Halloween en ville, la fête au village

Toujours super bien organisés (on a fait des progrès), on arrive dans une grande ville juste à temps pour le typhon suivant. Néanmoins, à raison d’un typhon par semaine alors que la saison de ces vilains machins est sensée être terminée, ça commence à bien faire. Heureusement, Kochi est tout à fait adaptée à ces épisodes pluvieux, c’est comme à Takatsu la semaine dernière, les arcades (rues abritées) sont les bienvenues.

La ville n’est pas magnifique mais pour une fois quelques architectes sont sortis du cubisme généralisé pour proposer des bâtiments plus audacieux, ça fait du bien même si l’envers du décor est moins brillant. Les tramways sont de vénérables antiquités ambulantes, c’est plutôt sympa dans le décor.

Et la pluie a au moins ceci d’intéressant c’est qu’elle nous oblige à rester plus longtemps en ville et nous permet de découvrir les spécialités culinaires locales comme par exemple les Okonomiyaki, un plat salé cuit sur une plaque à base de choux coupés très fins, une crêpe, des crevettes, du porc ou ce que l’on veut, du soya, du fromage, et bien sûr des nouilles, le tout applati (comme une crêpe), badijoné d’une sauce c’est à tomber par terre on s’en régale dans un petit resto recommandé par le Lonely Planet. On ne suit pas souvent ses recommandations mais là c’est trop bon au resto Hakobe, une adresse à recommander sans retenue.

Un découvrira plus tard un autre endroit intéressant où casser la croute, une multitude de petits stands autour de tables communes où l’ambiance est très conviviale, ce soir là on dinera indien, ça rappelle de bons souvenirs.

Halloween

Ce soir c’est aussi l’occasion pour petits et grands de se déguiser à l’occasion d’Halloween (Oui, c’est bien à la même date que partout ailleurs, si on vous raconte ça avec un mois de retard c’est que nous avons toujours du mal à être à jour dans la rédaction du blog, c’est chronique). Les Japonais on su se saisir des fêtes anglo saxonnes et les accommoder à leurs coutumes. C’est ainsi que les arcades permettent à une foule de jeunes gens de déambuler dans des costumes qu’ils ont loué pour la plupart d’entre eux. Ils se laissent photographier avec plaisir d’ailleurs ils en redemandent, quand en plus ce sont des Européens ils sont contents et fiers de mettre leur anglais en pratique. De plus ce sont eux qui nous offrent des bonbons quand on les photographie.

Il tombe des trombes d’eau et tous les fêtards se sont donné rendez vous sous les arcades, finalement c’est bien sympa de goûter à la vie nocturne citadine, ça ne nous arrive pas si souvent.

Plus traditionnels, les kimonos sont aussi de sortie, reconnaissons que ce sont de très beaux emballages :

Aux marches du palais

On va faire une escapade vers le château situé sur les hauteurs et réputé être difficile d’accès, il n’a jamais pu être attaqué, avec ses nombreuses marches hautes dissuasives, de là haut on a une vue superbe sur la ville et ses lumières, ce vieux château est lui même mis en valeur par les éclairages nocturnes, sa silhouette blanche domine la ville. Il nous a fallu franchir 3 enceintes avant d’arriver jusqu’au parc, à l’époque c’était les casernements des samouraïs. Comme beaucoup de châteaux au Japon il a brûlé et à été reconstruit mais sa tour principale est l’une des plus anciennes du pays.

Dans un parc des papis jouent aux « échecs japonais », on n’y comprend strictement rien mais ça a l’air passionnant.

Nous redescendons en ville par les jardins en errant ici et là jusqu’à ce qu’on découvre une salle d’archers et ceux ci sont en pleine action. On reste fascinés par les tenues vestimentaires. Hommes et femmes sont vêtus d’un haut blanc aux manches courtes, d’une longue jupe noire, les femmes portent une protection sur la poitrine, ils se déplacent lentement avec un rituel bien précis chaussés de tabis, les chaussettes blanches avec le pouce séparé.
Le tir à l’arc nommé kyudo est ici un art martial à part entière, il relève d’une philosophie zen, et ca vaut mieux d’ailleurs de ne pas être trop excité pour manier. Les arcs sont de toute beauté très élégants tout comme ces femmes et ces hommes qui défilent calment devant les cibles. Un vrai spectacle dont on profite de notre poste d’observation sous les arbres.

On va faire un sacré nombres de kilomètres pour retrouver notre hôtel, on s’est perdus à pieds en ville… incroyable, pour une fois qu’on n’avait pas emporté de GPS ! On devine que certains de nos lecteurs rigolent…

Des villes aux champs

Le temps change incroyablement vite ici, hier les parapluies s’envolaient et les cyclistes téméraires déviaient de leurs trajectoires sous les bourrasques du vent. Aujourd’hui il fait soleil, le ciel est bleu, plus trace de typhon. Nous allons essentiellement traverser un milieu urbain, les villes se succédant sans beaucoup de différence, Ino, Susaki. On profite tout de même des petites routes bordées de maisons coquettes ou de champs de cultures maraîchères. L’eau est toujours omniprésente et les rizières sont alimentées par un système de vannes manuelles.

On doit prendre garde à ne pas faire d’écart et tomber dans les caniveaux étroits et profonds qui bordent la route souvent sans protection.
Les serres sont à nouveau bien présentes, on ne sait pas trop ce qui y pousse mais à l’extérieur on reconnaît tout de même les poireaux, les choux, salades ou oignons. Les kakis sèchent au soleil, suspendus par des fils sur des branches de bambou, provisions pour l’hiver.

On se régale de la vie rurale et des mouvements dans les champs ou les jardins. Un couple est en train de découvrir une parcelle de plants du filet qui la protégeait. On s’arrête et on va les voir, ça fait un moment qu’on se pose la question de savoir de quelle plante il s’agit. En fait c’est du gingembre, le début de la récolte va commencer demain. On échange comme on peut et c’est franchement agréable. Nous repartons avec deux gros ryzhomes de gingembre… bon sang un bon kilo, qu’est-ce qu’on va faire de tout ça ? Il n’y a qu’Irène qui en mange ou en met dans son thé du matin…. Nous leur laissons deux viennoiseries achetées ce matin à Kochi avant de partir. Un arrêt chaleureux avec ce couple d’anciens.

C’est la journée des tunnels, nous en aurons traversé onze entre 130 mètres et 970 mètres de long.
La montagne est pas mal percée par ici et c’est tant mieux, ça nous évite de grimper des pentes vertigineuses au vu de l’habitat accroché aux flancs de la montagne.

Le petit port

Il fait nuit quand on arrive à Nakatosa, on flippe un tantinet y’a pas vraiment de verdure dans ce village du bord de mer, le village est pentu et ses rues sont étroites, où va t-on réussir à poser la tente ? Finalement, comme toujours, on trouve un chouette endroit auprès d’un petit port de pêche, hélas entouré de béton et avec des panneaux indicateurs du sens du repli en cas de tsunami….

Une dame qui nous a vu nous installer revient peu de temps après nous offrir des bouteilles d’eau fraiche et de café chaud, nous sommes touchés par tant de gentillesse, même si on n’aime pas le café mais on se garde évidemment de le montrer. C’est seulement ce soir là que nous réalisons que les distributeurs de boissons installés un peu partout dans les rue au Japon, vendent non seulement des boissons fraiches mais également des boissons chaudes. On vérifiera ça le lendemain.

Au petit matin on entend les bateaux qui vont et viennent. Les pêcheurs sont en train de nettoyer leurs filets, une dame vient mettre des poissons sur le séchoir et les recouvre d’un filet pour empêcher les chats de venir faire bombance.

On va dire bonjour aux pêcheurs, ils sont heureux de nous montrer leurs belles langoustes. En repartant on leur offre  le gingembre et les deux canettes de café de la veille. C’est du recyclage de cadeaux.

Un rayon de soleil

Comme vous pouvez le voir sur les photos, le soleil nous accompagne et les températures sont clémentes, ce qui est bien agréable début novembre. Par contre un rayon du vélo de Joël a décidé de lâcher, on sera bons pour un remplacement sur place, pendant ce temps là la tente sèche, les pêcheurs continuent à réparer leur filets, tout va bien.

300 mètres de dénivelés et 8 kilomètres plus tard, la vue sur la vallée est géante, c’est toujours l’avantage quand on grimpe on voit les choses d’en haut.

Autre avantage non négligeable après les grimpettes, c’est que ça redescend et là c’est la banane !

Les Aruki henro

Ce sont les pèlerins marcheurs qui parcourent l’île de temple en temple, sachant qu’il y en a tout de même quatre vingt huit. Leur équipement caractéristique se compose de la chasuble blanche hakue, le chapeau sugegasa et le bâton kongōzue, plus le cahier qu’ils font tamponner à chaque temple.

Emiko et Masahiro font une petite pause, aussi incroyable que cela puisse paraitre, ce sont eux qui nous offrent de l’eau, en retour on leur laisse un sac de fruits secs. Masahiro a tellement de pansements aux pieds qu’il pourrait presque se passer de chaussures.

Plus loin d’autres pèlerins avec leur petit chien dans le sac nous offrent aussi deux petites bouteilles d’eau, ceux là auront droit à des Kitkat, ça change (on a commencé à avoir des réserves pour les gens que nous rencontrons).

Le sanctuaire de Shimanto

Voici un des points de convergence des pèlerins, l’endroit est beau et calme, comme il se doit. Nous y faisons une petite pause dans l’après midi et profitons pour visiter les ruelles du village.

Tosa Taisho

Peu avant ce village se trouve un café qui vend aussi des souvenirs, bâti en surplomb de la rivière. Comme on s’y attarde en prenant une boisson chaude, la dame nous offre des sushis pour le soir, comme ça on a le repas, pas besoin de cuisiner. Ce qu’elle ne sait pas encore est que nous avons l’intention de planter la tente sous l’abri qui jouxte son magasin.

On s’en va à pieds visiter le patelin qui est à deux kilomètres de là, ce n’est pas la foule dans la rue mais c’est tout pareil dans les villages en France, dès que le soir arrive tout le monde rentre chez soi.
Pour une fois on rencontre un autre voyageur à vélo, c’est un jeune japonais, il a posé sa tente sous un abri, mais il s’enferme bien vite dans sa tente, dommage on aurait bien partagé nos sushis et quelques propos. Le lendemain matin il répare péniblement une crevaison à deux reprises puis finit par changer son pneu.

Machine-riz

Mais qu’est-ce que c’est donc que ces drôles de cabines qu’on voit au bord de la route, on dirait des cabanes-distributeurs de billets. Pas du tout, ce sont des machines à riz. Les producteurs de riz déversent le contenu de leur sac de riz brut à l’intérieur et les grains ressortent plus ou moins blancs et polis, selon les choix de l’utilisateur. Curieux, on ne voit pas de ces machines là en Bretagne, pas plus que les « moissonneuses-batteuses » à riz qui ont l’air d’être des engins bien complexes aussi. La balle du riz est récupérée et mise en sac pour servir de paillage et sans doute autre chose mais là on sèche …..

Pour la première fois, on arrive même à trouver du thé et du riz poussant côte à côte :

Thé au riz

Ponts et tunnels

Les ponts submersibles sur la rivière Shimanto Gawa sont jolis comme tout, et toujours en service sauf lorsqu’une crue en a emporté un morceau.

Bien que le niveau soit très bas en cette saison, on se doute que lorsque la rivière est en crue ça doit sacrément déménager.

Seulement sept tunnels aujourd’hui, dont un réservé aux vélos, une première. C’est super agréable, mais il est bien court.

Et des ponts, encore et encore, on ne sait pas combien il doit y en avoir dans ce pays mais le nombre est sûrement impressionnant.

Iwajima

On se trouve un parc juste en face du sanctuaire Taga Jinja, déesse de la fertilité (On n’a pas besoin d’elle, merci on a déjà donné !). Avantage de l’emplacement, c’est près de ce lieu fameux, inconvénient, il y a du passage durant la nuit et le matin très tôt. Un chat noir a pissé sur la tente, sale bête.

On va visiter le sanctuaire, bien que le proche musée de l’érotisme soit probablement plus populaire chez les touristes, et qu’il peut y avoir un lien avec la fertilité.

En campagne (pas électorale)

Des petits trains sortis de nulle part, de gros mammouths allant on ne sait où, on rencontre de drôles de trucs dans la campagne japonaise. Les gamins qui descendent du bus sont tout contents de nous voir, on doit avoir l’air d’extra-terrestres avec nos trombines aux yeux bizarres et nos vélos plus bizarres encore.

Seiyo d’en haut

Deux fois trois tunnels avec une pente ascendante à 6%, souvent sans trottoir, les conducteurs nous doublent prudemment car on progresse comme des escargots. Plus quelques autres plus plats, ce qui nous amène à dix sept tunnels dans la même journée, un record ! Un des derniers fait près de deux kilomètres et est réservé aux vélos, c’est un régal de rouler dans un tel silence après le boucan infernal des tunnels à voitures et camions.

Les pentes des montagnes de la région sont recouvertes de vergers d’agrumes, les terrains sont très pentus , des systèmes de mono rails à moteurs permettent aux exploitants et aux ramasseurs de se déplacer, de charger les caisses et les redescendre pleines. N’empêche qu’il ne faut pas avoir le vertige pour travailler dans ces conditions ; une chute et c’est une descente rapide quelques mètres en contrebas. Même au dessus des tunnels les japonais les ont plantés et ça pousse y’en a partout.

Hao en bas

C’est un petit port en bord de mer, on y descend par des ruelles bien pentues mais en bas c’est bétonné de partout, normal pour un port. Mais c’est incroyable, même dans un si petit hameau il y a un petit jardin public au bord de la mer, ce sera impec pour la nuit, pour une fois on n’entendra ni trains ni circulation. Ni même la mer parce que la digue de béton qui nous en sépare est très haute, tant pis pour la vue, pour le prix on ne va pas se plaindre.

Les rues pentues descendues hier soir sont moins difficiles à remonter qu’on ne le craignait, on a même le temps d’admirer les bouches d’égout qui sont jolies, comme on a vu dans d’autres villes auparavant.

La fête au village

La côte est enlaidie par les brise-lames en béton et c’est bien dommage parce que la vue sur la mer est belle. Une pause au village de Mikoto où se déroule un petit festival auquel on assiste avec curiosité et plaisir attirés par la musique. Chants, danses, stands de bouffe, en fait ça ressemble à ce qu’on appelle une kermesse chez nous.

On a enfin le nom de ces gâteaux garnis d’une crème de haricots rouges asuki. Nous en avions déjà mangés des Obamyaki et la façon de les préparer est particulière. Les moules pourraient s’apparenter à des gaufriers sauf qu’ils sont ronds, il y en a une dizaine sur 3 ou 4 rangées. Le pâtissier verse une quantité de pâte jusque la moitié des moules, il attend que ça cuise un peu, ajoute au milieu une crème d’asukis prélevée dans une grande marmite à l’aide d’un ustensile assez long, décolle la moitié de gâteaux presque cuits et en recouvre l’autre moitié. Il attend patiemment (les clients aussi) que ce soit doré à point avant de les servir. Irène aimerait bien se lancer dans la fabrication de ces petits gâteaux tellement ils sont bons !

Bon on ne va pas s’éterniser non plus et faire tous les stands, alors on enfourche nos dociles Azub qui ont patienté gentiment sous l’oeil goguenard des messieurs qui font la circulation.

C’est reparti pour la route de la côte et nous avons en ligne de mire, pendant 35 km, la ville de Matsuyama se détachant sur la mer à l’horizon. On n’a jamais l’occasion de s’ennuyer en route, il y a bien souvent des points de vue étonnants, les arrêts sont nombreux.

Bon, parfois ce n’est pas terrible, comme une raffinerie qui suit un joli petit port de pêche, mais il faut bien alimenter en carburant toutes ces voitures et bateaux.

On se demande où on va pouvoir crécher à Matsuyama ce soir (c’est la plus grande ville de l’île) car toutes nos recherches de chambres sont infructueuses, les Warmshowers sont absents, les Couchsurfers aussi, guest-houses et chambres d’hôtels affichent complet. Il doit y avoir un événement quelconque, ça va être coton pour se loger.

Mais vous vous doutez bien qu’on va trouver une solution, comme d’habitude…


 

10 Comments

  1. Le Japon c’est « un bonbon sucré,,aromatisé »qui nous révèle ses secrets en enlevant délicatement le papier!l

  2. Merci pour tout ce dépaysement de coutume, de paysages, de vêtements, bref merci pour tout. Ici il est préférable de ne pas camper frrrrrr…
    Veinards, Bises à vous deux.
    Mamie Nicole.

  3. Et bah cette saison de typhon ( fonfon Les petites marionnettes !) Ca vous permet de vous plonger dansnla culture de ces villes où vous ne vous vous seriez las forcement arrêtés ! Vous etes meme pas allés au musée de l’érotisme !
    On se rappelle des tunnels en Turquie c’est vrai que c’était vraiment flippant!
    Allez courage!
    Ciao David Marie et le ou la petit(e)!

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