On ne s’ennuie pas à Madagascar, comme vous pouvez le constater en découvrant :
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Ce dernier article sur la Grande Ile saura sans aucun doute vous tenir en haleine !
D’Ambanja à Tana, c’est loin et loin d’être simple : les taxis-brousse roulent de nuit afin d’arriver dans la capitale avant les bouchons du matin et de moins user les pneus sur le goudron froid, de sorte que si l’on veut faire une étape c’est compliqué, on arrive fort tard le soir et il faut rester une journée dans la ville-étape avant de repartir la nuit suivante, laquelle ville ne présente strictement aucun intérêt et de toute façon on n’a plus le temps, nous sommes restés dans le Nord autant que possible, on a rendez-vous avec Julien (le fils de Joël) après-demain.
C’est donc parti pour près de 900 km, 17 heures de route uniquement interrompue par quelques brèves pauses, dont une pour dîner dans une gargote bien rustique et typiquement malgache. Pas moyen de dormir dans cet engin, ni de faire quoi que ce soit d’ailleurs, à part essayer de bouger un peu les orteils. C’est abrutis de fatigue que nous arrivons à Tana alors qu’il ne fait pas encore jour (il est 5h, Tana s’éveillleeeeuuuuu !)
Et c’est là que les genoux d’Irène entrent en scène, même si on ne sait pas encore qu’ils vont décrocher le premier rôle et le garder jusqu’à la fin du séjour à Madagascar. Rien d’inquiétant au début, après tout, après un tel parcours il est normal de se sentir courbaturé. Sauf que ça ne va pas s’arranger, même après une après-midi puis une nuit dans notre repère Madagascar Underground. Il faut se rendre à l’évidence, ce n’est pas normal, il faut consulter. Après avoir fait connaissance avec les hôpitaux Indiens, voyons voir un peu comment ça se passe à Mada, on pourra ultérieurement publier un guide comparatif des services médicaux des pays que nous aurons traversés…
Le Centre de Santé recommandé par l’Ambassade est à l’autre bout de la ville, c’est plutôt sommaire mais propre. La toubib prescrit un écho-doppler, pas de chance, il faut aller dans un autre établissement pour ça, évidemment assez loin. Sur place, peu d’attente et une toubib compétente qui voit de la synovie se balader un peu partout où elle ne devrait pas être dans le genou, plus deux kystes poplités, un de chaque coté pour ne pas faire de jaloux ; par contre, tout va bien coté circulation sanguine, ce qui est rassurant parce que depuis le fâcheux épisode de Mende on balisait à ce propos, l’embolie étant un souvenir qui a laissé des traces.
Retour au Centre de Santé, à chaque fois il est difficile d’entrer dans le taxi (d’en sortir aussi, d’ailleurs, plier les jambes n’est plus du tout spontané !), la toubib est assez perplexe, elle appelle un médecin français qui est en retraite mais continue à sévir quand il le faut. Celui-ci est très rassurant, un peu d’anti-inflammatoires et d’antalgiques et ce sera terminé dans quelques jours. Même pas vrai ! Les jours passent, les douleurs ne passent pas. Pas question de partir dans le Sud comme on l’avait prévu, on reste à Tana, proches des centres de soins au cas où.
Retour chez le médecin français qui a un peu changé d’avis, il propose une ponction mais il y aurait un risque d’infection. Il pense maintenant que ça peut durer des semaines et propose un rapatriement sanitaire si on veut ; sachant qu’être ici ou là-bas ne changera rien du point de vue médical, nous choisissons de rester, on va adopter un rythme adapté et ne plus faire de trajets excédant quelques heures.
Encore du rab d’Antsirabe
Et ça va marcher, dans tous les sens du terme. Premier trajet à trois, puisqu’avec Julien nous sommes désormais un trio, jusqu’à Antsirabe ; si vous avez bien suivi, ce nom ne vous est pas étranger puisque nous y avons passé quelques jours au début de notre séjour, avant de partir en pirogues vers l’Est. Pas question pour Irène de faire du vélo comme la fois précédente, c’est en taxi qu’elle se rend au lac sacré (avec Judit, une Tchèque qui loge également chez Billy), où Julien et Joël (Les 2J) vont les rejoindre en VTT.
Le lac Tritriva est un chouette endroit, il est d’origine volcanique et est niché entre les collines, entouré d’à-pics le sentier qui en fait le tour est abrupt mais ça le fait quand même. Deux « fady » interdits, sont en vigueur ici : ne pas transporter de viande de porc et ne pas nager dans le lac. Pourtant l’année passée un touriste Norvégien a cru bon de défier les croyances locales, il a plongé du haut d’un promontoire pendant que son ami le filmait, le guide lui, n’a rien vu venir ; ça a fait du bruit dans le bourg ! heureusement que les locaux n’étaient pas présents sur place il aurait certainement passé un sale quart d’heure, voire pire… Le mot d’ordre quand on arrive à Madagascar, respecter les croyances, si c’est fady inutile de chercher à comprendre, c’est fady et un vazaha ne doit pas aller contre sinon il s’attire les foudres de la population, il commet un sacrilège.
Si les paysages autour du lac sont superbes, la piste qui rejoint la route la plus proche, à une dizaine de kilomètres, rendent l’accès plutôt sportif : Bien défoncée par les nombreux camions qui l’empruntent et qui transportent de la pouzzolane en soulevant des nuages de poussière, elle est en quelques endroits bien pentue, à vélo c’est coton. Surtout quand la selle du vélo s’est déglinguée, basculant vers l’arrière ; Joël n’apprécie pas du tout, c’est douloureux à l’entrejambe, le loueur de vélos propose un massage au retour mais est-ce vraiment judicieux ? Un régime sans selle s’impose.
Irène et Judit se sont arrêtées au petit village de Belazao. Une équipe de télévision nationale est en train de faire des interviews des jeunes et du chef de village. Que ce passe-t-il ici ? En fait on est en train de préparer une émission télévisée dans le cadre d’une action en faveur des jeunes. Le sujet principal en est la grossesse précoce chez les jeunes filles, l’alcool, la drogue, l’éducation, le travail… Un vaste sujet. Le journaliste confie à Irène qu’il n’est pas rare dans les villages de campagne ou de montagne que les familles se séparent « brutalement » de leurs filles dès 14 ans, les estimant suffisament aptes à se débrouiller seules, allez hop au boulot, une bouche de moins à nourrir ! Evidement le manque d’éducation ne favorise pas l’intégration, et ces jeunes filles se retrouvent rapidement enceintes, et c’est un cercle vicieux infernal…
La pauvreté à l’état le plus difficile. Dans ce village il y a une école, mais le problème est que beaucoup d’habitants sont à des kilomètres dans les collines, que les pistes sont ce qu’elles sont, c’est à dire en très mauvais état quand ce ne sont pas des chemins de chèvres, les enfants n’ont pas suffisamment à manger pour faire des trajets aussi longs, alors ils ne viennent pas à l’école et restent travailler aux champs avec les parents. Cette émission va passer en soirée à une heure de grande écoute, mais le paradoxe est que ces jeunes qui ont participé aux interviews n’en verront rien du tout, il n’y a pas une seule télé dans ce village ! Les principaux intéressés sont à des lieues des moyens de communication modernes, qu’elle dérision !!!
Le retournement des morts
“Il vaut mieux être sans habitation durant la vie que pendant la mort”. Proverbe malgache.
C’est lors d’une étape à Ambositra que nous allons avoir l’honneur et la chance de pouvoir assister à cette étrange cérémonie qui se déroule dans les collines, là où se trouvent plusieurs tombeaux.
Le famadihana ou “deuxième enterrement” a traditionnellement lieu plusieurs années après le décès et toujours les années paires, lorsque les descendants estiment que le défunt a besoin d’un nouveau linceul pour se réchauffer.
La famille demande aux défunts leur autorisation de préparer la cérémonie, on ne sait pas comment ils communiquent ni comment les défunts répondent…. étonnant n’est-ce pas ?
Les tombeaux familiaux sont souvent situés dans des endroits isolés, comme les collines ou les champs. Ils sont de formes carrées d’environ 4 à 5 mètres de côté pour un mètre de haut. Constitués d’un empilement de pierres et de cailloux ils ont leur entrée orientée au sud à 4 ou 5 mètres en dessous du niveau du sol.
Le but de la cérémonie étant de changer les linceuls il faut donc entrer dans les tombeaux et pour cela creuser profond pour atteindre la porte fermée par une grande pierre.
Nous sommes accueillis par la famille très chaleureusement, ils sont fiers que des vazahas s’intéressent à leur coutumes et incitent Irène à les suivre pour entrer dans le tombeau apporter les nouveaux linceuls. Elle ne se fait pas prier, allons voir comment ça se passe la dedans, il faut une lampe, d’autres personnes sont déjà assises ou accroupies à l’intérieur, mais au moment d’entrer un vieil homme refuse qu’Irène entre, au motif que les gaz qui s’échappent du tombeau peuvent être porteurs de maladie. Pas grave, parce qu’au fond elle n’était pas vraiment fière d’entrer la dedans voir manipuler les morts, mais elle ne voulait pas refuser l’honneur qui lui était faite d’y participer.
La cérémonie peut durer jusqu’à deux jours entiers, baignés d’une ambiance de fête. Il ne s’agit pas, en effet, d’exprimer son deuil, mais de rappeler au défunt qu’il est toujours présent dans les mémoires. Les frais engagés pour ces célébrations sont considérables : il faut nourrir tous les convives, engager un orchestre, faire venir un ombiasy (sorcier-guérisseur) et sacrifier des zébus.
D’ailleurs quand nous sommes arrivés sur place le zébu était déjà mort et débité. Des espaces réservés sur des bâches en plastique aux « bouchers » du jour pour tailler les morceaux qui seront distribués aux personnes présentes et les morceaux qui seront cuits et consommés sur place. La queue est conservée par les anciens et quand il y a des fiançailles elle et plongée dans le rhum et on en asperge les jeunes fiancés pour leur souhaiter un heureux mariage. Pas mal la bénédiction, non ?
Des feux ont été allumés sur lesquels de grandes marmites fumantes sont posées, le riz est en train de cuire….
Les personnes présentes font partie de la famille la plus proche mais aussi du voisinage et des villages voisins. En fait vient qui veut mais avec des présents sous forme de nourriture, de boisson ou d’argent. Ici, la présence d’étrangers est non seulement autorisée, mais considérée comme un bon présage : Nous sommes mis en avant, choyés par la famille organisatrice, et recevrons même en cadeau une pièce de viande et une bouteille de bière. Vu qu’on n’a pas la possibilité de cuisiner, la viande sera donnée au guide et la bière à des membres de la famille croisés sur le chemin. La grand mère qui nous reçoit tient un cahier sur lequel elle note le noms des personnes présentes, ce qu’elles ont apporté et avec quel morceau de zébu elles repartent, elles seront redevables du même morceau le jour où il y aura un retournement des morts chez elles.
Les hommes en noir
Fianarantsoa n’est pas réputée être une ville dangereuse. Julien y a vécu durant six mois et n’a jamais entendu parler du moindre problème. Eh bien ça a dû changer, ou nous avons vraiment été au mauvais endroit au mauvais moment.
Alors qu’Irène était restée à l’hôtel, ses genoux refusant catégoriquement de la conduire dans le parc national de Ranomamafana aux chemins particulièrement abrupts, Joël et Julien sont partis de bon matin afin d’avoir tout le temps de découvrir les lémuriens qui habitent en ces lieux reculés. Il devait être écrit quelque part que ce serait une mauvaise journée, car dès le début ça s’est mal engagé : Le taxi-brousse n’a quitté la ville qu’après trois heures d’attente, comme souvent le chauffeur a menti effrontément pour avoir les clients, en affirmant qu’il partait « bientôt » et que les places vides étaient réservées ; et quelques kilomètres avant d’arriver enfin au niveau du parc, il s’arrête pour une pause-déjeûner, à notre grand dam !
Enfin sur place, nous sommes attendus par le guide Séraphin, qui nous a été recommandé. Mauvaise pioche, jamais on n’aura vu un guide aussi désinvolte, parlant plus à sa petite amie au téléphone qu’à ses clients, n’expliquant rien ou presque, et pressé d’en finir le plus vite possible à tel point qu’après deux heures de visite il nous propose de rentrer alors qu’on avait payé le prix fort pour sept heures. Néanmoins, le parc est intéressant et les lémuriens étaient au rendez-vous, grâce aux pisteurs qui savent où les trouver. Pour des raisons que vous allez comprendre dans quelques instants, vous ne verrez aucune photo de cette visite et c’est bien dommage.
Pour le retour, on se pose des questions car nous attendons au bord de la route qu’un taxi-brousse passe par là, mais ils sont archi pleins ou ne vont pas à Fianarantsoa, et la nuit ne va pas tarder à tomber. Bon, finalement il y en a un qui s’arrête tout de même, il est aussi archi plein mais on se tasse encore plus et c’est le soulagement, on projetait déjà de descendre au village au plus proche, à 8 km, pour y passer la nuit.
Vu que la route est bien pourrie aux alentours de Fiana, le temps qu’on arrive il fait bien nuit même s’il n’est pas encore 19h. Et c’est pourquoi on aurait dû prendre un taxi pour aller de la station des taxis-brousses à l’hôtel, même s’il n’y a que quelques centaines de mètres à pieds grâce à un escalier.
L’attaque
Arrivés en haut de l’escalier, habituellement envahi de marchands mais désert à cette heure-ci, surprise : Quatre type en noir surgissent et veulent prendre nos sacs à dos. L’un d’entre eux a une arme de poing (probablement factice, mais ce n’est pas le moment de vérifier), les autres brandissent de longs couteaux dont les lames luisent dans la pénombre. Julien lâche son sac, Joël se met à crier comme un putois, les enguirlander comme du poisson pourri, et se met à courir comme un lapin (ça en fait des animaux…). Les types sont menaçants mais semblent déconcertés, ils ne s’attendaient peut-être pas à une telle réaction, d’autant que Julien crie en Malgache aux gens qui sont là « Attrapez-les ! ». Les bandits se sauvent, poursuivis par une bonne vingtaine de leurs compatriotes qui leur feraient bien passer un mauvais quart d’heure, mais la poursuite s’arrête au bout de quelques centaines de mètres car les fuyards sont sacrément rapides et la peur leur a donné des ailes (ça avait un peu l’allure des poursuites de Benny Hill, il ne manquait que la musique).
Bilan de la manip : Un sac disparu, un autre conservé. Pas de chance, pour une fois l’appareil photo (le gros, celui qui fait les vidéos et a un bon zoom) était dans le sac de Julien. Coup de chance, Julien avait retiré son porte-feuille de son sac peu avant, son passeport est donc resté en sa possession.
Voici donc pourquoi il n’y aura jamais de photos de cette visite au parc, mais heureusement celles des jours précédents avaient été sauvegardées. Et ça nous aura donné l’occasion d’aller découvrir les services de police locaux, ce qui vaut son pesant de cacahuètes mais ne laisse guère d’illusion sur l’efficacité des recherches, même si le commissaire, dans un beau lapsus, reconnaît que la récompense de 200 000 Aryas que nous proposons va grandement aider à la motivation. Néanmoins, nous serons heureux de recevoir le PV promis, indispensable pour l’assurance (il a fallu payer pour obtenir le formulaire de dépôt de plainte, puis fournir une enveloppe timbrée et ajouter un petit billet « pour les frais »…).
Les hommes en blanc
Puisque nous sommes dimanche, allons à une trentaine de kilomètres de (très) mauvaise piste (qui est en fait la route nationale !) de Fianarantsoa, au village de Soatanana pour découvrir la communauté religieuse qu’il héberge, le Fifohazana.
Dans ce village isolé de tout au pied des collines, habitent 4 000 adeptes du Fifohazana venus des quatre coins de Madagascar. Selon les règles de la communauté, les adeptes sont habillés de blanc, vénèrent l’Esprit Saint, prient et cultivent le riz. Au-delà de la foi qui l’anime, la communauté est aussi un modèle social : non seulement le village est plus propre et ordonné qu’aucun autre, ou presque, du pays, mais chacun consacre une journée de travail par semaine aux rizières communautaires, qui servent à nourrir les plus démunis.
Nous recevons un accueil chaleureux, étant les deux seuls visiteurs ce dimanche là. Jeanne, professeur d’anglais, nous accompagne à l’office et nous explique le sens de ce rassemblement dominical.
La messe du dimanche matin est le temps fort de la vie de Soatanana. Dès les premières heures, les adeptes convergent vers la grande église en une foule compacte, vêtue d’un blanc immaculé.
Les chants sont portés par des centaines de voix en canon, une telle puissance nous fait frissonner, c’est tout simplement extraordinaire ; hommes et femmes sont séparés, jeunes gens et jeunes filles également. Nous, nous sommes au centre du temple au premier étage, à la place réservée aux visiteurs.
Quand l’office prend fin nous nous retrouvons tous dehors convergeant vers le centre du village pour aller déjeuner, une surprise nous attend.
Nous voulons nous fondre dans la masse mais c’est impossible, d’abord nos tenues sont repérables parmi toute cette population vêtue de blanc, ensuite nous sommes mis à l’honneur en marchant devant le président, son épouse, le pasteur et les autres membres responsables….nous voilà bien embarrassés, nous sommes les seuls étrangers présents dans le village.
Nous parcourons avec toute l’assemblée chantante les 500 mètres qui nous séparent du centre du village où se trouve une grande salle, des lieux d’hébergement et le siège de ce mouvement. Rassemblés autour de la cour, les fidèles entament à nouveaux d’autres chants et le président nous demande de nous présenter, ce que nous faisons de bonne grâce. Nous sommes sous le charme devant tant de simplicité et de gentillesse ; et ça n’est pas fini….nous nous laissons guider, nous sommes attendus pour déjeuner.
Avant cela nous sommes priés de nous asseoir sous un petit préau pour la cérémonie du lavage des pieds ; notre chauffeur guide nous a rejoint, il a droit au même traitement que nous deux et il est tout aussi chamboulé.
L’assistance continue toujours de chanter. Assis sur des bancs nous nous laissons retirer nos sandales, laver les pieds avec de l’eau tiède versée à la bouilloire, essuyer avec une extrême délicatesse. Vous n’imaginez pas combien nous sommes confus et bouleversés, voilà une situation qui fait référence à notre éducation religieuse et plus particulièrement au lavement des pieds des apôtres par le Christ. Ce qui nous émeut ici c’est que nous sommes accueillis par plus pauvres d’entre nous, nous qui avons tout et bien plus encore et que pour le coup nous vivons des minutes d’humilité d’une extrême intensité. Nous avons les larmes au bord des yeux.
Nos ablutions terminées nous sommes conduits au premier étage où est dressée une table d’une dizaine de couverts face à un groupe de personnes assises et qui entonnent des chants toujours en canon, et toujours aussi beaux. Nous sommes priés de nous asseoir entourés des personnalités responsables de cette communauté. Visiblement tout le monde n’est pas là pour manger. En effet une femme va nous servir du riz et de la viande de porc rôtie, de l’eau de riz en boisson, et c’est avec un étonnement grandissant que nous allons essayer de ne pas nous étrangler en avalant le contenu de notre assiette tellement l’émotion est grande de devoir manger devant ces visages souriants et chantant qui nous souhaitent la bienvenue. Nous venons de vivre le rite d’accueil très particulier des étrangers dans cette communauté.
Fin de saison (2)
Nous avions prévu de partir par le train qui va de Fianarantsao à Manakara (160 km, 8 à 12 heures de voyage), puis remonter en taxi-brousse ou par le même train quelques jours plus tard, mais nos projets vont être contrariés. Ce fameux TGV (Train à Grandes Vibrations) est tellement antique qu’il ne circule que lorsqu’il tombe en marche, la fiabilité n’étant pas son point fort. Bien que son rôle soit essentiel pour toute la vallée qu’il dessert puisqu’il approvisionne et embarque des chargements de charbon et de bois et la production locale de bananes et de litchis, il ne roule plus que deux fois par semaine mais il peut s’écouler de très longues périodes durant lesquelles il est en panne, laissant les habitants des villages desservis dans un sacré pétrin, ce qui est autrement plus grave que de contrarier quelques vazahas en quête d’exotisme.
Le départ du train, prévu à 7h00, n’ayant toujours pas eu lieu à 15h, nous abandonnons et nous dirigeons donc à nouveau en taxi-brousse vers Tana, en repassant pas les mêmes étapes qu’à l’aller, faute d’être original c’est pratique, on connaît les hôtels.
L’avantage de circuler dans ce pays, c’est qu’on voit des paysages superbes, mais aussi des scènes surprenantes :
Et comme les genoux d’Irène veulent bien gigoter un peu et que nous avons quelques jours devant nous, pourquoi ne pas aller visiter les parcs autour de Moramanga, à quelques heures à l’Est ?
Eh bien ce n’était pas vraiment l’idée du siècle car, pour cause de Fête de l’Indépendance, il n’y a pas moyen de visiter grand chose. De plus, l’hôtel Nadia cité dans le Lonely Planet s’avère glauque et inconfortable au possible, au point que nous déménagerons pour la seconde nuit à 200 m de là pour apprécier le calme et le confort de l’hôtel Hazavana, aux prix similaires.
Parlons-en, de la Fête de l’Indépendance : Ça fait des semaines qu’on nous dit que c’est un sacré événement et qu’on voit des drapeaux partout. Eh bien à Morondave ça n’a rien d’impressionnant, le soir la foule déambule dans la rue principale avec des lampions et des tas de gadgets clignotants chinois, et c’est à peu près tout… Heureusement, une fête foraine attire les gens sur une place, ça ressemble à une kermesse. C’est mignon, les manèges sont assez rustiques et animés à la main, mais le public fait longuement la queue, enfants comme adultes, et tout le monde est content.
Faute de pouvoir faire de visite, et vu que la ville n’a pas de quoi retenir l’intérêt plus longtemps, repli stratégique sur Tana, une fois de plus (mais c’est la dernière). En taxi-brousse évidemment, mais celui-ci n’est pas trop pourri et on exige demande toujours une place près du chauffeur pour Irène, c’est le seul endroit où on n’a pas les genoux qui touchent le menton.
Dernières sorties en ville avant le retour en France : Le marché d’Analakely qu’on aime tant, les taxis en antiques 4L ou 2CV, les rues toutes biscornues et pentues, l’excellente cuisine du Saka Manga, les tacos de Madagascar Underground, les boutiques qui vendent tout et n’importe quoi, tout ça va bien nous manquer !
Mais il faut qu’on rentre : Thomas, le 3° fils de Joël, se marie début juillet à La Rochelle, ce n’est pas rien. Et c’est reparti pour un agenda qui se remplit, encore des rendez-vous à prendre, des trucs à faire, les administrations et la paperasse, une voiture à trouver pour aller au mariage , nous ne sommes plus habitués à ça et on ne va pas s’y ré-habituer non plus, préparons plutôt la Saison 3.
Et bonnes vacances à tous, que vous partiez loin ou tout près, ou même que vous ne partiez pas : On continuera à vous emmener avec nous à travers ce blog, si vous le voulez bien.
C’est toujour un grand plaisir d’avoir de vos nouvelles .
Bonne continuation ,
.Cecile etDenis
Tu es une solide Iréne car a chaque pays il t’arrive une cata et comme a chaque fois tu te remets vite , BRAVO ……. Le mariage passé vous en etes ou ? je pars pas malheureusement , mais je voyage un peu grace a vous et quelques autres ….. A bientot des nouvelles …. Bisous Bisous Lili
Eh bien , on en apprend de belles ! Il faut être solide pour aller se promener à Madagascar… Moi qui pensais y aller la fleur au fusil…
Et Irène, qui teste les meilleurs endroits pour se faire ausculter. Quelle idée !
On vous souhaite de bonnes vacances au pays, reposez-vous bien et prenez des forces pour la saison 3. Sûr qu’elle va nous réserver des surprises…
Amitiés à vous.
J’ajouterais un grand merci pour ce reportage époustouflant.
un coucou provençal de Seb Nanou et JYY!
Taxi brousse bien arrivé à Dauphin,
on vous souhaite un bon séjour en France.
bises
Bonjour à tous
Merci pour tous ces reportages pittoresques .Bravo pour la pugnacité et la motivation.
A bientôt
Bernard Rochefort-sur-Mer
Saison 3 ? On vous revoit bientôt à nouveau sur vos selles ?! Bon été les cocos et des bises depuis la Lettonie !
Nul n’est obligé de partager ce qu’il a…. cependant, cela me fait penser à une remarque du cardinal Barbarin :
– » quand tu donnes des biens MATERIELS : tu les perds et celui qui les reçoit les gagne ».(comme pour les dons à l’école en Inde… A Mada, ils se sont d’ailleurs servis eux mêmes avec l’appareil photo, les bakchiches…!); l’un repart plus pauvre et l’autre plus riche! Un fois les dons consommés, celui qui les a reçus est à nouveau démuni.
– » quand tu donnes des biens INTELLECTUELS : tu les gardes, l’autre les reçoit et tu repars même avec une partie la richesse de l’autre qui ne s’est pas démuni pour autant » (comme par ex les échanges dans votre blog).
– pour ce qui est des biens SPIRITUELS, c’est autre chose car :
– « si tu partages un bien spirituel, tu le gagnes » : les temps les plus forts de votre voyage semblent être ces cérémonies rituelles hors « commerce ». Ceux qui vous ont accueillis ont reçu votre visite comme un signe, un présage, un honneur…. ils ont gagné dans la valeur symbolique de leur cérémonie, conforté leur tradition d’accueil de l’étranger.
– « si tu ne le partages pas, tu le perds » (les populations malgaches semblent l’avoir compris en vous impliquant à 100%, …et vous aussi car il faut vraiment de l’humilité -qui est une valeur spirituelle- pour se risquer à de telles invitations, accepter de perdre tous ses repères et faire confiance !)
Si les biens matériels donnent du confort, le biens intellectuels du plaisir, les biens spirituels donnent du sens ne serait-ce que parce qu’il ravivent la conscience d’exister!
C’est sans doute cela que nous avons perdu et qu’une minorité exploite en compensant ce vide par de l’incitation à la surconsommation.
Bon rétablissement à Irène qui est passée du coup par les pathologies des genoux des moines, des moniales, des pèlerins de Compostelle, des tibétains, des voyageurs de tout poil y compris des clients des taxis brousse…. !)
Le corps à sa façon, fête les événements… Il y a donc des chances que ça ne devienne pas chronique!
Bizz
Quel reportage, tous aussi passionnant les uns que les autres (bien à lire au retour de vacances, moins loin que vous!!!), on m’avait bien dit que Madagascar n,était pas toujours très sûr, vous nous le confirmez, l’essentiel est que votre agression n’ait pas été trop grave! ouf!!!
Bon rétablissement aux genoux d’Irène, bon mariage et RV pour la saison 3. Françoise du Moulinet
Ce petit mot pour le « cousin de Septeuil » pour dire que je trouve votre commentaire très bien rédigé et tellement vrai!
Oui, il reste des gens pour qui le respect des autres, l’humilité, la profondeur des sentiments reste la richesse principale mais une vraie richesse, ce que, beaucoup de nous, dans notre société matérialiste ont oublié, et, oui, bravo Irène et Joël, d’oser aller vers ses traditions et de faire honneur à ses gens modestes mais si riches spirituellement!
Françoise du Moulinet