Retour vers le futur

D’un seul coup d’un seul, nous voici projetés en l’an 2566 : On vient de faire un bond de combien d’années ? Autant vous donner la réponse que vous laisser calculer de tête, vous risqueriez de vous planter : 543 ans ! Ce n’est pas par un prodige spatio-temporel mais parce que la Thaïlande utilise un calendrier bouddhiste (Le Bouddha est entré dans son nirvana bien avant que le petit Jésus ne pointe le bout de son nez), mais il est mâtiné de calendrier grégorien (les jours et les mois sont les mêmes, c’est commode).

Vamos à la playa

Vous allez retrouver vos quatre cyclistes-couchés préférés dans des paysages essentiellement maritimes puisque nous allons longer le golfe de Thaïlande durant un certain temps afin de nous diriger vers Bangkok. Ce n’est donc pas (uniquement) pour vous faire baver qu’on va vous montrer des photos de plages et de couchers de soleil, c’est parce que c’est notre quotidien (dont on ne se plaint certes pas).

Du coté papilles, on n’est pas trop à plaindre non plus puisque nous retrouvons les saveurs de la cuisine thaï et même un truc en plus : Les gourmandises proposées par quelques (trop) rares cafés plutôt haut de gamme. Mais on n’en abuse pas, c’est réservé au dimanche (ou au lundi si on n’en a pas trouvé la veille, voire au mardi…).

Du coté paysages, pour le moment c’est plutôt sympa avec la mer à gauche et la montagne à droite, laquelle montagne est d’ailleurs cambodgienne car la longue bande de côte thaïlandaise est extrêmement étroite (quelques centaines de mètres au point le plus resserré). On ignore la raison de ce découpage, mais il nous arrange bien car la route est d’une qualité remarquable, si on était au Cambodge nul doute que ce serait un immense chantier de plus.

Les durians, ces fruits qui puent tellement qu’ils sont interdits dans les chambres d’hôtels, sont allègrement cultivés par ici et ça doit bien rapporter, vu les très belles maisons qui jouxtent les plantations.

Paysages bucoliques, villages hauts en couleurs, c’est ravissant comme tout par ici. Pourtant on ne s’en serait pas doutés si on était restés sur la grande route qui va tout droit est est terriblement monotone.

Vous qui passez sans me voir

En effet, tout ce qu’on vous montre là c’est parce qu’on a pris soin de passer autant que possible par de petites routes, voire des chemins et ça change tout : Il y a des pépites à découvrir, comme ces temples isolés :

C’est là qu’on fait des rencontres sympas, au détour d’une plantation d’hévéas ou d’autres cultures dont la nature nous échappe parfois, même en essayant d’identifier les plantes avec une appli.

Dire qu’on aurait pu faire le trajet confortablement assis dans un car climatisé, à somnoler devant un morne paysage aperçu à travers des vitres fumées…

La mangrove

Au fil de nos pérégrinations, nous passons inopinément en un endroit assez particulier puisqu’il s’agit d’un des cinq seuls sites au monde ayant ce type particulier de sable noir. En fait, l’intérêt est surtout une immense mangrove que l’on parcourt sur des passerelles, l’ambiance y est très particulière.
On aurait bien payé notre droit d’entrée mais il n’y avait personne à l’accueil, le site est plutôt délaissé et c’est dommage car il est remarquable.

Ko Mak

Ça y est, ça va parler d’îles, penseront les connaisseurs, puisque que Ko ou Koh signifie île. Pourquoi choisir Koh Mak pour commencer ? Parce qu’elle est petite, peu touristique et à priori facile à visiter à vélos. On va vite constater que sur ces trois points c’est « bonne pioche », l’île ne faisant pas plus de 16 km2 pour 400 habitants, elle est peu visitée et relativement plate.

Les règles ici sont faites pour garder ce cadre de vie agréable : Pas de ferries pour éviter le tourisme de masse, collecte et recyclage des déchets, pas de constructions plus d’un étage, etc.

On a connu pire comme endroit, c’est idéal pour se relaxer mais comme on n’est pas trop du genre à se prélasser toute la journée on s’en va visiter quasiment tous les endroits de l’île ; même quand ils ne sont pas accessibles par une route, il y a des chemins et des découvertes à faire au bout.

La nature est généreuse en fleurs, lesquelles ne nous sont généralement pas inconnues mais on n’est pas trop habitués à les voir dans nos jardins bretons.

Trois jours « commac », c’était super sympa, on va aller voir comment c’est dans l’île voisine.

Ko Kut

Aussi nommée Koh Kood, cette île est nettement plus grande et elle est tout sauf plate comme on va vite s’en apercevoir. Curieusement, elle a à peu près les mêmes formes que la Corse :

Pour aller depuis l’embarcadère jusqu’à nos petits bungalows dans la montagne, on en bave mais arrive tout de même à destination sans devoir pousser. Par contre, on a compris la leçon, pour les jours suivants on loue des scooters (5 € par jour, ce n’est pas la mer à boire) et il va s’avérer que c’est indispensable, il y a des pentes difficiles à monter même à pieds (les panneaux indiquent toujours 8%, ils ne doivent avoir que ça en stock).

Toute proche se trouve une cascade, y accéder n’est pas une sinécure, le chemin est aménagé mais il y a tant de marches que la montée du Mont Saint Michel parait ridicule à coté. En cette saison il n’y a pas beaucoup d’eau, encore moins de touristes, par contre plein de petits poissons qui aiment venir picorer les pieds, ça chatouille.

L’arbre magique

Devant notre bungalow se trouve un arbre particulièrement curieux : Dans la journée il arbore des grappes de boulettes qui, la nuit venue, s’ouvrent pour donner place à de magnifiques fleurs ; lesquelles sont très appréciées des abeilles jusqu’au petit matin où elles tombent et recouvrent le sol (les fleurs, pas les abeilles). C’est un Barringtonia asiatica, son nom commun est « bonnet d’évêque » ou « Bonnet carré », ses fleurs émettent une odeur forte mais exquise. On en mettrait bien un dans le jardin, mais il risque de ne pas aimer le climat, même s’il se réchauffe. 

Les arbres sacrés

Au bout d’une route bien sinueuse dans la montagne (merci le scooter), se trouvent des arbres d’une taille peu ordinaire. L’un d’entre eux est particulièrement vénéré, le bouddhisme possédant de nombreux arbres sacrés, nous supposons que celui-ci en fait partie ; voici donc un arbre vénérable.

Quelle salade !

Seul village sur la côte est, Salad est un endroit plutôt particulier, il est bien dommage que les touristes qui débarquent là s’engouffrent aussitôt dans des taxis sans prendre le temps de découvrir les lieux, ils ne savent pas ce qu’ils perdent.

Le village est surmonté d’un immense Bouddha, curieusement accompagné de statues nettement moins religieuses, auprès duquel habitent bien évidemment des bonzes. Il ne semble pas y avoir d’école dans le coin, il est possible que les enfants soient trimballés sur l’autre côte à 30 mn de route, en tout cas certains ont un sacré talent d’acrobates pour aller récolter les noix de cajou.

Tout le village vit de la pêche et c’est passionnant. Les maisons sont sur pilotis, à part une « rue » principale en béton, il y a des passerelles rudimentaires en bois pour desservir les habitations. Quand on voit des gamins apprendre à faire du vélo dans cet environnement, on suppose qu’ils savent nager avant même de savoir marcher.

Les femmes s’occupent des filets, aussi bien pour en préparer des neufs que pour nettoyer les anciens, elles font preuve d’une dextérité remarquable. La plupart des gens sont très sympas avec nous et sont contents de nous expliquer comment ils travaillent.

Autre spécialité, l’art du hamac ! Même en pleine journée ça roupille dans tous les coins, pour un peu ça ferait envie. Certaines dorment même sans hamac, ça on aurait plus de mal.

Pendant ce temps là les pêcheurs s’activent, leurs superbes petits bateaux sont ornés de fleurs sur la proue afin d’obtenir la protection des divinités. Vu ce qu’ils ramènent ça a l’air de marcher.

Et maintenant ?

Et maintenant, que va-t-on faire de tout ce temps… »
L’avantage de ne rien planifier est qu’on a une pleine liberté et on peut improviser chaque jour, mais là on a une contrainte nouvelle pour nous : La date de retour est déjà prévue, d’où un compte à rebours qui bride la créativité. Lors des voyages précédents on rentrait d’où et quand on le décidait en cours de route, c’était autrement plus confortable. On va faire avec, mais pas de la même façon : Jocelyne et Michel souhaitent prendre plus de temps sur les îles et rejoindre Bangkok tranquillement, nous on préfère zapper toute la côte de Pattaya en prenant le train pour ensuite aller pédaler de l’autre coté du golfe de Thaïlande.

C’est ainsi que nos routes se séparent, on se retrouvera à Bangkok d’ici trois semaines. En attendant, une troisième et dernière journée sur Ko Kut avec les plaisirs de la plage, puis nous prendrons le bateau pour une autre île fort différente.

5 Comments

  1. Bonjour tout le monde..
    Merci pour ce panorama sur les Plantes et Arbres de la vie..qui suivant »les cultures et civilisations « ont une symbolique particulière..et beaucoup de choses à nous apprendre …
    D’autre part vos vélos couchés ce sont toujours les mêmes depuis le début de vos voyages à travers le monde !!!Kenavo ….4° ce matin et beau soleil à Rochefort …

  2. Bravo pour cette description des îles Koh Mak et Koh Kut, ça donne envie d’aller voir, nous qui sommes en ce moment à Koh Yao Noi, ça nous a beaucoup intéressés ! Bien aimé également les détails sur la culture des durians, la rencontre avec le gros banyan sacré et les fleurs du badamier de l’Inde en plumeaux si jolis ! Et le ton philosophico-humoristique en général. Bonne continuation de voyage !

  3. Merci merci pour ce retour vers le futur qui nous fait rêver.
    En particulier l’atmosphère bleutée de la mangrove. Quelles superbes images !

    Bonne route. On vous suit, on est juste derrière vous…
    Bises

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