PSUGLI Cubain

En exclusivité mondiale, voici un Pequeno SUplemento Gratis Lujosamente Ilustra avec des informations pratiques, voire même indispensables, pour comprendre un peu comment fonctionne ce pays. Car rien n’est comme ailleurs, c’est une île à part, un monde especial.


Une monnaie à deux vitesses

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Il existe deux monnaies distinctes mais tout est fait pour qu’on s’embrouille. Les CUC sont pour les étrangers (nous) et servent à payer les hébergements et dans les magasins où on trouve des produits d’importation. Les CUP sont pour les Cubains et servent à payer dans les magasins d’État et les petits commerces.


Là où c’est cocasse, c’est que les deux monnaies portent le même nom de pesos et le même symbole « $ », qui est celui du dollar de ces affreux impérialistes américains. Le CUC (C comme convertible) vaut 1 dollar, alors que le CUP  (aussi appelé MN comme Monnaie Nationale) tient plus de la monnaie de singe avec une valeur 25 fois plus faible.
Pour tout arranger, les billets ne sont pas facile à différencier, et il existe des billets de un peso mais également des pièces de la même valeur (pourquoi les deux ?). Quand aux billets de trois pesos, la première fois on se demande si ce n’est pas une plaisanterie, mais si, ça existe…tout de même le CUC porte la mention « pesos convertibles », à nous donc d’être vigilants.

Par convention, sur ce blog on parlera de $ pour les CUC (la monnaie à touristes) et de pesos pour les CUP (la monnaie des Cubains).

Dans la pratique on a besoin des deux monnaies, car les petits commerces sont bien embarrassés si on veut les payer en $ et n’ont pas assez de pesos pour rendre la monnaie. Il faut donc retirer des $ à un distributeur, puis aller dans un bureau de change en transformer un peu en pesos après avoir fait une queue interminable.

Les Casas particulares

Afin d’engranger de nouvelles devises pour le pays et faciliter la venue des touristes, l’État cubain a autorisé des privés possédant une maison ou un appartement à louer jusqu’à cinq chambres sous conditions d’inspection, de taxes importantes et de respect d’un règlement strict. En moyenne une casa particular coûte de 25 à 30 $ la nuitée, ce qui est très cher pour un pays au niveau de vie si bas. Le propriétaire doit verser chaque mois un montant important à l’État (200 $ pour deux chambres), qu’il ait loué ou pas, plus 30% des recettes. Avoir un bon taux de remplissage est donc essentiel, c’est pourquoi certaines casas sont amenées à fermer des chambres pour ne pas se retrouver en déficit en saison creuse ; mais grâce à la rigidité légendaire de l’administration, il n’est possible de faire une modification que pour une durée minimale de un an, donc lesdites chambres se retrouvent aussi fermées pour la pleine saison, ce qui est aberrant à la fois pour le propriétaire et pour l’État qui se prive ainsi de recettes !

Des pénalités peuvent s’ajouter si le contrôle sur l’hygiène ou la propreté n’est pas respecté, si le ballon d’eau chaude n’est pas conforme, si, si, si… Il y en a beaucoup. Les employés zélés de l’administration cubaine peuvent en effet intervenir à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sans prévenir, et les sanctions en cas de manquement peuvent être extrêmement sévères, dépassant les 1 000 $ et jusqu’à la suspension de la licence, voire même la confiscation de la maison !
Les petits déjeuners sont souvent proposés au prix de 4 ou 5 $ et moins taxés que les nuits, les propriétaires font donc un meilleur bénéfice sur les repas.

Il y a deux catégories de casas particulares, celles à l’enseigne bleue pour les étrangers, et celles à l’enseigne rouge réservées aux Cubains durant la nuit (parce qu’en journée on peut y aller en tant qu’étranger en louant la chambre à l’heure). Un bel exemple de règlement farfelu constaté à Guantanamo : Un jour, l’administration a décrété que les piscines dans les casas seraient interdites parce que « ça favorise la prostitution » ! Du coup, notre hôte a dû reboucher sa piscine en terrasse. Par contre, la location de chambre à l’heure ne semble pas gêner ladite administration…

Pour ceux qui y tiennent, il y a aussi des hôtels, tous propriété de l’Etat, généralement à partir de 90$ à 400$ peut être même plus  et à l’accueil plus qu’aléatoire, disons nonchalant. On n’a pas testé, pas envie de se retrouver entre étrangers dans un lieu impersonnel.

Les transports

Quel que soit le mode de transport retenu, il ne faut pas être pressé, comme pour tout le reste dans le pays. Ce qui est plutôt un avantage pour nous autres visiteurs, on ne vient pas pour se dépêcher.

Le train

Comme on l’a vu à La Havane, prendre le train à Cuba tient à la fois du coup de chance et de l’audace. Alors qu’il n’y en a théoriquement un tous les quatre jours pour aller jusqu’à Santiago (Le « train français »), il ne roule que s’il en a envie, et fort lentement : Seize heures pour 860 kilomètres.

Faute d’avoir pu expérimenter la chose, et à notre grand regret, tout ce qu’on en sait est tiré de témoignages où l’on apprend que « pour prendre le train il faut avoir la patience d’un saint et l’endurance d’un boxeur », que « des voyageurs témoignent de longs retards, de toilettes hors d’usage, de passagers sortis du train par la police pour des infractions à bord et d’autres passagers faisant des crises ou forcés à descendre », et que « Les toilettes sont abominables, la nuit mettez vos bagages à l’abri ».
Ça fait envie, n’est-ce pas ?

Le car

On devrait plutôt écrire « Les cars » car il y a de tout, depuis des véhicules chinois relativement modernes jusqu’à de véritables épaves russes ou américaines dont on se demande comment ça peut encore rouler. Pour les touristes, il n’y a pas à se plaindre, les cars sont relativement confortables même si la clim est glaciale et que, véhicules chinois oblige, les rangées de sièges sont très rapprochées.

Pour les locaux, qui n’ont pas les moyens de se payer ces cars « de luxe », c’est autrement moins confortable, les engins sont vétustes et n’ont pas d’horaire, et sont généralement bondés. Une variante consiste en un châssis de camion sur lequel une pseudo-cabine de car a été greffée, appelons ça un « carmion ».
Les gens attendent au bord de la route, levant la main lorsqu’un car s’approche, lequel poursuit souvent sa course à toute allure sans s’arrêter. Tant pis, on attendra le suivant…

Le camion

Encore un cran au dessous des cars locaux, les camions sont la propriété d’entreprises privées qui ont une licence de transport de personnes et de marchandises. Il s’agit de poids lourds sommairement aménagés avec des bancs et une bâche pour protéger les passagers de la pluie et du soleil. Ça ressemble furieusement à des bétaillères, c’est assez choquant de voir les gens transportés dans ces conditions.

Ne reculant devant rien, nous avons testé pour vous, on vous racontera ça prochainement. Vous pouvez d’ores et déjà imaginer que ce n’est pas triste…

Encore pire que ces camions là, il y a les camions bennes dans lesquels les gens se tiennent debout, bringuebalés comme des marchandises. Ceux là, on ne les a pas testés, si vous voulez savoir comment ça fait, on vous laisse la place.

La voiture

Outre les belles américaines qui font la fierté de La Havane, il y a des taxis plus modernes de couleur jaune (donc sans intérêt) et surtout le parc de vieilles voitures des Cubains qui ont l’art de les rafistoler pour les faire durer. Nombreuses sont les Lada, c’est d’ailleurs un choix judicieux puisqu’il est facile de trouver des pièces détachées (il suffit d’en suivre une et de ramasser ce qui tombe) et on peut même en doubler la valeur en quelques minutes (en faisant le plein de carburant).

Très peu de cubains ayant les moyens de posséder une voiture, les rues sont très tranquilles et aucun véhicule n’y stationne, ce n’est pas ici qu’il faudrait installer des parcmètres. Les premières voitures vues en stationnement dans les rues étaient à Bayamo, on pouvait les compter sur une main.

Tous les véhicules motorisés dégagent une abondante fumée noire à l’odeur écoeurante, sans doute à cause de la piètre qualité du carburant, lequel est d’ailleurs à un prix exorbitant (1 $ le litre). Il n’y a que pour le gouvernement cubain que le prix du pétrole vénézuélien est « amical », pour les Cubains qui gagnent 20 $ par mois, c’est comme si le litre coutait 75 € chez nous ! On vous laisse calculer le prix d’un plein… Ici il n’y a pas de gilets jaunes, ça coûte trop cher (un gilet, quelque soit sa couleur d’ailleurs !)

La moto

Selon les villes il y a plus ou moins de motos et scooters, assez peu tout de même, excepté à Santiago où ça pétarade à tout va, il est vrai que la ville a des rues bien pentues puisqu’elle est enfermée dans une cuvette. Parmi ces engins là, il y en a qui sont électriques et c’est génial : Pas de bruit, pas de fumée. Mais là où c’est drôle, c’est qu’il faut sauver les apparences, alors les motos électriques ont un faux moteur en plastique et un vrai réservoir complètement inutile, avec même une trappe de remplissage (pour y mettre du rhum ?), ne manquent que le pot d’échappement factice et la fausse fumée noire.

Le bici-taxi

Très populaire, silencieux et non polluant, ces engins aux caractéristiques propres à chaque ville demandent à leurs conducteurs d’avoir des mollets d’acier. D’autant que souvent il n’y a pas de dérailleur et que le vélo pèse un âne mort, certains ayant même des roues de voiture.

Le vélo

On rencontre à Cuba des cyclistes partout. Selon le relief des villes et villages il y en a plus ou moins, mais il y en toujours. Les biclous sont souvent basiques, voire antiques, mais ça roule et c’est l’essentiel, en plus d’être pratique, économique et excellent pour la santé.
On voit souvent un petit siège enfant en bois bricolé à l’avant du cadre, à moins que la barre transversale ne serve de siège à madame car tous les foyers n’ont pas les moyens d’agir deux vélos. On peut donc voir à Cuba des vélos transportant plusieurs personnes assises sur le cadre, le porte bagage avant ou arrière. Bien évidemment la morphologie des personnes y contribue pour beaucoup.

Pour voyager, vous ne serez pas surpris si on vous dit que c’est le meilleur moyen. C’est vrai d’une manière générale, mais plus particulièrement à Cuba parceque l’île s’y prête bien avec sa circulation automobile extrêmement réduite et sa langueur. Mais aussi et surtout pour rencontrer les gens, aucune des rencontres que nous avons faites n’aurait été possible en voiture par exemple.

Le bateau

On ne peut arriver à Cuba, ni en partir donc, par voie maritime excepté si on a son propre voilier privé, ou si on voyage en bateau de croisière. Il y en a qui ne l’entendaient pas de cette oreille, en 1994 et en 2003 un ferry a été détourné par des Cubains qui voulaient s’enfuir en Floride ; ils étaient plutôt gonflés, vu que ce genre d’embarcation n’est pas vraiment prévu pour la haute mer. Depuis, le gouvernement a trouvé la parade, le ferry n’embarque que la quantité de carburant pour effectuer sa courte traversée et les passagers comme leurs bagages sont fouillés avant l’embarquement.

Il est par ailleurs frappant de ne voir aucun bateau au large de l’île, la mer n’est pas ici synonyme de liberté mais marque au contraire les limites de ce qui n’est qu’une grande prison. Même les oiseaux marins sont quasiment absents, il n’y a que de rares mouettes, aigrettes ou pélicans, tout ce qui a pu s’enfuir à tire d’ailes est parti. (Irène n’est pas d’accord, Joël lui ne voit rien, en particulier les bêtes à plumes !)

L’avion

On ne parlera pas de l’avion, tellement il est incongru de choisir un moyen de transport aussi polluant pour de si courtes distances sans rien percevoir du pays en dessous. Rideau.

La musique

On a tous en tête les rythmes de rumba, cha-cha-cha et mambo popularisés notamment par le célébrissime Buena Vista Social Club. Si on peut entendre cette musique dans les lieux touristiques, ce qui n’est pas nécessairement un gage d’authenticité, on peut aussi trouver des endroits où elle demeure la passion de musiciens qui aiment jouer dans de petites salles. Nous en trouverons notamment à Guantanamo, Santiago et dans une moindre mesure à Bayamo.  Ambiance cubaine garantie, sans artifice, en toute simplicité.

Par contre, la musique qu’on entend partout, diffusée par les énormes enceintes ou les plus petites portatives, est le reggaeaetón dont les rythmes répétitifs et les basses surpuissantes inondent le pays. Pas moyen de passer à travers, les Cubains aiment en faire profiter les autres sans se poser la question de savoir s’ils apprécient ou non. Certains voyageurs qualifient le reggaeatón de « musique pourrie », voyons voir ce qu’il en est :

Le reggaetón – fusion de hip-hop, de reggae espagnol et de dancehall jamaïcain a été interdit par le gouvernement cubain dans les années 1990 à 2012, et nombre d’artistes hip-hop ont exprimé leur malaise face à des paroles ouvertement sexistes et narcissiques, à la gloire du sexe, de la violence et de la drogue. Le reggaeton est, pour beaucoup de rappeurs latino-américains, « un rythme bêtifiant visant à faire bouger les hanches et non le cerveau ». Sa pauvreté linguistique, son rythme unique et récurrent, son machisme, le style vestimentaire excentrique des reggaetonneurs, sa danse mimant explicitement l'acte sexuel en font en effet un sujet des critiques des jeunes hoppeurs latino-américains, qui le considèrent comme un parasite. Au-delà de ce milieu, le reggaeton fait l'objet d'un rejet par les féministes et plus généralement par ceux qui se soucient de l'égalité hommes-femmes et du respect de la femme, tant pour ses paroles misogynes et violentes que pour l'image dégradante des femmes renvoyée par les clips. Néanmoins, le reggaetón séduit la jeunesse cubaine, qui idolâtre les artistes du cru. Wikipedia

En conclusion, et après l’avoir subie durant plusieurs semaines, on peut confirmer que ce n’est pas vraiment le genre de musique qu’on préfère (doux euphémisme pour ne pas dire que c’est une musique pourrie).

Les dominos

Véritable institution, le jeu de dominos est omniprésent et passionne aussi bien les joueurs que les spectateurs. Un peu à la manière du catch, celui-ci fait l’objet d’un rituel surjoué avec force gestes appuyés, exclamations, colère feinte, c’est très drôle à voir. Les parties sont rapides, les joueurs connaissant toutes les pièces non encore jouées et n’hésitant pas à passer leur tour pour ne pas avantager les adversaires, quitte à réserver une pièce qui pourra leur servir plus tard.

Des paris ont lieu autour de certaines parties, il semble que les montants demeurent modestes. De toute manière, quand on ne gagne que douze pesos par jour (0,50 €), on ne peut miser des fortunes.


Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce pays, que vous trouverez au fil de nos pérégrinations dans les articles qui vont suivre. Bonne lecture !

2 Comments

  1. Personnellement, j’avais trouvé assez judicieux ce système de double monnaie qui faisait que les touristes payaient tout au prix fort. Ce que je n’avais pas aimé par contre, c’est que certains produits n’étaient disponibles que dans les magasins « pour touristes ». Donc, il fallait aux Cubains avoir accès à la monnaie réservée aux touristes (l’idéal pour eux étant d’avoir un membre de la famille travaillant dans le tourisme). Je constate que presque 20 ans plus tard, rien n’a changé !

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