Quand on débuta en Utah

L’arrivé en Utah est assez curieuse : Alors qu’il y fait fort chaud le panneau représente un skieur !
On va s’en inspirer pour pédaler, passant du ski de fond au ski de piste, en empruntant des « remontées mécaniques ». Vous allez voir, c’est très pratique.

 


Auprès du Bear Lake la température avoisine les 34 degrés, on cherche l’ombre. Nous venons de quitter Vikki dans sa boutique et on se dit que vraiment ça n’est pas une tâche facile qui nous attend. Irène va encore râler si elle doit grimper sous le cagnard !!!!
La solution est vite trouvée. On va faire du « pick-up stop » (première remontée mécanique), et ça marche. Deux jeunes gens au volant d’un super engin et en deux temps trois mouvements chargent tout notre barda à l’arrière du pick-up. On est vraiment des veinards parce que monter cette foutue côte nous aurait pris un sacré bout de temps et on en aurait bien bavé !!! On a les oreilles qui bourdonnent à nouveau au delà d’une certaine altitude.

Nous gentils chauffeurs nous déposent en haut du col et nous pouvons profiter d’une vue magnifique sur la vallée et la route sinueuse qui nous attend. Il fait frisquet la haut et le vent souffle, on enfile les vêtements pour la descente et c’est parti pour les montagnes russes avec 20 km de descente dans un paysage de rêve. Les descentes sont trop rapides, comme les montées sont trop lentes mais on est contents d’en profiter au mieux.
Nous cherchons un coin ombragé pour pique-niquer et sommes arrêtés au bord de la rivière quand un homme sorti de nulle part vient nous voir. En fait il s’est stationné près de la source de Riks Spring, découverte par les mormons. Il nous a vus et a décidé de nous inviter chez lui aussi simplement que ça !

C’est Steve, il a parcouru le monde à vélo durant deux ans: « Pendant mon voyage les gens m’ont aidé, alors aujourd’hui c’est moi qui aide les autres« . Nous ça nous va parfaitement, nous sommes ravis de cette rencontre inopinée et la philosophie de ce type nous correspond tout à fait. A notre tour nous allons voir cette source cachée par de gros rochers et qui déjà coule avec vélocité vers la rivière Logan.

C’est à Logan que vit Steve. Nous allons le retrouver après 40 kilomètres de descente avec un dénivelé de 1 500 mètres, whaou que c’est bon, que c’est beau. Le canyon que nous descendons est l’un des plus beaux de l’État. Le seul regret est qu’il n’est pas facile de s’arrêter pour prendre des photos ; la route est étroite, elle est sinueuse, nous sommes samedi et il y a quand même un peu plus de trafic qu’habituellement.

Nous plantons la tente dans le jardin de Steve, tout simplement parce qu’il a un compagnon à quatre pattes qui se nomme Max et qu’il met des poils partout, il y a des risques d’allergie dans le coin. Nous allons passer deux nuits chez lui et découvrons un homme qui sait tout faire, un ingénieux ingénieur bricoleur, musicien, luthier, maçon, couvreur, fabricant de vélos, charpentier, inventeur, alpiniste, grimpeur, skieur, créateur…. bref un homme comme on aimerait en rencontrer plus souvent, dit Irène ! C’est vrai que ce type est incroyable, non seulement il fabrique des tas de trucs, mais comme il faut des outils spécifiques pour ça il les fabrique aussi.

De plus il a une collection de vieux vinyls 33 tours à nous rendre jaloux… On s’est régalés. Tout comme Max, le chien qui a profité de notre escapade dans un resto mexicain pour bouloter le contenu de la sacoche « cuisine » de Joël (il lui a mangé son chocolat) ! On profite de sa collection de bouquins de plantes et d’oiseaux pour mettre un nom sur les espèces que nous n’avions pas identifiées.

Steve a un coeur d’or. Il a entrepris d’aider la SPA voisine à construire un toit pour les sept chats qui sont abrités dans une caravane en plein soleil. A notre tour de lui donner un coup de main. On va le rejoindre sur son chantier et l’aider à monter les tôles sur le toit. Les 37 toutous qui sont là sont des copains de Max qui a eu la chance d’être adopté par Steve. Il ne serait vraiment pas raisonnable pour nous d’en faire autant… pourtant ces toutous ont vraiment des têtes sympatiques.

Nous quittons Steve qui nous communique une adresse de deux amies à Salt Lake City qui peuvent nous héberger ; décidément ce gars là est plein de ressources. Merci Stev quand tu veux à la maison, attends juste que nous soyons rentrés ! Ou qui sait à un de ces jours sur les routes ! Et merci d’avoir affuté nos couteaux qui en avaient bien besoin.

On vous a laissé entendre lors de notre dernier article que nous allions nous attaquer aux « sardines »… C’est une réalité : C’est en début d’après midi que nous quittons notre nouvel ami et comme il fait une chaleur à cuire sur nos vélos, Steve va nous monter au col de la Sardine (Seconde remontée mécanique). Mais pourquoi donc ce col au dessus de la ville de Garden se nomme-t-il ainsi ?

À l'automne de 1856, les premiers colons qui se dirigeaient vers Cache Valley s'arrêtèrent près d'une source située à 1,5 mile à l'est de ce qu'on appelle aujourd'hui le lac Dry. C'est ici que l'une des légendes prétend que ces pionniers ont mangé une boîte de sardines ici et d'où le nom de la plus grande région près de 160 ans plus tard. En outre, certaines variantes de cette légende prétendent que ces colons ont laissé la boîte (vide) de sardines près de la source. Des voyageurs l'ont repérée plus tard et le nom est né.

Brigham City

Après encore une sacrée descente, nous voici quasiment en plaine et tout a changé : la température est montée aussi vite que nous descendions, les arbres ont laissé la place à la caillasse, les routes de montagne sont devenues plates, ça c’est bien.

La ville présente quelques beaux bâtiments, à part ça il n’y a pas grand chose à faire, personne dans les rues dès dix huit heures, ça ne respire pas le grand dynamisme. Nous allons quand même prendre un verre dans un petit troquet où on bavarde avec les clients au comptoir. S’en suit des conseils sur les points intéressants à visiter dans les jours qui suivent.

 

Clinton (pas Bill)

Les paysages de plaine ne sont pas aussi variés qu’en montagne, néanmoins il y a de quoi se mettre sous les yeux. Notamment cet horrible élevage où les pauvres vaches qui n’ont pas un brin d’herbe à se mettre sous les sabots ont une belle vue sur les vertes prairies qui les entourent, c’est vache de leur faire ça.

Au abords du Great Salt Lake on se retrouve, grâce au GPS, sur un chemin qui longe longuement un immense plan d’eau : le Willard bay réservoir ; c’est assez agréable et évidemment très paisible car aucun véhicule ne passe par là, nous n’avons pas choisi ce chemin par hasard, il n’est pas asphalté mais suffisamment carrossable pour rester agréable. Le ronronnement des voitures sur la 89 est toutefois perceptible, néanmoins nous nous régalons de ce paysage paisible et lisse du lac avec en toile de fond un panorama de montagnes pelées.

Pour un peu on envierait le type en bateau qui plane tranquillement en laissant filer ses lignes dans l’espoir d’attraper un hypothétique poisson. Et au moins il ne risque pas la crevaison, lui ! C’est ce qui va arriver à Joël en traversant le village de Plain City, la roue arrière a pris un petit morceau de métal échappé des pneus éclatés des véhicules que l’on trouve régulièrement sur les bas côtés. Pause réparation à l’ombre providentielle d’un pin. Il fait déjà 35 ° à 11h….l’eau de nos gourdes est déjà tiède !

Ce sont Emily et Christian qui vont nous accueillir ce soir là à Clinton avec leurs trois ravissant chatons qui sont là en attendant de rejoindre leurs futurs nouveaux maitres. Nous sommes leur ème couple qu’ils reçoivent. Encore une fois, une chouette expérience vécue grâce au réseau warmshowers, c’est à chaque fois différent et toujours sympathique. Irène va se mettre aux fourneaux pour une quiche lorraine « maison ». Emily qui avoue ne pas être cuisinière va tout de même nous cuire des cookies et c’est un dessert faramineux et bien calorique qui nous attend avec de la glace, des fraises et de la crème fouettée, avec ça va falloir monter les côtes !!!

Antelope Island

Voici une île assez particulière située à seulement 25 kms de Clinton, on en a visité beaucoup mais aucune comme ça. Elle se situe donc sur le Grand Lac Salé et est accessible par une très longue digue-route de 10 bornes qui permet un accès toute l’année, ce qui n’était pas le cas avant.

Ce lac est curieux, toute l’eau y entrant en ressort uniquement par évaporation et non par un cours d’eau. De ce fait il beaucoup plus salé que les océans (La concentration varie de 5 % à 27 %, alors celle de l’océan est 3,5 %). En effet, les sels s’accumulent au fil des ans sans pouvoir être transportés en dehors. Sa profondeur maximale est de 10,7 mètres, avec une moyenne de 4 mètres seulement. Grâce à cette salinité, la densité de l’eau est plus élevée et les gens flottent donc plus facilement sur l’eau.

Joël a essayé, c’est vrai qu’on flotte bien mais il faut marcher fort longtemps pour avoir de l’eau jusqu’à la taille et il est déconseillé de boire la tasse, l’eau est horriblement salée.

Au fur et à mesure que nous approchons de l’ile l’eau borde les deux côtés de la digue. Le lac ne doit pas être bien profond, le sel blanc recouvre les parties asséchées. Lorsque nous arrivons en fin de matinée la chaleur est intense, on frôle les 35° et il n’y a pas un brin d’ombre où s’abriter, on transpire à grosses gouttes, d’autant que ce n’est pas franchement plat.

Heureusement, sur l’emplacement qui nous a été assigné pour camper se trouve un toit avec table et banc et un petit arbre, le seul et unique arbre à des miles à la ronde. Béni soit-il, nous allons nous installer sous son ombre et y rester jusqu’à ce que l’après-midi soit bien avancée, déplaçant nos petits sièges au fur et à mesure de la rotation du soleil. Au préalable nous avons réussi à pédaler péniblement jusqu’au Visitor Center qui est bêtement placé tout en haut d’une colline (quoique pour la vue qu’on a de là haut ce n’est pas si bête) et faire le plein de nos vaches à eau car il n’y a pas de robinet sur le lieu de camping. Au moins on aura de l’eau chaude pour le soir, il suffit de placer une vache à eau au soleil, ça chauffe vite, croyez nous !

Ce n’est que lorsque le soleil se fait moins brulant que nous pouvons aller explorer un peu les environs, Irène du coté rocheux et Joël du coté mer.

Il parait qu’il y a des bisons et des antilopes sur cette île (d’où son nom) mais nous n’avons pas vu la queue d’une de ces bestioles. Par contre, il y a des myriades de petites mouches dont on se passerait volontiers, elles s’agglutinent partout. Pas question de dormir à la belle étoile, malgré la chaleur les moustiquaires de la tente sont indispensables.

Le soir nous avons la chance d’assister à un coucher de soleil fastueux, que demande le peuple ?

Les températures de la nuit ne ressemblent en rien à celles de la journée. de 36°, nous avons « chuté » en soirée à 26°, pendant la nuit il a fait un peu plus frais mais pas de quoi se couvrir. Au matin un petit vent nous cueille à la sortie de la tente. Une de nos gourdes a disparu, alors là on n’est pas vraiment contents. Qui de nos voisins a osé ce geste indélicat ? Nous étions sur le chemin qui va aux sanitaires, alors difficile de trouver le coupable. Nous sommes les seuls cyclistes, tous les autres sont en véhicules, alors franchement faucher une gourde c’est carrément méchant !!!

Nous allons quitter cette ile très sèche et aride pour reprendre la digue en sens inverse. Les oiseaux marins sont bien présents aujourd’hui, on se demande s’ils trouvent leur nourriture dans les eaux salées de ce lac puisqu’il n’y a que des minuscules crevettes roses à pouvoir y survivre.

Nous rebroussons chemin jusqu’à Clinton car nous avons oublié dans le frigo d’Emily nos précieuses gamelles, c’est ballot, comme dit Joël. Ben oui, la faute à qui ? Emily est partie faire du vélo, nous trouvons la porte du garage grande ouverte et un petit mot « faites comme chez vous » , Ils sont vraiment confiants dans le quartier !

A partir de là nous allons attraper une ancienne ligne de chemin de fer reconvertie en piste cyclable très agréable, ombragée, bien asphaltée qui passe près de petites bourgades. Il nous faut régulièrement mette pied à terre pour la traversée des routes mais, vu les températures du jour, nous apprécions vraiment ce circuit qui va tranquillement nous conduire jusqu’à Salt Lake City.

Il est temps d’y aller, on vous dit à la prochaine, nous avons toujours du retard, vous commencez à nous connaître. Bonnes vacances à tous….

9 Comments

  1. Bonsoir et oui on y est dans les montagnes rocheuses au pays des Apaches!le décor est planté ..Merci..go to Salt Lake City…SLC ! SLC!!ça vous dit rien…Années 60 « Salut Les Copains » Humour!!!

  2. bonjour Joel et Irène, vraiment bravo et merci pour vos récits et vos magnifiques photos ! je ne rate pas un épisode ! quel contraste entre ce que vous vivez et le tumulte de l’actualité du monde et de notre pays en ce moment ! c’est très étrange même. Est-ce bien cette Amérique isolée et tranquille dans ces immenses campagnes qui a voté pour l’actuel président ?
    bon courage pour pédaler dans la chaleur.

  3. Bonjour Irène et Joël, Cela fait des mois que je cours, que je pédale pour vous rattraper. J’avais toujours un Etat (pas au sens américain…) de décalage. Je vous retrouve peinant, soufflant sous une température caniculaire mais, en tant que lectrice, quel plaisir de lire vos récits toujours bien documentés et parfois anecdotiques. Vous nous faites découvrir des sites, des constructions que nous ne verrons probablement pas pour la plupart d’entre eux.
    Vos rencontres nous montrent également que nous avons beaucoup à progresser en matière d’hospitalité.
    Il fait chaud en France comme dans bien d’autres pays européens mais la Bretagne semble être la meilleure région. Les parcours à bicyclette sont moins éreintants…
    Merci encore pour vos gentilles intentions épistolaires.
    Amitiés
    Annick Rocca

  4. Et me voici à la fin de ce (momentanément) dernier épisode. Belles images comme d’habitude. Quel contraste avec le Japon et la Corée… Mais un bon point commun : la gentillesse des gens rencontrés. C’est une très bonne nouvelle.
    Bonne route à vous sous le chaud soleil (en Bretagne c’est la canicule – finissante, pour l’instant).
    Amicalement

  5. I’m just getting around to reading this! I’ve been busy myself with work and travel. Thanks for the kind compliments, most of which I don’t deserve. It was a pleasure having you. I’ll be following your travels. Steve.

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