Vietnam express – La fin

Seconde et dernière semaine au Vietnam, qui va se terminer plus tôt que prévu.

Dans cet épisode :
– Après les gigantesques grottes de Phong Nha, un autre endroit souterrain, pas naturel du tout.
– Un apprentissage de la xénophobie
– Une nuit dans un cimetière,
– Une crevaison
– Une course contre la montre

(Ce résumé est pour ceux qui nous disent ne pas avoir le temps de nous lire, ils ne regardent que les images, comme les enfants).


A vos masques, prêts, partez !

Ca y est le décor est planté, le virus nous rattrape. Notre hôte nous demande ce matin si nous n’avons pas de fièvre et si tout va bien. Nous lui demandons où nous pouvons nous procurer des masques. Il semble bien que les boutiques et les pharmacies soient déjà dévalisées pour ce qui concerne les masques jetables. Par contre elle peut nous fournir des masques en tissus cousus (bien épais) c’est toujours mieux que rien ! La question est : Va-t-on pouvoir respirer la dessous avec ces températures ? En tout cas nos déplacements extérieurs vont se faire dorénavant masqués, excepté lorsque nous sommes sur nos vélos. C’est ici dans cette ville de Dong Hoï que nous faisons connaissance avec la mer de Chine. Elle est plutôt grise ce matin et la plage complément désertée. Seuls les enfants s’amusent à nous suivre avec leurs bicyclettes, ils ne sont pas à l’école. Ils n’ont pas d’appréhension envers nous, ils s’enhardissent à grands cris de « Hello, what is your name ? » Quand nous leur proposons de leur faire faire un tour de vélo couché, on fait des heureux.

La DMZ

Nous voici sillonnant la campagne de bon matin par des petites routes qui passent entre les hameaux et villages. Les gens nous saluent, nous félicitent et nous encouragent. Les petits marchés sont déjà bien fréquentés, on se lève de bonne heure par ici. Ne dit on pas que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ?

Chers lectrices et lecteurs, il est temps de vous préciser que nous sommes à ce moment là le samedi 14 mars et que l’information et l’évolution du Covid19 commence vraiment à avoir des conséquences. Vous constatez également notre retard dans la rédaction de nos articles… Nous sommes décidément incorrigibles !

Nous sommes maintenant dans la province du Quand Tri, au centre ouest du Viet Nam, dans la DMZ, zone démilitarisée qui délimitait le Nord et le Sud du pays pendant la guerre qui a duré 20 ans, de 1955 à 1975 ! Des villages et des hameaux que nous traversons il ne restait plus rien. Pas un arbre, pas une maison n’avait résisté aux 7 tonnes de bombes par personne qui sont tombées ici en juin 1965, démentiel. Les habitants du Nord Viet Nam (les Viet Cong) décident tout de même de rester sur leurs terres natales et de combattre au lieu de fuir.

Les tunnels de la survie

C’est ainsi qu’en l’espace de 13 mois, la population va creuser pas moins de 42 kms de tunnels reliant les villages les uns aux autres, logeant les bords de la rivière Ben Hai. Ce sont ceux du village de Vinh Moc que nous allons visiter. Ces tunnels ont été l’habitat quotidien de ce village côtier abritant plus de 90 familles qui se terraient dans les trois niveaux de tunnels étalés sur presque 2 km, continuant à vivre et à travailler pendant que les bombes américaines pleuvaient sans répit autour d’elles. 17 enfants sont nés dans ces tunnels. Au plus fort de la guerre ce sont plus de 1 200 personnes qui sont venues s’y réfugier.

Un petit musée relatant cet épisode sanglant pour toute une génération se tient à l’entrée du site avec photographies à l’appui. On peut y voir le creusement des tunnels, la mobilisation de la population du plus jeune au plus âgé, les bombardements et surtout la vie qu’y s’est organisée à l’intérieur comprenant une école, un dispensaire, des cellules familiales, des points d’eau, des coins toilettes. A l’heure où nous écrivons ces lignes il est question de confinement général dans plusieurs pays dont la France… Ces familles ont vécu dans ces tunnels durant 6 années. Il n’y eut aucune perte humaine. Sauver sa peau n’a pas de prix et demande des sacrifices.

Il y avait treize entrées bien gardées et jamais l’ennemi n’a pu y pénétrer. Trois niveaux de tunnels sur trente mètres de profondeur on imagine aisément que les personnes souffrant de claustrophobie ont du avoir les nerfs mis à rude épreuve. En tout cas Irène laisse Joël continuer la visite tout seul, préférant remonter à la surface et retrouver le ciel au dessus de sa tête !!! Impressionnant.

Les petits jeunes

Bien que le ciel soit gris le temps est lourd et humide, nous reprenons la route et savourons le paysage qui a repris ses droits. Haies denses et jolis champs de cultures vivrières bordent la route côtière qui n’en finit pas de monter et descendre. Nous retrouvons la douceur des villages côtiers de pêcheurs, l’odeur du poisson séché, les couleurs des filets le longs des palissades des habitations. De magnifiques emplacements de bivouac nous tendent les bras, dommage qu’il soit bien trop tôt pour piquer la tente.
C’est au village de Thach Nam sur la DT 576b que nous allons faire la rencontre de la journée.

Alors que nous sommes arrêtés pour photographier des bandes de canards blancs (qui finirons en BBQ sans aucun doute) nous voyons arriver un jeune couple de cyclistes à vélos. Des vrais, de ceux qui se trimballent avec tout leur barda et que l’on reconnait de loin à leurs silhouettes particulières. Avançant doucement vers nous, Irène les voit la première « des cyclistes, des vrais, je reconnais les sacoches » . Ces deux là parcourent le monde à vélo depuis quelques années. Ayant vécu un certain temps en Nouvelle Zélande ils ont entrepris leur retour en France par des chemins de traverse, ils pensent y arriver d’ici une année.  Nous avons nommés Violette et Charly, ils n’ont pas trente ans les veinards ! Pour découvrir leurs motivations allez faire un tour sur leur site antipodesanscarbon.wixsite.com.
Ce sont les premiers vrais baroudeurs que nous rencontrons (et qui s’arrêtent) depuis que nous sommes en Asie du Sud Est, nous avons tout plein de choses à partager, notamment nos interrogations au sujet d’une certaine forme de rejet d’une part de la population croisée. Bonne route les amis, faites gaffe au covid19 ! A l’heure où nous écrivons ces lignes, ils sont à l’abri chez une famille française au Laos, confinement oblige.

Couleurs locales

Quand au village suivant on s’arrête pour prendre un café et essayer de manger quelque chose, on fait chou blanc. La dame qui officie nous dit qu’elle n’a rien à manger, tant pis on se contentera donc d’un café. Irène a bien remarqué un régime de bananes et des fruits sur le comptoir. Quand elle demande à en avoir une on lui fait signe que non, elle insiste en faisant des signes qu’elle a faim, le monsieur présent finit par rire et lui montre l’autel des ancêtres un peu plus loin dans la pièce. Pas question de manger les offrandes destinées aux grands pères et grands mères, non mais ! N’empêche que la dame finit par nous apporter des « dragon fruits » et une espèce de petite pomme avec des noyaux qu’on n’a pas réussi à savoir ce que c’était (pas terrible).

C’est reparti jusqu’à Cua Viet, une petite ville côtière conséquente, on va surement trouver de quoi se remplir l’estomac. Ca va être juste un peu bizarre parce qu’on va se faire refuser dans deux échoppes dont une avec de grands gestes furieux du style « allez voir ailleurs si j’y suis », nous sommes un peu déconfits il faut bien l’avouer. C’est une petite dame qui va nous accueillir devant sa boutique et nous servir un bon Bun Bô. Cette dame ne nous a pas chassé et elle ne porte pas non plus de masque.

Sous le pont qui enjambe la rivière Song Tach han les bateaux bleus aux bandes rouges se balancent doucement et les carrelets sont dressés prêts pour la prochaine marée. Nous donnons un petit billet à une dame âgée édentée qui mendie et essaye de vendre sa friture.

Xénophobie

Etymologie : du grec xenos, étranger et phobos, peur, effroi.
La xénophobie désigne les sentiments systématiques de crainte, d'hostilité, voire de haine envers les étrangers. L'étranger est perçu comme un ennemi, ce qui entraîne des réactions de peur ou d'hostilité, ou les deux. Dans les formes extrêmes, la xénophobie peut dégénérer en haine ou en violence.

Pour la première fois, nous allons percevoir ce que représente la xénophobie quand on en est victimes. On peut vous dire que ça fait drôle, on comprend maintenant mieux ce que vivent les réfugiés qui se font jeter de partout, même si évidemment notre situation n’a rien de comparable.

Nous nous dirigeons maintenant vers la ville de Dong Ha où nous espérons trouver une chambre ou un endroit où piquer la tente, même si nous sommes maintenant dans une région de rizières. Au premier petit hôtel repéré, quand la dame nous voit stopper de l’autre côté de la rue, elle se précipite à la porte qu’elle ferme en nous faisant de grands gestes signifiant « partez » ! Au second, quelques kilomètres plus loin, l’homme à l’accueil ne se lève même pas de son canapé où il est allongé et nous fait signe de déguerpir. Au sortir de la ville au milieu des rizières sur une petite route on avise un bâtiment entouré d’un muret et d’un portail, est-ce un hôtel ? C’est Joël qui essuie cette fois encore un refus, pas le droit de passer le portail !!! Les dames qui nous voient stopper prêt du petit marché n’en mènent pas large, elles ajustent leurs masques, se détournent, s’interpellent en nous désignant. On va quand même réussir à acheter nos fruits et légumes pour ce soir.
Mince alors, personne ne veut de nous, la journée est déjà bien avancée et la nuit ne devrait pus tarder. On demande au GPS de nous diriger vers la campagne profonde s’il en est.

En traversant un petit village on stoppe net : une église ! C’est le tour d’Irène d’y aller. Ouf, le monsieur qui l’a reçoit est le prêtre, elle s’assure qu’il parle anglais et lui explique notre embarras d’avoir été chassés à trois reprises et que nous cherchons un endroit où poser notre tente. Pour le rassurer elle précise qu’elle est catholique (oui c’est vrai, elle a été baptisée, même si c’est une brebis égarée !), elle lui montre son passeport pour lui expliquer qu’elle n’arrive pas de France où l’épidémie commence à faire du bruit. Pas de problème, il nous ouvre les portes de l’église et nous invite à y entrer. Un peu troublés quand même d’installer nos matelas à l’intérieur de l’église, c’est bien une première. Comme on sue et qu’on colle un peu on file vite fait faire notre toilette à l’eau froide à l’aide de la douchette des WC (pas de chichi). Quand enfin rafraichis on se prépare pour faire notre popote, notre jeune curé interroge Joël sur « combien de temps comptez vous rester ?  » « euh, juste pour la nuit ». Étonnement du curé « mais ça n’est pas possible, je ne peux pas vous accueillir, les autorités ne m’y autorisent pas, vous devez partir  !!! « . Alors là c’est carrément la déconfiture, c’est avec les larmes aux yeux que nous replions les gaules, nous voilà dans de beaux draps, même les curés nous jettent !!! Quand on lui dit au revoir nous ne cachons pas notre déconvenue, il semble bien embarrassé et nous bénit en espérant pour nous que nous trouverons un plan pour la nuit. Irène ne le dit pas comme ça, mais elle le pense tout bas « Tu peux te la mettre où je pense ta bénédiction ». Evidemment nous n’insistons pas, ne voulant pas lui créer d’ennuis avec les autorités locales.

Une expérience troublante qui nous propulse dans un sentiment de révolte et d’incompréhension. Nous n’avions jamais imaginé pouvoir être l’objet d’une telle frayeur. Nous redevenons bien humbles et bien démunis parce qu’il est impossible de raisonner quelqu’un qui a peur, nous filons donc notre chemin, bien amers et pour le moins dépités.
C’est fou, plein de contradictions, parce que des gens que nous croisons nous font des signes d’amitié, c’est à n’y rien comprendre. Même un type à scooter qui nous double, s’arrête et vient nous prendre en photo, il insiste pour nous serrer la main, mince alors, il y en a encore des gens qui n’ont pas peur de nous !

Nuit infernale au cimetière

Avec tout ça la nuit tombe, on ne sait toujours pas où dormir et il n’y a que des rizières à perte de vue avec de tout petits chemins qui mènent la plupart du temps vers des habitations. Nous n’osons pas demander, de peur de nous faire jeter. Ça commence à devenir embarrassant mais, comme toujours, il y a une solution. A l’écart de la route, près d’un sentier qui borde la rizière, se trouve une espèce de vieux cimetière abandonné à l’exception d’un tombeau récent qui a des allures de petit mausolée. Inspectant les lieux, on décide de piquer la tente sur un espace réduit de verdure en poussant les cailloux. On s’installe derrière un muret pour ne pas être vus de la route, et on casse la croûte en attendant qu’il fasse vraiment nuit pour s’installer.

C’est en jetant un oeil par dessus le mur que l’on s’aperçoit qu’il n’y a qu’un tombeau et que la seconde place est vide. Et si on posait la tente ici, c’est plat, à l’abri des regards et du vent ? Par politesse on demande à notre voisin de tombe si ça ne le dérange pas d’avoir des voisins pour la nuit, s’il n’a pas peur des virus ? Aucune objection, de toute façon il est déjà mort ! Nous éteignons nos lampes frontales dès que les phares d’une moto ou d’une voiture arrivent, nous ne voulons pas attirer l’attention. Comment peuvent réagir les locaux en voyant des cyclistes installés sur une tombe pour y dormir ?

Durant la nuit ce n’est pas le voisin mort qui va nous poser problème, ce sont les vivants. D’abord ceux qui passent en moto sur le chemin et ne manquent pas de voir nos vélos dans leur phares avec tous leurs trucs réfléchissants, pourvu qu’ils n’aillent pas alerter la police ou leurs copains ! Ensuite, c’est le son d’un karaoké lointain qui arrive jusqu’à nous avec ses basses insensées et ces chanteurs qui semblent s’être coincés les doigts dans une porte, et ça dure des heures. L’enfer ! Nous n’avons pas fermé la tente, il fait trop chaud, mais c’est sans compter sur le vent qui se lève et qui fait claquer la toile. Bref, la nuit ne sera pas vraiment reposante.

Hué

Après s’être fait huer, nous sommes contents d’arriver à Hué, ultime ville de notre court séjour vietnamien.

Le vent qui soufflait cette nuit était annonciateur de mauvais temps. Ca se confirme, le ciel est plombé, les nuages sont menaçants. Nous avons 40 kms à parcourir pour rejoindre la ville de Hué. Avalons nos cacahuètes et raisins secs, plions notre campement à vitesse grand V avant que les robinets ne s’ouvrent là haut et filons à vive allure. Un petit crachin va tout d’abord nous inciter à nous arrêter pour prendre une boisson chaude près d’un marché. Nous en profitons pour avertir Tim et Lucy que nous arrivons dans une heure. Nous repartons la bouche en coeur, mais c’est sans compter sur les dieux de la pluie qui vont déverser des trombes d’eau. On a juste le temps de se mettre à l’abri sous un auvent devant une petite boutique qui sent bon la soupe. C’est un mal pour un bien. Le couple ne nous chasse pas, bien au contraire ils nous chouchoutent avec deux grands bols de soupe fumante et du thé bien chaud.

Ceux là non plus ne portent pas de masques bien que nous ayons mis les nôtres. Pendant 3/4 d’heure c’est le déluge, nous avons tout le loisir de regarder le défilé de scooters et motos chargés et surchargés parfois qui font fi de la pluie, bien couverts de ponchos adaptés à la morphologie des deux roues et au nombre de passagers.

Pshiiiit !

Quand enfin nous reprenons la route, nouvel arrêt intempestif à 4 kms du centre ville. Cette fois ci c’est la roue avant de Panne qui est crevée. 20 minutes plus tard Pijo sera sera venu à bout de la réparation et Nonna aura trouvé une petite épine retirée à la pince à épiler.

C’est mouillés comme des canards que nous arrivons en ville parce que la pluie nous a rattrapé. Nous retrouvons des produits d’importation, dans le désordre : La vache qui rit, Tim et Lucy !!!

Ces deux là sont sur le départ pour le Chili prévu demain matin (16 mars), nous allons passer la soirée ensemble après avoir trouvé une chambre dans un petit hôtel où il nous faut montrer patte blanche à nouveau, c’est à dire prouver que nous n’arrivons pas en direct de France, foyer épidémique. C’est par une ultime partie de cartes que prend fin notre joyeux périple en Asie du Sud Est. Les scores sont les suivants (A ce jeu, le plus petit score gagne) : Joël 50, Irène 186, Lucy 197, Tim 224, c’est une pâtée pour Tim !!! Cette fois-ci pas de plongée dans la piscine pour le perdant (toujours le même d’ailleurs).

Toutefois nous allons les surprendre à l’embarquement de l’aéroport le lendemain. Nous avons loué un scooter à la fois pour leur faire un ultime bisou et aussi acheter nos billets pour nous rendre au Japon, notre prochaine destination prévue le 21 mars.

Nous profitons de ce deux roues pour aller visiter les alentours de la ville de Hué, notamment le joli pont couvert japonais qui se situe sur le village de Thanh Toan. Quand nous y arrivons, l’approche y est interdite pour cause de covid19. Allons bon, un pont en pleine campagne, il n’y a plus un seul occidental dans les environs, les tour-opérateurs savent que les sites sont désormais fermés. Nous l’apprenons à nos dépends. Nous allons quand même profiter d’un réseau de petites routes qui va nous mener dans des endroits charmants notamment dans des villages où les Viets ayant vécu à l’étrangers ont fait construire des petits temples pour y reposer après leur mort. Le culte des ancêtres est ici bien présent puisqu’autour de ces temples les descendants cohabitent, cultivant les jardins et entretenant la mémoires des anciens.

Les parcs à crevettes c’est ici que nous les découvrons aux environs de la plage de Thuan An désertée. Le charme de cette région nous donne envie d’y revenir et d’y passer plus de temps tant ces villages ruraux de pêcheurs nous rappellent un peu notre Bretagne.

Le temps semble s’être arrêté. C’est le calme et la quiétude qui prime sur la frénésie de la ville qui pourtant n’est qu’à une quinzaine de kms.

Nous avons prévu de rester à Hué 6 nuits. Au programme la visite des différents tombeaux, la citadelle et autres sites royaux, promenades le long de la rivière et dans les villages aux alentours. Nous allons vite nous apercevoir que rien ne va se passer comme prévu. Tout d’abord ce sont les touristes qui peu à peu désertent les bars et les restaurants du centre ville. Nous rencontrons un couple d’allemands qui vivent près de Wachtendonk qui nous apprend que l’Allemagne ferme ses frontières après la France. Ils vivent chez un couple d’amis Viêts. Ce sont eux qui nous apprennent que tous les sites de la vile sont fermés aux visites. La population commence à avoir peur d’une épidémie transmise par les occidentaux puisque le virus ne vient pas de Chine mais d’Europe !!!

Plus question de descendre par bateau voir les tombeaux royaux. Nous allons nous contenter d’une petite balade d’une heure sur un petit bateau dragon. Nous allons être le seul couple à monter à bord. La dame qui nous accueille nous installe sur deux chaises devant la cabine et nous soumet à l’achat ses quelques souvenirs artisanaux. Le reste de la famille reste à l’extrémité, enfants, jeune femme et les hommes qui pagaient.

C’est un sentiment mitigé qui nous anime, on descend une jolie rivière (la rivière des parfums) où la vie sur ses rives continue comme si de rien n’était. Pourtant cette famille a bravé sa peur pour avoir une rentrée d’argent au moins pour aujourd’hui. Quand nous sommes de retour au ponton, le bateau s’éloigne et on le suit des yeux. On peut voir tout ce petit monde qui était resté en retrait s’activer après notre passage munis de chiffons, de sprays ou de liquides nettoyants pour désinfecter les endroits que nous avons pu toucher. La dame qui a été en contact avec nous s’empresse d’aller se laver les mains et les bras dans l’eau de la rivière… gloups et re gloups… l’épidémie fait donc des ravages et ce n’est hélas que le début.

 

Zzzzzzz….

Tout en suivant les actualités en France de très près, nous en profitons pour arpenter la ville à la recherche de rouleaux de papier bulles pour envelopper nos bicyclettes chéries, acheter un nouveau T-shirt et des leggins parce que les nôtres sont cuits par le soleil, les élastiques ont disparu ! C’est au marché de Dong Ba que nous allons trainer, sur la rive nord de la rivière Huong.

On ne sait pas si c’est une bonne idée parce que nous allons nous retrouver harcelés par des rabatteuses enragées qui sont prêtes à nous conduire là où nous allons trouver notre bonheur mais surtout à des prix bien supérieurs aux prix pratiqués en France. Covid19 oblige on nous prend pour des pigeons. Puisqu’il n’y a pas assez de touristes, ceux qui sont présents doivent débourser pour compenser le manque à gagner… Nous fuyons ce coin là.

Ailleurs dans le marché, l’ambiance est plus sereine et bon enfant. Nombre de vendeuses roupillent consciencieusement sur leur marchandise, d’autres s’occupent en jouant aux cartes, il y a bien plus de travailleurs que de clients.

Grandeur et décadence

La marche à pied a du bon, nous prenons le temps de flâner même si les conducteurs de pousse-pousse font le forcing pour nous inciter à monter dans leur petite berline, ils ne craignent pas le microbe quand ils s’agit de faire bouillir la marmite.

C’est tout de même dans ce quartier que nous allons trouver nos sacs « chinois » pour emballer nos sacoches et nos rouleaux de papier bulles. Nos pas vont ensuite nous conduire vers cette fameuse citadelle royale. La ville a de beaux restes, notamment ce monument, mais l’entretien laisse à désirer.

Les portes sont closes depuis le 16 mars, jour de notre arrivée. Impossible donc de franchir les murs de six mètres de haut ou l’une de ses 10 portes, il faudra revenir.

Peu de monde aux alentours si ce n’est quelques personnes qui font leur footing ou leurs exercices de gymnastique en plein air. Nous nous contentons d’en faire le tour en longeant les douves couvertes à cette saison de magnifiques nénuphars et nymphéas.

On se laisse distraire par un monsieur dans un café qui fume une pipe en bois superbement décorée et on traîne jusqu’à la nuit tombée en profitant de l’illumination des vitrines.

Les éclairages multicolores mettent en valeur le pont qui enjambe la rivière des parfums ou encore ce restaurant gastronomique posé sur l’eau.

C’est sympa comme ville, on a bien aimé, c’eut été encore mieux dans des circonstances normales.


Départ précipité

Notre départ du Viêt Nam a été décidé en à peine une heure.
La décision a été prise après que nous ayons été informés par le site d’Ariane du ministère de l’intérieur que les règles d’entrée au Japon s’appliquant aux ressortissants français allaient changer le 21 mars. Gloups, nous avons un vol qui arrive le 22 !
Exemptés de visa pour 90 jours, il nous faudra désormais faire une demande auprès d’une ambassade avec certificat médical à l’appui, autant dire que ce sera mission impossible.

Intenses cogitations jusque tard dans la nuit (du 19 mars). Rentrer en France (où c’est un bazar sans nom et où on risque de choper le virus) ou essayer d’entrer en Japon (où c’est à priori assez calme et sécurisé) avant la date couperet ?

La course contre la montre

On tente le tout pour le tout. Comme les sites des compagnies aériennes racontent n’importe quoi, dès 6h30 du matin nous filons en taxi jusqu’à l’aéroport situé à 15 kilomètres. Par chance, la compagnie accepte d’avancer notre départ au jour même, le 19, afin d’arriver le 20. Mais il faut se dépêcher, départ dans quelques heures pour Hanoï, puis un autre vol pour Tokyo à 0h50.

A partir de là, c’est un enchainement sans failles mais pas sans stress: Le taxi nous dépose chercher le papier bulles dans une boutique repérée les jours précédents, nous retournons à l’hôtel chercher nos sacoches et vélos. Un second véhicule va être nécessaire pour les vélos, pas le temps de faire le trajet en pédalant. Un rapide petit déjeuner et nous disons au revoir à cette gentille équipe qui nous a hébergé pendant quatre nuits (Avec réticence au départ puisque nous avons du justifier le fait de ne pas arriver de France).
C’est comme si nous prenions la fuite. Un saut à la pharmacie du coin pour acheter quelques masques, à nouveau le taxi et nous voici de retour à l’aéroport en train d’emballer nos vélos.

Pour la première fois nous avons opté pour les couches bébés afin d’assurer la protection des parties fragiles de nos chères montures. Ce petit truc nous avait été donné par un autre voyageur à vélo.
Les employés de l’aéroport rigolent franchement quand ils nous voient en train d’emmailloter les Rolohff et les pédaliers avec des changes complets.
Nous ne sommes pas franchement aux taquets quand l’heure d’embarquement des bagages arrive, jamais nos montures n’ont été aussi mal emballées, plus le temps de peaufiner ! Ça ne pose pas de problème dans cet aéroport mais à Hanoï ça va coincer, une responsable nous enjoint d’aller les faire ré-emballer d’un coup de film plastique. Chose que nous avions voulu faire en arrivant le matin mais nous avons été éconduits par un employé qui somnolait (ou qui écoutait le riz pousser).

Une heure plus tard nous atterrissons sous un ciel gris à Hanoï à l’aéroport domestique. L’international n’est situé qu’à environ 2 kilomètres mais c’est à nous de gérer la correspondance.
Nous récupérons tout notre bazar que nous chargeons sur les chariots et nous dirigeons vers la navette gratuite. Un chauffeur de taxi ne nous lâche pas, pour 10 dollars il est prêt à nous y conduire ! Cher payé pour 2 kilomètres mec, et puis le taxi ça suffit comme ça pour aujourd’hui !

Provocation : Une pub Corona tourne en boucle

Arrivés vers 9h, nous allons patienter toute la journée dans un aéroport pratiquement désert jusqu’à 0h50.
Un peu de mouvement en début de soirée pour deux vols. Des français qui rentrent chez eux, des touristes américains et bien sûr des japonais !

Qu’avons nous fait de notre journée ? Consulter nos messages, prendre des nouvelles des uns et des autres au pays. Christian nous a gentiment raconté leur retour en France avec Caroline et leur expérience de chiottes fermées à la gare Montparnasse alors que des messages nasillards recommandaient de se laver les mains, ça ne donne pas envie de rentrer.


Restent quelques questions : Comment est-ce que ça va se passer au Japon ? Est-ce que l’immigration va nous laisser entrer ? Pour combien de temps ? Avec option quarantaine ou sans ? Et est-ce que les Japonais vont mieux nous accueillir que les Vietnamiens ? Les réponses dans quelques jours, promis.

19 Comments

  1. Bonjour les cousins! ça n’est pas drôle tout cela… Mais ici, non plus !! Faites très attention à vous. Notre jardin ressemble à celui de Versailles, la maison est rutilante, les papiers sont rangés, la déclaration d’impôts est préparée… On fait des gâteaux 🥧, et on est à fond sur Netflix !! On pense bien à vous.

  2. Le japon ?
    Vous nous direz vite si vous avez échappé à la quarantaine, j’espère.
    Si nous attendons trop longtemps de vos nouvelles, nous conclurons que vous mangez du riz entre 4 murs exigus sans option WiFi.
    L’Aventure continue, masquée.

    Bon courage,

  3. Merci pour votre récit et vos magnifiques photos. C’est moins le virus qui est inquiétant partout, que les changements de comportement; on croit connaitre le monde et subitement une face cachée apparaît dans des circonstances différentes. De quoi devenir plus humbles et philosophes et quand même optimistes ! bon voyage au Japon.

  4. Ça se corsé pour vous…J’espère que ça va être plus facile au Japon.Mais c’est palpitant votre fin de périple. Nous on fait Avec.., Pas le choix …Confiné grave…Mais gonflé à bloc pour s’ en sortir.

  5. Quelle aventure ! Et quel dommage car le Vietnam est un pays des plus agréable où nous avons pu « Musarder » il y a quelques années déjà. Il faudra y retourner dans d’autres conditions, comme vous l’avez dit.
    Ici nous sommes de plus en plus confinés pour le bien de tous. Ça va !

    Bon voyage au Japon. Sans Covid tracassier…
    On vous embrasse et grand merci pour ce petit tour vietnamien.

    Avec hâte de vous lire.

  6. Déjà qu’en temps normal j’adorais vous lire, mais alors là, maintenant, encore plus ! Et même pas besoin de se signer une dérogation pour s’évader un peu grâce à vous ! Hâte de lire la site de vos aventures, c’est plus palpitant que jamais, ce qui n’est pas peu dire !
    Bonne continuation 🙂

  7. Hello vous faîtes une course contre la montre …et là vous revenez dans un pays que vous connaissez bien …A bientôt de vous lire…Peut-être que les cerisiers sont en fleurs au Japon !

  8. Eh bien, ce récit est encore plus palpitant que d’habitude, ce n’est pas peu dire.
    Votre longue expérience du voyage vous a rendu philosophes et endurants.
    Pas facile la situation quand vous étiez refoulés de partout: où dormir, où manger?
    Lorsque nos besoins vitaux sont contrariés il y a de quoi paniquer. Mais vous semblez être restés reltivement sereins et unis.
    Courageux aussi de continuer parce que quand cela devient très difficile, l’instinct pousse à rentrer dans sa tanière.
    Vos images du Vietnam donnent terriblement envie d’y retourner lorsque notre pandémie sera passée.
    Intéressant de comparer la façon dont notre presse franchouillarde considère avec condescendance ces pays du sud est asiatique, alors que là bas ils nous prennent pour des pestiférés qui n’avons pas su prendre nos précautions.
    Ah le Japon nous fait aussi rêver, vous avez eu raison de le tenter, tant que cela ne chauffe pas là bas, vous y êtes bien mieux que dans notre train train français.
    Parce qu’une fois rentrés, la pelouse, le bricolage et la lecture ne suffise pas, alors qu’en voyage les journées sont tellement exaltantes. Même si elles ne sont pas toujours faciles, nous sommes forcés de donner le meilleur de nous mêmes, voire de nous surpasser, et nous touchons du doigt l’humanité. Terrible envie de repartir…
    Merci pour ce moment sur votre blog qui en done un avant goût.
    Bisous et bonne continuation.
    Christian

  9. Bonjour
    Hé on aurait presque pu se croiser à l’aéroport d’Hanoï !!!!
    Je me suis envolée le 17 ………………… pour la France !
    Je me permets d’à nouveau vous envoyer un message car comme vous le disiez dans Adios Laos :  » Le monde est petit, ça se confirme… » car j’ai eu, ci-dessus, la surprise et le plaisir de voir Violette et Charly que nous (nous étions encore 2 à ce moment là) avions rencontrés sur le site d’Ankor au Cambodge . Oui ils étaient bien chargés car avec doudounes et gros duvets pour leur retour vers la France. Par contre je ne parviens pas à ouvrir leur blog ?????????????
    En vous lisant j’ai revécu tous les ressentis de cette montée en puissance de la trouille des vietnamiens à notre égard que je n’appellerais toutefois pas xénophobie . A Tam Toc plusieurs fois par jour une voiture sonorisée passait en leur redisant la méfiance à notre égard (traduction a été faite par une sympathique hôte dans un hôtel de Tam Coc dans lequel ses clients étaient confinés, dont des amis ) .
    C’était certainement ainsi dans tous les lieux où circulaient des touristes .
    En tout cas ils ont peut être raison , ils ne sont pas débordés ( et j’espère pour eux que ça va continuer ainsi) comme désormais dans beaucoup de pays, par ce satané virus .
    Bien à vous en vous souhaitant de faire les bons choix
    Yvette.

  10. Bonjour à vous! C’est toujours un grand plaisir de vous suivre du Québec, ici aussi confinés. Très hâte de lire la suite au Japon. Vous êtes très inspirants! Sonia

  11. Le Vietnam vous tendra les bras un peu plus tard 😉 Pas facile de profiter avec cette ambiance… En espérant que vos premiers tours de pédales au Japon seront plus interactifs ! Bien vu les protections avec couches bébé !

  12. Ah ah ah ! entre les masques bleu-slip-kangourou sur vos visages et les couches bébé sur les vélos, on se demanderait presque si vous ne nous avez pas fait un poisson d’avril avant l’heure. Voyez-vous nous cherchons à nous amuser d’un rien, cela égaye notre confinement. Bon vol vers le Japon, hâte de vous lire ! Bizz Ann Mary

  13. Du concentré d’aventure, et de suspense ! avec un changement complet de contexte
    Je suis très touché par le récit des tunnels de la survie.
    Quand au camping dans un cénotaphe, quand on sait l’importance du culte des morts au vietnam, vous n’aviez vraiment pas peur des représailles!
    Chapeau pour ce retour magistralement improvisé et au Japon, il semble que la providence soit avec vous!
    Quand aux « couches » culottes pour l’emballage des vélos c’est normal puisque
    – vous allez d’incontinent à l’autre (nécessité de « prendre ses précautions »)
    – ce sont effectivement des vélos « couchés »
    – et qu’il fallait être suffisamment « culottés » pour faire tout cela…
    2000 et 20 bises – Jean-Pierre

  14. Bravo et merci pour vos récits avec le Japon vous faites un bon choix il n’y a pas encore de confinement
    Pour nous en France c’est moins drôle mais on s’adapte
    Bonne route

    • C’était il y a 2 ans, dans des circonstances vraiment très particulières. Au Japon, par contre, ça s’est très bien passé.
      Nous repartons d’ici quelques jours en Thaïlande et au Cambodge, et on ne doute pas du fait qu’on va se régaler dans tous les sens du terme…

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