The Great Ocean Road

Une route mythique, cette Great Ocean Road avec les célébrissimes « 12 Apôtres », un peu comme la Route 66 vers la Californie ou la Départementale 100 entre Acigné et Cesson Sévigné, avec le fabuleux Val Froment au milieu.
Depuis le temps qu’on nous en parle, nous y voici enfin, nous allons voir ce que nous allons voir.


 

Nous avons quitté Port Fairy après une journée caniculaire (40°), la température est soudainement tombée de 14°, idéal pour pédaler, surtout qu’il y a un chouette vent (Traduction de « chouette vent » : Vent dans le dos. Sinon c’est une saleté de vent, voire même un satané %§&+*#! de vent).

Itinéraire ferroviaire

Il y a deux options pour arriver à la ville suivante, Warrnambool : La route classique, qui va au plus court, ou l’ancienne voie ferrée qui fait 20 km de plus mais est évidemment autrement plus attirante. On la connait un peu puisque c’est par elle que nous sommes arrivés en partie, cette fois on va la faire en totalité dans le sens inverse et c’est vraiment un bon plan. C’est plat, souvent ombragé, calme et bucolique à souhait. Les emplacements des anciennes gares se succèdent : Moyne, Kirkstall, Crossley, Koroit, Illowa…


Les meilleures choses ayant une fin, l’itinéraire finit par quitter l’ancienne voie ferrée mais c’est bien aussi car il emprunte de petites routes sinueuses à travers les wetlands (zones humides) jusqu’à longer la côte à l’abri d’immenses dunes. C’est un exemple dont pourraient s’inspirer d’autres contés, on n’a jusqu’ici pas parcouru d’itinéraire aussi bien aménagé.

On déboule à Warrnambool

salle de repos du backpacker à Warrnambool

Le meilleur choix pour camper dans cette ville est de ne pas aller dans un camping, ils sont affreusement chers, mais au backpackers du coin, lequel dispose d’un grand carré de pelouse pour un prix plus raisonnable, et on bénéficie de tous les services comme si on avait pris une chambre : Cuisine bien équipée, immense salon aux fauteuils généreux, wi-fi, etc. Le luxe !

La ville est surprenante, avec ses maisons en dur et son village « historique » qui n’est en fait qu’une reconstitution accessible moyennant $ 16 ; on n’a pas envie d’aller dans cet espèce de décor à la Dysneyland, préférant aller flâner en ville où sont les vrais gens. Un square avec des musiciens, des gens affalés sur la pelouse, c’est sympa. Rencontre avec un couple de cyclo-voyageurs dans nos âges : Prue et Peter, ils habitent Melbourne et viennent d’Adelaide, des costauds.

Mais c’est à croire que les bretons se sont donné rendez vous ici dans cette petite auberge, voilà qu’arrive une famille, les parents et leurs 2 enfants âgés de 27 et 20 ans. Originaires de Chantepie (près de chez nous) on fait connaissance de Philippe, Christine, Hugo et Maude qui elle fait des études de sport en Australie ; c’est la raison pour laquelle ses parents et son frère ont fait une escapade pendant ses vacances. Le monde est petit dit on, c’est bien vrai ! Philippe et Christine on fait la fête au mois de juillet chez Pédro, notre voisin fermier près du Val Froment…incroyable. On ne le remarque pas, mais à une table voisine un jeune homme nous écoute sans oser intervenir. Ce n’est que le lendemain matin que nous rencontrerons Jean François, originaire de Fougères et qui entame sa seconde année en Australie, travaillant pour Véolia en tant que conducteur de travaux il est bien content de son sort, il adore l’Australie.


L’Art Galery est hélas fermée, on y reviendra le lendemain et ce sera une bonne idée car elle est petite mais sensationnelle : Outre une surprenante collection d’oeufs peints et de beaux tableaux, on y découvre une sculpture bluffante ; il s’agit d’un couple d’humains endormis, extrêmement réalistes du point de vue anatomique (incarnation de la peau, veines, ongles, poils), si ce n’est qu’ils ont des têtes de renards !


Phantom Ride, une réalisation audiovisuelle de Daniel Crooks nous retient captivés : Sur deux grands écrans côte à côte on voit la caméra se déplacer lentement sur une voie ferrée, vers l’avant pour un écran, vers l’arrière pour l’autre ; le décor dans lequel la voie ferrée évolue change comme si on entrait dans un miroir, et ceci sans image de synthèse, on voit que ce sont des décors naturels mais l’astuce est entièrement dans la technique de montage. Impressionnant.

Cheese World

Pas étonnant qu’il y ait une fabrique de fromages maousse-costaud dans cette campagne, c’est plein de fermes laitières par ici.

Il s’agit de la Warrnambool Cheese & Butter, créée sous forme de coopérative par un groupe de fermiers en 1888 et qui a bien grandi, elle compte aujourd’hui 500 employés ; bon, il n’y pas de quoi se pâmer non plus, c’est du fromage australien… On s’arrête à la boutique qui vend aussi des produits locaux et du chocolat. Tiens donc, Irène achètera un fromage « vintage » qui assure-t-elle, un un peu plus de goût que les autres, parce qu’ici on déguste à volonté, Joël choisit plutôt le chocolat ! Tous les deux nous nous empiffrons…


Le musée derrière la boutique est intéressant, un petit voyage dans le temps et le quotidien des gens d’avant, avec le sentiment de commencer aussi à faire partie du décor puisqu’on retrouve des objets de notre enfance, voire notre jeunesse…

Port Campbell

On n’avait pas prévu d’aller si loin, mais le camping de Peterborough est vraiment trop cher ($ 50), c’est carrément abusif et le gérant désagréable, alors on file au patelin suivant, Port Campbell, 13 km plus loin. Bonne pioche, c’est un camping communautaire, basique mais suffisant. Et là on retrouve nos Suisses de Lucky Bay (avant la traversée du Nullarbor, vous vous rappelez ?), Laurenz et Eliane. Ce n’est qu’une demi surprise car Laurenz nous avait fait un sacré coup dans l’après-midi, alors que nous pédalions tranquillement sur la route en plein champs : Soudain on voit de loin une silhouette, cheveux au vent et qui s’agite, un type qui fait du stop ; ici, un piéton, comment est-ce possible ? C’était lui qui voyageait en voiture avec des potes, ils avaient planqué l’auto dans un chemin et l’effet de surprise a été total, on n’en revenait pas. Ils nous ont offert des fruits frais bienvenus.

La Great Ocean Road, ça déchire grave

Même si elle commence officiellement avant, cette route mythique ne prend réellement son sens qu’à partir du moment où elle longe la côte et ses falaises. Nous y voila, et même si ça monte et ça descend, c’est un plaisir permanent. Il y a plusieurs endroits où l’on peut accéder à des loockouts (points de vue) impressionnants, donnant sur des rochers superbes et des falaises vertigineuses. Cette côte est vraiment remarquable, en effet.


Le point de vue le plus connu est « Les 12 apôtres », ce sont les rochers les plus photographiés d’Australie et on sait pourquoi : Il y a une foule pas possible, les cars de touristes arrivent là, le chemin d’accès est un vrai boulevard. Certes, c’est beau, mais ça n’explique pas pourquoi il y a si peu de monde aux autres loockouts situés le long de la route, lesquels donnent pourtant accès à des vues saisissantes :

On ne fait pas comme ceux qui font l’aller-retour de Melbourne juste pour voir les 12 apôtres (et dorment dans le bus tout du long, quel gâchis!), on s’arrête partout, mais il est vrai qu’à vélo c’est beaucoup plus facile que pour un bus, on en est bien aise. Si vous décidez de venir trainer par là, ne faites surtout pas appel à ce genre de voyage en groupe : Faites le à vélo (idéal) ou sinon en voiture et prenez tout votre temps. Sinon, autant rester chez soi…

A noter que ces apôtres ne sont pas 12 et ne sont d'ailleurs pas plus apôtres que nous, au départ le nom était "La truie et ses porcelets" mais à un moment il a été jugé que ce n'était pas très vendeur comme nom pour attirer les touristes. C'est comme pour Surfers Paradise, il y a des types qui ont le coup pour trouver des noms qui claquent, et ça marche super bien. Peut-être que si on renommait Le Val Froment (c'est là qu'on habite habitait) "Le Val Merveilleux" les touristes viendraient en masse, ça intéresserait des promoteurs, ils construiraient un tas de trucs hideux, les gens achèteraient ça à prix d'or... En fait non, c'est pas une bonne idée, laissons ça aux australiens.

Les 12 apôtres en question

Tadaaaaa ! Les voici, la lumière n’est pas fantastique ce jour là mais les photos donnent tout de même une idée de la chose (et de la foule qui va avec) :

Ceci fait, on continue et la côte est vraiment trop belle, on mitraille tout ce qu’on peut, on s’arrête sans arrêt (l’expression est intéressante, non ?), et c’est ainsi que nous rencontrons deux jeune bordelais Marion et Kent qui viennent d’arriver depuis 2 mois, nantis d’un van qui ne ressemble pas aux vans habituels des backpackers, celui ci a plutôt le look des camionnettes d’artisans, alors ils peuvent stationner la nuit dans les villes sans se faire coincer par les rangers. On reste discuter avec eux un long moment, ça fait aussi partie des plaisirs du voyage, papoter ! Ces deux là ont la tête sur les épaules et plein de projets, bonne chance les jeunes !!!

Allez, pour vous montrer que même plus loin il y a de chouettes coins à voir, voici une dernière série de photos de derrière les fagots :

 

La ville du prince

On se retrouve le soir dans camping haut perché de Princetown (Où il n’y a ni prince ni ville, tout au plus un hameau) avec une vue imprenable sur la rivière qui se jette dans la mer, le camping est tout petit entouré de verdure. on y accède en poussant nos vélos sur un chemin escarpé et une fois installés on  s’en va faire une jolie rando pour découvrir les falaises toutes proches et une mer démontée qui charge ses rouleaux avec vigueur, c’est beau on a l’impression qu’elle va nous engloutir…

On croise à nouveau Prue et Peter qui sont installés dans le camping près de la rivière, ils ne le savent pas encore mais ils vont avoir la visite, la nuit prochaine, d’un kangourou qui va sauter sur leur tente et l’a déchirer grave. Ça doit faire un drôle d’effet de se retrouver avec des pattes de kangourous au milieu des sacs de couchage à 3 heures du matin !!!

 

Quand la Great Ocean Road prend de la hauteur

On est à la limite de la publicité mensongère avec cette route côtière qui tout d’un coup se débine dans les hauteurs, on se demande bien pourquoi mais l’avantage est que ça change bien de paysage.

Ça commence par une longue côte, on transpire déjà, mais c’est joli comme tout, la route est sinueuse entre les vallons et les collines, on grimpe comme la température : Lentement mais sûrement. Nous sommes dépassés par Prue et Peter qui en ont dans les mollets, leur tente déchirée ne les empêche pas de grimper à une allure qui fait rêver.

 

 

C’est affamés que nous arrivons à la road house de Lavers Hill qui, comme il se doit, est en haut d’une colline, et sommes applaudis par les clients attablés dehors. Parmi lesquels deux corses contents de rencontrer des cousins bretons.

Un autre cycliste arrive, jeune celui-là : Anaël originaire de St Malo, il baroude depuis pas mal de temps de par le monde.

Léon, un client local sympa, nous conseille de ne pas rester sur cette route mais de prendre la Colac Lavers Hill road pour aller à Appolo Bay car elle est plus plate et plus belle, et moins fréquentée. Il nous dessine un plan sur un bout de papelard, c’est drôlement bien d’être tombés sur lui, sinon on suivait comme des moutons la Great Ocean Road et on serait passés à coté de quelque chose, comme vous allez le voir.

Avant de s’en aller, Léon nous offre deux boissons en bouteille pour la route, « Champagne » pour Irène et « Bundaberg » pour Joël, il les a enroulées dans un torchon et mis dans sac plastique rempli de glaçons pour que ça se garde au frais. Quelle gentillesse ! Dire qu’on ne le reverra jamais et qu’on n’a même pas de photo de lui…

Anaël est parti le premier, on va suivre cet itinéraire prometteur, il veut trouver des fruits et légumes dans une ferme indiquée sur la carte. La route est une ancienne voie ferrée depuis longtemps convertie, quand on voit le relief on se demande comment des trains pouvaient grimper ça à l’époque. Elle était utilisée pour le commerce du bois dans la région, de grands épicéa de l’Oregon.

Ferguson, déveine et chance à la fois

On retrouve Anael au free camp de Ferguson au sommet d’un petit vallon, bien paumé au carrefour des routes de Colac et Beech Forest.
C’est plutôt rustique comme campement, à part un abri minuscule, une table et un vieux terrain de tennis il n’y a rien. Vu le prix « free » on ne va pas se plaindre, mais des toilettes seraient bienvenues.

Qu’à cela ne tienne, il y a à cette intersection un ancien hangar à patates qui a été transformé en café-musée-épicerie. On se demande ce qu’il fait là, il n’y a rien d’autre à des kilomètres à la ronde, on est en pleine cambrousse. Quelle chance, on y file de suite. Pas de bol, il vient de fermer, trop tard !

Fergusson Muséum, bar, épicerie : Le bienvenu sauveur des cyclomigrateurs !!!

Pour les toilettes et la douche Irène a de la chance, elle utilise celles qui sont derrière le café, il y a même de l’eau chaude, le luxe. Les gars (Anael et Joël) ont moins de chance, la nana du café leur dit que c’est pour les clients, il faudra revenir demain matin.

Il avait raison, Léon, de nous faire passer par Ferguson. Mais savait-il qu’on allait s’y retrouver coincés par la météo ? Parce que la nuit a été fort agitée, trombe de pluie et  rafales à décorner les kangourous (A ceux qui objecteraient que les kangourous n’ont pas de cornes, c’est justement à cause de ce fichu vent, elles se sont envolées). C’est bien la peine d’être aux antipodes pour retrouver les tempêtes bretonnes : « Léon, on a les mêmes à la maison ! »

On se réfugie au café dès l’ouverture et on n’en bougera plus de la journée. On est bien là dedans, il fait bon et la bouffe est bonne, heureusement qu’il y a cet endroit sinon on serait restés coincés dans la tente… Anael fait de même, de toute façon on est bloqués. Et comme on n’a que ça à faire, on en profite pour utiliser la douche, ça réchauffe.

Seconde nuit, c’est toujours la flotte… Nous revoici blottis au café dès l’ouverture, on va finir par demander une carte de fidélité. Anael est là aussi, mais plus courageux que nous, il se jette à l’eau (!) en prenant le départ sous la pluie.
La proprio du café nous prête son PC pour consulter la météo, on voit que cette humidité venteuse est localisée sur les hauteurs, en descendant sur la côte on devrait y échapper. Après un lunch revigorant, on se lance donc à notre tour et évidemment on n’échappe pas aux averses, mais l’avantage est que le vent nous sèche vite entre deux.

La route est très agréable et sinueuse, elle serpente au sein d’une rain forest (forêt tropicale) avec des arbres immenses et des fougères géantes, ce qui nous rappelle un peu les forêts du nord de Cairns, c’est surprenant dans cette région au climat méditerranéen. Vu qu’on en avait bien bavé pour monter à Ferguson, on se faisait un plaisir à l’avance des 10 km de descente annoncés mais il a fallu utiliser les freins bien plus qu’on aurait aimé à cause de la route trempée et pleine de feuilles et bouts de branches tombés durant la nuit, et de la pluie qui pique le visage dès qu’on commence à aller vite. Quel dommage…

On arrivera en bas bien en sueur sous nos vêtements de pluie, car la température n’est pas basse et on s’offrira encore quelques petites montées histoire de bien marquer nos esprits de cette route qui le mérite, et on a une pensée affectueuse pour Léon qui nous l’avait promise plate et descendante…. Il n’avait pas tout faux !

 

 

9 Comments

  1. Elle est vraiment superbe, cette bouffée d’oxygène, d’espace et de liberté.

    Opposée à la frénésie de notre vie professionnelle, vous me donnez l’impression de planer au-dessus des autres, sereins et curieux, empathiques et déterminés.

    Belles journées et à très bientôt

  2. Et le Champagne dans tout ça ?
    Et assurément de très belles images de la « Great ocean road ». Quels chanceux !

    Bonne continuation à vous.
    Amicalement

  3. Sincèrement, merci de me faire voyager. Une envie maintenant, prendre mon sac à dos, mon bâton et marcher, marcher, marcher encore.
    Continuez, c’est un régal !

  4. le rêve mais j’ai cru y voir un peu de notre BRETAGNE les tas de pois et la pointe de dinan
    il manque juste l’ile vierge et les oursins!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    ainsi je voyage avec vous BISES

  5. Bonjour De Charente Maritime
    On the road again …cette chanson traîne dans ma tête …en lisant votre reportage..

    Lundi j’étais avec le collège André Malraux à Châtelaillon près de la Rochelle…avec un contact » direct « Image et son « sans passer par les satellites avec Thomas Pesquet ..avec la logistique des ondes radioamateur.
    Une réussite ..la récompense « Les Yeux pétillants des Elèves »..Magique on a rêvé ..un évènement inoubliable ..et la surprise des chaînes de télévision ..Fr3 et TF1…à suivre..Il y a la peut-être une graine d’Astronaute…à suivre..

  6. Vu la grandeur des fougères, vous auriez pu penser que c’était souvent humide le coin!!!! d’ailleurs j’ai croisé les mêmes dans la forêt de Brocéliande…(lol!)
    bisous les cyclos, vous nous faites toujours bien rêver!

  7. Bonjour Irene et Joel!

    Vos fascinantes aventures nous permettront de bien préparer la nôtre Je prends bien note de vos recommandations. Ce fut un plaisir de vous lire! Je lirai les prochains épisodes avec intérêt!

    Bonne route!

    Audrey (du Québec),voyageant avec Max (autrichien avec son gros vélo cargo), rencontrés au parc national Freycinet.

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