Å vélø åu Dånemårk

Récit de trois semaines au Royaume du Danemark, quelque temps après que le Tour de France soit passé par là et que le vainqueur en soit natif, en la personne du jeune Jonas Vindegaard, devenu héros national. Si notre rythme est légèrement plus lent, c’est uniquement parce que notre chargement est beaucoup plus pesant, mais on a largement plus le temps de découvrir le pays.

A noter que, pour la première fois, cet article n’est pas écrit durant le voyage mais plusieurs semaines après. Néanmoins ce n’est pas une denrée périssable, donc vous pouvez le consommer sans hésitation ni modération

Pourquoi le Danemark ?

C’est une bonne question, même si vous ne l’avez pas posée. En effet, après des années à sillonner le monde, nous étions tout récemment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique et voici que nous choisissons le Danemark qui n’est pas bien loin de tout cela. À l’époque, nous nous disions que l’Europe du Nord c’est pour quand nous serions vieux, il faut croire que nous avons donc pris de l’âge… Mais il faut reconnaître qu’il y a aussi de quoi découvrir près de chez soi, le dépaysement est aussi en Europe.

C’est parti pour un tour

L’idée est de faire une boucle d’une durée de trois semaines, en partant de la frontière allemande pour aller d’île en île jusqu’à Copenhague, puis retour par le nord. Entre le trajet prévu et celui réalisé il y aura pas mal de différences, compte tenu des envies de trainer en route ou au contraire de raccourcir un peu, et c’est très bien ainsi. Ce sera donc un tour du Danemark tranquille, vous verrez que c’est accessible à toute personne sachant faire du vélo, rien de sportif là dedans. Pour comprendre un peu mieux ce qu’on raconte, vous pouvez voir notre itinéraire ici.

Cet été il a été assez seriné que c’est LE pays du vélo, nous allons vérifier si c’est vrai.

Un océan… de blé

Nos premiers kilomètres furent plutôt ternes, on ne voyait rien de particulièrement ravissant dans ces grandes étendues de cultures céréalières, ce n’était pas l’image du Danemark qu’on avait en tête. En fait on n’imaginait pas du tout que ce fut la Beauce ou presque. Néanmoins ça s’explique, vu que le pays est le 1er exportateur mondial de viande de porc, il faut bien nourrir tous ces cochons.

Curieusement, il est fréquent de voir des champs de céréales bordés de fleurs, on se doute que ce n’est pas uniquement pour faire joli mais on ne sait pas exactement pourquoi elles ont été plantées là, en tout cas c’est photogénique.

Comme nous sommes en pleine saison des moissons, nous pouvons voir comment ça se passe et également nous farcir les nuages de poussière qui vont avec.

La langue

On va très vite se rendre compte qu’on n’est pas par chez nous, avec ces noms de lieux dont on se demande bien comment ça peut se dire (Essayez de dire Affaldsbehandlingsanlæg, par exemple (ça veut dire « Station de traitement des déchets », mieux valait ne pas le savoir)). Il semble que la prononciation n’ait pas grand chose à voir avec l’orthographe, heureusement que tout le monde parle anglais. L’inconvénient est que ça n’incite pas à faire des efforts pour apprendre les rudiments de la langue, laquelle servirait aussi en Norvège et Suède, quoique les prononciations y soit fort différentes (pas sûr qu’on fasse la différence…).

Les chaumières

C’est ce qui frappe tout de suite dans les hameaux, les chaumières sont omniprésentes. Elles sont généralement de grande taille, et toujours superbement entretenues.

Mais c’est quand on arrive près de la mer, et dans ce pays on en est rarement très loin, qu’on se rapproche des images de cartes postales, par exemple ici à Sønderborg.

Cette jolie ville de 28000 habitants est en fête ce jour là, mais on arrive trop tard pour assister aux défilés équestres en costumes d’époque, ils viennent de se terminer. Damned, il faudra revenir !

Les shelters

Au Danemark il est interdit de bivouaquer n’importe où, par contre il y a de très nombreux emplacements prévus pour ça, équipés de Shelters, ces abris prévus pour les cyclistes et randonneurs. Souvent situés dans des coins inaccessibles aux véhicules motorisés, ils sont en libre-service. Certains peuvent être réservés (par internet, pour une somme modique), sinon c’est le premier arrivé qui en bénéficie ; il vaut donc mieux avoir une tente, au cas où il n’y aurait plus de place.

Il y a toujours un emplacement prévu pour faire du feu, charge à chacun d’amener son bois ou d’aller le ramasser aux alentours, parfois il est même fourni. C’était le cas ici, sauf que la livraison a eu lieu le matin de notre départ, il eut été préférable que ce soit la veille mais ce n’est pas grave, on avait ramassé des pommes de pin pour allumer le feu et assez de bois pour cuire un sanglier. Pour cette première nuit, nous avons eu comme voisins une famille belge charmante avec un petit enfant, et un groupe de scouts (il y avait cinq shelters en tout).

Plus tard on bénéficiera d’un un autre modèle d’abri, plus évolué puisqu’il y a un étage, on peut y dormir jusqu’à cinq et il est relativement fermé :

Curieusement, il y a des endroits où se trouvent des shelters mais où il est interdit de camper…

Les bivouacs

On peut aussi camper là où il n’y a pas de shelters, les emplacements prévus peuvent être remarquables mais certains se méritent car ils sont difficiles d’accès.

Il nous est aussi arrivé de camper sur une plage déserte, dans un coin bien paumé, les gens nous ont dit que c’est théoriquement interdit mais dans la pratique ça ne pose pas de problème. A ne pas faire dans des endroits très fréquentés, évidemment.

Près des célèbres falaises de Møns Klint, par exemple, il y avait tellement de monde que les tentes étaient très proches les unes des autres, chaque nouvel arrivant se demandant où il pourrait bien trouver quelques mètres carrés pour ajouter la sienne :

Que ce soit avec ou sans shelter, il n’y a pas toujours d’eau à proximité des emplacements, d’où l’intérêt de bien faire le plein avant d’arriver.

La confiance règne

Que ce soit dans les hameaux ou en pleine campagne devant une maison, on trouve souvent de petits stands en bord de route, qui proposent fruits, bois, confitures, linge, miel, fleurs ou même tout un tas de fourbi. On se sert, on paye en mettant des sous dans une boite (ou en payant sur son smartphone, c’est très répandu ici). C’est très commode et laisse un peu rêveur, on se dit que ça ne marcherait pas comme ça chez nous, il y en a qui piqueraient la caisse, la marchandise et peut-être même le stand avec.

D’îles en îles

Quittons la partie continentale pour découvrir quelques une des îles danoises. On ne les verra pas toutes car il y en a tout de même 444 ! Seulement 70 sont habitées, ce qui est déjà pas mal.
Pour aller de l’une à l’autre il y a trois possibilités : S’il y a un pont, c’est le plus rapide, sinon il y a un ferry et c’est sympa, sinon il faut nager et là on n’a pas essayé (les vélos sont trop lourds).

Si les navires en question vont du plus ancien au plus moderne, naviguer sur un « monument historique » a tout de même le plus de charme. Du point de vue pratique, il peut être judicieux de se renseigner sur les horaires de départ du ferry parce que c’est un peu rageant de le voir partir juste un moment où on arrive et devoir attendre deux heures le suivant (ça sent le vécu…).

Ærø

Avec une longueur de seulement 30 km et une largeur de 8 km, Ærø est une petite île et on pourrait la parcourir très rapidement, pourtant nous allons y passer deux nuits, une près de chacun de ses deux ports.

Là au moins on a la certitude de voir la mer, quelque soit l’endroit où on se trouve. Il n’y a quasiment aucune circulation, c’est très agréable. On a la surprise de voir que, même sur un chemin dans les champs, les WC sont indiqués.
Ce qui explique que nous passions une seconde nuit sur cette île est la bonne surprise en arrivant dans la bonne ville de Marstal : Un rassemblement de vieux gréements se forme juste lors de notre passage, on en profite allègrement.

Pour finir la journée, on traine dans les rues de la petite ville de Ærøskøbing qui est fort agréable :

Le camping près du port est d’un luxe auquel nous ne sommes pas accoutumés en France : Dans l’immense cuisine il y a pléthore de vaisselle et d’équipements de cuisine, dans le salon il y a des jeux de société en tous genre. Et la journée se termine par un coucher de soleil somptueux, que rêver de mieux ?

Lorsque nous sommes arrivés au camping, la réception était fermée et aucun numéro de téléphone n’était affiché. Lorsque nous repartons le lendemain matin (pourtant pas tôt) elle est toujours fermée, du coup nous n’avons pas pu payer. On ne connaitra jamais le prix du luxe…

Sus aux chevaux fantômes

Bien nommée, Langeland est une île toute en longueur (50 km) sur laquelle vivent des chevaux sauvages, parait-il. Pour l’atteindre depuis Ærø il faut prendre un ferry qui nous conduit à la ville de svendborg (la Ville Lente) au sud de la très grande île de Fionie (que l’on reverra plus tard, dans sa partie nord).

Très jolie ville, soit dit en passant, on y passe quelques heures avant de prendre un pont pour traverser l’île de Tåsinge puis celle de Siø (qui est minuscule) et enfin arriver sur Langeland.

Nous avons bivouaquer en nous dirigeant vers le nord, finalement ce n’était pas une bonne idée puisqu’il paraît que les chevaux sauvages sont au sud. Enfin, semi-sauvages, et puis ce sont plutôt des poneys à fourrure. Techniquement ce sont des poneys Exmoor, ou poneys celtiques. Une race très rare de chevaux préhistoriques, amicaux mais difficiles à dresser. Difficiles à voir aussi, bien que nous soyons allés jusqu’à la pointe de l’île, pas moyen d’en trouver un seul.
Alors qu’on rebrousse chemin, un peu dépités, divine surprise ! On a la chance de trouver un troupeau qui pait en paix tout près du chemin que nous empruntons.

Ces chevaux se gèrent sans l’intervention de l’homme et aident à entretenir cet espace naturel, mais ils sont aujourd’hui trop nombreux et risquent à terme de manquer de nourriture. Pour remédier à ce problème, l’État en a déménagé certains dans une nouvelle zone de 225 hectares, dans le nord du Jutland.

La faune

Il n’y a pas que les poneys à déambuler dans ce pays, on trouve d’autres animaux qui ont l’air de bénéficier de belles conditions de vie :

Sûr que les cochons intensivement élevés ne pourraient en dire autant, nous ne sommes pas allés dans les régions où ils se trouvent, et quand bien même, c’est comme en Bretagne : Il y en a énormément mais on ne les voit pas (par contre on les sent…).

Lolland express

C’est bien sympa de passer deux nuits sur chaque île, mais à ce rythme là il va nous falloir trois mois pour faire notre boucle, alors à peine descendus du ferry sur l’île de Lolland nous sautons dans un train pour la parcourir d’une seul traite d’ouest en est.

C’est là qu’on voit qu’en effet certains pays sont bien plus en avance que le notre pour le transport multi-modal : Bien que ce train soit bien plus court que nombre de nos TER, il y a beaucoup d’espace pour les vélos et il n’est point besoin de se décarcasser à les suspendre à des crochets, il suffit de les assurer par des sangles élastiques faciles à mettre en place. Quel confort !

Nous aurons ultérieurement l’occasion de prendre d’autres trains, ce seront des expériences surprenantes. Mais ce sera l’objet d’un autre article.

Falster

Cette île est séparée de la précédente par un bras de mer si étroit que le pont qui l’enjambe n’a rien d’impressionnant. Nous pédalons tranquillement jusqu’à la rive nord, appréciant au passage la générosité de la nature puisqu’il suffit de se pencher un peu pour faire le plein de fruits :

Finalement nous dégotons un petit port où il y a un shelter qu’on envisage d’occuper, mais il s’avère réservé, ce qui n’est pas un problème car on peut camper à coté. Il y a même un abri avec une grande table pour dîner, et des douches.

Le lendemain nous allons découvrir une zone très particulière au Danemark, puisque s’y trouve le point culminant, comme quoi ce pays n’est pas tout plat. On vous racontera ça dans le prochain article.
Å bientøt !


Bonus

Puisque vous avez lu jusqu’au bout, vous avez droit à quelques photos en plus, vous le valez bien !

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14 Comments

  1. Hello les cyclo… !! Trop contentes de lire que vous êtes toujours en vadrouille… !!. On aimerait s inspirer votre aventure l année prochaine… on peut se faire un apero Skype ??

  2. on a l’impression qu’il n’y a qu’a ? cela semble tellement facile et surtout tellement agréable !! ça donne envie, je m’y met le printemps prochain. Merci et bonne route.

  3. joli! bravo et merci que nous puissions rêver dans notre fauteuil! J’ai des souvenirs très humides du Danemark car il avait plu toute la semaine! Par contre malgré cela les gens sont super et de bonne humeur! nous avons même dansé sous la pluie sur une place de village!!!!

  4. Bonjour,
    Merci pour ce super retour d’expérience !
    Nous avons lu dans votre article que les shelters avaient du bois et les campings une cuisine.
    Nous partons en août au Danemark et nous nous demandons si nous trouverons facilement des petites cartouches de gaz internationales (type primus, msr, …)
    Seriez vous nous répondre ? Quel réchaud aviez vous ?
    Merci !

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