Vers le nord ou vers le sud ?
That is the question. A partir de San Francisco nous pouvons nous diriger vers le Canada au nord, ou vers le Mexique au sud. Au lieu de le faire à pile ou face, cogitons un peu : Remonter vers le nord nous amènerait au Canada à la belle saison, en septembre, mais pas question d’y rester longtemps parce qu’on n’a pas de pneus neige. De plus, on se payerait le vent dans le nez durant 1 600 km, pas glop ! Par contre, aller vers le Mexique est bien plus facile (quand on regarde la carte ça descend, vu qu’on va vers le bas) et ça permettrait d’être en Amérique du Sud en été, donc pendant que ça caille dans l’hiver de l’hémisphère nord. Voté à l’unanimité, aucune abstention ni vote blanc ou nul. On ira donc de San Francisco à Los Angeles en passant par Santa Cruz.
Pour ceux qui auraient la bonne idée de nous rejoindre dans les mois à venir, quand il va faire un temps pourri chez vous, ne jetez pas vos flacons de crème solaire.
Quitter San Francisco à vélos vers le sud est beaucoup moins drôle qu’y arriver en ferry depuis le nord, mais on n’a pas le choix, il faut se farcir des kilomètres de routes urbaines inintéressantes avant de se retrouver sur la côte. Les déchets de toutes sortent jonchent les bas côtés y compris des sacs poubelles bien remplis, ça c’est vraiment dégueulasse, on a du mal a comprendre certains comportements, surtout içi où tout est fait pour collecter les déchets.
On va se faire un arrêt pipi dans un centre commercial et c’est l’occasion de se prendre une boisson chaude qui va nous revigorer, un peu frisquet tout de même ce matin ! Heureusement après une vingtaine de kilomètres, une ancienne route désormais réservée aux cyclistes permet d’éviter un tunnel sur la route principale, on comprend vite pourquoi : Le lieu est particulièrement abrupt, il y a eu des glissements de terrain, ce n’est pas pour rien qu’il est nommé Devil Slide (sentier du diable). La brume ne nous aura pas quitté de la matinée, c’est un camaïeu de gris, dommage.
On va pic niquer devant la mer, le brouillard se dissipant on peut admirer des colonies d’oiseaux marins sur les rochers en contrebas, dont des pélicans, des guillemots et des cormorans. Une belle descente plus tard on se retrouve au pied de la ruine d’une maison qui semble être en équilibre. Apparence étonnante et dramatique que cette construction, c’est en fait un ancien blockhaus qui est resté perché là de manière incongrue, l’érosion et les vents se sont chargés de lui donner un aspect tout à fait singulier. Il servait pendant la dernière guerre de station de contrôle et d’observation en cas d’attaque par les japonais.
Half Moon Bay
En milieu de journée les coins de ciels bleu semblent vouloir apparaître mais sont rattrapés par le brouillard, on s’en accommode mais ça nous limite les panoramas, nous pédalons dans le coton et nous avons quitté la route principale pour une route au plus près de la côte. C’est à « Half Moon Bay » que nous allons découvrir les campings gérés par les State Parks. Ils ont l’avantage d’être bien moins chers que les établissements privés, par contre il sont tous complets en cette saison, eh oui ce sont les vacances scolaires, il faut parfois réserver des mois à l’avance ce qui n’est pas trop compatible avec notre mode de voyage. Mais il y a des emplacements hikers/bikers (randonneurs/cyclistes) qui ne sont pas chers du tout et ne sont pas réservables, il suffit de se pointer et on a de la place.
La petite ville de Half Moon Bay est sympa, un peu à l’écart de la côte, avec une jolie main street et de coquettes boutiques ; de l’une d’elles sortent des sonorités agréables, ce sont des musiciens qui jouent du jazz, pendant que les clients dégustent vins et fromages (donc pas une bonne boutique pour Joël, si ce n’est pour la musique). Irène aimerait bien s’y attarder un peu plus, le fromage lui manque, le vin encore plus ! La boulangerie a l’air appétissante mais ferme à 17h (quelle idée !), on se rattrapera le lendemain matin au petit déjeuner.
Les artistes de la région ont vraiment des idées originales comme celui çi qui sculpte dans la pierre des visages assez monstrueusement beaux. Pas facile de ramener une tête à la maison, c’est dommage !
Waddell Creek
Le lendemain matin la route est désormais bien plus agréable, malgré le brouillard, des coins de ciel bleu apparaissent on se réchauffe un peu. Les falaises sont découpées, il y a de belles plages, on a le vent de dos, ça aide un peu parce que des montées il y en a ! On ne s’en plaint pas parce qu’elles nous permettent de profiter de points de vues superbes et on avale doucement les kilomètres.
Comme en Australie on trouve de temps à autres de grands eucalyptus sur le bord des routes et ça nous plait sacrément tellement ils sont généreux de leurs essences. Il y a des surfers et kite-surfers qui s’en donnent à coeur joie sur l’eau car le vent est fort et la mer belle à Waddell Creek.
Problème, il n’y a pas de camping dans le coin, mais un endroit pour les cavaliers, on va tenter notre chance. Le parc « Ano Nuevo » est sympa, un paradis pour les marcheurs. Nous sommes accueillis par les lapins et des oiseaux bleus (des geais), mais on constate la rigidité des State Parks : Le règlement dit que c’est pour les cavaliers seulement donc pas pour les randonneurs ou les cyclistes. Dans un premier temps le gardien nous autorise à nous installer dans un coin discret, ça nous va bien. Plus tard dans la soirée arrive une ranger avec qui il nous faudra négocier qui nous consent « une faveur » de toute la hauteur de son autorité (« le gardien n’est pas ranger, moi si ! »). De plus on est censés payer 25 $ comme si on avait des chevaux avec nous, mais comme on ne laisse pas de crottin derrière nous on décide unilatéralement de ne mettre que 15 $ dans la boite. Vu qu’il n’y a même pas de douche, c’est bien payé.
Après avoir ramassé une poignée de bois dans les environs pour notre flambée du soir, fait notre toilette au robinet extérieur des sanitaires, on se retrouve devant notre écran préféré , au programme : la vie des animaux ! Les espèces à plumes sont peu farouches, des couples de bécasses avec leurs petits cherchent leur nourriture en fouillant le sol sous l’oeil coquin des jolis geais bleus. Les espèces à poil copinent tout aussi franchement avec nous, des lapins de petite taille et des écureuils encore plus petits. Nous ne ferons aucun BBQ de ces gentils amis d’un soir ! On se tape une partie de cartes à la chaleur de notre feu bien maitrisé (sur les conseils de miss ranger) !
Bleu, bleu, le ciel de Provence Californie
Enfin un ciel bleu, dès le matin, ça change tout, ras le bol de cette brume qui cache les paysages presque toute la journée. La Highway 1 à cet endroit est une très jolie route qui longe la côte, on ne va pas se baigner pour autant mais c’est bien agréable tout de même.
Lorsque la route passe dans les terres, elle traverse des cultures de fruits et de maraichages à perte de vue. Les fermes vendent aussi leur production en direct. On en profite pour s’achèter des cerises et cinq avocats pour 1 $, super pas cher. On va boulotter toutes les cerises d’un coup, nous sommes en manque de fruits sucrés, ceux là sont les bienvenus.
Il y a de gros problèmes de sécheresse en Californie, néanmoins l’irrigation est omniprésente, cette eau doit bien venir de quelque part mais ça ne durera sans doute pas éternellement. La production bio a le vent en poupe aux Etats Unis particulièrement sur la côte ouest. Est-ce dû au pouvoir d’achat plus élevé ? En tout cas les certifications bio sont en nette progression, ça nous rassure parce que ça sent parfois les produits phytosanitaires au milieu de ces champs.
Pour nous c’est agréable parce qu’on se balade, ça l’est moins pour les ouvriers agricoles mexicains qui travaillent sous le soleil, ceux-là doivent préférer quand il y a de la brume. Payés au rendement sans aucune doute, on les voit qui courent avec leur cagette pleine pour les faire enregistrer sur un papier et repartent aussi vite en courant dans le bout du champ. Difficile de contenter tout le monde…
Passage express par Davenport, remarquable village où il n’y a quasiment rien à part une épicerie et un ou deux resto-bars, où on n’a pas envie de s’arrêter parce que c’est en haut d’une belle descente suivie d’une aussi belle côte, ça briserait l’élan. Heureusement qu’ils ont des clients automobilistes, avec les cyclistes comme nous ils n’auraient plus qu’à fermer boutique.
Santa Cruz
Voilà une ville touristique, dès qu’on y arrive ça saute aux yeux, il y a des embouteillages pour atteindre le beach boardwalk park tout en bas de la côte où on peut accessoirement se baigner, mais surtout se balader, boire et manger et faire un tour dans cet immense parc d’attractions qui date de 1907. Une vraie institution qui a changé plusieurs fois de propriétaires et qui a traversé les crises. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges et il attire beaucoup de monde parce qu’il est vachement grand et il a les pieds dans l’eau puisqu’il borde la plage. Joël sera bien tenté le lendemain de se faire un manège mais finalement y renoncera… C’est t’y ki deviendrait vieux ?
Un vieux pont ferroviaire permet d’atteindre l’autre rive de la rivière, bien plus tranquille. Nous n’avions pas prévu de séjourner dans cette ville, mais finalement nous allons trouver refuge chez Shalom Dreampeace Compost, qui partage sa maison avec Eileen et Solena. Quelle ambiance dans cette maison !
Des réactions sur ce drôle de nom ? Shalom est vraiment un vieil hippie original. Dès l’entrée de sa maison la voiture peinte affiche les couleurs, trop fun, faut oser ! Quand on lui demande si « Dreampeace Compost » est son nom… Eh bien oui, c’est le nom qu’il a choisi et l’a fait enregistrer, ça a été un combat mais il a réussi. Tout est possible aux Etats Unis ! Nous on trouve que ce nom lui va bien. Nous voilà chez un hôte Warmshower super cool.
La maison est bien pleine puisqu’y vivent Solena, sa fille et Eileen une amie. Nous allons donc installer la tente sur la terrasse immense pour le plus grand bonheur du chat Febe qui viendra s’y mettre au chaud. Nos soirées seront bien gourmandes entre les crêpes flambées au grand marnier, le moelleux au chocolat ou le cake aux myrtilles de Eileen. On s’en va avec la recette ! Concert de chant avec le chien Franky qui répète après nous des hou, whaou, hou, hou et déclenche des fous rires.
Nous allons à la recherche d’un bon magasin de vélo pour celui d’Irène, qui casse tout, son amortisseur fait des siennes. Pas besoin d’aller bien loin, à 1km et demie de la maison on va trouver notre bonheur. Joël va même avoir une grosse envie de vélo de plage avec des gros pneus, histoire de frimer un peu ! Shalom et Eileen se déplacent beaucoup à vélo, d’ailleurs Eileen va au boulot en 2 roues avec son drôle de casque pour décourager les oiseaux de venir l’attaquer !
Santa Cruz se visite, elle est célèbre pour ses plages de surf mais aussi pour son université UCSC qui est parait-il un des plus beaux campus du pays. Shalom nous apprend que le célèbre Jack O’Neill avait sa maison ici sur le front de mer. C’est le type qui est à l’origine des fameuses combinaisons de plongées fin des années 50. On va chercher sa maison de couleur verte, en vain, mais on verra pas mal de boutiques de surf avec le nom de O’Neil écrit en grand ; y’a pas à dire il a du faire fortune.
En 1989 il y eu un tremblement de terre dont l’épicentre se situait à Loma Prieta Peak à environ une quinzaine de km de Santa Cruz. La ville est située sur la fameuse faille de San Andreas mais les victimes furent essentiellement sur la ville de Oakland et à San Francisco. N’empêche, quand on sait ça, on se dit bon sang, pas pendant que je suis là ! toutefois on ne sombre pas dans la paranoïa.
Des rencontres avec des gens sympas qui nous prennent en photos ; on a de la chance c’est le photographe du coin qui va nous parler de surf, de cuisine, de la vie à Santa Cruz, et bien sur de photos et de voyage.
L’occasion pour nous de faire de la marche à pied et de trainer dans les quartiers périphériques à la maison de Shalom, la nature est belle et les arbres sont de vrais bouquets de fleurs, pas moyen de savoir de quelle espèce il s’agit. On a trouvé une maison d’un bleu pétant, bien plus bleu que celle de Maxime Leforestier.
Un tour au marché bio du coin pour y manger des crêpes (on est insatiables sur des coups comme ça !) et des fraises à s’en faire péter le ventre parce que le vendeur va nous en donner une boite gratis. Du bon pain digne de ce nom que tout le monde va dévorer. Shalom retrouve un pote qu’il n’avait pas revu depuis des années.
Les tomates ont un goût de tomates et les melons charentais sont aussi bons que ceux que l’on trouve chez nous, c’est dire ! Finalement on est bien à Santa Cruz la bouffe y est bonne.
Quand nous avons quitté Timothy, notre hôte Warmshower de San Francisco, il a pris contact avec un couple d’amis pour éventuellement nous accueillir, mais Shalom a eu notre faveur. N’empêche que ces deux là veulent nous voir, alors on va se donner rendez vous et passer la journée ensemble. Ce sont Tisha et Roger qui vont nous faire découvrir une forêt de séquoias géants aux alentour de Santa Cruz : le parc Henry Cowell Redwood. Un magnifique endroit à découvrir absolument pour celles et ceux qui passent par là. Les arbres y sont dantesques. On y découvre l’adaptation incroyable de survie de ces grands arbres capables de résister aux incendies et se régénérer. Certains ont subi des dommages mais continuent de croitre. Ils ont de troncs creux où on peut tenir debout à l’intérieur, pas mal pour y camper discret !
On y rencontre un petit groupe de trois hommes dont l’un est un hôte Couchsurfer avec Lucas et Alex, ses deux invités français. Quand des Warmshowers rencontrent des Couchsurfers accompagnés de français, alors là on ne peut plus les arrêter. Nous allons continuer notre visite accompagné par une encyclopédie sur pattes tellement les connaissances de cet homme en botanique sont importantes ; un réel plaisir pour nous tous. C’est notre Louis local ! Il se reconnaîtra dans cet article, hein Louis ?
Nous avons bien apprécié notre séjour imprévu à Santa Cruz, souvent l’imprévu amène au meilleur. On ne sait pas si les autres cyclos voyageurs ont des problèmes de pieds mais nous oui, la corne s’accumule et fait des crevasses. Nous ne portons pas de chaussettes ni l’un ni l’autre et malgré les crèmes et les brossage à la pierre ponce nous avons les talons bien secs ! Amis cyclos des astuces ? En tout cas ce séjour à Santa Cruz sera pour tous les deux l’occasion d’aller se faire pouponner les pieds et de ressortir avec des petons doux comme la peau des bébés.
Et pour finir, une petite métamorphose après 5 mois sans visiter le barbier (profitez-en, il n’y en aura pas des comme ça toutes les semaines) :
A great trip, jealous of the price of avocados. The photo you have « cormorants at rest » they look like Pelicans to me. Joel now looks very respectable. Enjoy your journey.
Quel bonheur de vous lire je voyage en restant chez moi…
Petite question pratique rencontrez vous des problèmes de condensation avec votre super tente heilberg car moi oui et le matin parfois c’est vraiment pénible.
Coucou mes voyageurs adorés
Vous avancez vite et en même temps vous flânés c’est vraiment top ….
Vous me faites rire , vous etes en plus tout mimi …..
Le chien ressemble bien a Francky ( Vincent ) …lolllll , un mec super sympa Francky Vincent il chante des chansons holé holé mais il est très respectueux et simple …je ferme la paranthèse …lollll
Vous en voyez des beaux oiseaux et fleurs , la nature est belle dommage que des cons la respectent pas ….Moi qui peu pas faire grand chose a cause de cette bacterie de merde , quand je peu me baladée tranquille ça ressource …..
Bon j’attends la suite avec impatience comme d’hab
Joel est trop beau les cheveux coupés et rasé de près surveille le bien …..lolllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll
Pleins de Bisous a vous 2 Lili
Merci pour cette magnifique bouffée d’air californienne!
Go ahead South!
pour les pieds ben faut mettre des chaussettes pendant un ou deux jours de temps en temps. Et puis du gras !
Bonsoir ..encore une belle ballade ..vous avez un art pour rencontrer les « personnages »;aussi je me suis arrêté sur les melons « charentais »..importations ou Culture???that’s the question!
Kénavo
Louis le botaniste
Super la découverte de la flore dans ce secteur….vous pourrez ainsi me faire part, à votre retour, des plantes et autres essences que vous avez découvert en compagnie de votre guide local.
Bonne aventure !
je ne veux pas être conspirationniste, mais je l’ai bien reconnu ce blokaus fait partie du mur de l’atlantique! donc c’est au moins un trou dans l’espace temps! biz à tous les veinards qui peuvent pédaler dans les brumes matutinales et j’espère que ce sera bientôt à notre tour de nous les cailler!
Christian
Excellent la vidéo de métamorphose ! Bon voyage et merci pour les supers articles. TSAGA
Ben, Joël aux cheveux longs…c’était beau aussi ! J’espérais qu’il garde sa tignasse de yé-yé et laisse tout pousser pour le voir en père Joël d’ici quelques mois avec sa hotte sur son vélo ! Ben, non, loupé ! ben, je vais continuer de rêver quand même au père Noël ! N’empêche que vous nous régalez avec ce cadeau du temps que vous passez pour tout nous raconter et nous montrer des coins du monde et des gens qu’on ne croisera sans doute jamais ! Merci et belle continu’action ! Bises de Marie Chiff’mine
coucou, ça tombe bien que tu te sois rasé Joël…je peux te faire une bise pour ton anniversaire..
Je t’avais répondu aussi Irène mais le mail n’est jamais parti!!!!!
En tous les cas j’ai trouvé sympa que tu t’inquiètes de ma santé même du bout du monde…
Donc je vais bien mais vais avoir qq séances de kiné tout de même.
Et pour l’instant je ne suis pas remontée sur mon vélo…mais ça ne saurait tardé.
bIses et pédalez bien pour nous faire rêver
Michelle
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Magic, la coupe !