Pacifìco paradisio

L’idée, en partant de Mexico vers Acapulco, était de rejoindre la côte Pacifique. Mission accomplie, comme vous allez le voir, même si ça ne s’est pas fait sans surprise. L’agglomération d’Acapulco ayant une réputation assez douteuse, on a coupé le fromage en privilégiant les petits patelins, pour parfois se retrouver dans des endroits assez touristiques mais aussi dans d’autres complètement déserts alors qu’ils étaient tout aussi attrayants.
En route pour le Pacifique, sortez vos maillots de bain et la crème solaire !


Partis de Chipanchingo de bon matin avant la fournaise, le ventre vide on s’arrête acheter des petits biscuits dans un Oxxo, l’équivalent de nos petits Spar. La ville commence elle aussi à s’animer. Sa banlieue est plutôt assez bien faite avec des rues spacieuses. La différence est frappante avec le centre historique et ses ruelles pavées et étroites. On va grimper doucement dans la brume sur 17 kms avant de pouvoir trouver un village pour prendre un petit déjeuner qui tienne au ventre. Ce sera à Mazatlan, tout petit village niché au sommet du col (rien à voir avec le Mazatlan au bord de la mer de Cortès où nous étions passés fin septembre). Ici c’est le village rural avec une rue principale où se trouve le marché et quelques commerces. On a bien du mal à trouver de quoi manger quand on finit par demander à la dame qui grille ses poulets (il y a toujours une dame qui grille des poulets, ça se sent de loin) ; elle nous indique une échoppe avec deux tables, tenue par une vieille dame qui visiblement a fait la popote pour le village. Les gens défilent avec leur seau en plastique pour être servis (nous n’avons pas osé prendre de photos). Nous voilà attablés devant un maïs blanco, une sorte de bouillon blanc dans lequel ont cuits des morceaux de porc et des grains maïs qui ont explosé à la cuisson. Ce n’est pas le meilleur petit déjeuner que nous ayons jamais mangé mais on fait honneur au plat de la dame tellement gentille et rigolote. Elle est tellement heureuse d’avoir eu de la visite « étrangère » ce matin : de quoi alimenter les conversations pour la journée.

Quand on reprend la route tout le village est en émoi et on a droit à des adieux encourageants, la gentillesse des habitants fait chaud au coeur.  On va s’offrir une série de montagnes russes dans un paysage fort joli et verdoyant. La traversée des villages se fait sous bonne garde. En effet dans cette région on trouve des « gardes » en civil armés jusqu’aux dents derrière leur murets de sacs de sable. Se sont de jeunes civils qui veillent à la sécurité du village. Les narco-trafiquants n’ont qu’à bien se tenir et ne pas foutre leurs pieds par ici sinon ça risque de chauffer. Nous on se demande s’ils sont parfois « attaqués » parce que sinon ils doivent s’em…er ferme !

Par monts et par veaux

Cette région rurale de Tecomate nous fait replonger dans l’esprit de nos campagnes française il y a 80 ans au moins. Sur la carte, une lagune semble fort attirante, puisque nous sommes si près de la côte ce serait dommage de rester sur la route qui demeure assez loin du rivage.

Nous avons donc choisi de quitter la petite route goudronnée pour un chemin de terre, lequel va se révéler sableux en de nombreux endroits ; heureusement, la niveleuse est passée la veille, on n’ose imaginer l’état du chemin sinon. Pour ce qui est de la fameuse lagune, nous allons la longer sans vraiment en profiter parce qu’il y a trop de végétation et des prairies ou paissent les animaux. Le plaisir sera néanmoins de pouvoir observer les nombreux oiseaux, aigrettes, hérons et autres dont nous ignorons les noms.

Surprise au milieu de ce désert de verdure : on tombe sur un petit troupeau de vaches qui sont en train de donner leur lait. Deux hommes s’activent à la traite assis sur leur petit tabouret en bois. Ils sont tout aussi surpris que nous de nous voir ici ! Le lait coule crémeux et forme une mousse sur la surface, résurgence de souvenir d’enfance, nous avons droit à un verre de bienvenue.

Les veaux sont priés de venir téter leur mère avant la traite pour lui nettoyer les tétines, à la suite de quoi ils sont attachés par le museau aux pattes arrière de la mère qui ne bouge pas. Interdiction pour eux de téter davantage pour l’instant, mais dès qu’ils sont libérés ils y retournent aussitôt ; le fermier en a laissé pour ces petits assoiffés.

Les gars viennent aux champs avec leurs pick-up et ramèneront le lait à la maison pour en faire du fromage et le reste ira à la ville. On ne vous parle pas du circuit non réfrigéré dans des bidons en plastique ou en fer blanc. Peut être même que le beurre est prêt quand ils arrivent à destination tellement ça baratte sur le chemin !

Nous allons croiser d’autres fermiers qui nous demandent pourquoi nous n’avons pas choisi de rouler sur la caratera bien plus facile et plus court, comment leur faire comprendre ? Quand on leur demande si le chemin est toujours praticable à vélos, ils sont très affirmatifs.

Option pédalo

Mais il ne faut pas toujours écouter ce que disent les gens : Comme nous sommes aux abords de la lagune, le terrain est forcément mouillé. La pluie tombée ces derniers jours a gonflé les ruisseaux qui  sont nombreux à déborder on va vite s’en rendre compte et devoir traverser les passages inondés ou bien à pied ou bien en restant sur le vélo. Téméraire, Joël n’a pas flanché devant l’obstacle, il est vaillamment  resté sur son vélo, frimeur va ! (il faut dire que se gameller dans ces conditions ne faisait pas envie)

Galant, il a fait la même chose avec celui d’Irène (fallait bien que l’un de nous prenne la photo !) Régulièrement tout de même il a fallu pousser avec les pieds dans la gadoue, ce furent nos moments fun de la journée.

Le ciel est avec nous ce matin, il est couvert et c’est tant mieux parce qu’on va se retrouver obligés de pousser les vélos dans le sable, en plein cagnard on aurait vraiment souffert, même que sans cagnard on est en nage.

Le long de ce chemin nous allons traverser des hameaux de quelques habitations seulement, des petits fermiers vivent ici isolés. Autour des maisons les cochons sont nombreux et vivent leur vie loin des élevages industriels. Les volailles s’enfuient quand nous arrivons. Les gens nous demandent d’où on vient et ou on va avec de grands yeux étonnés. On leur répond que nous préférons la campagne et les petits chemins aux routes encombrées de voitures qui puent !

La vigilance est de mise quant il s’agit de trouver un endroit pour faire pipi. Les serpents vivent nombreux dans les parages, même si pour certains leur vie s’est achevée sous les roues des pick-up si on en juge par les peaux desséchées qui témoignent du massacre… gloups. Il y a aussi de jolies bêtes noires velues, grosses comme la main : « Oh la vache ! t’as vu l’araignée » ? Quel pays sympa !

Avec tout ça on n’avance pas vite et le soleil est maintenant de retour avec un bon 33°. On va abréger dès que possible la plaisanterie et retrouver le goudron au village d’Estero puis filer vers la prochaine ville.

Cruz Grande

Comme son nom ne l’indique pas, c’est une ville pas bien grande posée sur la route principale, avec elle même une rue principale qui concentre tous les petits commerces.

Nous trouvons une chambre miteuse basique dans une petit hôtel qui a dû voir des jours meilleurs il y a quelques révolutions de cela. La propriétaire est installée sous le porche dans son fauteuil les jambes allongées. Elle écoute une émission religieuse à volume impressionnant mais elle n’est pas sourde pourtant.  Elle a bien du mal à se bouger la pauvre. Elle nous laisse aller choisir notre chambre dans la cour. Nous avons l’embarras du choix, il n’y a pas la foule.  Pas de verrou à la porte, pas de problème elle surveille. Douche dans le petit réduit attenant à la chambre et puis filons manger un morceau, nos ventres crient famine il est 15h passées, les fruits secs et nos mandarines ont depuis longtemps été digérés.

Nous rencontrons dans cette petite ville une population aux origines africaines, descendants d’esclaves. Nous sommes conquis par une petite dame, Maria, et sa fille, Maria de l’Assomption âgée de 25 ans. Elle nous propose des tacos à la viande séchée. Pour nous montrer de qu’elle viande il s’agit, elle saisit un morceau à la main et nous annonce « vaca » ! Va donc pour les tacos à la vaca et pour 6 tacos et 4 verres de limonada on s’en tire pour 100 pesos (5 euros) pour nous deux. On est bien là, assis au comptoir à l’ombre. On papote avec ces deux femmes qui nous racontent leur vie. Maria de l’Assomption n’est pas mariée, c’est la dernière d’une fratrie de cinq enfants, visiblement le bâton de vieillesse de sa maman. Elles nous apprennent quelques mots d’espagnol, nous leur apprenons quelques mots de français que nous écrivons dans un cahier. Les clientes du comptoir d’à côté viennent nous rejoindre et c’est parti pour un bon et joyeux moment comme nous les aimons. Une vendeuse de tamales va venir nous en proposer, ils sont chauds et délicieux, on les avale en un clin d’oeil.

Nous avons découverts ces petits rouleaux enveloppés dans les spathes de maïs, (les feuilles qui enveloppent l’épi). La pâte à base de maïs est étalée dans des feuilles puis y est ajoutée ensuite une farce de viande ou de poisson, ou bien des fruits cuits, le tout est enveloppé dans la feuille support, cuit à la vapeur. Les vendeuses les proposent souvent par 3 dans un petit sac en plastique hermétique qui permet de les garder tièdes et pour la modique somme de 20 pesos. C’est facile à transporter et c’est franchement délicieux.
Tout le long de ce trottoir ce ne sont que des petits comptoirs proposant de la nourriture de rue pour trois fois rien, il y règne une ambiance à la fois conviviale et familiale.

Tamales tout chauds

Une fois lavés, nos vêtements vont sécher ensuite à la vitesse grand V, et une sieste va être la bienvenue avant d’aller faire un tour dans la seule rue « commerçante » à la tombée du jour c’est à dire 18h… Quelques commerces encore allumés complètent l’éclairage public. La pharmacie, le petit « super marché », des boutiques de bricolage. On en a vite fait le tour : pas de cinéma ou de bar pour aller boire un coup.

Un groupe de femmes s’activent sous un lampadaire autour d’un four à bois. Elles ont installé quelques tables et chaise en plastique. Leur habitation se trouve au fond de la cour. Elles cuisinent ces fameux sopecitos que nous avions découvert il y a quelques jours. Il y a là la grand-mère (dirigeante), la mère, les deux filles qui sont elles mêmes mamans de deux fillettes et d’un petit garçon qui jouent autour des tables.

La spécialité culinaire de la région est la Sopecito, c’est une galette de maïs (évidemment) sur laquelle les femmes font des bosses directement avec leurs doigts. Elle est précuite avant d’être garnie de sauce à base de tomates et de piments, de fromage, d’oignons et d’une sauce au yaourt et remise à cuire sur la plaque posée sur le feu de bois. c’est tout simplement délicieux.

Il y a quelques clients, on trouve une place auprès d’eux et faisons connaissance de Michèle, 5 ans, assez bavarde et hardie pour venir parler avec nous. Elle est vraiment mignonne. Elle va à l’école et nous récite son alphabet en chantant. On lui écrit quelques mots en français dans son cahier. On savoure ces fameux sopecitos et on se régale à nouveau. Il fait chaud autour de ce four mais ces femmes y sont habituées.

Quand nous rentrons notre logeuse est toujours allongée dans son fauteuil, son mari est là. Ils sont mignons tous les deux, ils regardent les actualités à la télé. Le monsieur nous rassure à propos de nos vélos ; il va fermer le portail, personne ne va venir nous les voler, nous pouvons donc dormir sur nos deux oreilles. Encore un scorpion dans la chambre, écrasé fermement sous la sandale d’Irène sans pousser de hauts cris cette fois-ci (Irène, pas le scorpion).

Vamos à la playa !

Depuis hier nous avons retrouvé une végétation tropicale au fur et mesure de notre descente de la montagne. Ce sont des champs de palmiers avec les noix de coco en grand nombre, de manguiers ou de bananiers. Ça pousse un peu de façon sauvage, les cultures sont rarement structurées en de beaux champs rectilignes. D’abord ils sont très petits, le plus souvent entourés de végétation envahissante, néanmoins il y en a beaucoup et il doit y avoir du travail autour de l’entretien et des récoltes. Evidemment les champs de maïs sont omniprésents. Tout comme les peaux de serpents de toutes les couleurs sur la route, c’est incroyable. Ainsi que les stands improvisés où nous est proposé du coco frio (noix de coco stockées au frais dans des glacières prêtes à boire).

Il doit y avoir une usine ou un entrepôt de cette saleté de Coca Cola dans les parages car on voit beaucoup de camions de livraison bien chargés. D’ailleurs la circulation est assez dense sur cette route sans bas-côtés. Arrêt au village de San Francisco (sans maison bleue) où on avale quelques tortillas et faisons provision de bananes, pour Irène parce que Joël ne supporte toujours pas ce fruit ; il parait que la liste est longue des aliments qu’il n’aime pas (ce sont les mauvaises langues qui l’affirment), pourtant il fait des efforts et s’est même mis à apprécier les mojitos et certains fromages !!!

Nous avons décidé d’aller jusqu’au village du bord de mer de Ventura. Quittons la route principale pour une petite route dont on a de la peine à imaginer qu’elle va vers la mer, nous ne voyons que sommets des collines autour de nous et une végétation tropicale dense. Ventura se mérite ce sont sept petits kilomètres qui vont bien nous chauffer les jambes, ça monte et ça descend mais le résultat est là.

Playa Ventura

Il s’agit d’un village isolé avec quelques restos familiaux, une épicerie, un marchand de légume quelques hôtels tous fermés sauf un. Rien de bien luxueux ici, c’est très campagne.

Les volailles, surtout les dindons font un boucan d’enfer, sans doute est-ce la saison des amours, tout ce petit monde se promène dans la rue et fait copain copain avec les poules et leurs petits, les coqs qui courent après les poules, les chiens qui courent après les poussins, les coulent qui courent après les chiens… le peu de voitures qui passent par là freinent devant cette vie à grouillante à plumes.

Enfin l’océan, avec de gros rouleaux de couleur grise, comme le ciel, bien chargé. Un pêcheur déploie inlassablement son filet, la pêche ne semble pas miraculeuse.

La cuisine n’est pas très exotique mais roborative : Nous boulottons un hamburger chez une jeune maman installée dans une échoppe minuscule, prenant place à la table à l’extérieur. Deux petites filles, Alexia 8 ans et Polette 6 ans. Nous écrivons dans le cahier qu’elle montrera à sa maestra demain à l’école. En face, le reste de la famille tient boutique, laquelle est essentiellement achalandée de chips et autres produits du même genre, des sodas et une quantité de gâteaux et sucrerie du même acabit, comme la plupart des épiceries dans ce pays. Les clients sont rares, ça n’est pas la saison !

Il a plu des trombes d’eau pendant la nuit, à tel point que la pluie s’est infiltrée par le plafond et est tombée sur le lit d’Irène. Au moment de repartir il se met à nouveau à tomber des cordes, nous décidons de rester une nuit de plus dans ce village mais pas au même endroit, à la fois pour éviter les fuites sur le lit et puis de toute façon le type de l’hôtel n’est pas agréable.

On se retrouve à loger dans une chambre en face du resto à hamburgers de la veille, c’est miteux mais sympa et ça compte. La famille Perez, d’origine africaine, comporte sept frères et soeurs installés plus ou moins tous dans le même pâté de maisons, en fait le village ce sont eux. Le papa et la maman vivent ici, la maman est toute fluette dans sa petite robe fleurie et son tablier rose.

Que peut-on faire quand on est ainsi coincés par la météo, alors qu’il n’y a même plus d’électricité à cause de la pluie ? Ecriture dans le journal de voyage, jeu de cartes (Le bush rummy appris en Australie), balade entre deux accalmies, le temps passe doucement, on finit par s’endormir bercés par le bruit des rouleaux du Pacifique.

Une galère pour un bien

A Maquelia on décide de prendre un bus pour Puerto Escondido, comme on arrive tôt et qu’il y en a toutes les heures, ce ne devrait être qu’une formalité. Sauf qu’à chaque arrivée d’un bus tout le monde se précipite, c’est la bousculade et de toute façon ils ont les soutes pleines, ils transportent plein de fourbi en sus des passagers. Va-t-on rester coincés indéfiniment dans ce patelin ?

Finalement on ne voit pas le temps passer, il y a de la vie autour de cet arrêt d’autobus. La station d’essence est juste à côté, les taxis collectifs viennent y faire de l’essence et les clients vont et viennent autour des vendeuses de nourriture et de boissons.  Ici tous les enfants ne vont pas à l’école, ou alors il l’ont séchée pour se faire un peu d’argent. On observe le travail de trois gamins d’environ 10 ans qui transportent chacun un panier de bananes frites, chips et autres trucs bien gras. A chaque arrêt d’autobus c’est à qui sera la premier arrivé pour monter dans le bus et essayer de vendre le contenu de son panier. C’est aussi le cas pour une petite mémé qui a bien du mal à se faire sa place, elle vend des « tamales », on va lui en acheter ainsi qu’aux gamins, faut bien que tout le monde vive, non ? On constate que ces petits vendeurs ont des clients locaux qui s’arrêtent devant leurs stands sauf bien sûr ces touristes bégueules qui vont pincer du nez en voyant ce que propose la petite mémé. Irène leur dit que c’est très bon, mais ces « bonnes femmes » ne daignent même pas la regarder ni lui répondre ! Tout ce petit monde s’est juste aventuré pour voir ce qui se passait par là mais ont aussitôt fait demi tour et se sont engouffrés dans la boutique de la station services pour s’empiffrer de glaces puis remonter dans leur autocar privé. Seul un homme est venu acheter des bananes frites aux enfants.

La journée avance, un type nous dit qu’un prochain bus aura de la place parce qu’il ne va pas jusqu’à Puerto Escondido, il s’arrête en route. Qu’à cela ne tienne, ça nous convient aussi et il va s’avérer que c’est bien mieux : Heureusement qu’il n’y avait pas de place dans les précédents !

Jamiltepec, tout le monde descend

3 heures et demie de bus en partie dans la montagne avec un arrêt à Santiago Pino Tepa Nacional (Un nom pareil, ça ne s’invente pas). C’est une ville de 10 000 habitants perdue au milieu de la montagne avec toutefois un petit aéroport. Le chauffeur fait sa pause tortillas, nous aussi, on le suit parce qu’il ne nous a pas dit combien de temps elle allait durer cette pause ; pas question qu’il nous oublie !

Quand nous arrivons à Jamiltepec  il fait déjà nuit noire. On remonte nos bécanes à la frontale et nous dirigeons vers le centre, on se dégote une chambre à l’hôtel Cadiz ; le lendemain matin on découvrira le magnifique bougainvillier qui orne sa façade, d’ailleurs la ville est très fleurie.

Le premier soir c’est un peu compliqué, on ne trouve pas de boutiques ouvertes pour manger, ni de stands de rue, mais où sont-ils donc passés ?  On marche depuis un kilomètre avant de voir de la lumière au fond d’une cour, il y a une dame qui fait des tacos dorados (6 pour 10 pesos) un prix dérisoire. Ambiance joyeuse avec les autres clients, bien qu’ils parlent un langage qui nous échappe totalement, ce sont des indiens Mixtecas. Que deux blancs viennent se perdre au fond de cette coure ne manque pas de les étonner, ils en rigolent encore.

En fait, dans l’obscurité on s’était trompés de direction, alors qu’on était tout près du « centre-ville » que nous allons découvrir le lendemain. Ce n’est certes pas une ville exceptionnelle, mais on y trouve un intérêt tout de même, il suffit d’observer un peu.

Un drame a eu lieu ici suite au dernier séisme en septembre 2017,  lequel n’a pas fait de victimes mais de gros dégâts : Un hélicoptère transportant des personnalités venues se rendre compte des dégâts s’est écrasé, tuant 13 personnes (et aucun des occupants de l’hélico).  Un drame dont parlent encore les habitants choqués. Un homme avait bossé clandestinement aux USA il était revenu au pays et avait commencé à construire sa maison, il faisait partie des victimes. L’accès à l’église est impossible, elle a été trop endommagée, à la place une bâche abrite un espace sous lequel les fidèles se réunissent.

Au marché, les tenues locales des femmes différent de celles que nous avons vues jusqu’ici, elles portent des robes blanches ornées de rubans de couleur, avec les cheveux longs tressés ramenés en couronne sur le haut de la tête.

rencontre d’un homme qui a vécu 7 ans aux USA son frère tient un resto mexicain à Pris, le Luis Antonio Iglesias.
Les taxis sont assez spéciaux, ce sont des pick-ups bâchés, les passagers s’entassent sur des bancs à l’arrière. Ils n’ont pas la même couleur que l’état que nous venons de quitter, ceux ci sont de couleur verte.

Nous rencontrons des enfants qui préparent leur communion solennelle ; pendant un an ils viennent tous les week-ends en préparation (ça gonfle certains parents), ils sont tout fiers de nous montrer ce qu’ils ont confectionné pour la célébration en particulier une couronne de feuilles avec des bougies de couleur et au milieu une bougie blanche. Un rituel qui apparemment a beaucoup d’importance. Ils sont tout excités par nous quand on leur dit qu’on ne voyage pas en voiture mais à vélo. Est-ce qu’ils nous ont vraiment cru ? En tout cas ils vont nous mettre à rude épreuve en nous posant des tas de questions. Voilà un bon moyen pour nous d’éprouver notre espagnol balbutiant ! Merci les enfants !!!

Le minuscule musée local que nous découvrons au rez de chaussée d’une maison est riche de pièces pré-hispaniques trouvées dans les environs, un petit trésor qui mériterait d’être mis en valeur mais les moyens manquent. Un étudiant qui assure la permanence nous conduit à une vieille maison de 300 ans, achetée et habitée par un couple de Mexicains amoureux d’histoire. La casa de Antigua a de fort hauts plafonds, un beau sol en argile cuite, une porte impressionnante, tout est d’origine. Ses propriétaires sont contents de la faire visiter, on voit bien que ce n’est pas le grand confort (le dernier tremblement de terre a fait s’écrouler une partie du toit, le trou attend d’être réparé) mais ils font de leur mieux. Le gouvernement ne vient pas en aide pour la conservation de certain patrimoine, alors les propriétaires font visiter pour quelques pesos et vendent des fruits de leur jardin.

Sur un autre petit marché local animé par les indiens mixtecas, nous dégustons une soupe de crevettes au comptoir minuscule d’une petite mamie. Cuisine simple et fort bonne, il ne faudrait cependant pas que des services d’hygiène à la française viennent par là, il seraient horrifiés. Nous on s’en fout on se régale.

Lors d’une soirée tacos, nous sommes attablés avec les gens du villages et la famille qui tient trois comptoirs. L’ambiance est un peu surréaliste, entre un drôle de monsieur un peu pinté et autre sourd qui a bossé en tant que clandestin aux USA. Franche rigolade, ainsi qu’avec un groupe de musiciens qui répète dans une cour, tous très sympas et toujours prêts à discuter et expliquer ce qu’ils vivent.

Ce qui est frappant, c’est le respect entre tous ces gens ; ils ont des vécus très différents, certains pourraient paraitre (et sont) bizarres mais parfaitement intégrés, chacun trouve sa place et est soutenu.
Dans cette ville pas bien riche les gens sont particulièrement gentils et souriants, un bel exemple de tolérance et de partage pour un peu on s’éterniserai bien ici.

Vers le paradis

Pour s’en aller vers le paradis, la route est belle, c’est bien connu et ça se vérifie : Nous entamons notre descente dans un environnement de toute beauté, des montagnes rondes aux flancs couverts de végétation se détachent des vallées.

Quinze kilomètres de descente sans pédaler, un régal, on ne s’en lasserait pas. Dans les petits villages, des tuktuks  comme on en voyait tant en Inde, d’ailleurs ils sont bel et bien made in India. Il n’y a d’ailleurs pas beaucoup de  circulation par ici, essentiellement des collectivos (transports collectifs) pour aller d’un village à l’autre.

Le but de la manip est de découvrir les lagunes de Pastoria et de Chacahua, immense réserve naturelle bien préservée. Pour cela, il nous faut accéder au petit village de Zapotalito où on se fait accueillir par un homme à l’entrée du village. Il nous guettait sans doute averti par un des chauffeurs de taxi qui nous ont doublés. Il nous saute carrément dessus et nous propose de le suivre pour traverser en bateau jusqu’au village de Chacahua. Il y a bien plus de planchas (petits bateaux à moteur) que de passagers potentiels en cette saison, ce ne sont pas encore les vacances, alors 2 « touristes », même à vélo, ça ne se rate pas !

Vu qu’on n’en aura pas besoin là où on va, nous laissons nos vélos au village et partons avec le minimum de sacoches. Est-ce bien raisonnable ? Ils resteront sous la garde de ?  on ne sait pas trop, en tout cas notre homme nous garanti que nous les retrouverons en revenant. On fait confiance tout bonnement !

Chacahua, on est bien là !

Ce village lacustre n’est desservi par aucune route, uniquement pas les bateaux qui doivent traverser les lagunes, lesquelles sont magnifiques, reliées par un canal naturel au milieu duquel se trouve un minuscule village de pêcheurs, ils sont extrêmement isolés mais ont tout de même une école, une église, un espace communautaire.
Les oiseaux sont rois dans ces lagunes, à peine dérangés par le passage des lanchas, se laissant observer sans crainte. Il y a des aigrettes frégates, des pélicans et moult autres espèces dont on a évidemment oublié le nom.

Après être passés par un dédale de labyrinthe au milieu des palétuviers on arrive au paradis, ce n’est pas Saint Pierre qui nous accueille mais ce n’est pas mal tout de même ; notre cabaña donne sur la mer, on pourrait pêcher des poissons depuis le balcon. Etonnamment, ce n’est pas cher, le confort est sommaire mais c’est généralement le cas ailleurs aussi, on s’habitue à tout.

Il y a 600 habitants dans ce village, une école mais pas de docteur, seulement une infirmière. Pour les urgences c’est le bateau. Notre hôte est né ici, pour rien au monde il ne voudrait aller vivre ailleurs.

Par contre, ce qui n’est pas paradisiaque (ni en option), ce sont les moustiques qui nous assaillent pendant qu’on boulotte des crevettes sous une paillote.

L’endroit est plutôt idyllique, avec ses grandes plages, de belles vagues, des paillotes et petites gargotes, des hamacs partout, et une tranquillité absolue et les villageois toujours aussi adorables.

Le tourisme joue un rôle certain dans ce village de pêcheurs, comme en témoignent les restaurants qui proposent tous les mêmes produits, la même cuisine et les mêmes prix, les hébergements chez l’habitant, le camping est gratuit si on consomme quelque chose. L’ambiance est très relax, un groupe baba cool surfe tranquillement, ce sont de jeunes américains et canadiens qui ont posés leurs petites tentes à l’arrière d’une gargote et apprécient visiblement la bière locale.

Les enfants d’ici jouent sur les pontons sans aucune crainte de tomber dans l’eau, les parents de Louis et Gabriel rigolent quand on s’en étonne, il n’y a jamais eu de problème. Ils sont comme des poissons dans l’eau.
La petite Mélanie vient nous vendre son eau de coco enfermée dans un sac plastique avec une paille, qu’elle sort de sa petite glacière ; mignonne comme tout, elle s’intéresse au jeu du Qwirkle et comprend fort vite.

Des hommes s’activent à changer les poteaux en bois d’une paillote, tout se fait à la main, ça prend un temps fou vu qu’ils ne sont pas stressés, mais peu importe. A la prochaine tempête ce sera à refaire.

Ce n’est qu’en fin de journée qu’on va se baigner, alors que la chaleur est moins forte. Les pélicans étant plus habitués que nous au climat, ils s’activent à marée descendante pour engloutir les poissons dans leur large bec, les pêcheurs essaient d’attraper le reste dans leur filets jetés à la main.

Retour sur terre

Après deux jours au paradis, nous reprenons la lancha de Daniel pour retourner récupérer nos vélos qui ont été bien gardés, aucune substance illicite n’y a été introduite en notre absence (Irène n’a pas pu s’empêcher de vérifier !). Nous avons quitté ce lieu perdu entre mer et lagune à regret conscients de la chance que nous avons d’avoir pu en profiter et espérons que ce village puisse garder son authenticité. Là aussi nous aurions bien aimé rester plus longtemps. Il faudra que nous y revenions !!!

C’est sous le soleil frappant que nous retrouvons la route qui va nous mener jusqu’à la ville de Rio Grande, pas bien loin. On repère un resto où il y a plein de locaux. C’est l’occasion de déguster un délicieux mole entourés des mexicains qui eux aussi apprécient la cuisine. Pourtant le patron n’est pas souriant et plutôt sec avec tout le monde. Néanmoins, et c’est l’essentiel, la cuisine y est délicieuse et économique. C’est d’ailleurs ici que nous avons mangé le meilleur mole de notre voyage au Mexique. On vous expliquera plus tard les différents « moles ».

Après une sieste non méritée, vu la faible distance pédalée, mais bienvenue tout de même vu qu’il fait trop chaud on part visiter la ville à pieds en marchant côté ombre bien sur. Elle est loin des pueblo magico , elle n’est pas bien prospère, ça saute aux yeux, mais les petits commerces y sont nombreux et les rues sont vivantes même si ça n’est pas la foule.

A part la rue principale goudronnée, et celles adjacantes ce ne sont que  chemins de terre et de sable où on découvre des habitations pas toujours salubres, faites de bric et de broc.
Certaines familles habitent dans des cabanes au bord du rio, lequel sert à faire sa toilette, se laver les cheveux et faire la lessive. Il n’y a pas manifestement d’eau courante, heureusement que le climat serein rend la rivière praticable même en hiver.

Nous observons avec étonnement un homme et sa femme qui collectent du sable au milieu du rio, ils le filtrent puis l’emmènent dans un seau jusqu’au rivage où ils en ont déjà accumulé un grand tas. Ce travail de fourmi n’entame pas la joie de la famille, son épouse reste au milieu de la rivière et leur fils nage à proximité, ils prennent le temps de jouer ensemble à se poursuivre et s’éclabousser. Une belle leçon pour nous autres qui râlons si facilement.

Dans les baños de beaucoup de petites échoppes où nous nous arrêtons il n’y a pas de chasse d’eau, mais un baril rempli et un seau pour jeter l’eau dans la cuvette. 50 % de la population du Mexique vit en dessous du niveau de pauvreté, et pourtant nous ne rencontrons que des gens très souriants. Si nous devions dessiner le Mexique ce serait un visage avec un large sourire.

Puerto Escondido

Ce matin le soleil se lève bien orange, il va faire chaud très vite, de plus nous l’avons de face et ce n’est pas très agréable (l’idéal serait de rouler vers l’ouest, mais ça ne mène pas toujours où on voudrait). Il y a quelques vélos sur la route par ici, des hommes qui transportent des outils agricoles, ainsi que de nombreux collectivos qui trimballent les gens qui n’ont pas de voiture, donc la plus grande partie.

Un petit homme qui transporte un gros fagot de bois sur son épaule porte en bandoulière sa machette dans un étui en cuir. On voit souvent des hommes avec leur machette impressionnante. Les bas cotés des routes sont débroussaillés  à la machette, pas de machines, les pauvres on les plaint parce qu’ils travaillent dur en plein soleil.

Traversée du village El Cacalote, un nom rigolo qui ferait rire nos petits enfants. Si la route longe la côte pacifique, ce n’est pas pour autant que nous le voyons à cause de la végétation ou des champs dans lesquelles paissent notamment des troupeaux de vaches brahmanes comme en Inde. Le trajet est agréable avec des montées et de descentes confortables vu la chaleur. San Isidro, Llano Grande, Hidalgo, tous ces petits villages offrent nourriture et boissons fraiches aux bord de la route, ainsi que de l’artisanat local, des fruits et légumes.

On stoppe  dans un endroit un peu paumé où travaillent deux petites dames sur leur cuisine en extérieur. Un four pour cuire les tortillas, un foyer où cuisent quelque ragouts dans les marmites. Un endroit à l’ombre au bord de la route, tranquille. La plus âgée fait la vaisselle dehors sur son évier sans eau courante. Où sont elles allées chercher l’eau qui se trouve dans le baquet et dans celui des toilettes ? Quel travail ! Ces deux là sont très organisées et rapides, souriantes et ont envie de parler.

Contrairement à ce qui se pratique en général, elles n’utilisent pas de vaisselle jetable et ça on aime bien. Elles vont nous préparer des enchiladas au fromage et aux tomates à tomber raides de plaisir. Un régal, merci mesdames de nous avoir divinement comblés.

Puerto escondido est une ville qui surplombe la mer, avec une zone touristique qui se situe naturellement en contrebas, au bord des plages qui sont célèbres. On y arrive en plein cagnard, ca cogne bien depuis que nous sommes descendus sur la côte, beaucoup plus qu’en montagne.

Ici c’est le paradis des surfeurs, néanmoins ce n’est pas sans danger à cause de courants sournois, il y a eu 8 morts rien qu’en 2017 et les années précédentes n’étaient pas mieux.

Nous avons opté pour une petit chambre dans une hostel sympa tenu par un jeune couple franco-mexicain, à l’écart de la zone pleine de restos et bars branchés. C’est l’occasion de rencontrer les parents de la jeune femme qui sont angevins et sont venus eux aussi s’installer ici depuis deux ans pour être avec leurs filles. Ils ont quitté l’informatique pour se lancer dans l’hôtellerie et n’envisagent aucunement de revenir s’installer en France. Ici travaille Morgane, une jeune française qui vit depuis deux ans ici avec son compagnon marocain. Ça fait bizarre de parler français avec tout ce petit monde…

Près de « chez nous » se trouve un immeuble hideux de 5 étages dont la construction est à l’abandon depuis longtemps, que s’est-il passé ? Alors que la loi limite les habituer à 3 étages dans cette ville, cette monstruosité à l’initiative de l’ancien gouverneur est une énorme verrue dans le paysage. La mégalomanie n’a pas de frontières…

Par ailleurs, le bétonnage se poursuit au fil des ruelles sableuses et caillouteuses, moult chantiers pour accueillir les touristes. Le travail des maçons est entièrement à la main, la main d’oeuvre coûte moins cher que de louer des bétonnières. Ils sont courageux les mecs, tout ça pour un résultat qui va peut être s’écrouler au premier tremblement de terre, surtout que c’est bâti sur du sable.

On joue aux touristes en allant boire une coup au bord de la plage, deux boissons pour le prix d’une offert par notre logeur. C’est vrai que c’est joli, mais pas plus qu’ailleurs où il y a bien moins de monde et de bars. Pour en terminer, une petite balade à la fraiche sur la plage pour y voir les surfeurs débutants aidés par les monos locaux, on rigole de voir la maladresse de certains mais on ne ferait certainement pas mieux !

Agua Blanca

Route inintéressante, on ne voit la mer que par intermittence, de grandes lignes droites. La seule consolation est que l’on est à l’ombre qui nous protège souvent du soleil. Diversion bienvenue, on rencontre pour la première fois un cycliste baroudeur, c’est Mattias l’Argentin qui est sur les routes depuis deux ans et file vers l’Alaska.

Au bout d’une trente-cinquaine de kilomètres, ras le bol de cette route, on essaie de se trouver un coin près de la mer. Le GPS indique un chemin qui mène à un hôtel, mais omet de dire que c’est sableux et que l’hôtel en question n’en a que le nom et est fermé. Qu’à cela ne tienne, en poursuivant un peu on découvre un vrai hôtel, ouvert et désert, au bord d’un vague village installé sur cette longue langue de terre semi sableuse où vivent quelques familles de pêcheurs. Nous sommes les seuls clients, un hôtel pour nous tous seuls !

C’est un petit coin de paradis incroyable, à l’accès un peu difficile mais c’est peut-être le prix de la tranquillité.

Seulement quelques gargotes installées en bord de plage, on va déguster des crevettes extras préparées grillées, hum….les pieds sur le sable, nous y sommes ici aussi les seuls clients. La jeune famille qui vit ici est toute gentille, la maman a deux enfants en bas âge.

En fin de journée on profite un peu de la fraicheur pour marcher sur le sable et se baigner dans une partie protégée par des rochers. Joël va donner le coup de main à un vieux monsieur qui  remonte du rivage une brouette chargée de sacs d’huitres. Il n’y a pas d’électricité dans ce village, ils utilisent des panneaux solaires. Du coup, à 18 heures il fait nuit noire, tout est fermé ou presque, on se retrouve dans un minuscule resto tenu par une autre famille très gentille. Une fois de plus, nous sommes les seuls clients. Nous n’aurons vu que des locaux dans ce petit coin de paradis, isolé de l’agitation des grandes villes, une vie simple au bord de mer. Nous sommes rentrés dans la peau de Robinson Crusoe une petite journée.

San Augustilino

Le soleil se lève à peine quand on rebrousse chemin sableux emprunté hier. On se prend à rêver pour ces villageois d’une voirie en meilleur état pour arriver jusqu’à eux, c’est un chemin de oufs !

Nous retrouvons notre route à deux fois deux voies, ce n’est pas ce qu’on aime le plus, d’autant que c’est en montagnes russes usantes, rien de bien plaisant. La côte est touristique, nous sommes en saison morte et la semaine prochaine il y aura la foule à l’occasion des vacances de Noël. Le temps est couvert mais les températures sont chaudes, on transpire bien.

On voit que l’endroit à la cote, les rues du village sont parfaitement pavées le long de la plage, alors que celles qui mènent aux collines sont dans l’état habituel. Il y a plein de petites boutiques d’artisanat local et de restos. C’est un village de pêcheurs mais il doit surtout vivre du tourisme désormais.

 

Un moment idyllique pour un peu de repos, pas beaucoup de kilomètres aujourd’hui encore, c’est trop tentant de se mettre les pieds dans le sable pour profiter de la mer.

Pas mal comme paysage, non ? Pendant qu’il y en a qui préparent Noël au coin du feu, nous on ne prépare rien devant un superbe coucher de soleil.

Et pour que tout soit bien assorti, on s’en va ensuite dans un joli restaurant, El Navigente, déguster du poisson Pargo et Gallo servis par un canadien qui vit ici depuis 21 ans. Miam ! On profite du poissons et des produits frais que nous offre la mer autant qu’on peut car il faut bien l’avouer le prix des plats et vraiment plus qu’abordable pour nous autres français. Quand on trouve un plat de grosses crevettes fraiches pour l’équivalent de 8 euros, ce serait pécher de ne pas en profiter.

Au bout des rouleaux

Pour la dernière étape, c’est un peu gratiné : Dès le matin nous devons pousser à l’assaut de côtes à plus de 8%, on crève déjà de chaleur, la route est pas mal cabossée. Les bords de mer sont loin d’être plats. C’est une petite route étroite, sinueuse avec peu de circulation si ce n’est les scooters et les taxis. Ceci pour arriver à Puerto Angel, un authentique village de pêcheurs niché dans une jolie baie pittoresque. Vraiment l’endroit valait bien les efforts pendant la montée, c’est tout simplement ravissant.

Ici il y a une vraie vie, ce n’est pas artificiel comme dans les lieux touristiques. Par exemple, nous assistons à la distribution de la retraite sous le toit du terrain de basket. Le même rituel se déroule tous les 2 mois. Les anciens sont arrivés très tôt pour certains car ils habitent dans des hameaux isolés, ils attendent patiemment le déroulement des opérations. Ils touchent 1 200 pesos pour 2 mois, soit seulement 53 €, autant dire qu’avec ça ils ne peuvent s’offrir que des tortillas mais rien à mettre dedans.

Le processus est très lent : Il leur faut faire la queue une première fois pour présenter leur documents d’identité et se faire apposer un coup de tampon, une autre queue pour vérification et une troisième pour enfin toucher leur argent car ils n’ont pas de compte en banque… Imaginez ça un peu en France, c’est la révolution assurée, pas besoin de gilets jaunes. Tout ceci se déroule sous la garde de policiers armés jusqu’aux dents, pas question que ces ces petits vieux se fassent braquer.

Vu que c’est un village de pêcheurs, ce n’est pas le poisson qui manque, il y en a même sur les trottoirs, qui attend d’être emmené par les pickups ou même dans le coffre du scooter.

Les pêcheurs sont arrivés tôt ce matin, ils vendent leurs poissons pour certains à même le sol, de toute façon il va être vendu rapidement et consommé tout aussi rapidement (du moins on l’espère). Certains sont restés sur la jetée et se sont les femmes qui se changent de la vente pendant qu’ils s’activent autour de leurs filets.  On ne peut pas dire que la pêche soit intense, pas de sur-pêche, il en faut pour tout le monde.

La vue depuis notre chambre perchée sur la falaise est du style imprenable, on peut surveiller le port dans lequel l’activité est rythmée par les marées, surtout qu’il faut hisser les bateaux sur le sable et que c’est assez physique comme manip.  Il y a toujours quelques hommes qui vont leur donner un coup de main pour l’arrivée des bateaux. Ils ont poser sur la pente inclinée des morceaux de bois ronds ainsi les pêcheurs arrivants se positionnent droit face à la plage et font tourner le moteur à fond lançant le bateau à toute vitesse qui se retrouve couché sur le sable en deux temps trois mouvement. Il faudra attendre la marée suivante et quelques bras pour le faire redescendre pour la prochaine sortie.

La plage n’est pas vilaine du tout, on peut même dire que des panoramas aussi beaux doivent être appréciés à leur juste valeur. Tableau où ces bateaux de pêche reposent bien alignés sur le sable blond et les marins occupés à les entretenir, les mains dans la peinture, les filets à réparer et à préparer pour le lendemain.

De notre coté, on fait quelques courses à ce qui ressemble à un mini marché, juste quelques vendeurs au bord de la route. Et on termine par une crêperie qui est fermée, à notre grand dam, mais a le bon goût d’ouvrir en fin d’après-midi. Ceci dit, elles ne sont pas terribles, les crêpes mexicaines, surtout goutées par des bretons.


C’est ici que s’achève notre descente le long du Pacifique, que nous ne reverrons pas de si tôt, ainsi que notre parcours à vélo sur le continent nord-américain, où nous sommes arrivés il y a plus de cinq mois. Snif…

Nous prendrons un autocar pour aller jusqu’à Oaxaca, dix heures de route à se farcir, on préfèrerait dix heures de vélo mais on a fait le choix de ne pas rater cette ville qui nous a été maintes fois vantée. Allons voir si c’est si bien que ça, on vous racontera si vous êtes sages. D’ici là, passez de bonnes fêtes et n’abusez pas des excès !

Au fait, un dernier indice pour ceux qui n’ont pas encore trouvé où on va après, même si c’est vraiment facile puisque la réponse a déjà été donnée :

 

 

 

9 Comments

  1. Je pars à l’instant faire un tour de vtt dans les garrigues avec des amis mais il me tarde d’être en selle pour notre périple. Ici on a le soleil moins la chaleur continuez et surtout ne lachez rien.Ca fait du bien de vous lire….A l’année prochaine pour la suite….Bonne fête ou que vous soyez…..
    Jeffry

  2. Tous mes meilleurs vœux pour la nouvelle année qui va débuter et qui nous donnera encore l’occasion de suivre vos aventures. Vraiment super, je me suis régalée à suivre votre périple au Mexique où je suis allée 3 fois maintenant. Je suis vraiment d’accord avec votre regard sur ce pays merveilleux, les gens sont vraiment gentils, souriants et accueillants.
    Irez vous au Yucatan ?
    Amitiés.

  3. hello …Bonsoir à vous et et aux lecteurs!Je serais tenté de dire à vous lire que « la Pauvreté c’est leur richesse » c’est à dire que l’accueil et leur joie de vivre est leur véritable capital!Toujours des rencontres exceptionnelles et la curiosité intarissable des enfants!
    Meilleurs voeux à toutes et tous pour 2019

  4. Always finding your way back to San Francisco, no matter which one it is. How do you take an aerial photograph of yourselves on the sandy road next to the earth mover?

  5. coucou Joël et Irène – bien longtemps que je ne suis allée sur votre site, pas depuis que j’ai vu Irène à ABM – quelques souvenirs reviennent de mon « petit périple  » au Mexique mais rein à voir bien sûr avec tout ce que vous vivez – plein de rencontres enrichissantes – les petites bébêtes aussi ! je vous souhaite une Bonne Année 2019 – continuez à vivre pleinement ce beau périple bizh – Armelle

  6. vous allez à Cuba ensuite ?? je vois le drapeau !- si vous avez besoin d’une adresse chez habitant à La Havane vous pouvez contacter de ma part nos amis ANA et JESUS qui ont une Casa dans le centre près de la vielle ville : Casa ANAISA TéL (0053)78666177 ou 54645275- anapenate@nauta.cu – ma soeur et moi sommes allées en avril 2018 et Ana est venue chez sa fille en France cet été et est venue en Bretagne – super accueil – ce sont des amis maintenant, eux et leur fille et son mari – bon voyage…

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