Sur les traces du Rainbow Warrior

Un grand merci à ceux qui ont remarqué que notre suivi satellite s’était interrompu suite à un demi-tour en mer et ont pris des nouvelles, nous avons pu les rassurer : Bien qu’on suive ses traces, le Berhval n’a pas subi le sort du Rainbow Warrior, il n’a pas sombré, heureusement. Par contre, nous sommes bien partis sur les lieux où le fameux bateau de Greenpeace a été immergé mais avons dû rebrousser chemin pour des raisons indépendantes de notre volonté.
Récit des péripéties.


Reprenons les choses dans l’ordre, à Whangarei où nous nous préparions à embarquer alors que des écoliers se produisaient dans la rue puis sur le quai devant le bateau.  On les a filmés :

La vidéo de l’école KAMO en représentation

Les vélos sont descendus et bien protégés dans un des coffres du bateau, où ils doivent nous accompagner jusqu’à Nouméa. Les sacoches sont dans notre cabine, laquelle est plus petite que la tente mais les matelas sont plus confortables et on n’a pas à replier tout notre campement chaque matin, nous voici quasiment sédentaires.

La météo n’est pas excellente mais il est tout de même possible de prendre le départ, nous remontons la rivière sous un beau soleil, c’est sympa, il y a de quoi voir des deux cotés (à bas bord et à tribord).

Les cargos de pétrole se vident, les cargos de bois se remplissent, il y a de l’activité.

Et nous voici en train de longer la côte, ça fait drôle de voir sous un autre angle les endroits que nous parcourions la semaine précédente.

Nous passons au large de Ocean beach , là où nous avions passé notre première nuit en van, vue de la mer la côte nous offre des panoramas superbes et sauvages.

Ça se gâte un peu dans l’après-midi, la houle fait oublier les calmes heures du début, bienvenue en mer ! Il fait nuit noire lorsque nous jetons l’ancre dans la baie d’Orokawa bien calme.  Ca fait du bien de cesser d’être ballottés, la nuit sera paisible et reposante, surtout pour nous qui ne faisons rien. Pour Valérie et Bertrand, c’est autrement plus physique, la navigation demande beaucoup d’attention et de manipulations.

Opua

Voici le premier port, où le bateau doit bénéficier de quelques travaux d’entretien qui ont été programmés de longue date, donc on ne devrait à priori pas y rester bien longtemps.

Vu que nous sommes en hiver, il n’y a pas foule dans la marina, on peut utiliser sans risque de bousculade les salons et sanitaires des lieux. Heureusement car en fait on va y rester un peu plus que prévu.

En effet, la météo n’est pas favorable sur une durée de cinq jours consécutifs, tantôt ce sont les vents qui ne sont pas dans le bon sens, tantôt les vagues qui sont trop fortes. On comprend bien qu’il ne soit pas judicieux de partir avec des creux de 8 à 10 mètres, ni avec des vents de face, donc il faudra attendre le cinquième jour pour reprendre la mer.

Alors comment s’occupe-t-on durant tout ce temps ? La visite d’Opua est vite bouclée, à part la marina et une épicerie, il n’y a rien. Par contre, la petite ville de Russell est proche, de l’autre coté du bras de mer que nous avions traversé en ferry lorsque nous étions en van ; du coup, on a envie d’y retourner car notre première visite avait été un peu brève.

Russel again

Cette fois-ci nous sommes piétons, mais rien de plus simple que de demander à des automobilistes attendant la barge- ferry s’ils peuvent nous emmener à Russell, les Kiwis sont toujours aussi sympas et serviables. Bon, il faut transporter le chien sur ses genoux, mais Irène s’y colle volontiers.

Là on trouve de quoi se restaurer et faire quelques achats, mais aussi et surtout on découvre un endroit remarquable :

La Mission Pompallier

Avec un tel nom, vous vous doutez que c’est français. Eh oui, c’est là que flotte le drapeau tricolore qui nous avait interpellé lors de notre précédent passage.

L’histoire mérite le détour. En fait, il faut savoir que la France et l’Angleterre se sont chamaillées pour la colonisation de la Nouvelle-Zélande. Jusqu’en 1840, les choses n’étaient pas vraiment claires : il y avait des implantations anglaises et françaises un peu partout. Et les deux pays clamaient leur souveraineté sur ce petit bout de Pacifique.

A Russell, les Anglais avaient la main-mise sur la région (leur première implantation…). Cela n’a pas empêché des prêtres français de venir y fourrer leur nez. En l’occurrence l’évèque Jean-Baptiste-François Pompallier, un Mariste de Lyon, qui a débarqué dans ce coin du bout du monde pour y construire une mission catholique.  Faute de moyens pour ériger un bâtiment religieux plus fastueux, il fait construire en 1841 une imposante maison de style lyonnais aux murs en torchis. Il y adjoint une imprimerie, un atelier de reliure et une tannerie. Une presse Gaveaux est importée de Paris (un an et demi de voyage) et les premiers missels en māori  voient le jour en 1842. Il en imprimera près de 6 000.

En 1850, l’activité cesse car la mission se déplace à Auckland et Wellington.

Les propriétaires successifs entretiennent et transforment la maison, aujourd’hui classée monument historique. On visite les ateliers reconstitués avec des équipements d’époque.

Sans doute est-ce parce que nous sommes dans le lieu historique, très bien restauré, et que ce sont les outils d’époque, nous sommes frappés par la beauté de ce que nous voyons. Le matériel comme les lieux sont superbes, les Français avaient vraiment fait très fort, surtout quand on sait qu’à l’époque ils n’avaient rien, il fallait importer tout le matériel de France et disposer du savoir-faire nécessaire.

L’atelier de reliure est magnifique aussi, aussi bien les outils en bois que les ouvrages réalisés. Impressionnant !

Les jardins ne sont pas en reste, on s’y promène entre le potager et le jardin d’agrément, découvrant fleurs, plantes et arbres. L’hiver est doux dans cette partie de l’ile et la nature est généreuse.

Irène se laisse emporter par les  fleurs

 

Pour le retour à notre port d’attache, on opte pour la navette à piétons qui s’apprête à partir juste au moment où on arrive sur l’embarcadère. Du coup on gagne sur tous les tableaux : On n’a pas besoin d’attendre la prochaine, on ne paie pas parce qu’on n’a plus de dollars et le type à bord ne prend pas la carte bancaire, et on n’a pas besoin de trimballer un chien sur les genoux.

Le trajet à pieds de Paihia à Opua le long de la côte dure deux heures pour 7 km, parfois sur les plages ou les rochers souvent sur des chemins pentus bordant la mer, éventuellement avec de la gadoue qui glisse bien (de la glaise qui colle aux chaussures). C’est sympa comme itinéraire, un peu sportif, et on est contents d’arriver à la marina car il fait presque nuit et nous n’avions pas prévu de lampes frontales.

Départ pour la Nouvelle Calédonie

13 juillet (jour de la Saint Joël), cette fois ci ça y est : Le bateau est prêt, il y a une fenêtre météo, on embarque pour de bon. On a liquidé nos derniers dollars, mangé notre dernier Fish & Chips, plus rien ne nous retient, bye bye la Nouvelle Zélande.

 

Le début de soirée est magnifique, avec un soleil qui se joue des nuages, provoquant une clarté inhabituelle :

Mais avec la nuit arrivent des mouvements de plus en plus forts, le vent se lève, les vagues se soulèvent, on trouve ça moins drôle. Hauts les coeurs, voilà de quoi manger pour les poissons. Direction la cabine, même allongés on se sent ballottés, secoués comme dans un prunier. Pas d’appétit pour le dîner, évidemment.

A un moment on sent que ça remue moins, les éléments se serait-ils calmés ? Que nenni non point, nous avons fait partiellement demi-tour pour aller jeter l’ancre dans une baie calme afin d’y passer la nuit et évaluer la situation pour la suite des événements.

Ngaere Bay

Ça fait du bien quand ça ne bouge plus, la nuit est bonne. Au matin, Valérie et Bertrand s’activent pour faire des réparations sur le bateau, mais il faut se faire une raison, il va falloir retourner au port. Le foc est endommagé et une panne d’alternateur nécessite une intervention. Un alternateur sur un voilier ? Eh oui, il y a des moteurs pour propulser le bateau lorsque c’est nécessaire, mais il est aussi parfois indispensable de produire de l’électricité pour recharger les batteries si les éoliennes et l’hydrolienne ne suffisent pas.

Pendant ce temps là, les Cyclonavigateurs jouent aux cartes, à part quelques coups de main ponctuels nous ne sommes pas bien utiles. Une seconde nuit sur place, puis on rentre à Opua avec Irène à la barre et on ne fait même pas naufrage !

Retour à la marina, même emplacement que précédemment. On ne pourra descendre du bateau que lorsque les autorités d’immigration auront donné le feu vert, puisque nous étions sensés avoir quitté la Nouvelle Zélande il faut à présent y entrer à nouveau.
Combien de temps allons nous rester au port ? Ça dépend… Pour le bateau, les interventions se feront sur deux jours, mais pour la prochaine « fenêtre météo » il va falloir faire preuve de patience, peut-être une semaine, peut-être plus.

Le bateau, c’est pas comme le vélo, quand on est partis, pas question de s’arrêter en route pour attendre que l’orage passe. Alors on attendra ce qu’il faudra…


Le Rainbow Warrior

Mais que vient faire le Rainbow Warrior dans cette histoire ?

On vous parle d'un temps que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaitre : Le 10 juillet 1985 un commando des services secrets français a coulé le navire amiral de l'organisation écologiste Greenpeace. Le navire, à quai en Nouvelle-Zélande, était paré à appareiller pour l'atoll de Moruroa afin de protester contre les essais nucléaires français, ce qui irritait fortement les militaires français qui n'apprécient jamais que les citoyens-contribuables se mêlent de ce qu'ils fabriquent. L'opération, qui fut commanditée avec l'autorisation explicite du président François Mitterrand, fit un mort : Fernando Pereira, photographe, membre de l'équipage de Greenpeace. Les pieds nickelés "faux époux" Turenge, auteurs du sabotage, ont été rapidement arrêtés car ils avaient laissé plein de traces derrière eux. Evidemment, les suites diplomatiques de l'affaire ont été fort tendues. Il valait mieux ne pas être touriste français en Nouvelle Zélande dans les années qui ont suivi...
Après le scandale mondial provoqué par cette opération, après l'enquête criminelle, après le passage des assurances qui avaient déclaré le bateau irréparable, le Rainbow Warrior a été déplacé à 200 km au nord d'Auckland car ça aurait fait un peu tâche de le laisser croupir là où il avait été saboté. À l'issue d'une cérémonie māorie traditionnelle, il a été immergé et repose sur un fond de sable à 28 mètres de profondeur à Matauri Bay, où il fait office de sanctuaire refuge pour de nombreuses espèces de poissons. Tout près de là où nous sommes passés.

 

10 Comments

  1. Coucou les voyageurs …
    Quel idée le bateau avec toute cette eau autour , pas pour moi tout ça …lollllll
    Rien ne vaut les pieds sur terre ….ou sur les pédales de vos vélos
    Vous avez pu traversé depuis ? sinon un petit canot gonfable ça ira peu etre ……..lollllll
    je vais regardée sur « Ouskison  » suis je bête ………
    Vous avez prévu les rames et les palmes …………….lolllllllllllllllllllll
    Faites attention a vous ..
    Bisous
    Lili

  2. Hé oui le déplacement à la voile dépend de beaucoup d’éléments naturels : il faut être patient et c’est une autre vie.

    Quelle chance de pouvoir faire cette étape de navigation avec vous.

    Bon vent pour les jours à venir, donc bise………………..pour les jours à venir, mais pas trop froide !

    Mamie Nicole

  3. Superbe la vidéo des petits écoliers ! Et je trouve que Irene qui tire la langue est irrésistible…..
    bravo les reporters ! J’adore et ces chants me rappellent d’excellents souvenirs !!

  4. I am envious of your sea trip!! You will see amazing things at sea. Dean is not a good sailor – a land lover! Enjoy the adventure when you get going and I am sure New Caledonia will be the exciting. ❤️Petreah

  5. Bon alors on est rassuré : vous allez bien. Merci de vos bonnes nouvelles. Comme vous, nous attendons stoïquement que la météo vous permette de prendre le large. Alors bon vent à vous ; nous attendons impatiemment le récit de vos prochaines aventures…

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