Obama – Kagoshima

Après une longue période de silence due à l’interruption de travail d’une certaine catégorie de cyclomigrateurs, nous poursuivons enfin le récit de notre voyage au Japon.


Fin novembre 2017, sur l’île de Kyūshū ça pédale allègrement et c’est très beau vu d’en haut comme d’en bas :

 

Entre Takiki et Azuma nous parcourons une digue artificielle longue de sept kilomètres qui a deux avantages : C’est un raccourci qui évite de longer la côte, et c’est un endroit étonnant avec d’un coté la mer et de l’autre une immense lagune où les activités aquacoles sont nombreuses, vu qu’elle est parfaitement protégée ; une voie dégagée à l’abri de la circulation automobile. On pédale au dessus des eaux.

Salade de fruits

Dans cette région agricole les abribus représentent d’énormes fruits équipés de bancs pour attendre le bus et d’une fenêtre pour les voir arriver, quelle jolie idée ! Comme quoi les Japonais qui font généralement dans le fonctionnel savent aussi faire preuve de fantaisie. Ici ça monte et ça descend, la vue sur la mer à partir de ces abris est délicieusement mise en valeur.

Il y a de nombreuses coopératives qui vendent directement au bord de la route 207, mais en cette saison la plupart sont fermées. On trouve néanmoins d’excellentes mandarines pour un prix modique : 100 yens, l’équivalent de 0,75 euros les 2 kilos. Manger local et pas cher ça nous plait bien.

Il fait beau aujourd’hui, un petit 19 °, on bulle un peu et on profite des paysages de la campagne. A une intersection, un monsieur nous interpelle, il nous fait de grands saluts d’encouragements, s’engouffre dans un kombini (supérette) et en ressort avec trois tablettes de chocolat pour nous les offrir aussitôt. Cool, c’est bon le chocolat, et la gentillesse encore plus ! Chaque jour voit son lot d’offrandes, finalement on s’y fait bien et nous les acceptons avec un grand plaisir. A partir de là nous allons prendre une toute petite route côtière  (la 201) une ancienne voie de chemin de fer superbe et on est tellement zen qu’on en oublie de faire des photos, ce n’est qu’en arrivant à Obama après une longue descente qu’on réalisera que nous avons raté des clichés fabuleux… Ils resteront dans nos mémoires, dommage pour nos lecteurs.

Obama

Il ne s’agit pas du Président américain (le précédent, pas le bouffon actuel), mais d’une ville thermale, même s’il y a une baraque… euh… et qu’une effigie du personnage trône devant l’office du tourisme.

L’activité thermale d’Obama saute aux yeux et aux narines, ça fume de partout et il y a pléthore d’onsen (bains publics). Mais ce n’est pas si facile de choisir où aller faire trempette, on arrive un peu au pif dans un hôtel probablement ni mieux ni pire que les autres, où les installations permettent de se baigner dans plusieurs bassins aux températures différentes. Ceci évidemment en tenue d’Adam (ou d’Ève selon les cas) puisque telle est la tradition. Joël aura de la compagnie, Irène en profitera seule… dans un bain à 42 °, loin de la foule des grands jours.
C’est bienvenu car nous allons camper dans un parc en plein centre-ville où il ne serait vraiment pas commode de se décrasser.

Notre flair infaillible nous fait freiner brutalement devant une belle pâtisserie-boulangerie, en français s’il vous plait : Ça sent comme chez nous, dis ! Et en effet les gâteaux y sont très bons, le propriétaire fort sympathique est venu faire son apprentissage en France et ça se voit. Il est heureux de faire causette avec deux français qui en plus lui font des compliments (bien mérités) sur son travail. Quand on repasse le lendemain matin ça sent bon les croissants chauds mais la boutique n’est pas encore ouverte, on va saliver le reste de la journée.

Le soir venu avant de retrouver notre campement, nous profitons d’un superbe coucher de soleil comme on les aime, un régal que la nature nous offre généreusement et que l’on a plaisir à partager avec vous :

Il y a pire comme paysage, non ?

Des patates !

Lundi des patates, mardi des patates, mercredi des patates aussi….

Ici on n’attend pas que les fanes soient fanées, on récolte les patates alors que les champs sont bien verts. La terre est d’une belle couleur rouge, souple et fine. Comme nous sommes particulièrement consciencieux, nous avons goûté aux patates en question et pouvons vous assurer qu’elles sont tout à fait convenables. Ceci dit, la base des repas ici est plutôt constituée de riz et de pâtes.

Un peu plus loin aux alentours de Guo Dao sur la 251, le relief a conduit les paysans à aménager leurs champs en terrasses. Même si ce n’était pas le but, ça crée de jolis paysages. Ce qui est moins joli, par contre, ce sont les épandages de produits mystérieux sur ces cultures, mieux vaut ne pas savoir ce que c’est. La culture bio, ce n’est pas répandu du tout.

Apparition au cimetière

Ici comme ailleurs les cimetières sont paisibles, mais comme ils ne sont pas entourés de clôtures comme chez nous (pour empêcher les pensionnaires de se sauver ?). Petits carrés le plus souvent gris au milieu de la campagne ou entourés de maisons, au bord de la route ou au milieu d’un champ. Les pierres de marbre gris se dressent ici décorées de kanjis d’or, elles sont belles. Ce petit cimetière est pimpant égayé par des bouquets de fleurs artificielles. Il y a aussi de la vie, des gens qui viennent honorer leurs morts. Nous nous arrêtons afin d’admirer ces pierres tombales.

Une dame tout sourire est présente, elle vient de faire bruler de l’encens et s’avance vers nous, nous faisant comprendre que la tombe de sa famille est là. Nous apprenons qu’elle a 83 ans, qu’elle conduit sa voiture. On lui explique d’où nous venons, elle pousse des cris d’exclamation. Elle nous explique encore quelque chose, on ne comprend pas bien, puis remonte dans sa petite voiture pour aller chez elle et revenir avec un gros sac de mandarines (bien lourd) et un paquet de bonbons. Elle ne veut rien en échange si ce n’est être photographiée avec ces deux vieux français, Irène lui offre néanmoins un dessous de verre représentant le comptoir des hollandais, elle est ravie. Elle nous prie de faire attention à nous et patouille les cheveux blancs d’Irène. Adorable et généreuse petite mémé. Instant précieux que ces rencontres éphémères qui nous gonflent de reconnaissance et de gratitude devant tant de bonté.

Bingo !

Nous voici arrivés à Kushinotsu devant la mer de Chine orientale, un joli  port et une bourgade paisible posée au bord d’une côte découpée. Nous allons y prendre un ferry pour Oniike sur l’ile de Shimoshima  et en attendant  on va se manger un plat local. C’est un jour de chance, on ne sait pas pourquoi mais la serveuse nous prie de tirer des billets au fond d’un panier, une loterie. Irène a gagné deux prix, dont l’un plutôt encombrant : Un plat joli mais lourd, elle le trimballera un sacré bout de temps au fond d’une sacoche avant de trouver à le donner. L’autre prix a duré moins longtemps, c’était un paquet de spaghetti.

D’île en île

Le parcours que nous avons choisi passe par plusieurs îles jointes par des ferries, comme à chaque fois le personnel est aux petits soins pour nos vélos. Puisque nous sommes en mode croisière, Joël en profite pour pousser un roupillon digestif !

Nous voici sur la petite île de Shimoshima, à priori la circulation devrait y être assez facile puisqu’il n’y a que les insulaires à passer sur la route côtière. On y sent tout de suite une ruralité paisible. Nous roulons entre les champs et la mer. Les températures sont douces, les palmiers et la végétation tropicale témoignent de la douceur du climat dans cette région.

Asterix & Obelix

Loin d’un certain village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur, nous remarquons deux personnages et un menhir résolument tournés vers le large. Pour guetter l’arrivée des Romains ?

Après être passés à Reihoku (oui, facile pour les jeux de mots) où nous faisons quelques emplettes pour notre bivouac du soir, on se trouve un site génial pour passer la nuit, une terrasse derrière un restaurant fermé qui surplombe la mer. La tente n’est pas autoportante mais en plantant les sardines entre les lattes ça tient quand même. Le coucher de soleil est somptueux, on n’aurait pas mieux dans un hôtel *****. Repas à la clarté de la lune sous des températures confortables si on les compare à celles de la semaine passée.

De tunnel en tunnel

Comme vous le savez, ce pays est un véritable gruyère emmental (Dans le gruyère il n’y a pas de trous, c’est bien connu). On parcours de nombreux tunnels qui se suivent et ne se ressemblent pas, onze au total dans la matinée. La circulation est très modérée sur cette côte, c’est agréable, presque seuls au monde.

Tous aux abris !

Alors qu’on chemine tranquillement, la météo devient de plus en plus menaçante, au point qu’on se dit qu’il faudrait envisager de trouver un abri. Les nuages passent du gris clair au gris foncé puis au noir clair et noir foncé !!!  On va essayer d’éviter de rester dans un tunnel, c’est plutôt inconfortable pour attendre que ça passe, alors on dégotte une espèce de mini gare routière sous la terrasse d’une maison dans le village de Hao et c’est à ce moment là que le déluge se déclenche, comme si les cieux avaient patienté nous laissant le temps de nous abriter, merci les cieux !

Ça se calme, on repart doucement en pente douce et c’est entre deux tunnels qu’on découvre une pépite au fond d’un fiord étroit encerclé de montagnes, le village de pêcheurs de Sakitsu qui ressemble à une carte postale ancienne. De modestes maisonnettes bordent le plan d’eau où sont accrochées les barques des pêcheurs.

Les chrétiens cachés

C’est dans ce village que nous allons en apprendre plus sur l’histoire des « chrétiens cachés », qui est fort intéressante comme vous allez le voir. Nous allons y passer la matinée entre les ruelles du villages, autour d’une tasse de café dans un troquet minuscule, pistés par une équipe de télévision que nous avions rencontrés la veille et qui réalise un reportage sur les villages ruraux reculés du Japon. Visite d’un adorable musée retraçant l’histoire de ce village isolé qui a son pendant avec un autre village plus haut dans la montagne, celui de Imatomi et qui vit de l’agriculture en terrasse. Image paisible d’un Japon d’autrefois.

Déjà de loin, un détail intrigue, alors qu’il passerait inaperçu dans un village français : Il y a une église au toit de tuiles grises ! Allons voir de plus près de quoi il retourne.
Comme le veut la coutume on se déchausse pour entrer dans les lieux de culte, ça vaut aussi pour entrer dans cette église. Le sol est recouvert de tatamis, mais comme la population a vieilli et qu’elle a du mal à se relever, le prêtre y a fait installer des chaises. Les hommes et les femmes étaient séparés et priaient autrefois à genoux.

 

Dans ce pays bouddhiste et shintoïste, les chrétiens représentent 1 % de la population. Mais dans ces îles, près de 10 % des habitants sont catholiques. C’est là qu’au milieu du XIXesiècle, à la suite de la levée de l’interdiction du christianisme imposée deux siècles et demi plus tôt, les Missions étrangères de Paris vinrent ranimer une foi qui s’était maintenue secrètement en dépit de la persécution au tournant du XVIe et du XVIIe siècle.

Non loin de là se trouve la péninsule de Shimabara où, en 1638, environ 40 000 paysans, parmi lesquels de nombreux chrétiens, se soulevèrent. Ils furent massacrés. Par la suite, certains abjurèrent cette foi apportée en cette extrémité du monde près d’un siècle auparavant par François Xavier. Des milliers d’autres périrent suppliciés.

Certains continuèrent à prier secrètement devant de petites statues de la Vierge travestie en Kannon-sama (déesse de la miséricorde dans le bouddhisme japonais), psalmodiant comme un sutra des phrases qui, transmises oralement de génération en génération pendant deux siècles et demi, devinrent un sabir incompréhensible. On appela par la suite ces fidèles les « chrétiens cachés » ou les « vieux chrétiens ».

Émouvant par sa fidélité aux croyances des aïeux persécutés, ce culte secret, sans prêtre ni sacrement et non reconnu par Rome, n’est pas étranger à la vénération traditionnellement vouée aux ancêtres dans le bouddhisme. Ainsi à l’Auberge du Port, dont la propriétaire est veuve du bedeau, ont été placées, dans un autel de facture bouddhique où sont vénérés les défunts, de petites croix et une Vierge.

Les petites églises ont souvent été construites en des lieux reculés où était pratiqué un culte caché. Dans le désuet cimetière marin, bercé par le bruit du ressac, les pierres tombales sont semblables à celles des sépultures bouddhiques, mais elles portent une croix dorée, gravée dans le granit. A côté du prénom japonais figure le nom chrétien : Maria, Pedro, Thomas.

Pause zen

Après la pluie ne vient pas toujours le beau temps, et c’est tant mieux. Les nuages bas siéent à merveille à cette région de criques profondément encaissées. C’est au fond de l’une d’elle qu’on dégotte un petit resto bien sympathique.

Nous sommes les seuls clients, le patron est charmant. Il va nous préparer un délicieux ramen maison qui nous rend fous de joie  tellement c’est bon ! Heureux d’avoir deux français dans son échoppe, il parle à sa tablette qui traduit en anglais, on répond de la même manière, c’est un peu bizarre mais efficace puisqu’on arrive à bien communiquer alors qu’on n’a aucune langue en commun. Nous quittons cet endroit idyllique à regret direction la petite ville d’Ushibuka.

Ushibuka

A la pointe sud de cette île se trouve une petite ville, Ushibuka. Nous sommes bien loin des mégapoles, ici il n’y a guère de circulation et la bourgade est de taille modeste, la vie y semble paisible. Deux jours de pluie sont annoncés, on va se mettre à l’abri.

Notre hôtesse Minaco loue des chambres à l’étage de sa maison perchée sur une colline, la famille vit au premier (on numérote les étages à l’anglo-saxonne : 1°, 2°, 3°, etc. Pas de « rez-de-chaussée », c’est bien plus logique). C’est intéressant de voir comment vivent les gens, ici c’est traditionnel, monsieur travaille beaucoup et madame s’occupe de la maison et de son mari. Elle cuisine beaucoup et nous fait une belle surprise en nous apportant un plateau appétissant dans notre chambre. Une occasion de manger de l’octopus cru pêché par le mari agrémenté d’une sauce qui va bien pour faire passer le tout.

Nagashima

Après 2 jours de pluie nous quittons Minoco et le confort de sa jolie maison. Hop, encore un petit coup de ferry pour changer d’île et aller toujours plus au sud, l’hiver arrivant derrière nous on poursuit notre migration opportune.

C’et toujours très rural et agricole, les cultures en terrasses et les vues surplombant la mer composent un paysage fort sympathique. Pour la première fois au Japon une odeur porcine nous chatouille les narines. Un camion nous a dépassé laissant dans son sillage le « fumet » caractéristique des cochons ; on vous rassure, il est universel. Nous passerons près de fermes où l’odeur sera reconnaissable mais de cochons nous ne verrons point !

Nous rencontrons enfin les coupables de ces bords de route si joliment fleuris : Un groupe de femmes s’active à entretenir les bordures et planter, bénévolement, pour le plaisir d’embellir le pays. Bravo ! On comprend pourquoi  c’est si soigné partout. Sous prétexte d’une pause nous allons échanger quelques mots avec elles et leur offrir quelques bonbons qui nous ont été offerts précédemment.

Au détour d’un hameau on découvre un joli vieux temple Shintô, celui là ne doit jamais voir de touristes car c’est archi paumé comme coin. Une belle statue du moine Kukai plus connu sous le nom de Kobo Daishi trône à l’entrée. Il est encore de nos jours très populaire au Japon. Il fut le saint fondateur  de l’école bouddhiste Shingon, son esprit universel a fortement influencé la culture et la civilisation japonaise. Il était non seulement un grand religieux, mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, poète et calligraphe. Toute sa vie il manifesta une grande bienveillance pour tous les êtres.

Les aléas du GPS

Il est des fois où le GPS propose des parcours sur de petits chemins sympas mais pas très pratiques. Dans le cas présent, il n’y est pour rien car ce sont des travaux qui barrent la minuscule route proposée, on est donc sensés faire demi-tour mais il faudrait remonter une longue côte alors non merci. Heureusement, les types du chantier sont très sympas, ils poussent leurs engins, ça passe, merci les Playmobil.

Peu après voilà qu’on se retrouve à devoir traverser une voie ferrée sans passage à niveau, mais c’est possible quand même puisqu’il y a un passage pour les piétons. Pas de problème, on franchit les marches avec nos vélos chargés, c’est un peu laborieux mais on a vu pire. Sauf qu’à un moment on entend un train arriver !

Heureusement on avait fini de passer le deuxième vélo, seul l’appareil photo est resté sur son pied au bord de la voie car évidemment on filmait la scène et c’est bien ce qui a posé problème : Le train s’est arrêté soudainement, un type en uniforme est venu, pas vraiment content, nous expliquant que c’était dangereux, que l’appareil aurait pu être percuté par le train. Oups… Et Irène de faire moult courbettes bien basses pour montrer notre réel repentir pendant que Joël finissait de plier le pied et ranger l’appareil imperturbable !

Le vent qui nous poussait tantôt dans le dos souffle un peu plus fort ce soir, et quand le soleil se couche derrière les montagnes on enfile les coupe vent, les températures sont en chute libre. Sommes un peu tardifs à trouver notre bivouac et c’est à la tombée de la nuit que nous plantons la tente au terme d’une belle montée dans un immense parc dominant la ville d’Akune. La vue est magnifique mais impossible de planter la tente à l’abri des raffales (70 km/h) et 7°. On fait notre popote vite fait et mangeons dans la tente.

Pour passer le temps on se tape le carton avec une partie de « bush rami » quand tout à coup ça sent le poulet grillé : c’est le duvet de Joël qui prend feu !!! Evidemment notre installation « chauffage central aux bougies » mérite que l’on soit prudents, faute de quoi on risque de voir partir notre maison et nos jolis duvets bien chauds en fumée !!! (pas de photos de l’événement, dans la panique on avait autre chose à faire que sortir l’appareil, un extincteur eut été préférable).

La digue dondaine

Route n° 3 ce matin avec le soleil mais un vent froid qui descend  du nord et nous pousse gentiment. Nous laissons les plages de sable où les températures ne nous incitent pas à la baignade. Cette côte doit être fréquentée aux beaux jours, il y a pas mal d’information concernant les clubs de plongées et sports aquatiques.

Nous quittons les bords de mer pour l’intérieur des terres et logeons pendant des kilomètres une digue au bord d’une large rivière avant d’arriver à la ville de Satsumasendai où les cheminées d’une usine de papeterie se dessinent à l’horizon. La banlieue est paisible nous avons une vue plongeante sur l’habitat où se mêlent maisons traditionnelles et récentes, ruelles étroites et jardinets plus ou moins bien entretenus.

En quittant la ville nous nous retrouvons à nouveau au milieu des rizières et découvrons de jolies maisons en toits de paille de riz. La route est paisible au possible, le vent à cessé de nous pousser depuis un moment déjà, on se délecte de cette jolie région rurale et pédalons avec enthousiasme. Où va t-on dormir ce soir ? On s’en fiche, on verra bien le moment venu.

En attendant on s’offre des légumes déposés en libre service sur les étals du bord de route et déposons notre monnaie dans la boite avant de reprendre votre route. Avec un peu de chance ils n’auront pas poussé aux engrais et produits phytosanitaires récurrents et généreusement utilisés au Japon.

ICHIKIKUSHIKINO

C’est la ville où nous allons dormir ce soir, la ville ayant le plus grand nombre de lettres au Japon. En s’arrêtant dans un office du tourisme nous prévenons la jeune femme qui nous reçoit que nous allons dormir dans un parc. Elle ouvre de grands yeux et s’enquiert auprès de ses collègues de savoir si c’est possible. L’un d’eux passe un coup de fil à la police pour signaler notre présence, pas de problème ; bien sur que c’est possible. En guise de parc nous allons nous arrêter sur un complexe sportif immense avec tout plein de bâtiments et de salles de sport. Une fois la tente plantée nous allons assister à l’entrainement de base-ball des enfants. Les finesses de ce sport nous échappent décidément un peu beaucoup ! Il va falloir que nous nous penchions sérieusement sur les règles. Contrairement à hier la soirée est douce nous allons en profiter pour aller explorer les alentours.

Réveillés par des tirs à 6h du matin, branle bas de combat. Y aurait-il un stand de tir proche, des cultures avec des canons pour éloigner les oiseaux, des chasseurs matinaux ? Même autour de la tente ça s’agite, ça rigole…nous ne sommes pas seuls…hum….A l’opposé du  bâtiment où nous avons planté la tente se trouvent les toilettes, en jetant un oeil à l’extérieur on s’aperçoit que même le dimanche matin il commence à y avoir des sportifs qui s’activent à la préparation des terrains…whaou…..si tôt …..bon nous n’avons plus qu’à nous lever !!!  L’étape du jour ne sera que de 45 kilomètres pour arriver à Kagoshima.

Yae no Sato

Le trajet du jour se fera en partie le long d’une route plutôt passante et un tantinet ennuyeuse. Nous traversons des petites bourgades, genre grands lotissements sans bourgs, personne dans les rues. Les vieilles statues de pierres des divinités locales salueront notre passage, vêtues d’écharpes de paille de riz avec à leur pieds des offrandes de nourriture et de verres d’eau. Nous finissons par emprunter une piste cyclable recouverte d’un revêtement mou de couleur rose et bleu (un côté pour les filles, un côté pour les garçons ?)

Enfin un peu d’animation enfin en provenance d’un local en retrait de la piste. On s’arrête alléchés par les bonnes odeurs qui se dégagent du lieu. Nous n’allons pas le regretter. Il s’agit d’un endroit populaire de la banlieue de Kagoshima réputé pour la qualité des produits qui sont vendus ou cuisinés ici. Une sorte de grande halle où l’on trouve du riz, des poissons, fruits et légumes de toutes sortes, des friandises, plats préparés à emporter et aussi un coin « cantine ». Il y a la queue, c’est le signe que ce doit être bon. On ne comprend rien au menu écrit sur les murs en kanji mais on arrive tout de même à se faire servir de délicieuses soupes et on se faufile entre les tables déjà bien occupées emportant nos précieux plateaux. On fait comme les autres en allant nous servir en thé vert. Les gens nous saluent et nous sourient, nous sommes bien sur les seuls « blancs » au milieu des locaux. Ambiance familiale et amicale fort sympathique. En passant près d’un stand de friandises nous craquons pour des douceurs quand un gentil monsieur nous tire le bras et nous demande de le suivre. Il va choisir pour nous 2 boites de sushis tout frais et nous les offrir aussi simplement que ça. Se sera notre repas du soir. Arigatogozaimashita, aritato, arigato

ありがとうございました

 Tout au bout, Kagoshima

Dernière grande ville de cette île, grand port maritime tourné vers les destinations lointaines, Kagoshima nous tend les bras, nous allons y passer quelques jours avant d’embarquer pour une traversée de 700 km.

La ville ne manque pas de caractère, les architectures de différentes époques se cotoient allègrement. De belles façades jouxtent des immeubles sans intérêt, les monuments intéressants sont entourés de trucs vilains, des poteaux laids poussent partout, c’est ça aussi le Japon. Il n’y a pas de protection du patrimoine historique, quand chez nous certains pestent contre les « Monuments de France » qui imposent de respecter le patrimoine, ils ne se rendent pas compte de la chance que nous avons, tout comme avec notre loi Littoral qui limite le bétonnage des cotes.

Comme dans les autres villes, les rues couvertes sont nombreuses, abritant pléthore de commerces et de restaurants, y compris dans les étages des immeubles. Les pharmacies japonaises sont faciles à repérer, non à leur enseigne mais à la débauche de produits divers et variés qui débordent jusque sur le trottoir et n’ont qu’un très vague rapport avec la santé : Friandises, débouche-lavabo, brosses, chaussures, et tout au fond tout de même un comptoir pour les médicaments.

C’est ici que nous verrons les derniers signes du momijigari, le moment où érables japonais laissent éclater leurs feuilles rougeoyantes. C’est superbe, même si Irène aurait préféré venir au printemps pour l’hanami, la floraison des cerisiers. On reviendra, c’est certain.

Faire du lèche-vitrines ici est un régal, entre la petite boutique toute encombrée du quincailler et le magnifique magasin de kimonos, en passant par les marchands de crustacés et autres produits locaux parfois totalement inconnus.

Quant à la gastronomie, on en profite car on sait que c’est bientôt la fin et ça va nous manquer tellement c’est à la fois délicieux et différent de ce qu’on connait en occident. Ils vont nous manquer les inoubliables okonomi yakiramen, sushi, gyosa, udon, tempura takoyaki et soupes miso.

9 Comments

  1. We thought you must have been lost, it has been so long between posts. We enjoy reading your blog and the marvellous photos. Japan looks an amazing country. Enjoy the rest of your travels. We look forward to the next edition.

  2. Ne vous inquiétez pas, nous n’étions pas perdus mais nous avons tout simplement choisi, à l’occasion de Noël, de prendre cinq semaines de vacances en France !
    Nous avons donc laissé nos vélos et tout le fourbi à Taiwan, mais ça ne s’est pas passé tout à fait comme prévu : Un deuil nous a conduit à rester plus longtemps, nous ne repartirons qu’en mars.

    Nous allons profiter de cet arrêt prolongé pour mettre à jour le blog, et quand nous repartirons vous aurez à nouveau du « direct live », promis.
    Et accessoirement ce délai nous a fait échapper au séisme qui a fait des victimes dans une zone où nous aurions dû être si nous étions repartis à Taiwan à la date prévue…

  3. Comment ça, je ne suis pas le premier à vous saluer ? Et mon ordi qui marque 23h14 le 10/02 !
    Ah, c’est vrai que la terre est ronde…
    Très heureux de vous revoir (de vous relire, devrais-je dire) les amis, avec toujours de belles images et des rencontres aussi hypothétiques que sympathiques.
    Où le vent va-t-il vous poussez maintenant ? Nous avons hâte de savoir.
    Bises à vous et, bon vent.

    • Damned, le serveur n’était pas à la bonne heure ! Mais comment voulez-vous qu’on s’y retrouve avec les heures d’hiver, d’été et les changements de fuseaux horaires ?
      Bon c’est corrigé parce qu’on a dit qu’on essayerait de se mettre à jour, alors autant s’y prendre de bonne heure…

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