Le Pilbara

Après le magnifique Kimberley et une traversée du désert, nous entrons dans une région fort différente et réputée également : Le Pilbara. Aussi vaste que l’Espagne, elle ne compte que 45 000 habitants, essentiellement situés sur la côte, autant dire qu’on ne s’attend pas à des embouteillages.

Après tous ces kilomètres sur une hiway monotone, puis une côte un peu trop industrialisée, on a bien envie de quelque chose de plus excitant. Et pour ça, rien de tel que de petites routes pas fréquentées, ce ne sont pas les plus courtes ni les plus rapides, mais sans conteste les plus intéressantes.


Celle que nous choisissons longe la voie de chemin de fer mais est privée, elle appartient à la compagnie minière, il faut un permis pour y circuler. Et, pour une fois, nous avons fait les choses dans l’ordre, ayant acheté le permis à Roebourne pour la somme astronomique de $2 (1,50 €) et moyennant le visionnage obligatoire d’une vidéo de 20 mn qui donne tous les conseils de prudence pour ne pas périr en route dans d’atroces souffrances, par exemple en se faisant écrabouiller par un énorme engin minier (quoique, dans ce cas, on ne doit pas avoir le temps de souffrir bien longtemps). Ca a au moins l’avantage de nous donner un aperçu de ce qui nous attend, les images sont belles.

Harding Dam

La route passe près du lac Poongkaliyarra (En langage local ça veut dire « belles soeurs ») qui laisse admirer ses eaux turquoises, les collines arrondies aux couleurs pierres brunes des alentours se détachent sur le couchant. Le barrage qui date de 1985 n’est pas très spectaculaire en lui-même, par contre le paysage environnant est magnifique, surtout au soleil qui peu à peu décline : Des couleurs superbes, avec des roches brun-rouge une eau très bleue, des touffes de spinifex d’un vert unique (même en Mayenne, où il parait que l’herbe n’est pas du même vert qu’en Bretagne, ils n’ont pas ce vert là, mais vous le savez déjà, on y a fait référence dans un article précédent). Evidemment, il n’y a pas un chat, à cette heure là les touristes sont partis. Nous sommes seuls à profiter de ce que dame nature nous offre. On n’arrête pas de répéter « oh là, là que c’est beau ».

D’ailleurs, puisque le soleil s’est couché, il faudrait qu’on pense à trouver un endroit pour en faire autant, mais pas dans le périmètre du barrage car il est strictement interdit d’y camper, et le montant de l’amende est dissuasif des fois qu’un ranger trainerai par là.

Train train

Nous voici donc engagés sur la piste qui longe la voie de chemin de fer. Les montagnes environnantes sont de même nature que celles autour du barrage, donc superbes et bien différentes de tout ce qu’on a pu voir jusqu’ici. Elles sont rondes, régulières, on dirait des gros tas de sable intactes. Pas un seul chemin pour accéder sur les flancs, c’est pourtant bien tentant.

Par contre, le terrain ne se prête pas trop au camping, c’est plein de spinifex (extrêmement piquant) et de caillasse, la nuit tombe…gloups, où va-t-on dormir ce soir ? Mais évidemment (il n’y a pas de suspense) on va trouver un endroit bien plat où des engins ont manœuvré, presque idéal pour poser la tente. Pourquoi presque ? D’abord parce que c’est dans la poussière, et on ne peut pas non plus s’attendre à du gazon, mais surtout parce que c’est entre la piste et la voie ferrée (de l’autre côté de la piste c’est un site classé aborigène puisque nous suivons le « Warru way ») *. Et là c’est embêtant, pour ne pas dire plus, car à chaque fois que passe une voiture on doit éteindre les lampes en espérant ne pas être repérés (il est à priori interdit de camper le long de cette piste), et les trains font un boucan d’enfer : Trois énormes locomotives diesel trainant 240 wagons de minerai de fer, ça ne passe pas inaperçu quand on est à quelques dizaines de mètres des rails. Un souvenir de Turquie nous revient en mémoire, nous avions également dormi près des rails, et quand un train passait la tente était soufflée par un puissant jet d’air, prête à s’envoler, car nous étions à la sortie d’un tuyau d’aération du tunnel sous la montagne.

Des voitures, il n’en passera pas beaucoup, juste quatre véhicules des gars qui rentrent du boulot, des trains par contre, il en passera toute la nuit, le travail de la mine ne s’arrête jamais. On devient rapidement experts dans l’art de distinguer les trains qui vont au port de ceux qui en reviennent : Les premiers sont moins bruyants parce que les wagons sont pleins, les seconds vont plus vite et leurs wagons vides résonnent davantage, émettant de longs grincements lugubres. Irène dormira avec des boules Quiès… entre des trains et un homme qui ronfle, elle craque !!!

La poule du python


Il était une fois un python amoureux d’une poule, mais c’est compliqué parce qu’ils sont tous les deux nés dans un oeuf mais… Non, en fait c’est pas ça, il s’agit plus prosaïquement de Python Pool, un trou d’eau au pied de falaises abruptes. Il parait que ça vaut le détour, en fait ça ne casse pas trois pattes à un canard, surtout quand on a découvert les merveilleux points d’eau du Kimberley. Enfin, n’exagérons pas, c’est sympa tout de même, il reste assez d’eau pour se baigner, mais comme nous sommes en fin de saison sèche et que c’est de l’eau stagnante, elle est un peu verte. Irène préfère ne tremper que les jambes, on se demande bien pourquoi ?

Ce qui est épatant, par contre, c’est le paysage alentour, que l’on découvre en empruntant une petite route goudronnée bien sinueuse qui monte et descend au fil des monts et vallons. Dommage de ne pas la parcourir à vélos, ça nous aurait fait les muscles… Chaque virage nous révèle des merveilleuses étendues rocheuses, des massifs que l’on appelle des « petits Uluru », un paysage qui oscille entre les couleurs vert pastel à perte de vue et ces roches rouge sang. Le bord des routes est fleuri de Mulla Mulla, ces petites fleurs violettes en forme de cônes, et les Sturt Desert Peas de couleur rouge et noire (emblèmes du Kimberley). Un régal pour les yeux, c’est rafraichissant sous ce soleil de plomb !

Le Millstream Chichester National Park

Python Pool se situait dans la partie nord du parc, lequel est essentiellement constitué d’immensités désertiques (pas moins de 238 500 hectares, rien que ça) sauf en son sud où coulent les rivières Fortescue, Dawson et Millstream. Là, changement de décor : Des arbres, des vrais, pas ces machins rachitiques qu’on voyait avant, et une végétation abondante, pas seulement le spinifex qui vous pique dru !
Accessoirement, il y a aussi le campground Miliyanda, bien agréable puisqu’il comporte une Camp Kitchen avec de l’eau chaude, on n’a pas vu ça depuis une éternité ; par contre il n’y a curieusement pas de douches, dommage (mais on se lavera à la bassine). L’endroit est remarquable, la homestead (grande maison des propriétaires) a été transformée en centre de visiteurs et les sentiers de randos sont très bien aménagés. L’ancienne station était prospère, avec des dizaines de milliers de moutons et de vaches, et remarquablement aménagée : Cours de tennis, jardin potager, nombreux petits canaux d’irrigation, etc. Des sources émanant des nappes phréatiques alimentent tout ça, avec des plans d’eau d’une transparence incroyable et la végétation qui va avec.

Les propriétaires successifs de l’époque avaient su tirer profit des lieux en aménageant intelligemment leur environnement, plantant des arbres, irriguant les jardins, et creusant des bassins pour s’y baigner. Bien sûr, les cyclones successifs sont passés par là, endommageant sérieusement la propriété qui fut abandonnée.

D’un parc à l’autre

Ils ne sont pas avares de Parcs Nationaux, les australiens, il y en a à la pelle et ce n’est pas sans raison car à chaque fois ce sont des endroits vraiment uniques avec des paysages très différents. Alors on s’en va joyeusement de parc en parc, même si entre deux il y a des distances pas possibles, le voyage est loin d’être ennuyant.

Nous sommes généralement sur des routes non asphaltées (les fameuses gravel roads) mais assez roulantes, rien à voir avec la Gibb River Road. En fait, l’avenir nous prouvera peut-être le contraire, mais nous avons l’impression que du point de vue conduite délicate, nous avons fait le plus dur en sillonnant le Kimberley. Espérons le d’ailleurs, car la voiture a assez souffert comme ça, on n’a pas envie de se retrouver à nouveau coincés quelque part en attente d’un garagiste pas pressé ou d’une dépanneuse folle.

Karijini en vue !

Le Karijini National Park, nous en entendons parler depuis longtemps, il faut absolument y aller. Donc, on y va mais ça va prendre un peu plus de temps que prévu. La première tentative d’approche ne pose aucun problème, il s’agit de la gorge Hamersley qui se trouve tout au nord du parc, très isolée des autres « attractions » qui se situent de l’autre côté de la chaine montagneuse. Un promontoire surmonte la gorge, c’est impressionnant et fort profond ; après le quart d’une demi seconde d’hésitation, on entame la descente vers le fond, malgré les panneaux d’avertissement ce n’est même pas casse-goule, on est vite au niveau de l’eau. Une petite baignade est bienvenue après cette journée de route dans la poussière, mais le plus chouette n’est pas là : Ce sont les plissements de roches tout autour, où on voit à quel point la rencontre des plaques tectoniques a pu déformer les couches rocheuses pour former ces montagnes. C’est magnifique, un paradis pour géologues !

Pour bien clôturer la journée, rien de tel qu’un petit bivouac tranquille au milieu de la nature avec les étoiles pour compagnie (ainsi que Pople et Petit Chat, les deux mascottes qui nous suivent partout).

Bush wi-fi

Ils sont incroyables, ces australiens : Nous ne sommes plus étonnés de trouver partout, même dans les coins les plus éloignés, des toilettes (propres) avec des rouleaux de papier (la France pourrait prendre exemple) mais mettre des bornes wi-fi en plein milieu de rien, on n’avait pas encore vu ça. Et ça marche du tonnerre, c’est super rapide, alors qu’il n’y a évidemment pas d’électricité ni le moindre câble à cent kilomètres à la ronde. Panneaux solaires et liaison satellite, le tout gratuit, c’est bluffant. On en profitera pour relever les messages (merci à tous nos commentateurs, ça fait plaisir de vous lire) et essayer de joindre par Skype ceux qui sont réveillés en France, donc pas grand monde mais on aura tout de même le plaisir de montrer à nos Servonnais préférés le décor hideux dans lequel nous nous trouvons en cette fin d’après midi :

Hong Kong hazard

Une décision importante va entrainer des conséquences imprévisibles. En quittant la gorge Hamersley, on peut entrer dans le parc Karijini par l’ouest, ce qui est le plus court, ou par le nord puis l’est. Comme nous ne sommes pas du même avis sur la direction à prendre, nous prendrons à l’unanimité d’Irène la route la plus longue, laquelle va nous rapprocher de Hong Kong de manière inopinée.
Au milieu de ces immensités désertiques figure sur la carte une agglomération nommée Wittenoom. Mais ce qui n’est pas indiqué, c’est que c’est une ville fantôme, où il y eut jusqu’à 1 500 habitants mais il n’en reste plus que trois, des irréductibles (presque des gaulois). Ceci à cause de la fermeture des mines d’amiante bleue (Blue Asbestos) dans les années 60 suite au décès par cancer des poumons de plusieurs centaines de mineurs. La vallée qui mène à ces mines est toujours accessible, avec toutefois de grands panneaux qui avertissent du danger de respirer les fibres d’amiante pouvant engendrer cancer et maladies pulmonaires. Et de l’amiante, il y en a en effet partout, il suffit de se baisser pour en ramasser, c’est même assez joli de voir ces couleurs bleutées parsemées dans ce paysage minéral. C’est une sacrée découverte pour nous qui n’avions jamais vu d’amiante à l’état brut, c’est d’un effet des plus surprenant tellement c’est beau.

La vallée est charmante, avec une petite route sinueuse, en assez mauvais état toutefois puisque non entretenue depuis cinquante ans, par endroits les flots ont emporté la route mais on arrive à passer tout de même puisque les rivières sont à sec en ce moment.

C’est là que nous allons faire une rencontre inattendue, à savoir un couple de jeunes backpackers de Hong-Kong qui n’ont rien trouvé de mieux que de tomber en panne de voiture au beau milieu de la seule rivière qui ne soit à sec, ce qui est fâcheux.

Quelque peu inexpérimentés, ils n’avaient pas pris la peine d’aller d’abord à pieds vérifier la hauteur d’eau, puis ils ont foncé en pensant que plus ils iraient vite, plus ils sortiraient vite de l’eau. Raté : L’eau s’est engouffrée dans le filtre à air, qui pour le coup est devenu un filtre à eau, et le moteur n’a pas aimé du tout, comme quoi la voiture qui marche à l’eau ce n’est pas encore au point.

Encore une histoire de dépanneuse

Palmer et Lesley se souviendront sans doute longtemps de cette rivière car la suite va être épique : Comme nous ne sommes pas équipés pour les sortir de là, nous les emmenons au village (nous ne savons pas encore qu’il n’y reste que 3 habitants) en espérant trouver au moins un moyen de téléphoner pour appeler une dépanneuse. Mais en route nous rencontrons un autre automobiliste qui va vers la rivière, et va donc avoir un problème pour traverser. Demi-tour, on retourne à la voiture noyée. Là, une autre voiture attend de l’autre coté de la rivière, c’est un type qui aimerait bien traverser car la vallée est en cul de sac et il ne va pas passer sa vie au fond. Situation embarrassante mais bien vite réglée, les deux automobilistes, en bons australiens, ont tout un tas d’outillage dans leurs voitures, la voiture des backpackers est sortie de l’eau et mise sur le côté, la route est libre, ça va mieux.

Mais ça ne règle en rien le problème de nos deux jeunes, on les rembarque donc pour aller au village et on a la chance de tomber sur la seule maison où il y a quelqu’un : Un conducteur de grader (niveleuse) et un type qui habite là. Il décident d’aller voir sur place, on refait demi-tour pour les suivre, toujours avec Lesley à l’intérieur et Palmer à l’arrière avec les vélos (on commence à connaître la route par coeur, avec tous ses trous et passages tortueux). Cette satanée voiture refusant toujours de démarrer, nos deux compères décident de la remorquer jusqu’au village, où une dépanneuse pourra venir la chercher.

Nous apprendrons plus tard que la dépanneuse en question a mis plus de trois heures à venir, et le chauffeur a déposé ses passagers à la première roadhouse avant de poursuivre vers le garage à 200 km de là. Lequel garage estime entre quatre et sept jours le temps nécessaire, non pour réparer, mais juste pour jeter un oeil à ce fichu moteur (d’ici là, ce sera sec, si ça se trouve ça va redémarrer et ils vont facturer un max en assurant avoir changé un tas de pièces…). Pendant ce temps là, Palmer et Lesley sont coincés dans une roadhouse paumée où il n’y a rien à faire, heureusement ils ont leur tente et tout leur fourbi, mais le temps ne passe pas vite… Nous compatissons, nous qui avons dû attendre onze jours le dépannage de notre voiture, mais au moins nous étions dans une ville agréable et pouvions nous déplacer grâce à nos vélos.

Andrew, Mario, Tony et Bob

Avec tout ça, on a certes parcouru moult fois la route jusqu’à la rivière mais guère eu le temps d’aller visiter la vallée pour autant. Nous décidons donc de passer la nuit là, il y a un creux plein d’eau au bord d’une falaise, c’est joli et bien caillouteux mais on dégotte au pied de la roche deux mètres carrés plats et sans caillasse pour poser la tente, impec. En plus, il y a moyen de se baigner, le luxe.

Soirée sympa au coin du feu (ce n’est pas le bois qui manque dans le coin) en compagnie d’Andrew, le type qui attendait pour traverser la rivière et a fourni le matos nécessaire au remorquage ; il est en vacances et transporte avec lui ses bouteilles de vin qu’il partage généreusement avec Irène. Tony et Bob, un couple de « vieux backpackers », vont de station en station pour travailler quelque temps, tout en voyageant tranquillement avant de rentrer chez eux au sud de Perth quand le printemps sera assez clément (pour le moment il fait froid et il pleut, ça ne donne pas envie d’y aller). Nous passons tous les cinq une très agréable soirée qui se prolonge autour du feu de camp.

One more night

Le lendemain, nous plions bagages et retournons « en ville » où c’est toujours aussi désert, la quasi totalité des maisons qui subsistent sont vides mais par chance il y a toujours la voiture jaune de Mario derrière chez lui, donc il est là. Mario c’est le type qui est venu essayer de dépanner les jeunes, avec son copain conducteur de grader. Il nous invite à entrer chez lui boire un café que nous n’osons pas refuser (ni l’un ni autre n’apprécions ce breuvage) et nous persuade de retourner découvrir la vallée, on n’a pas tout vu, ce serait dommage de repartir si vite. Sous ses dehors bourrus, le bonhomme est attachant, on suit donc ses conseils et c’est reparti pour retourner au fond de la vallée, on se donne rendez-vous là bas pour partager un dîner au bord de l’eau. A croire que nous ne sortirons jamais plus de cet idyllique paradis.

C’est incroyable comme la végétation est belle et variée dans cette vallée, l’amiante y serait-elle pour quelque chose ?

Mario nous rejoindra le soir pour le dîner, c’est d’ailleurs assez drôle parce que c’est lui qui a fourni les ingrédients :  de la sauce tomates et du saumon en boite (Typiquement le repas du cycliste) parce qu’il en a des tas et n’en mange pas ; sauf que, cuisiné par Irène, les pâtes au saumon petits oignons lui plaisent bien et il boulotte de bon coeur. Au passage, il dépose une nasse dans le trou d’eau, des fois qu’il y ait du poisson à ramasser.

Grâce à Mario, nous en apprendrons ainsi beaucoup sur cette superbe vallée et l’histoire de Wittenoom, la ville qui ne voulait pas mourir : Ce sera l’occasion d’un prochain récit, car l’histoire est passionnante et nous a beaucoup surpris.

Une bonne nuit au milieu de l’amiante bleue et une nasse d’écrevisses plus tard, nous passons dire au-revoir à Mario et nous voici enfin partis pour Karijini. Nous aurons mis trois jours à y arriver, au lieu de quelques heures, c’est ce qui s’appelle prendre le chemin des écoliers. Voilà encore une rencontre que nous n’oublierons pas, nous avons la chance d’avoir le temps pour nous, « no rush » comme ils disent ici, et essayons de prendre le temps de faire connaissance et d’apprendre à apprécier les moments d’amitié quand ils se présentent à nous ; ce sont ces échanges impromptus, de pur hasard qui donne toute sa dimension à notre voyage. Une collection de rencontres simples, brèves dans les durées, certes, mais tellement fortes que nous emportons dans nos coeurs… jusqu’à la prochaine.

La Warlu way

Pour terminer, nous vous proposons cette légende similaire à celle que nous avions lue près de Victoria River. Nous aimons beaucoup ces légendes qui nous aident à comprendre le sens des croyances des peuples Aborigènes et le respect qu’ils portent à leur terre.

La Voie Warlu (prononcer Wah-loo) tisse sa voie mystique à travers 2 500 km de paysages éloignés et rudes. Ce nom vient du rêve d’un serpent de mer géant – ou Warlu – nommé Barrimirndi, qui a émergé de la mer à Coral Bay et serpentait à travers la terre, formant les cours d’eau au gré de son chemin. Selon la légende, Barrimirndi s’est fâché à cause de deux garçons qui avaient cuit et mangé un Gurdarnkurdarn (un perroquet Mulga, gris et rose). Sentant l’odeur des plumes roussies, il est allé à la recherche des garçons. Voyageant sous la terre, la créature a tissé son chemin jusqu’à la route de la rivière Fortescue, formant des gorges et des rivières dans le paysage. A chaque fois qu’il ressortait de terre, Barrimirndi brisait la terre et sortait la tête à la surface pour vérifier l’odeur de la piste des garçons, formant ainsi un point d’eau avant de disparaître à nouveau pour continuer son voyage souterrain. Il a atteint sa destination à Jirndawurrunha (Millstream), et au lieu nommé  Nhanggangunha (Deep Pool), il a découvert les garçons. Barrimirndi a soulevé les garçons en un wananggaa (Willy Willy ou tourbillon) où ils ont été frappés avec des bâtons volants qui ont rompu leurs bras. Quand ils sont tombés sur le sol, il les a avalés entiers. Les populations locales ont pleuré et ont essayé de tirer les garçons de l’estomac du serpent en le frappant avec des bâtons, mais en vain. De retour à leur camp par le lit de la rivière, ils pleuraient encore plus. Irrité par ces cris et ces pleurs, Barrimirndi s’est levé et les a tous noyés dans un flot d’eau.

La légende raconte que l’esprit du serpent rôde toujours dans ce même trou d’eau. Le peuple Yinjibarndi croit que l’on doit aborder le point d’eau de manière correcte ou alors on peut être blessé. Tout d’abord, en entrant dans l’eau on doit porter une poignée d’eau à la bouche, puis cracher et crier ‘nguru‘ pour que le serpent soit prévenu de notre présence et sache que nous respectons la terre. Les Yinjibarndi avertissent également les visiteurs de ne pas rester si près que leur ombre traverse le trou créé par Barrimirndi, de peur qu’il ne soit perturbé et ne les emporte dans les eaux.

Curieusement, ces interdits nous rappellent les fadis qui sont en vigueur à Madagascar.


BONUS : Les zombis

On l’avait déjà repéré, ce panneau modifié par un farceur bien inspiré, il fallait absolument qu’on fasse quelque chose avec ça. Voilà qui est fait, le temps de sortir la caméra et de se mettre en condition pour filmer une scène qui restera dans les annales, dont voici quelques extraits. Deux motards qui arrivaient visiter cette petite vallée nous ont vus sortir des buissons complètements « zombies », ils nous ont salué et on bien ri, comme s’il était tout naturel de trouver deux hurluberlus en plein délire au milieu de cette nature hors norme. Un pur moment de délire (non éthylique) où on lâche tout à en pleurer de rire… Comment ça, c’est pas sérieux à nos âges ???

(Si ça vous plait, on en a une autre sous le coude pour la prochaine fois, il suffit de demander)

18 Comments

  1. Coucou mes supers voyageurs
    Vous lire me fais un bien fou …. Surtout en ce moment il fait gris , pas très chaud ,l’automne quoi !!! Berckkkkk …….Vous avez bien raison de prendre votre temps , vous etes tout les 2 , 2 belles personnes …. Bon j’arrete de vous jetez des fleurs vos chevilles vont enflées ……………..A vite de vous lire encore …………..Bisous Lili

  2. Pas si zombie que ça nos cyclomigrateurs, ils nous font rêver, et découvrir que le asbestos était connu comme très néfaste dans les années 60. Nous avons mis en certain temps pour réagir….
    C’est vrai qu’on a envie de partir dans ce pays, mais que la Bretagne est belle (comme dit la chanson)…
    Portez-vous bien.
    Michel

  3. Je confirme en effet que l’herbe est plus verte en Mayenne qu’en basse Bretagne, je trouve aussi que les écrevisses Australiennes sont aussi grosses que les homards Bretons. Bon courage pour la suite.
    Bernard

  4. Ah, ben, c’est Marie Chiff’mine qui est contente de lire une histoire de serpent géant ! Merci !
    Vos aquarelles sont superbes….vous faîtes comment les couleurs des fleurs…et celles des roches …et celles des arbres….C’est très beau ! Merci pour toutes vos couleurs ! Ca colorie bien nos ciels gris bretons du moment ! Merci ! Continuez de colorer nos palettes, c’est chouette ! Bises – Marie Chiff’mine

    • Des aquarelles ? Quelles aquarelles ?
      Ici on évolue dans un paysage tellement bluffant avec des couleurs incroyables qu’il n’est possible de le reproduire autrement qu’en photos… et en souvenirs !

      D’autres histoires aborigènes sont à venir prochainement 🙂

      Bisous

  5. Bonjour à Toutes et à Tous
    Vraiment l’Australie est un tableau riche en couleurs..;Il y a du fer partout du chemin de fer à ,de l’oxyde de fer sur les chemins je suppose…Il y a de quoi faire…merci pour avoir « réalisé » ce nouveau beau tableau d’aventures…à suivre!!!!!!!

  6. Nous on voudrait être des zombies comme vous à votre âge ! Belles routes à vous et vivement le retour aux vélos même si il vous sera plus difficile de jouer les sauveteurs de l’extrême 😊on vous embrasse

  7. je vous trouve très hardis , moi je serai morte de trouille de dormir comme ça n’importe ou !!! bravo vous êtes vraiment des aventuriers !! je vous envie
    Annick de Bourgbarré

    • Même pas peur !
      Les crocos ? On les fait croque
      Les serpents ? On les pend
      Les requins ? On nage plus vite qu’eux
      Les méduses ? Elles sont médusées
      Les scorpions ? Ils ont les jetons

      Alors, il faut vite nous rejoindre…

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