, on n’a pas l’équivalent par chez nous. Ça se passe sur le Tonle Sap qui est à la fois une rivière et un immense lac, c’est la plus grande étendue d’eau douce en Asie du Sud-Est.
On embarque sur un drôle de bateau qui va nous trimballer durant huit heures sur la rivière pour rejoindre la ville de Battanbang sur l’autre rive.

Le régime d’écoulement alternatif de la rivière Tonlé Sap est celui d’un cours d’eau sans source hydrographique et est très rare dans le monde : en saison sèche elle coule du lac vers le Mékong, en saison des pluies du Mékong, alors en crue, vers le lac, celui-ci servant ainsi de déversoir au trop-plein des eaux en période de hautes eaux et de réservoir en période de basses eaux.

Nous sommes en saison sèche, la navigation demeure possible mais il va y avoir un moment où elle devra s’interrompre quand le niveau des eaux sera trop bas. Il est très intéressant de voir ces habitations et toutes les activités qui vont avec, tournant évidemment autour de la pêche.

Le lac Tonlé Sap constitue une ressource commerciale importante. Il fournit plus de la moitié du poisson consommé au Cambodge. C’est la zone de pêche la plus productive du monde en fournissant plus de 75% du volume annuel de pêche en eau douce et 60 % des vivres pour la population cambodgienne. 

Il y a notamment de grands filets rappelant un peu nos carrelets si ce n’est qu’ici, comme tout le reste, le truc flotte au lieu d’être sur une rive.

Le bateau sert également à transporter des colis, de temps à autre un petit bateau l’accoste et dépose son chargement pour livraison ultérieure. Une famille locale est également transportée, ils n’ont pas les meilleurs places, près du moteur. A la pause déjeuner nous pouvons utiliser les toilettes à évacuation directe dans la rivière, non loin de là on lave la vaisselle…

Toutes sortes d’embarcations naviguent dans tous les sens, souvent fort bruyamment parce que les moteurs sont à échappement libre.

La population de ces villages est plus jeune que dans le reste du pays, il y a beaucoup d’enfants qui semblent à l’aise comme des poissons dans l’eau. Pour aller à l’école, comme pour les déplacements d’une maison flottante à une autre, ils utilisent des bateaux comme d’autres à terre utiliseraient le vélo.

A l’issue du trajet, pas d’embarcadère évidemment, on descend les vélos sur la rive un peu vaseuse, il n’y a qu’une dizaine de kilomètres pour rejoindre Battanbang. C’était un voyage remarquable sans lequel nous n’aurions rien su du mode de vie de ces pêcheurs. Nous sommes étonnés et un peu affligés de voir que certains passagers sont restés scotchés à leur smartphone durant toute la traversée, regardant des films au lieu de s’intéresser à ce qui se passait autour d’eux : Pourquoi ne sont-ils pas restés chez eux ?

Battanbang

Bien que ce soit la seconde ville du pays, elle ne compte que 250 000 habitants, ce n’est donc pas vraiment une mégapole. Nous sommes surpris par l’état des quartiers en dehors des grands axes où sont les belles bâtisses, le contraste est grand avec des rues non goudronnées et un certain délabrement.

Deux endroits nous ont bien plu, tout d’abord la maison de madame Bun Roeung qui est remarquable car elle appartient à la famille depuis quatre générations et est représentative des anciennes maisons khmères.

Outre les informations fort intéressantes données par le neveu de la dame, qui est un peu abrupt au premier abord, on en apprend beaucoup sur la situation actuelle du Cambodge, pays toujours soumis aux influences de ses encombrants voisins thaïlandais et vietnamiens, mais aussi chinois.

Le second endroit est plus anecdotique mais on ne pouvait éviter d’y passer pour le fun : c’est un pont suspendu plutôt rustique bien utilisé par les gens du coin en scooter et accessoirement par les visiteurs à vélos.

Pour la suite de notre parcours, nous optons décidons de prendre le train pour éviter 200 km de route inintéressante et à fort traffic. Sauf qu’à la gare l’employée derrière son comptoir nous affirme que le train ne prend pas les vélos, ce qui nous surprend pas mal, mais elle ne veut pas en démordre.
Tant pis, nous utiliserons un car ; trouver une compagnie qui nous transporte avec les vélos est un peu compliqué, jusqu’au moment du départ on ne croit pas que ça va marcher tellement tout a l’air vaseux, mais finalement ça le fait.

Le village flottant de Kompong Luong

Nous avions choisi cet itinéraire pour nous rendre dans un village flottant situé sur le lac, et non sur la rivière comme précédemment. C’est une ambiance différente car certaines maisons sont relativement éloignées du « centre ville », et la vue est dégagée sur le lac.

La dimension du lac change en fonction de la saison : Durant la saison de pluie il est rempli par l'eau du Mékong, il atteint une profondeur de 14 mètres et s’étend jusqu’à 10 000 km2. Tandis qu’en saison sèche le lac s’étend sur 3 000 km2, avec une profondeur de deux mètres. C'est pourquoi le village doit être déplacé pour suivre ces changements considérables (il ne doit pas y avoir de cadastre dans ce coin là). 

Cependant il y a des quartiers parce que les communautés qui cohabitent là sont d’origine différente : Les vietnamiens se sont tout d’abord retrouvés dans ce village pour fuir la guerre dans leur pays, rejoints ensuite par les Cambodgiens qui eux ont fuit les horreurs perpétuées par les Khmers rouges et le régime de Pol Pot.

Naturellement, on retrouve tous les services nécessaires à la vie du village, parmi lesquels la station service, la boutique de téléphones portables (il y en a partout de toute manière, même dans le moindre patelin), le mécanicien, l’église, le centre médical, etc.

Il y a des gamins qui jouent, plongent, se déplacent en bateau. On n’a pas vu l’école mais il y en a certainement au moins une.

Les hommes sont occupés par les activités liées à la pêche, les commerçantes se déplacent de maison en maison pour vendre leur marchandise, au moins elles sont discrètes puisque leur petit bateau n’a pas de moteur.

Voilà, nous quittons le Tonle Sap mais n’en avons pas fini avec le milieu aquatique puisque nous allons rejoindre le Mékong (une vieille connaissance, nous avions navigué dessus au Laos il y a trois ans). A bientôt !

9 Comments

  1. Quel dépaysement ce voyage : rien à voir avec notre vie et coutume européennes !!! Il faut être né(e) dans ces pays pour y vivre tout le temps … A bientôt.
    Nicole, la Vertavienne.

  2. Et pour dormir, ça se passe comment ? Vous trouvez des genres de petits hôtels ou vous louez une chambre chez l’habitant ?
    Et le climat ? Chaud et humide ou chaud et sec ? Ou pas si chaud que ça ?
    Je ne sais plus si vous l’avez dit au début : pas besoin de prendre la tente et les sacs de couchage ?
    A quoi ressemblent les petits déj ?
    (non, je ne suis pas de la police 🙂

  3. Quel dépaysement avec notre France, merci pour ces belles découvertes.
    Ici c’est la fraîcheur avec le soleil…
    A bientôt de vous lire.
    Nicole la Vertavienne

  4. cc, cela faisait longtemps que je n’avais pas mis de commentaire mais vous êtes incroyables de détails et connaissances. Ce reportage est tout simplement magnifique ! Bravo et merci

  5. Super les photos ! Que de beaux sourires, de jolies maisons et un pont rigolo… on a chercher à quoi pouvait servir la brosse…. Mais on ne trouve pas la réponse !! Hugo demande pourquoi les gens font pipi et caca dans l’eau … c’est dégeu pour les poissons !! 😂😂 de gros bisous à bientôt !! 😘😘❤️

  6. Magnifiques images d’une vie rurale, simple et lente à la fois, si loin de notre quotidien. La monté des eaux prévue va changer beaucoup de choses pour ces populations lacustres.
    Merci pour ces beaux reportages et bonne continuation.
    Bien amicalement

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