Thaïlande, suite et fin

De Chiang Rai à Chiang Mai

Entre ces deux villes, deux cent kilomètres et des poussières (beaucoup de poussières d’ailleurs) qui ne sont pas de tout repos. La route montagneuse est en travaux, et vu l’ampleur desdits travaux et les moyens mis en oeuvre, ça va durer encore longtemps.

Heureusement, ça se goupille fort bien : Les sections les plus chaotiques sont celles où ça descend, le reste du temps on circule dans la zone des travaux comme ça on n’est pas pris dans le flot intense de la circulation. Dans un coin particulièrement abrupt, Irène réussi l’exploit de se faire aider à pousser son vélo spontanément par un type compatissant, même pas besoin de demander.

Pour les deux derniers kilomètres de côte, par contre, elle sollicite un pickup de chantier, les gars se font un plaisir de charger le vélo et le barda à l’arrière. Comme quoi parler thaï est un atout, ou avoir un don pour s’exprimer sans connaître la langue, à moins que ce ne soit savoir faire pitié.

Joël s’est fait soulager de ses sacoches et a grimpé plus facilement la côte. Tim et Lucy ont tout monté vaillamment, sans tricher. On les pousse sur les derniers mètres, mais c’est juste pour le fun.
Arrivés au col, le panneau tant attendu suscite l’enthousiasme, ça redescend enfin :

Utilisez votre frein moteur (comme si on avait un moteur…)

L’oasis

Au milieu de ce périple poussiéreux, nous avons dégoté comme par miracle une véritable oasis : Un endroit où il y a des chambres, un restau, un joli parc avec une rivière où on peut se tremper les pieds. Le pied !

Le seul hic, c’est qu’on n’avait pas compris que le restau est fermé le soir, quand on se rend compte qu’on n’a rien à boulotter on fait grise mine. Même pas des noodles au fond d’une sacoche, on s’est fait avoir comme des débutants.
Heureusement, la déconvenue est de courte durée, le gardien nous accompagne à pieds jusqu’à un bouiboui à moins d’un kilomètre de là, où on nous sert un délicieux riz frit avec des oeufs et des légumes fort apprécié. Très obligeant, le type attend qu’on ait terminé avant de nous raccompagner, des fois qu’on se perdrait en route (alors que c’est tout droit le long de la route en chantier).

De leur coté, Christian et Caroline ont choisi d’embarquer leurs petits vélos dans un bus, ce qui est autrement plus rapide mais pas nécessairement plus confortable que nos chaises longues à roulettes.

Ban Dong Mada (aucun rapport avec Madagascar)

Ayant acquis un talent certain pour dégotter des endroits improbables, nous arrivons au terme d’une côte balaise à une ferme assez particulière. Les légumes (tomates notamment) sont cultivées en hydroponie, avec un système de filtration de l’eau très élaboré.

Le confort de nos bungalows est assez sommaire, et surtout les lits sont aussi durs que du bois, c’en est à se demander s’ils n’ont pas oublié de mettre des matelas. Heureusement qu’on a les nôtres, sauf qu’on a eu la flemme de les sortir et que du coup on a passé une mauvaise nuit. Tim et Lucy ont été plus malins.

Un incident survenu plus tôt dans la journée aurait pu nous contraindre à rester là plus longtemps que souhaité : Une petite pièce s’est cassée sur le vélo de Joël, pas moyen de continuer le voyage comme ça ; en effet la pièce est petite mais son importance est grande puisque c’est le collier de serrage du guidon et sans ça le pilotage du vélo s’apparente à celui d’un Boeing 737 Max (crash assuré)…

Après analyse des dégâts et moult cogitations, décision est prise de procéder à une réparation de fortune à l’aide d’une grosse rondelle fournie par le fermier et de la colle fournie par Tim. Mais aussi avec l’aide du chien de la ferme, particulièrement affectueux et doué pour envoyer valser les vis partout avec sa queue.
L’affaire se terminera bien grâce à la réactivité du constructeur Azub qui nous expédie illico une pièce neuve que nous recevrons trois jours plus tard en ville.

Chiang Rai

Cette ville n’y ressemble guère à la presque-homonyme Chiang Mai. Outre l’incroyable Temple Blanc, le Buddha géant et le magnifique Temple Bleu que nous vous avons présentés dans un article précédent, il y a aussi un parc assez extraordinaire qui vaut son pesant de houblon.

Le Singha Parkwat

Singha est à la Thaïlande ce que Kronenbourg est à l’Alsace, si ce n’est que Singha a eu la belle idée d’aménager un gigantesque parc accessible à tous et surtout aux cyclistes grâce à une piste qui serpente allègrement entre les plantations de thé, le lac et les prairies fleuries. Aucune publicité ne vient gâcher ces paysages remarquables, ni même aucune allusion à la bière à l’exception du dragon symbole de la marque qui trône à l’entrée.

On retrouve ces jolis arbres aux fleurs jaunes que nous avons déjà observés dans maints pays sans jamais réunir à en connaître le nom. Un lecteur assidu et un tantinet érudit pourra t-il enfin nous le révéler ?
A noter que ces arbres sont couverts de fleurs alors qu’ils n’ont aucune feuille (tout du moins en cette saison).

Le temple bleu

Revenons un peu sur ce temple assez remarquable. Bien que le Lonely Planet n’en fasse pas mention (peut-être parce qu’il n’a été achevé qu’en 2016) et qu’il soit paradoxalement délaissé par les touristes qui se portent plus volontiers sur le célèbre temple blanc, le Wat Rong Seua Ten mérite très largement le détour de quelques kilomètres pour l’atteindre.

Non seulement sa couleur est peu commune, mais la beauté de ses peintures et décors est impressionnante. Ceci aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Il s’agit d’un « vrai » lieu de culte, des fidèles viennent s’y recueillir même si on n’échappe pas aux groupes de touristes béats qui s’y font photographier devant le grand Buddha, justement là où des panneaux indiquent qu’il ne faut pas le faire.

 

Les derniers kilomètres

« À partir de dorénavant » nous roulons tous les six, ceci jusqu’à la frontière et même au delà. Avec des routes agréables et faciles, de beaux paysages, la Thaïlande saura nous plaire jusqu’au bout.

Si les grandes plaines au nord de Bangkok n’avaient guère de quoi séduire, cette région du nord est autrement plus attrayante.

Les rizières sont magnifiques au lever du soleil, et même après. Surtout pour nous qui ne faisons que passer, par contre pour les cultivateurs c’est un travail fastidieux. Les publicités des firmes agro-chimiques les incitent à utiliser leurs produits, manifestement ça marche (trop) bien.

Encore un coin sympa

Ban Noen Sombun, un nom pareil ça ne s’invente pas. Un lieu pareil non plus, d’ailleurs. Pour notre dernière nuit thaïlandaise, nous avons dégotté cet endroit bien paumé au bout d’un chemin qui semblait ne jamais devoir finir.

Une fois de plus, il faut faire des efforts pour arriver jusqu’à l’endroit où nous allons passer la nuit, mais tout se mérite. L’accueil est fort sympathique : Puisqu’il n’y a pas de restauration sur place et que nous n’avons pas de provisions, le propriétaire des lieux va tous nous embarquer dans son pickup pour aller dans un petit restau à sept kilomètres de là ; sous la chaleur étouffante on n’y serait sûrement pas allés à vélo. Il y a aussi un marché où nous pouvons nous approvisionner en fruits et acheter notre repas de ce soir qu’on fera réchauffer, que demande le peuple ?

Nos petits bungalows au confort basique mais suffisant surplombent le lac. La propriétaire passe l’après-midi à la pêche, la vie est belle.

 

C’est sur ces chouettes images que nous vous laissons, nous arrivons au Laos, changement de langue, de monnaie, de cuisine, de culture…. et de sens de circulation.

Et nous allons pouvoir critiquer le roi sans risque de croupir en prison, puisque c’est un crime dans ce pays. Il apparait pourtant que les Thaïlandais ne l’apprécient guère mais ils se gardent bien de le dire publiquement. Le monarque Rama X règne depuis 2016 et, contrairement à son père qui a beaucoup fait pour le pays, il semble qu’il se soucie essentiellement de mener grande vie en Bavière, changeant de femme au gré des saisons, élevant son caniche au rang de maréchal et consolidant son pouvoir dans un pays où l’armée est toujours aux commandes.
En France on ressortirait la guillotine pour moins que ça…


Pour ceux qui aiment les chiffres, nous avons passé 30 jours en Thaïlande, parcouru 1 130 km au rythme d’une soixantaine par jour, et notre budget quotidien (pour deux) était de 42 € (sachant qu’à part une nuit, nous avons dormi en hôtels ou guest houses).

Bye bye les Thaïs, on se taille !

 

16 Comments

  1. Sympa cette belle balade à travers la Thaïlande ! Maintenant vous partez pour… ? Vous parliez d’être au Japon pour la floraison des cerisiers, pensez vous que ce soit faisable avec le
    Covid 19.
    Bref bonne continuation et à bientôt bisous

    • Rien ne nous arrête ! ça fait longtemps que nous avons envie de retourner au Japon, on surveille la date prévue de floraison pour y filer juste à temps.
      Entre temps, nous serons au Vietnam.
      On a fort chaud mais on s’y fait, surtout quand on voit qu’en Bretagne la météo n’est pas aussi enviable.
      Bisous itou.

  2. I love the way you live life to the fullest and know there will be a way to get a meal at even a lonely bungalow by a lake at the end of the road. Enjoy Laos it is wonderful. Even small museums can be good for the people you meet. The best food is cooked in the home so ensure you make new friends, if possible. Xayaboury museum staff invited us to his home for lunch and it was one of the best meals we had in the whole journey.

  3. Vous nous avez proposé une approche de la Thaïlande différente et plus intime que celle des cartes postales habituelles. L’arbre aux fleurs jaunes est le Tabebuia argentea Britt ou arbre de trompette d’argent.
    Annie G.

  4. Voyage au delà des sentiers battus ..;ça c’est super pour nous ..découvrir de nouvelles choses et de culture..comme je dis souvent à consommer sans modération…Vive la Thaîlande ..Vivement le Laos ..
    Bernard

  5. Vous êtes de grands professionnels du voyage à vélo, et aussi du blog!
    De toutes les situations délicates, avec optimisme vous sortez haut la main.
    La déesse Guan Yin vous protège!
    Ce fut un grand plaisir de faire un bout de chemin avec vous et de partager ces bons moments!
    Bon vent vers l’est et amitié á vous quatre!

    • Comment on fait pour avoir une pièce en trois jours ? On demande à Azub, tout simplement, et ils l’expédient le jour même. Comme c’était la dernière ville ayant un aéroport avant d’arriver au Laos, pour nous cet incident est arrivé juste au bon endroit.

  6. BONJOUR LES CYCLOS MIGRATEURS

    BRAVO pour vos photos et commentaires sympas sur la THAILANDE.
    Quel est votre trajet prévu au LAOS ?
    bon courage pour affronter les montées de ce beau pays, pas toujours faciles….
    je serai sans doute à VIENTIANE vers le 10 MARS 2020. et vous ?

    PRUDENCE !

    cordialement
    Patrice
    Thailande

    • Bonjour Patrice

      Nous venons de contourner Vientiane, préférant traverser le lac et prendre ensuite une route qui descend vers le sud. La traversée du lac comme la route en question feront partie des plus grands moments de notre passage au Laos. On racontera ça prochainement…
      La 10 mars nous serons au Vietnam, on ne va donc pas se croiser.
      Bonne route, c’est un pays qui mérite d’être découvert !

  7. coucou les cousins toujours un réel plaisir de vous lire et de me marrer de vos commentaires rigolos, faites nous encore rêver de vos belles photos , on vous aime fort josseline et guy bisous

  8. Je confirme pour l’arbre aux fleurs jaunes. Mon amie érudite Brigitte me dit que ce sont bien des tabebuias !
    Ravie d’avoir pu partager un tout petit bout de votre voyage entre Thaïlande et le Laos, ça restera un grand souvenir ! Bonne continuation à tous les quatre et peut être nous croiserons nous au Vietnam ? Bises

  9. Bonjour les amis,
    Si vous êtes en panne sur vos vélos, vous faites appel à AZUB et, sitôt demandé, sitôt servi !
    Alors, lorsque vous avez une question botanique et que vous demandez,…

    L’ami Louis D, que vous connaissez, éminent botaniste comme vous savez, vous répond par mon intermédiaire :

    « Pour moi il s’agit du coton jaune (cochlospermum regium). L’arbre à coton à ses origines dans la savane tropicale Cerrado d’Amérique du sud… maintenant il est répandu en Asie du sud-est. En Thaïlande, c’est la fleur provinciale des provinces de Nakhon Nayok , Sara Buri , Buri Ram , Suphan Buri et Uthai Thani . »

    Vous avez vraiment de la chance !

    Bises et bon voyage

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