Pédaler au pays du sourire

Dans un voyage ce n’est pas la destination qui compte mais le chemin parcouru, et les détours surtout. (Philippe Pollet-Villard)

Le voyage à vélo est idéal en ce domaine, d’autant plus qu’on essaie toujours de trouver des chemins de traverse, des petites routes qui figurent à peine sur les cartes, des diverticules inattendus. En Thaïlande c’est souvent possible et à chaque fois ce sont de bonnes surprises. (enfin presque toujours !)

 

 

Pédaler

Le réseau routier principal est en bon état, mais le secondaire aussi, il faut vraiment le faire exprès pour se retrouver sur des chemins de terre. Et quand bien même, ils sont très praticables, tout du moins en cette saison sèche parce qu’en période de mousson on ne s’y risquerait pas.
L’avantage est que jusqu’à plus de 700 km au nord de Bangkok c’est plat, et même archi plat, donc facile, tout du moins non difficile, tout est dans la nuance et de ce que chacun recherche.

Généralement nous partons tôt le matin dès le lever du jour. A 6h45 nous sommes prêts, le jour se lève environ un quart d’heure plus tard et le soleil vers 7h30. Il pointe doucement à l’horizon, rougeoyant, éclairant petit à petit les rizières et nous dardant de ses rayons au plus chaud de la journée entre 33 et 36 degrés. 13h, maximum on essaye de se trouver un endroit où nous cacher. Ce qui veut dire une chambre avec douche et ventilo, au mieux la clim !  Vous l’aurez compris nous pédalons environ 6h par jour pauses comprises, parcourant entre 50 et 70 kms (côtes comprises !)

Ensuite ça commence à se corser, le nord du pays est montagneux, les pentes peuvent être raides, les camions n’en peuvent plus, au passage ils crachent leurs gaz d’échappement et nous crachons nos poumons. C’est sans honte aucune que nous mettons pieds à terre et poussons nos chers vélos. Tim et Lucy eux arrivent sans devoir pousser jusqu’au sommet des côtes. Il est vrai que le tandem à lui seul avec ses bagages ne pèse « que » 90 kg alors que pour chacun de nos vélos nous en trimbalons 50. Lucy toute mouillée ne pèse que 53 kilos ce qui est loin d’être notre cas…. On ne dévoilera pas ici les conséquences de nos agapes françaises qui se sont stockées depuis notre retour à Pâques dernier (d’où le flottage de la balance de la gare dans le précédent article).

Nous avons eu droit à de grandes sections de travaux routiers. La liaison entre les villes de Chiang Mai, Chiang Rai et le reste du pays est en train de s’améliorer de façon conséquente. S’offre à nous la possibilité d’utiliser la partie en chantier, ce qui n’est pas pour nous déplaire, on peut ainsi rouler en toute tranquillité sans avoir être dans la circulation. Parfois c’est du billard, la route vient d’être terminée, quelque fois c’est chaotique et on a la carcasse un peu secouée. Les ouvriers sourient et nous encouragent, il n’y a pas de danger, nous évitons quand même les gros engins de chantier. Essayer de trouver le meilleur endroit pour rouler sans se retrouver face à un obstacle infranchissable ajoute un peu de piment dans le trajet, c’est comme la cuisine thaï, c’est souvent assez relevé.

Pour des raisons pratiques, il arrive qu’on emprunte des routes fréquentées, mais les conducteurs sont si courtois que ça ne pose aucun problème. Jamais de signe d’impatience, ils s’écartent bien, et même si on fait des manœuvres assez scabreuses (comme traverser toutes les files sur une 4 voies) ils font preuve de bienveillance.
Exemple inimaginable en France : On s’est fourvoyés par erreur en ville dans un sens interdit dans une rue embouteillée, les automobilistes ont tous essayé de s’écarter pour nous laisser passer, le sourire en prime.

Tiens, en parlant de prime, une petite vidéo qu’on vous offre pour le plaisir :

Rassurez vous , nous ne faisons pas que pédaler, nous nous arrêtons souvent aux stands sur le bord des routes pour les fruits ou les boissons, les arrêts pipi dans les bananeraies ou les stations service, les visites des temples, les arrêts photos…..

Le pays du sourire, vraiment ?

Ce slogan a l’avantage de ne pas en être un, c’est une réalité : On n’a jamais rencontré des gens aussi souriants qu’ici. Il y a sans doute des gens coincés, voire même qui font la tronche, mais on ne les voit guère.

Pourtant il doit bien y avoir des motifs d’insatisfactions, la vie ici n’est pas plus facile que dans nos contrées, loin de là, cependant les gens sourient à tout va et vaquent à leurs occupations sans avoir l’air de stresser. Il est vrai que le Thaïlandais à l’art de sauver la face, c’est tout simplement culturel.

 

Le long de la route

On rencontre de drôles de bestioles (ici un iguane maousse costaud), des engins roulants plus ou moins loufoques, des camions joliment décorés, et quasiment aucun cycliste. Un seul cyclo-voyageur en deux semaines, ce n’est pas énorme, mais vu les chemins qu’on emprunte ça limite aussi les chances de se rencontrer, d’autant que celui-ci fonce afin de parcourir quatre pays en quelques semaines, ce qui ne l’empêche pas d’être fort sympa.

Vu notre impressionnante capacité à maitriser la langue (à nous quatre on doit totaliser huit mots de Thaï), les dialogues avec les gens sont un peu ardus, d’autant que l’anglais n’est pas vraiment répandu dans la population. Ceci n’empêche pas les échanges cordiaux, comme cet homme qui tient à nous offrir un gros sac de bananes séchées ou cette jeune femme qui se décarcasse pour nous faire comprendre où trouver une chambre.

En échange on a un truc qui plait bien : Leur faire essayer les vélos. Déjà qu’ils sourient tout le temps, là les gens ont carrément la banane XXL.

Par contre, il y a les satanés chiens : On se demande ce que les Thaïlandais font avec tous ces cabots, il y en a partout. Souvent affalés sur la route, ou errant sur les bas cotés, isolés ou en bandes, ils s’excitent dès qu’ils nous voient arriver. Enfin, certains d’entre eux car un grand nombre s’enfuit la queue entre les pattes, du style « courage, fuyons ».

Les plus casse pieds nous poursuivent en aboyant tout ce qu’ils peuvent, mais abandonnent au bout de quelques dizaines de mètres ; ce n’est pas que nous allions bien vite, mais ils sont plutôt flemmards.
Et Irène a une parade infaillible, c’est la raison pour laquelle on la laisse passer devant, une vraie guerrière, elle aboie crie plus fort qu’eux du style « vous voulez boulotter du cycliste » « retournez à la niche ou c’est moi qui vais vous bouloter » ça les calme illico, on rigole bien quand on les voit s’enfuir la queue entre les pattes, ils courent encore …. Une fois elle a carrément freiné, à la surprise de tous, ils ont fuit terrorisés…. On se demande bien pourquoi, elle n’est pas si laide que ça tout de même !!!

La canne

Il ne s’agit pas de la cane de Jeanne mais de la canne à sucre, dont la Thaïlande est le second producteur mondial.

Certains champs sont récoltés à la machine, laquelle engloutit tout pour envoyer les cannes dans un camion et rejeter le reste par terre. Impressionnant, bruyant et efficace.

D’autres champs sont récoltés à la main, sous un soleil de plomb. Impressionnant, silencieux et lent. Dans les deux cas, une ribambelle de camions emmène tout ça à la raffinerie la plus proche.
La pratique consistant à mettre le feu au champ avant récolte étant désormais interdite, il semblerait qu’elle persiste par endroits, notamment de nuit, parce que la raffinerie achète plus cher les cannes ainsi « pré-traitées ».


Pour terminer, un petit bout de quotidien :

Ban Hua Salao

Notre étape du jour, après 64 km et quelques belles poteries, se situe dans la petite bourgade de Ban Hua Salao.

De fidèles gardiens surveillent l’entrée d’un Wat (temple), le rouge gauche, le vert à droite. Comme bâbord et tribord comme chez les marins, ainsi même si on arrive en bateau on ne risque pas de s’échouer.
La ville est décorée à l’occasion du nouvel an chinois, tant mieux parce qu’à part ça elle n’a rien de folichon. De plus, pas moyen de trouver un resto ouvert pour dîner, tout est fermé. On se rabat sur une gargote de rue, le type est un malin qui sait qu’il n’y a que lui à travailler ce soir là. L’avantage est qu’on ne perd pas de temps à essayer de déchiffrer le menu, il suffit de montrer la gamelle pour être aussitôt servis et en plus c’est bon et évidemment d’un prix dérisoire.

10 Comments

  1. Merci pour ces moment de rêve , je roule aussi en couche mais en tryke
    Nous nous déplaçons en espagne et au Portugal et projetons la hollande pour la prochaine annee 2012
    Bonne continuation et vive le couche

  2. Beau petit récit bien agréable à lire et qui donne envie d’aller pédaler en Thaïlande !
    Merci donc et au plaisir de se croiser.
    Par contre je prendrai du temps pour vous saluer….

  3. Très beau périple et si bien raconté ! En prime Irene en terreur de chiens ….avant qu’ ils ne passent à la casserole (pour répondre à la question de Joel)
    Bonne continuation et bises à vous tous !

  4. Une petite précision au sujet du sourire des Thaï : quelque soit la tâche à effectuer un Thaï cherche toujours un côté positif dans ce qu’il doit faire. Il y a un nom pour ça mais on ne s’en rappelle plus. Enfin pour un Thai faire la gueule au boulot, ce n’est pas pensable, c’est trop triste. Les Français devraient en prendre de la graine, la vie serait peut-être un peu plus agréable. Bonnes padthaï et noodle soup. Pour nous, c’est pollo+arroz+papas à tous les repas. Ca cale mais c’est lassant.

  5. Trop bien on a limpression d’y retourner ! Vous avez pas encore senti l’odeur du caoutchouc…C est insupportable.cest peut être pas la saison. Mais qs les camions remplis de caoutchouc te dépassent…beurkkkk!!! Allez bonne route.

  6. Merci encore pour ce beau voyage : quel dépaysement dans tous les domaines, culture, coutumes etc…. ici c’est la tempête, la grisaille, bref l’hiver breton.
    A bientôt de vous lire.

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