Ça faisait un petit bout de temps qu’on n’avait pas enfourché nos montures pour aller pédaler hors de Bretagne, voilà qui est fait. Cette fois-ci pas de destination lointaine, la Thaïlande et le Cambodge nous ont bien réchauffés cet hiver, l’été est plus propice aux escapades locales.
Nous repartons en compagnie de nos compères Edith & Michel, avec lesquels nous avions joyeusement parcouru les vallées du Lot, de la Garonne, de l’Aveyron et autres cours d’eaux tout aussi charmants (ce qui avait fait l’objet du film Garlortav qu’il faut absolument avoir vu, même s’il ne passe plus pas sur Netflix).
Cette fois-ci c’est la Bourgogne, ses canaux, rivières et vignobles qui nous ont tant tentés. Seront-ils à la hauteur de nos espérances ? C’est ce que nous allons voir.
Le canal de Bourgogne
Nous nous rendons au point le plus proche du circuit officiel du « Tour de Bourgogne à vélo« , ce qui fait tout de même près de 500 km en voiture, ce n’est certes pas la partie la plus agréable du voyage mais après ce seront 14 jours en plein air sans consommer une goute d’essence, alors ça vaut le déplacement.
Déjà, on peut confirmer que les escargots de Bourgogne, ce n’est pas du menu fretin comme ceux qui envahissent nos potagers bretons dès qu’il pleut (donc très rarement comme chacun sait). Ici c’est du maousse costaud, un seul de ces bestiaux doit vous dévorer une laitue en un rien de temps. Il faut dire que nous sommes accueillis par la pluie et que la météo va sans cesse essayer de nous mettre des bâtons dans les roues, en vain.
Migennes, la ville de départ, est juste au nord d’Auxerre et ne présente pas un intérêt fou, si ce n’est que c’est là que l’Yonne et le canal de Bourgogne se rejoignent et que c’est un noeud ferroviaire très important. Bon endroit pour démarrer, même si on nous a dit que ledit canal n’est pas le plus chouette de tout le parcours, et on peut confirmer : Très longues lignes droites au milieu de paysages plats sans attrait particulier, avec des averses pour mettre un peu de variété là dedans. Dit comme ça, ce n’est pas très vendeur notre truc, mais vous verrez plus tard qu’en faisant le tour dans ce sens là on se garde le meilleur pour la fin, et en fait ce n’est pas désagréable du tout.
Quant aux lignes droites, il faut reconnaitre qu’on ne voit pas pourquoi les concepteurs se seraient amusés à faire des virages là où ce n’était pas nécessaire, on ne peut pas trop leur en vouloir.
Et puis il y a tout de même de la variété dans la volaille qui hante les lieux, c’est agréable :
Ce canal comporte un nombre d’écluses invraisemblables : 189 le long de ses 242 km de longueur, près d’une par kilomètre ! À l’époque ils ne savaient pas faire des canaux en pente (200 ans plus tard ce n’est toujours pas très au point, d’ailleurs).
On ne voit que fort peu de bateaux, par contre ce sont de belles péniches (et bestioles). Vu le faible trafic, il est actuellement question de fermer certaines sections du canal, ce qui fait vivement réagir les populations locales.
Une étape du tonnerre
La journée ayant commencé sous la pluie, quoi de mieux que d’aller visiter une fontaine à Tonnerre pour la terminer ? Le niveau d’eau dans la Fosse Dionne est loin d’être à son maximum (en hiver ça déborde de partout), néanmoins le lieu est sympa, tout comme la ville qui n’est pas bien grande mais dont le centre historique essaie d’être animé. Ce soir là il y a un dîner cubain sur une place en ville, nous nous y rendons avec entrain mais sommes quelque peu désappointés de constater que les musiciens n’arrivent sur scène qu’à la nuit tombée alors qu’ils étaient prévus trois heures plus tôt ; comme la scène n’est pas éclairée on ne perçoit que des silhouettes, et la musique n’est pas terrible (tout comme le repas n’était pas très cubain), on rentre dans notre abri.
A l’issue de cette première journée humide (et marquée par une première crevaison), nous avons préféré jouer la sécurité en choisissant un hébergement en dur au camping, dans une espèce de curieux silo horizontal qui ne servira même pas à nous abriter car il n’a pas plu de la nuit. On ne renouvellera pas l’expérience.
Châteaux, abbayes et Cie.
Comme on n’a pas pour vocation de pédaler à longueur de journées, on fait de petits détours pour visiter ce que nous suggère notre guide de voyage, avec plus ou moins de bonheur.
Le château de Tanlay est joli sur les images, vu de près il est un peu décevant même si l’allure générale est flatteuse (Comme quoi il ne faut toujours se fier aux apparences). Néanmoins il a des paratonnerres remarquables, ce qui va bien avec le ciel toujours menaçant.
L’abbaye de Fontenay est par contre aussi remarquable à l’intérieur qu’à l’extérieur. Elle nous fait une forte impression, on ne peut que recommander le joli détour pour s’y rendre. Les explications sur la vie de l’époque sont très intéressantes, notamment concernant les ateliers de forge qui furent renommés (comme quoi les moines ne faisaient pas que du fromage ou de la bénédictine).
Partis du département de l’Yonne, nous sommes passés très furtivement dans celui de l’Aube (ce qui n’a pas suffit à nous faire lever plus tôt), nous voici maintenant en Côte d’Or. Miam !
Un autre beau détour, celui qui mène au village médiéval de Châteauneuf. Là les filles se dégonflent, elles restent au bord du canal pendant que les gars suent sang et eau pour aller visiter le château… qui s’avère fermé ce jour là ! Néanmoins le village est très joli, la vue superbe, et les glaces aussi délicieuses que méritées.
Le paysage devient très agréable dès que le canal emprunte la vallée de l’Ouche, rivière qui rejoint Dijon. Malheureusement, l’autoroute a la même idée, par moments on la longe d’un peu trop près mais heureusement ça ne dure pas trop car c’est bruyant et ça nous change du calme habituel.
Dijon
Voilà une cité qui pourrait mériter un long arrêt, ce n’est pas pour rien qu’elle est labellisée « Ville d’art et d’histoire » par l’Unesco ; Nous nous contentons d’une demi-journée et ça donne déjà un bel aperçu, il faudra revenir.
Pour la moutarde, il y a belle lurette qu’elle n’est plus fabriquée ici même si on trouve des boutiques qui en vendent au prix fort, notamment la moutarde Fallot qui est excellente (rien à voir avec Amora ou Maille (propriétés de multinationales américaines)) qui est en fait fabriquée à Beaune.
C’est au lac Kir (!) que nous plantons nos tentes, après 57 km et avant une nuit bien venteuse. Ici comme les jours précédents le camping est complet mais « il y a toujours de la place pour les cyclistes ». Nous profitons d’être en ville pour aller faire une lessive et quelques courses dans un quartier de HLM où, pour une fois, on ne laisse pas nos vélos seuls car l’ambiance ne s’y prête pas vraiment (c’est Michel qui monte la garde).
A travers la vigne
C’en est terminé du canal, on va mettre du vin dans notre eau, ça changera un peu. Durant deux jours nous allons traverser quelques lieux dont les noms sont familiers, même si tout le monde n’a pas tous ces grands crus dans sa cave : Pommard, Meursault, Nuits-Saint-Georges, Vosne-Romanée, etc. Faute de place dans les sacoches on n’achète aucune bouteille, c’est un autre avantage du voyage à vélos : On fait des économies…
Coté relief, ça change aussi des chemins de halage. Les coteaux portent bien leur nom, ça pique un peu par moments mais c’est bien agréable de serpenter entre les vignobles. Hélas ça pique aussi les narines, les traitements phytosanitaires sont omniprésents.
Beaune appétit !
Au milieu de toutes ces vignes trône la bonne ville de Beaune, avec ses célèbres hospices. Comme le ciel est toujours aussi chafouin, une visite en intérieur est bienvenue; elle s’avère extrêmement intéressante, notamment grâce à des audio-guides très bien faits qui donnent envie de tout découvrir, jusqu’à des détails insoupçonnés.
Un petit tour à l’incontournable moutarderie Fallot, où nous nous chargeons encore de quelques pots, ça commence à peser dans les sacoches et il va falloir essayer de ne pas les casser.
Le vent qui était déjà fort le matin a redoublé, évidemment on l’a de face sinon ce ne serait pas drôle. Quelques averses pour corser la chose, on arrive au camping de Chagny bien mouillés. La Saône et Loire ne se laisse pas approcher si facilement que ça.
Dilemme
Nous avons un choix à faire : Soit on poursuit sur le circuit officiel du Tour de Bourgogne à vélo, qui fait théoriquement 664 km en tout, soit on ajoute un diverticule pour aller voir l’abbaye de Cluny, ce qui en ajoute environ 180. C’est un peu ballot car ça nous ferait passer deux fois à Châlons sur Saône et ne nous permettrait pas d’avoir une seule journée sans pédaler, mais c’est tentant tout de même pour découvrir cette célèbrissime abbaye.
Alors, qu’allons-nous choisir ? Vous le découvrirez dans le prochain épisode (A moins que vous ne consultiez la carte Ouskison ? qui vous donnera la réponse).
Cet épisode s’est déroulé du 27 juillet au 2 août.
Ah enfin de vos nouvelles ! C’est rafraîchissant de vous lire par ces temps de canicule ! Des bises cantaliennes 😉
pas trop chaud la bas .
merci pour ce voyage en Bourgogne ..J’ai quelques origines du coté de mon père ..
Au plaisir Bises de Rochefort
Joël, tu as crevé avec les Schwalbe ou avec la nouvelle marque de pneus ?
A Baume, vous avez tourné un remake de la grande vadrouille en vélo couché
Merci pour ce beau reportage. En Bourgogne il me semblait qu’à la vitesse de l’escargot il fallait se lever à l’Aube. Bon voyage.
Bonjour,
Dommage que vous n’ayez pas fait un détour par la Voie bressane et la petite ville de Louhans qui vaut le détour. Cette voie se prolonge jusqu’à Lons le Saulnier, préfecture du Jura et au delà dans le Revermont. une prochaine fois peut-être