De gorges en criques

Finch Hatton

Finch Hatton, ça sonne bien, non ? Ça fait un peu western, si ce n’est que nous sommes dans l’Est. Et c’est le nom d’une petite commune qui a l’avantage de se trouver sur le trajet d’une rivière judicieusement nommée… Finch Hatton River. Laquelle rivière descend joyeusement de la montagne, comme nous allons le découvrir.

C’est au Platypus Bush Camp, atteint après une dizaine de kilomètres d’une gravel road (route non goudronnée) mais néanmoins fort agréable, que nous allons établir notre camp de base pour deux nuits. Le « camping » est plutôt folklorique, à l’image de son créateur Wazza. Le bonhomme n’est pas commun, mais nous avons bien du mal à comprendre ce qu’il dit, son accent est aussi bizarre que son camp.

Comme c’est un week-end de trois jours, il y a du monde, et ce sont évidemment des véhicules et caravanes fort conséquents qui occupent les lieux. Néanmoins, pas de problème pour planter notre tente, qui fait tout riquiqui à coté des autres.

Le cacatoès du camp, Rocky, fait volontiers son show devant les nouveaux arrivants, c’est sympa. Les douches aussi sont sympa, avec vue sur la végétation, mais la « piscine » l’est encore plus, c’est en fait la rivière qui est assez large et profonde à cet endroit, on ne saurait rêver de mieux.

Le lendemain ça fait tout drôle car tout le monde s’en va sauf nous, le camp est désert. Pour Brady qui arrive avec son trike tout mouillé, passer les gués est assez compliqué vu qu’il est assis au raz de la route et que les batteries de son engin sont placées fort bas (il a une assistance électrique, le tricheur).

Pour nous, au contraire, c’est un plaisir, on passe et repasse les gués à toute allure, ça rafraichit les idées (pas que ça d’ailleurs…).

Le circuit pédestre qui remonte la rivière jusqu’aux cascades est bien aménagé, comme c’est généralement le cas dans ces contrées, mais ça grimpe quand même pas mal ; plus de 300 marches sans compter le dénivelé naturel du chemin. A l’arrivée, ça valait largement le déplacement, les cascades ne sont pas des plus impressionnantes mais le décor est superbe, le trou d’eau est surplombé de falaises abruptes, et évidemment entouré d’une végétation tropicale.

Après deux nuits dans cet endroit surprenant, il est temps de partir. Wazza et Brady se sont finalement levés tôt pour les « au revoir » et nous quittons Platypus Camp sans en avoir vu la queue d’un de ces animaux là !

Il est tôt, bientôt 7h et nous doublons, au fond de ces gorges, 4 jeunes enfants qui se rendent à l’arrêt de bus à pieds et dans leur uniforme bleu, ils sont pieds nus ! Rassurez vous ils portent des chaussures, pas aux pieds, mais autour du cou pour ne pas les mouiller tout simplement. Comme la gravel road est traversée par une rivière à plusieurs endroits, ces enfants là font trempette dès le matin dans l’eau fraiche.

La petite ville de Finch Hatton est perdue dans la campagne aux fins fonds de cette vallée, à la lisière du parc national Eungella. On parcours les 6kms qui nous séparent du camp pour aller voir quels trésors culinaires on peut trouver pour continuer la route, nos provisions sont à sec. Dans la petite épicerie locale le choix sera limité mais tant pis, il nous faut juste de quoi tenir deux jours avant la prochaine ville toute aussi petite sans doute.

Finch Hatton a dû connaître des jours meilleurs, en tout cas plus peuplés, la gare n’est plus desservie mais elle est restaurée d’une manière remarquable, on se laisse à rêver de l’effervescence qui devait régner ici à l’époque des pionniers.

La Suisse

L’avantage de se lever tôt est qu’on profite de la lumière et la fraîcheur matinales. La route est comme on les aime, petite, sans circulation dense, sinueuse, champêtre,  chevaux étonnés,  troupeaux de vaches galopantes (pas les chevaux), tout le monde nous suit, taureau, mères et petits, les queues levées,  on est quand même un peu inquiets, et si ce troupeau en folie défonçait la clôture ? On aurait certes de la compagnie !

Ces paysages peuvent nous faire penser à la Suisse :

  • C’est vallonné juste comme il faut et très verdoyant
  • C’est propre partout
  • Il y a des vaches

Mais ce n’est pas tout à fait la Suisse :

  • Les vaches n’ont pas de cloches
  • Il n’y a pas de gruyère
  • On roule à gauche
  • Les eucalyptus et autres arbres remplacent les sapins

Bon, d’accord, ça n’a aucun rapport avec la Suisse…

Boulder Creek

Après cette vallée aussi majestueuse qu’isolée, seuls les petits villages de Pinnacle et Gargett ponctuent notre isolement. C’est à ce dernier que nous allons bifurquer à gauche vers le mont Pollux, on s’attend à y rencontrer Pimprenelle et Nicolas ( Y’en a à qui ça dit quelque chose ?)

Irène aura la surprise de voir un kangourou affolé devant ce vélo bizarre, boign, boign, boign… il n’en voit pas des comme ça tous les jours !

L’apothéose de la journée sera la découverte d’un lieu de camping informel au bord de la rivière,  laquelle traverse la piste, comme il se doit. Nous venons de découvrir Boulder creek et on décide de rester ici pour le reste de la journée.

Au programme baignade dans la rivière et découverte des goanas, papillons Ulysses et autres inconnus.

On y rencontre aussi quelques locaux comme George, un vieux monsieur de 73 ans, aux trais burinés, amoureux de paysages et de faune, circulant dans une vieille Toyota Land cruiser…. des années 70

Irène aura le privilège de voir ses photos, il a des yeux magnifiquement bleus et des dents étincelantes. Joël de son côté trouve quelle apprécie bien la gente masculine australienne !

Assez butiné va, le demain on commence par des petites 5% sur piste fort judicieusement ombragée et qui nous amènent à un petit hameau Cameron’s Pocket où viennent de se dérouler le week-end précédent les 20 ans du festival de musique folk Wintermoon qui se déroulait du 29 avril au 2 mai. Nous étions à ce moment là à Mackay et n’avions pas pu avoir de billets, tout était complet. C’est un peu sans doute le Vieilles Charrues de chez nous les Bretons, au milieu de la campagne, des prés aménagés en camping, une scène au milieu de tout ça,  la rivière qui coule imperturbable. Irène est un peu verte d’avoir raté ça, une occasion de danser et chanter qui lui passe sous le nez, on essayera de se rattraper ; on va, promis,  surveiller tous les programmes folks sur notre route !!!

Ali Baba

Une épicerie où le temps s’est arrêté à Calen et qui mériterait de figurer dans le Lonely. C’est ici quAli baba a entreposé ses trésors.

Bien rangés et étiquetés,  on y trouve pèle mêle des vis dans des bocaux, des produits de toilette,  paire d’escarpins,  jouets démodés,  revues périmées à tout petit prix (le chat apprécie), papeterie.  On se croirait dans un dépôt-vente, même de vieux bibelots ramasse-poussières qu’à la kermesse du Placis Vert on n’arriverai pas à vendre, dit Irène. Flash-cubes (ça date des années 70), pellicules argentiques bien identifiées, mais qui donc va acheter ça aujourd’hui ?

Les journaux des abonnés sont parfaitement alignés et annotés des noms, par ordre alphabétique de leur futurs lecteurs. Ici règne une joyeux fouillis bien organisé et d’une autre époque.

$2 le chat, c'est par cher. Croquettes non fournie.
$2 le chat, c’est par cher (Croquettes en sus).

On tombe nez à nez en sortant avec Georges le Magnifique, qui nous a suivi ou qui vient simplement chercher ses bières et ses cigarettes.


Le prochain bivouac sera beaucoup moins bucolique, vous verrez ça la prochaine fois.

Voiture verte
Voiture verte

12 Comments

  1. Vous en croisez des phénomènes dites donc ! Prochain article, Irène enflammée sur le dancefloor d’un festival folk pendant que Joël apprend à un kangourou les préceptes du vélo couché 🙂

  2. Bonjour Vraiment un pays de contrastes ,pays insolite et des personnages atypiques …un vrai voyage!!ça donne vraiment envie d’aller au Vert!!!bye bye

  3. A voyager dans l’espace, on finit toujours par voyager dans le temps

    Ces objets et personnages d’une autre époque, c’est du style retour vers le futur.
    D’ailleurs la Mc Laren végétalisée de la fin indique qu’après la caverne d’Ali Baba, vous êtes allés un peu trop loin. Revenez en arrière
    Dès que vous verrez un Tyrannosaurus Rex, c’est que vous avez trop rembobiné ; fuyez (sinon, c’est la fin du blog), repédalez en marche avant et stoppez quand la bête a des poils! (c’est un kangourou!)

    Bon sérieux, là, vous passez votre temps de mare en mare comme des « reinettes », loin des crocodiles, OK.
    Mais avez-vous pensé au syndrome de la « petite reine » qu’on abandonne au fossé dès qu’il y (en) a « mare » ? ; en cas de persistance, ne pas hésiter à consulter… (en effet, si ça tombe à l’eau, c’est la fin du blog)

    Courages, Froggies ! Cyclo et batraco-migrateurs même combat!

  4. finch hatton??ça sonne très familier comme nom! mais oui mais c’est bien sûr!!! « out of africa », l’amant de Karen Blixen!! Je n’y peux rien, je suis une éternelle romantique et M Redford etait tout à fait gorgious dans ce film!! Mais je ne crois pas que vous l’ayez rencontré!!

  5. Georges, c’est le crocodile dundee de la région !
    Toujours ravi d’avoir de vos nouvelles et de voir que tout se déroule pour le mieux.

  6. Ah ben ça alors ! avec Pollux, c’est Margotte, Ambroise et zébulon que vous auriez dû croiser 😉!
    Mais les kangourous doivent se les garder pour eux sur le manège. Merci pour vos aventures !

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