Santiago de Cuba

Plus proche d’Haïti et de la République dominicaine que de La Havane, Santiago de Cuba n’a pas grand chose en commun avec la capitale. Climat, architecture, ambiance, musique, histoire, tout y est plus « chaud ». Nous allons y passer cinq jours qui ne seront pas de trop, surtout qu’après nous partirons dans des régions où il n’y plus de ville, tout juste de petits villages, ça changera radicalement.


Nous voici donc à Santiago de Cuba, une ville chantée par Jean Ferrat.

Seconde ville du pays de par le nombre d’habitants estimé  à environ 430 000. Elle se situe à l’entrée d’une baie sur la mer des Caraïbes encerclée par les montagnes de la Sierra Maestra. Ville marquée par l’histoire de la révolution cubaine puisque c’est dans le quartier Tivoli, le quartier français, que Fidel Castro manqua son attaque contre la caserne militaire de Moncada le 26 juillet 1953 avec un groupe de 125 jeunes dont son frère Raoul. Cette date devint le nom du mouvement révolutionnaire « M26-7 ». Une belle occasion pour nous de revisiter une page d’histoire.

Nous avons pris une « casa particular » chez Lizandra, une amie de Ana de Gibara. Elle se situe à un kilomètre et demi du centre ville, tant pis, ça nous fera du bien de marcher. Shalom qui doit arriver dans la soirée en ambulance sera logé dans une autre casa la rue suivante, nous pourrons veiller sur lui et l’empêcher de faire des frasques, quoi qu’avec son pied en vrac il ne va guère pouvoir courir le guilledou.


Notre première visite se fera en remontant  l’artère principale de la ville où l’on découvre des portraits géant de Fidel et de son frère accompagné des slogans révolutionnaires comme à l’accoutumée. Nous sommes facilement abordés par les cubains qui nous réclame spontanément 1 $, nos T-shirts ou tout autre chose qu’on voudrait bien leur donner tel que le savon.

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La rue Enramadas est LA rue piétonne de Santiago, elle part de la plaza De Marte et descend jusqu’au port. Une longue rue de petits commerces, de restaurants, quelques boutiques de marques comme Adidas ou Nike où le prix d’un T-shirt est l’équivalent du salaire mensuel des vendeuses qui ne se bougent pas d’un pouce quand on entre ; normal, qu’elles bougent ou pas elles sont de toute façon payées, même si c’est au lance pierres.

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La cathédrale de « Nuestra Senora de la Asuncion » trône au dessus de la place Cespedes. Elle est de construction relativement récente puisqu’elle ne date que de 1922.

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Ce qui nous étonne est qu’elle est bâtie sur des boutiques de luxe, pour accéder à son parvis il nous faut monter quelques marches sur un côté. En face de la place se tient une exposition de photos de la révolution (encore !!!) où l’on découvre des clichés inédits pour nous, Fidel, Raoul, Ernesto Che Guevara, jeunes hommes, ainsi que tous les potes révolutionnaires armes à la main entourés d’une foule enthousiaste. C’est ici sur cette place que Fidel a fait son premier discours (le premier d’une trop très longue série, lesquelles pouvaient durer jusqu’à huit heures !)

Quelques magasins d’alimentation où les étagères sont plus ou moins bien garnies. Quand il n’y a plus rien dans le magasin, les vendeuses restent présentes et s’ennuient ferme jusqu’à l’heure de la fermeture.

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Domino

Des petites placettes où les joueurs de dominos ont installé leur table. C’est à grand coup de poing sur la table qu’ils se manifestent ou à grand coup de gueule, bref il y a du parfois du spectacle, les dominos dansent et tressautent au rythme non pas de la salsa mais des mains qui s’abattent sur la table qui résiste à tant d’assauts répétés… quelle humeur ces cubains !

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Démo

Une petite démonstration de l’efficacité cubaine : Nous décidons de prendre un verre à la terrasse d’un café face au port. Il n’y a pas foule, on commande deux limonades. Le temps passe, on ne s’ennuie pas devant le défilé des chevaux, des bicitaxis ou même des jolies minettes moulées dans leur courtes robes… Pourtant au bout d’une demi-heure on se dit « On compte jusqu’à dix, si elle n’arrive pas avec les boissons on s’en va ». On se lève, et tout à coup la porte du bar s’ouvre et la serveuse arrive avec un plateau en équilibre et renverse nos deux limonades, les verres se brisant au sol… Pour le coup on est stupéfaits et on s’en va assoiffés et désolés pour cette gentille serveuse et l’incompétence de l’établissement.

Le cireur

Gentil comme tout Aurelio, ce monsieur qui cire les chaussures à un coin de rue. Il est content de discuter un peu avec deux étrangers. On le prend en photo et lui promettons de revenir ; le lendemain, on lui offre les photos qu’on est allés faire tirer, il est très content. C’est peut-être la première fois qu’il a des photos de lui-même il s’en va les montrer aux vendeurs de la boutique de livres voisine.

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La pire pizza

On va échanger autour d’une pizza au 1er étage de ce qui ressemble à un appartement, avec un couple d’allemands dans nos âges. Nous avons le même ressenti en ce qui concerne ce pays. On sourit quand on observe les ondulations adorables des deux jeunes serveuses venant prendre nos commandes ou nous apporter à boire. Tout est dans la séduction et la nonchalance, à ne surtout ne pas bousculer par un « por favor » il vous sera répondu « momento » et on ne viendra vous voir que lorsqu’on en aura décidé de venir. Le personnel n’est pas au service du client, il vous accorde la faveur de vous servir, ne lui cassez pas les pieds pour avoir un verre pour boire votre bière, non mais !

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C’est à cette ville que nous attribuerons la palme de la pire pizza de Cuba : Une pâte épaisse, molle et sans goût, pas de sauce, des crevettes bien espacées saupoudrées d’un fromage en plastique à peine fondu. Une horreur ! Une bande de jeunes asiatiques, probablement chinois, font une drôle de tête quand leurs pizzas arrivent sur la table, ils ne semblent pas se régaler non plus.

Tivoli

Le quartier français de Tivoli a été fondé à partir de 1804 par les colons chassés de Haïti lors de son indépendance (ils n’avaient pas forcément fait le bon choix). Ce sont ces français, accompagnés de leurs esclaves,  qui ont introduit la culture du café sur l’ile de Cuba. On accède à ce quartier en partant du port ou bien par le vieil escalier en pierre de Pare Pedro. de la haut nous avons une superbe vue sur le port et sur les toits déglingués de la ville.

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Tennis low cost

Dans une rue de ce quartier pauvre, des enfants jouent un drôle de jeu de balle ; c’est du « tennis de rue » (raquetta) sans raquette ni filet, vu qu’ils n’ont certainement pas les moyens de s’en payer, déjà que la balle est pourrie. Leur enthousiasme fait plaisir à voir.

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Un marchand ambulant de biscuits passe opportunément par là, on régale toute la bande qui se jette dessus sans hésitation. En plus, ils sont bons ces biscuits, on se régale aussi.

Caserne de Moncada

La caserne de Moncada, qui comptait alors jusqu’à 400 soldats, est le lieu où Fidel Castro lança une attaque manquée le 26 juillet 1953. Cette belle bâtisse est  devenue aujourd’hui une école et un musée. C’était la principale place forte de la région de ce « Far Est » cubain où les exploitations agricoles tiraient des profits souvent illicites de la multitude d’immigrés haïtiens qui, venant d’un pays pauvre, se contentaient d’un faible salaire et n’étaient pas en situation de se plaindre des conditions de travail ou des violations contractuelles. On a du mal à imaginer qu’ici furent tués une quarantaine de soldats dans leur dortoir par les révolutionnaires en herbe. En retour, 123 jeunes révolutionnaires de moins de 25 ans furent tués par les troupes de Batista, ils avaient été recrutés sur la Havane et dans l’Oriente et n’étaient pas suffisamment entrainés et avaient une méconnaissance totale des lieux. La répression de Batista fit plus de 20 000 morts dans tout le pays. La révolution n’était pas loin.

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C’est ici à Santiago que fut assassiné par la police Franck Païs Garcia, en 1957, un jeune professeur révolutionnaire, il était âgé de 22 ans. Sa mort souleva une vague de protestation dans tout le pays et ce fut un évènement décisif dans le commencement de la révolution.

La zicmu

La Casa de la Trova se situe au croisement des rue Heredia et San Felix. Un haut lieu de la musique cubaine dans une ancienne jolie demeure coloniale. C’est là qu’est né un fameux musicien  connu sous le nom de Rafael Pascual Salcedo en 1844. La Trova est un ensemble de registres musicaux traditionnels romantiques se faisant accompagner de percussions et de guitares. Il existe des « casa de la Trova » dans beaucoup de grandes villes.

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Excellente musique, ambiance relax, complicité avec le public. Lequel public devient plus dense quand un groupe de français arrive, débarqués de leur bus ; bavardages impromptus pendant que les musiciens jouent, c’est désagréable, mais le pire est à venir au moment où il est proposé d’acheter le CD du groupe : Une seule des touristes l’achète et s’exclame « On va faire des copies ! ». Ecoeurant. Ces gens là gagnent infiniment plus d’argent que les musiciens mais sont incapables de leur donner un encouragement, et sont même fiers de les gruger. Heureusement qu’ils ne restent pas longtemps, leur départ est un soulagement.

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Proroga

C’est donc à Santiago que nous allons faire notre demande de prolongation d’un mois supplémentaire. Pour entrer à Cuba il nous a fallu plusieurs justificatifs : Copie de nos assurances respectives, copie du billet d’avion retour. Les autorisations d’entrées pour les français ne sont que de trente jours, (6 mois pour les canadiens) les prolongations de trente jours supplémentaires ne posent en général pas de problème, c’est la raison pour laquelle nous avions planifié notre départ en fonction de deux mois sur place. Néanmoins il est primordial pour un voyageur à vélo de se trouver dans une ville où il y a un bureau de l’immigration quelques jours avant la date butoir, mais pas trop tôt non plus comme nous avons pu le constater à Guantanamo où nous nous sommes présentés cinq jours avant la date  et nous nous sommes fait jetér.

Nous voici donc de bon matin à la recherche du bureau qui va nous donner notre précieux sésame. Un dame dirige d’un ton ferme les uns et les autres selon leur demande. Quand elle voit Joël, elle lui signifie immédiatement qu’il ne va pas entrer. « Ah pourquoi donc ? » « No pantalon, no pantalon ! » Nous attendons cependant bien sagement notre tour dans la salle d’attente bien nommée quand une dame derrière son bureau nous fait signe d’un doigt ferme, visage tout aussi fermé, de venir la voir. Nous nous approchons tout sourire et subitement elle se met à « aboyer » « no pantalon, no pantalon ! » « No autorisation » d’un geste rageur fait signe au coupable exhibitionniste de sortir vite fait…. Ouh là, bonjour l’ambiance… Pas moyen d’expliquer que nous n’avons pas de pantalon dans nos bagages… Joël sort. Quand enfin Irène, ayant obtenu les prolongations (pour 32 jours, et non pas 30, on n’a pas compris pourquoi !) ose demander pour qu’elle raison les hommes n’ont pas le droit d’entrer en short alors que les femmes, y compris celles qui travaillent, sont vêtues de jupes moulantes « ras les fesses » pour ne pas dire « ras la moule » ? La dame « pit bull » lui répond en souriant que c’est la réglementation…. « Pourtant les hommes ont aussi de jolies jambes, c’est vraiment dommage de ne pas en profiter » lui répond Irène. Quel est donc ce c… qui a pondu une pareille réglementation en défaveur du sexe masculin ?
Finalement on s’en fiche puisque nous pouvons rester jusqu’au 22 février, salut madame !

 

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Nous allons profiter du cochon grillé autour de la place Marte, c’est samedi et tous les week-end les cochons subissent un sort peu envieux de finir à la broche. C’est la fête, les stands de nourriture fleurissent un peu partout aux carrefours et les festivités musicales également, souvent bien braillardes aux airs de reggaeton. Au moins pendant le week-end les cubains essayent de se détendre. Les magasins de glace font le plein et les colas pour y accéder sont bien longues, ils adorent la glace les cubains, en plus elle n’est vraiment pas chère.

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Une petite visite au joli musée (de l’extérieur) Bacardi, tout blanc avec de belles colonnes. Le rez-de-chaussée consacré à la conquête de Cuba par les espagnols jusqu’à la révolution. Le premier étage un peu triste avec une collection de tableaux tous aussi tristes les uns que les autres. Les gardiennes des lieux doivent s’y ennuyer à mort !

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Nous allons prendre congé de notre amis Shalom, nous le savons en de bonnes mains, Mariana et sa maman l’ont pris en sympathie. Un inspecteur est là pour connaître les circonstances de l’accident vu qu’il a bénéficié à la fois des transports des pompiers et des ambulanciers. Une célébrité locale, en somme.


 

Adiós Santiago, nous allons maintenant poursuivre notre route vers l’ouest, en ayant pris soin de faire le plein d’eau et de victuailles car on ne va plus trouver de rues piétonnes, ni même de boutiques. Cet itinéraire s’annonce intéressant mais exigeant, la question est de savoir si nous allons y survivre !

4 Comments

  1. We are sure you will survive the next section. Cuba sounds an interesting place to visit. If we visit I will have to make certain I pack some pants.

  2. Waouh superbe ville et l’Oriente vaut vraiment le détour ! Je pars à Cuba 1 mois en juillet et vos articles sont un bon avant-goût ! De toute façon votre aventure a un avant-goût de ce que je ferai plus tard 😄 Bonne route et au prochain numéro 😄

  3. Bonsoir …impressionnant et intéressant toutes ces descriptions ..loin des clichés !Il y aurait beaucoup de choses à dire effectivement sur les flots de touristes avec ses comportements
    qui déferlent dans les villes en terrain conquis!!hi
    Je pense surtout aux paquebots !!!par exemple je pense là à Venise oü il y a plus de trente ans seuls les gondoliers avaient accès et en faisaient le charme!
    Enfin laissons les paquebots et autres pour la place aux rêves!!
    Bye bye

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