Kyoto – Osaka (ou presque) – Kobe

 

 

Arriver à Kyoto avec la pluie, après avoir roulé dans de longues banlieues inintéressantes pourrait paraitre peu excitant, mais il y a souvent de bonnes surprises et ça met du soleil au coeur. Cette fois-ci c’est une cycliste japonaise qui interpelle vivement Irène, laquelle s’arrête pour savoir de quoi il retourne ; la dame voulait simplement lui offrir trois pommes, auxquelles elle ajoute des noix de cajou puis reprend sa route après sa B.A. Sympa, non ?

Kyoto c’est bô !

On peut le dire tout de suite, il y a de quoi voir dans cette ancienne capitale du Japon, on va y séjourner quatre jours et il faut bien ça. Les vélos vont rester au repos, on se déplace en métro et en bus.

Le château

On commence par un morceau de choix, le château Nijo datant tout de même de 1603 et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est l’ancienne résidence du shogun (seigneur de guerre) Tokugawa, qui s’étend sur 27 hectares (le château, pas le shogun).

Dès l’entrée, tout était fait pour impressionner les visiteurs. Et ça marche toujours : Kara-Mon, la grande porte, est richement décorée de grues, pins, bambous et fleurs de prunier, symbole de longévité. Absolument splendide !

A l’intérieur, se succèdent la première salle, seconde salle, etc. Elles sont de plus en plus richement décorées, sachant que ça reste dans le style japonais, sobre et classieux, on ne fait pas dans le bling-bling. Le mobilier est très simple, il n’y en a pas, comme il se doit.
En fonction du protocole, on avait le droit d’être admis dans les salles les plus proches de celles réservées au shogun, seuls les plus hauts dignitaires avaient accès au seigneur en personne.

Le parc du château est aussi un exemple d’élégance et de sobriété, les arbres sont magnifiques, le shogun avait le sens du beau.

Ça va bien dans le décor, des visiteurs et surtout des visiteuses déambulent en kimonos, pour un peu on se croirait revenu de quelques siècles en arrière.

Le temple bouddhiste zen Gozan

C’est un endroit assez particulier où la « zenitude » tranche vivement avec l’agitation de la ville alentour. Dans le temple on est invités à frapper fort des mains, l’écho étant sensé renvoyer le cri du dragon représenté au plafond. Si le dragon est splendide, son « cri » n’a rien d’impressionnant par contre.

Le « jardin sec » invite à la méditation, il n’y a rien qui puisse perturber l’esprit. Le gravier a été balayé avec une précision exemplaire laissant apparaitre des figures géométriques autour des rochers, le minéral peigne ici avec en toile de fond des pelouses de mousses et des pins taillés en boules, c’est du plus bel effet….on y reste buller…

La bonne chère

On nous avait dit qu’à Kyoto ils aiment la bonne cuisine, on le constate. D’abord dans le quartier de Karawamachi avec les meilleurs produits du monde, surtout français évidemment :

Dans un immeuble de huit étages, deux sont consacrés à la bouffe, le reste étant du style « Printemps Haussman » avec des boutiques plutôt haut de gamme. Outre des bouteilles de vin à 300 000 Yens ( 2.300€) (on n’en prend pas, les sacoches sont trop petites), il y a du bon pain comme chez nous (ça on en prend) et des tas de gourmandises qui font envie.

Il existe des bentos (boites repas) légèrement différents de ceux qu’on engloutit d’habitude dans les kombinis. Ceux-là peuvent coûter jusqu’à 50 000 Yens ( 380€), cent fois plus ! Mais on n’a pas réussi à comprendre pour combien de personnes ; elles sont présentées sur des étagères, tout le monde peut les tripoter, sur le coup on ne comprend pas jusqu’à ce qu’on réalise que ce sont des modèles en plastique, super-réalistes.

Le Niski food market est une rue couverte très longue où il y a une multitude de boutiques alimentaires. Comme il pleut, c’est la bousculade, ça rappelle un peu le Grand bazar d’Istanbul. Sauf que ce ne sont pas les mêmes produits, le poisson est omniprésent, mais il y a bien d’autres trucs qu’on n’arrive pas à identifier. On goute à certains, c’est très bon, comme ces crackers aux pois verts et arachides qu’un type confectionne avec maestria dans ses gaufriers. Un petit aperçu dans une autre boutique de l’art de faire graver son nom sur les fameux couteaux japonais parait il les meilleurs couteaux au monde….

Kyoto by night

Le quartier Gion est incontournable, on y arrive par l’avenue Siijio, il y a beaucoup de monde malgré la pluie, c’est par endroits la bousculade. Il pleut mais ça n’empêche personne de se balader surtout que les températures sont douces, par contre gare aux coups de parapluies, un coup en haut, un coup en bas, chacun faire gaffe à son voisin.

Les ruelles pavées Ninenzaka et Sannenzaka du quartier Higashiyama . Maisons traditionnelles, les machiya souvent transformées en restos chics et en boutiques. On y déambule à la nuit tombée et on se régale des lumières qu’elles dégagent, un vrai bonheur pour les photographes, les Canon, Nikon, Minolta, Sony et autres Panasonic ou Olympus entrent en compétition, les téléphones portables aussi.

Le temple Yasaka-Jinja dédié au dieu des océans, Susanō, construit au VII° siècle. Havre de paix tout près de l’agitation de la ville. Il n’y a pratiquement personne à l’heure à laquelle on y arrive, il est considéré comme le gardien du quartier de Gion.

 

Le temple d’or

Il pleut encore, le bus ligne 85 qui nous emmène en gare de Kyoto où on a un mal de chien à trouver la correspondance avec la ligne 101, on s’était trompés de coté de gare. C’est comme à Rennes si on confond la gare sud et la gare nord… mais celle de Kyoto est autrement plus impressionnante.

Ce temple est un incontournable, les touristes du monde entier s’y précipitent, touristes dont nous faisons partie quand on n’a pas nos vélos, sinon on se sent plutôt voyageurs, itinérants, vagabond, grey nomades…. migrateurs… à vrai dire on aime bien avoir les sites pour nous tout seuls, mais restons zen parce qu’ici c’est vraiment le summum de la beauté et du raffinement.

Alors on fait comme tout le monde, on le photographie autant qu’on peu et on traine dans cet océan de verdure et de douceur, tout y est pensé afin de louer la nature et les éléments qui l’entourent, nos pas nous mènent vers des ponts de bois, des plans d’eau ravissants, des sentiers lilliputiens, plus on s’éloigne du temple d’or moins il y a de monde, faut dire que certains et certaines ont un peu de mal à assurer leurs pas dans leur chaussures en bois !

Kimonos de location pour l’occasion

Les boutiques de locations de kimonos ne doivent pas être à plaindre. Elles vous louent pour la journée le kit complet en passant par les chaussettes à pouce, sandales « tongues » le sac à main assorti et un service de coiffure pour que ces jeunes demoiselles aient l’air de vrais gheishas. Elles se prêtent volontiers aux photographes et ce n’est pas pour nous déplaire. Bien qu’aujourd’hui les jeunes femmes délaissent ces tenues traditionnelles au quotidien, se les réservant que pour des cérémonies particulières, elles sont des touches de couleurs et de tradition dans ces endroits mythiques.

Le jardin sec malgré la pluie

Temple Ryoanji. Dans le jardin sec il y a quinze rochers disposés de manière à ce qu’il y en ait toujours un ou deux de cachés, quelque soit l’endroit où on se place, c’est astucieux. On aurait dû apprendre à compter jusqu’à quinze en japonais, une occasion de ratée, il faudra y retourner.

Bambous

Une forêt de bambous, voilà qui nous change de nos chênes ou de nos hêtres, on se laisse porter par le flot de visiteurs. C’est sûr qu’il nous faudrait bien chercher en Bretagne pour voir des spécimens aussi grands, les troncs sont majestueux et droits. Le bois est souvent utilisé autour des fontaines en remplacement des vulgaires tuyaux en plastique.

On laisse nos sacoches chez notre hôte pour aller à un kilomètre et demi de là nous mêler à la foule une dernière fois avant de partir, on y va à pieds, on fait grève de vélos jusqu’au bout et ça fait du bien de temps en temps. Et puis de toute façon on aurait été bien embarrassés en arrivant sur le site avec nos engins.

Les torii vermillon

Le sanctuaire Fushimi-Inari-Taisha est dédié aux divinités du riz et du saké (le saké étant fait à base de riz, ça se tient). L’agriculture ayant perdu son rôle prépondérant, les divinités se virent attribuer le rôle d’assurer la prospérité dans les affaires (bel exemple de recyclage de croyances).

Chaque torii est financé par des entreprises privées et des hommes d’affaires. Au dos de chacun d’eux est inscrit le nom des donateurs qui versent entre 175 000 et 1 300 000 Yens pour ça. Du coup, heureusement qu’on ne comprend rien à ces inscriptions, imaginez si sur les piliers de nos cathédrales on pouvait lire « Canard WC », « Cochonou » ou « Monsanto »…

Les premiers jours de janvier, des milliers de croyants se rendent ici pour prier et s’assurer la bonne fortune. Le 8 avril idem mais cette fois-ci pour la prospérité nationale, notamment l’industrie. Laquelle, merci pour elle, se porte bien mais de récents scandales en ont terni l’image (comptes truqués, contrôles qualité bidons, etc.).

Comme partout, la foule s’agglutine aux mêmes endroits, dès qu’on s’éloigne vers le sommet il y a moins de monde et ça devient charmant. Il y a plein de petits sanctuaires lovés dans la nature, de vieux temples en pierres, des tombes, le tout derrière une grande bambouseraie dans laquelle des ouvriers sont en train de brûler des bambous (évidemment, pas des pommes de pin) et parfois ça produit des explosions comme des coups de fusil, ça surprend.

On ne peut rater les nombreuses statues de renards sacrés, ce sont les messagers d’Inari, la déesse des céréales (eh non, ce n’est pas Chocapic). La clé dans la gueule du renard, créature sacrée, est celle du grenier aux céréales. Pas folle la bête, elle aurait pu avoir la clé du poulailler !

Le temps pluvieux semble s’améliorer, les températures sont passées en une semaine de 25-32° à 12-17°. Puisque c’est comme ça, on va on laisse Kyoto derrière nous en se promettant d’y revenir, nous n’avons pas tout vu loin de là ! Et puis on est contents de  retrouver nos fidèles montures.

Ponts ou chicanes, il faut choisir

Pour aller de Kyoto à Osaka c’est impeccable, il suffit de suivre la Rivière Yodo . Le circuit passe par des digues ou des berges, on n’est jamais en contact avec la circulation. Sauf que, pour une raison obscure, les aménageurs ont placé une multitude de chicanes infranchissables pour des vélos chargés (à croire qu’ils se sont inspirés des pistes cyclables françaises). Du coup ça n’avance pas, pour éviter ces fichues chicanes on essaie de traverser des ponts mais il y en a une multitude avec une circulation d’enfer, ce n’est pas mieux.

Près d’Osaka, la banlieue de Morigushi n’est pas franchement bucolique avec ses grandes barres d’immeubles toutes semblables qui se succèdent. Heureusement, du coté de la rivière il y a de grands terrains de sport et de golf, c’est en zones inondables, ce qui explique que les sanitaires sont des cabanes montées sur roues, elles doivent être évacuées pendant les crues.

On bivouaque près d’un terrain de tennis, à cause de la pluie on prend le dîner sous la tente, attention de ne pas renverser… Durant la nuit, outre la pluie qui tambourine sur la tente, on entend les bateaux qui remontent bruyamment la rivière, il y a mieux comme berceuse.

On ne fait qu’effleurer Osaka, préférant filer sur Kobe qui a l’air plus attrayante et moins « mégapolesque ».

Kobé

Nous allons chez notre premier hôte Warmshowers au Japon. Paul, qui vient de rentrer d’Alaska avec son vélo, habite au 355 Kitanagasa street dans le quartier Chuou-ku (pour ceux que ça intéresse). Il possède un immeuble qui comporte au rez-de-chaussée un bar ouvert le soir, au premier une école de langues, les deux étages au dessus une guest-house et tout en haut encore un bar. Il y a un dortoir pour les filles et un pour les garçons, c’est bien fichu : chaque lit est dans une espèce d’alcôve et il y a de la place pour ranger ses affaires au bout. Paul héberge gratuitement les cyclistes de passage. Quand on vous précise qu’il y a un dortoir filles et un garçon c’est que pour nos 10 ans de mariage on a fait chambre chambre à part !!!

Kobe est réputée être une des plus jolies villes du Japon. Rasée aux deux tiers durant la guerre, puis par un grand séisme en 1995 c’est une ville fort agréable à découvrir et joliment rebâtie. Nous partons à pieds à l’assaut de ses pentes aux pieds du mont Rokko et notamment du quartier Kitano-cho (cho veut dire quartier en japonais) c’est le quartier des étrangers. C’est un des endroits les plus visités de Kobé. On va y visiter une maison ayant appartenu à une famille allemande. Il existe encore aujourd’hui une trentaine de maisons construites par des riches résidents étrangers, certaines sont ouvertes au public et servent parfois de salles de concert.

Vive la France !

Ici comme ailleurs, mais surtout ici tout de même, on voit pleins de noms français parfois sans rapport avec l’activité, mais ça fait chic :

 

De jolis restos, petits hôtels sympas, boutiques chics. Une placette sorte de butte Montmartre parrainée par les amis de Montmartre bien sur !

Ca nous fait tout bizarre de nous retrouver dans un décor européen. Evidemment les japonais sont ravis et c’est pour ça qu’ils sont si nombreux à monter sur la butte !!!

 

Près de la gare de Shin-Kobe dédiée aux shinkansen (le TGV local), on prend le téléphérique pour aller visiter les jardins botaniques, c’est fort joli et extrêmement bien mis en valeur. Les jardiniers sont de vrais artistes. En redescendant à pieds, on passe par la cascade de Nunobiki, vénérée depuis des siècles, avec des poèmes écrits sur des pierres. Mais il commence à faire bien sombre, le chemin est glissant, c’est avec soulagement qu’on rejoint les lueurs de la ville.

Un « super typhon » est annoncé dans 24 heures mais on ne veut pas s’imposer chez Paul, on y a déjà passé deux nuits alors on reprend la route. Arriverons-nous à trouver un abri avant la tempête ? Vous le saurez dans le prochain épisode.

 

 

15 Comments

  1. Merci pour ces rêves de jardins si sophistiqués et naturels à la fois …et bons coups de pédales (vous avez eu raison de ne pas vous alourdir avec les bouteilles de vin et les chocolats..)pour arriver à bon port avant le typhon !
    Bises à vous 2. Evelyne

  2. L’art Japonais n’est pas un mythe mais bien une réalité!!Ils utilisent toujours la recherche de l’esthétisme …au sens noble du mot!Ils « peignent » leurs environnement non pas avec un pinceau ,un stylo mais avec leurs émotions!!!à suivre…mettez-vous bien à l’abri..

  3. Merci de nous faire découvrir un Japon sympathique et plein d’attraits.
    J’ai bien aimé les japonaises avec les gros nœuds derrières, mais vous n’expliquez pas pourquoi elles sont dans du papier cadeau ?
    Et vos photos toujours superbes, vous n’en ratez jamais ?
    Que du rêve.
    Michel

    • Pour le papier cadeau, je ne me prononcerai pas puisque qu’on ne m’a pas (encore) offert de jolie Japonaise bien emballée.
      Quant aux photos, on en rate un peu quand même, on ne vous les montre pas car on a le respect du lecteur : Vous n’avez que la crème de la crème !

  4. Ca a deja ete dit mais comme je me faisais la meme reflexion, je reitere: vous etes de plus en plus beaux (voyages, bonheurs, Japon? faudra nous donner la recette)!
    A part les beautes du Japon, j’adore « la confiture maison, fait maison »!!
    Bise

  5. Vous rajeunissez de plus en plus alors qu’ici les années passent.
    Le japon est très beau. Les photos nous font vraiment voyager. Continuez!
    Bises à vous deux
    Paulette

    • Il serait donc vrai que « les voyages forment la jeunesse » ? Pourtant ici aussi les années passent, même si « ici » n’est jamais au même endroit que le « ici » de la veille et qu’on ne sait pas où sera le « ici » de demain.

  6. Je possède un des couteaux que vous avez pris en photo je confirme qu’il est de grande qualité.
    Encore merci de nous faire partager votre super aventure.

    • Pour lire les panneaux, on s’est mis à apprendre le Japonais en six semaines grâce à « la méthode à six mille’. Euh non, en fait ils sont quasiment tous traduits en caractères latins, ça facilite bielles choses. De plus on n’en a guère besoin, on se dirige grâce au GPS, c’est moins exotique mais plus efficace parce que bien souvent on prend de petites routes où il n’y a pas de panneaux !

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