Rails thaïs & vague de froid

Quel que soit le pays où on se trouve, nous aimons prendre le train, c’est à chaque fois une expérience très différente. En France, prendre le train avec des vélos est souvent un sacré challenge, en Thaïlande c’est bien plus simple, amusant, et déconcertant.
Partant de Ayutthaya nous avions l’intention d’aller à Surin, à 300 km à l’est. Mais ce n’est pas possible, il faudrait redescendre à Bangkok (c’est ballot, on en vient) pour changer de train. Par contre on peut aller à Buri Ram, la gare avant Surin. Puisqu’on n’a pas le choix, on partira pour cette destination, on fera le reste en pédalant, les vélos c’est fait pour ça.

En train avec entrain

L’aventure commence par le type à la gare qui établit les billets pour les vélos, il prend un temps fou pour remplir son formulaire en trois exemplaires, avec un carbone trop petit qu’il doit déplacer quand il écrit ; il y a bien un ordinateur devant lui, mais il n’a pas l’air de servir à grand chose, peut-être parce qu’il n’y a pas de clavier.

La gare est rigolote avec ses marchands de bouffe qui gardent des chats en cages, comme dans des volières. Un type sur le quai explique qu’il faudra l’aider à charger les vélos dans le fourgon, mais quand le train arrive il se contente de regarder. Les sacoches trouvent place sous un des deux lavabos, puis un contrôleur nous les fait déplacer pour en libérer l’accès.

Avec une moyenne d’environ 50 km/h, on a le temps de regarder le paysage et profiter de l’animation à bord. Toutes les fenêtres sont ouvertes, les ventilateurs ventilent comme ils peuvent, les vendeuses et vendeurs de tout un tas de fourbi passent souvent. L’un d’entre eux a une voix de canard, il passe avec des trucs à manger, puis revient avec des machins à brancher (des câbles USB et autres), puis des OVNI (Objets Vraiment Non Identifiables). Pour la restauration c’est pratique, il suffit de choisir et c’est moins cher que les sandwichs SNCF.

La ligne est souvent longée par une nouvelle voie en construction pour un train à grande vitesse. Le tout construit et fourni par les Chinois évidemment, difficile d’échapper à l’influence d’un si puissant et encombrant voisin.

Buri Ram

A la gare comme partout ailleurs on voit des portraits du roi en habits d’apparat, bien différents de ceux qu’il porte (ou pas) lorsqu’il mène grande vie en Bavière avec ses courtisanes.

Buri Ram une ville de quelque importance, pas magnifique mais curieuse avec ses plans d’eau qui entourent le centre, on se demande de quand ça peut dater. En tout cas ce n’est à priori pas extrêmement à ancien, il y a bien un château mais curieusement il est à plusieurs kilomètres du centre. Il y a aussi un hôpital, que nous irons visiter parce qu’Irène souffre de douleurs persistantes dans une oreille.

Plutôt cool, l’hosto, pas besoin d’attendre, les infirmières sont hilares, le toubib semble compétent (il ne diagnostique rien d’inquiétant), le tympan est parfait et à l’issue de la consultation ils délivrent les médicaments. Quand on ressort il fait nuit, ce qui va bien à la ville avec les illuminations.

Bien pratique pour se restaurer le soir, il y a un night market pas très animé mais c’est parce que nous y arrivons après 20h, visite de l’hôpital oblige. Le type qui cuisine notre frichti est très sympa, comme la plupart des gens d’ailleurs, ici le sourire est sur toutes les faces (malgré les masques).

Prasat Muang Tam

Ce nom bizarre est celui d’un temple khmer qui mérite le détour, dixit Los Tupinos. Et comme c’est à peu près sur notre trajet vers la frontière, nous y voilà partis sans coup férir.
La route est tranquille, il y a toujours de quoi attirer l’oeil, les 67 kilomètres se parcourent sans difficulté excepté la chaleur.

Le temple khmer est en effet agréable à découvrir, surtout à la lueur du soleil déclinant (il fait nuit à 18 h). Nous sommes quasiment les seuls visiteurs sur le site, lequel n’est pas très étendu. Les architectes de l’époque étaient sacrément précis, les différents éléments sont parfaitement alignés, sauf quand le terrain s’est affaissé mais ce n’est pas de leur faute. Les bâtisseurs étaient costauds également, les assemblages d’énormes pierres en témoignent.

Juste à coté se trouve un joli temple. Autre époque, autre architecture, autrement plus colorée.

Vague de froid sur la Thaïlande !

Ouh la la, il faut qu’on se dépêche de quitter ce pays, sinon on va périr de froid selon le thermomètre qui illustre cet article alarmiste :


(Le thermomètre indique -5° !)

Encore un coup des chinois… Mais rassurez-vous, on va réussir à supporter cette terrible épreuve (sinon vous ne liriez pas ces lignes) puisque que les jours suivants il ne fera que 30° au lieu de 34°, sacrée vague de froid en effet. Ce qui explique peut-être pourquoi le matin on voit des thaïs en doudoune, avec des bonnets de laine ou même des cagoules bien chaudes. Et des chaussettes dans les tongs !

Bonzeries

Chaque matin les bonzes passent dans les rues avec leur gamelle dans laquelle les gens déposent du riz, en retour de quoi ils reçoivent une espèce de bénédiction (enfin ça ressemble à ça). La pratique semble très suivie.

C’est à celui qui aura la plus grosse…

La plus grosse collection de rétroviseurs et de phares, ce semble être un challenge pour les chauffeurs de camions et… de pelleteuses. On ne voit pas bien l’intérêt de frimer avec une pelleteuse, comme quoi on n’a pas la même culture. Mais à quoi servent tous ces rétroviseurs ? A rien parce qu’ils se superposent et sont mal réglés. Quant aux phares, si le chauffeur allume tout ça la batterie va sans doute exploser, mais peut-être ne sont-ils même pas branchés.

Nous avons croisé un camion qui avait tellement de phares que ça recouvrait son pare-brise, le type n’avait qu’une petite bande comme une meurtrière pour voir la route. Dommage, pas eu le temps de prendre la photo.

Sur la route

Il y a des engins bizarres, certains toutefois plus que d’autres. Le gros camion de canne à sucre avec ses bidendum devant, le petit camion mu par un moteur de motoculteur monté en travers du châssis (du coup le phare du motoculteur est tourné vers le coté de la route), le véhicule avec un moteur proéminent qui a dû être récupéré et ne rentre pas sous le capot (mais ce n’est pas grave, il n’y a pas de capot) et les innombrables petites motos affublées d’une espèce de side-car qui sert à tout transporter, tout ceci déambule en pétaradant allègrement sur les routes et les pistes.

Il est à noter que les conducteurs thaïs sont prudents et respectueux, on ne se sent pas en danger sur les routes. La circulation peut paraître désordonnée par moments (rouler à contresens n’a rien d’exceptionnel) mais ça se passe bien.

Quand le feu est rouge tout le monde s’arrête mais on peut tourner à gauche sans attendre dès lors que la voie est à peu près libre. Quand le feu est au rouge clignotant, il ne faut pas attendre bêtement comme on l’a fait la première fois, on peut passer (on a vite compris la leçon). Pour le reste, il n’y a que très peu de panneaux routiers et ce n’est pas gênant, ici tout est simple.

La route est pour les camions, les voitures, les motos, tout ce qui roule, mais aussi parfois utilisée pour faire sécher les productions agricoles. C’est pratique, non ?

On voit de nombreuses plantations d’hévéa, la Thaïlande en étant un gros producteur. Des pêcheurs aussi, dans une eau pas très claire, des électriciens aux méthodes surprenantes, deux mémés pliées en deux qui essaient de franchir un fossé avec leur carriole et trouvent une aide bienvenue avec Irène (Qu’elles en profitent bien, ça ne se reproduira pas tous les jours).

Max et les ferrailleurs

A un moment nous passons sur une route bordée de part et d’autres par des récupérateurs de toutes sortes (ferraille, plastique, verre, télés, frigos, etc.), c’est curieux de les voir tous agglutinés là mais ce doit être pratique, chacun sa spécialité (même si pour certains la spécialité semble être d’accumuler tout et n’importe quoi).

voilatipas que Michel crève (enfin, son vélo, pas lui). On se rend chez un ferrailleur qui nous dirige vers son voisin d’en face, spécialisé dans les deux roues.

Le type (qu’on appellera Max) est très sympa, il a l’habitude des scooters et non des vélos (surtout un vélo comme ça) mais la réparation ne tarde guère. Evidemment il ne veut pas se faire payer, il faut ruser, il veut même offrir à Michel de gros rétroviseurs de scooter (mais qu’ont-ils avec les rétros dans ce pays ?). Ses filles sont mignonnes comme tout, la plus grande est ravie avec le carnet et les crayons que cette crevaison impromptue lui ont permis de gagner. Une vendeuse de légumes déboule avec son scooter chargé et son gamin à l’avant, le petiot tire la langue pour dire au-revoir, est-ce un usage local ?

Naong Mut

Encore une journée agréable, qui se termine dans de jolies petites cabanes en bois dans un village repéré la veille sur la carte, même si nous ne savons jamais exactement ce que nous allons trouver comme hébergement une fois sur place. Parce que vous aurez compris que cette fois-ci on ne trimballe pas le matériel de camping, lors de notre voyage en Thaïlande, Laos et Vietnam de 2020 nous n’avions que très peu sorti la tente alors maintenant on s’en passe. On trouve des hébergements à partir de 12 € et la cuisine de rue est très peu chère.

Au revoir la Thaïlande !

Et voilà, après une semaine et 300 km de vélo, nous quittons ce pays dans lequel nous avons passé d’excellent moments. Y compris à table, car la qualité des plats variait de « très bon » à « très très bon », la cuisine thaïe est un régal pour les papilles : Épicée mais sans excès, elle offre des saveurs réjouissantes pour nos palais occidentaux.

Il est désormais temps de passer la frontière, toutefois ce n’est qu’un au-revoir, c’est sûr. Jamais deux sans trois !

NB : Pour ceux qui n’ont pas saisi dans quel pays nous allons maintenant, il est plus que temps de consulter la carte « Ouskison ? » sinon vous n’allez rien comprendre à notre parcours.

14 Comments

  1. Ça fait du bien de vous lire au coin du feu…. Il faut vraiment que l’on se réparé pour partir se balader….
    Les photos toujours aussi belles et insolites. Bonne route😘😘😘

  2. Moi j’aime les voyages ! Et c’est super de se retrouver à nouveau avec vous sur les routes du monde. Bon voyage. Bonne route. On attend la suite…
    Amitiés

  3. Pas de regret pour les rétroviseurs, dont vous n’avez pas besoin car vos souvenirs sont devant vous ! Belle route et merci pour toutes ces belles images, graphiques ou non.

  4. Les photos sont toujours aussi belles et les commentaires toujours aussi agréables à lire…bises d’une « sédentaire » au coin de son feu de cheminée…😉

    • bonjour Martine! Alors nous sommes deux sédentaires dans notre fauteuil a profiter des exploits de nos amis cycles!!! continuez les amis nous on apprécie!!

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